Sorti en 2008, Mirror’s Edge avait laissé un très bon souvenir à tous les joueurs amateurs de parkour, de séquences d’escalade entre les balles, où l’agilité était nécessaire à chaque instant. Seulement, le jeu n’a pas rencontré le succès escompté, ce qui a poussé Electronic Arts à abandonner la licence pendant quelques années. Un retour après 7 ans d’absence était-il justifié ? Mirror’s Edge: Catalyst parviendra-t-il à plaire au moins aux joueurs ayant pris du plaisir sur le premier épisode de la série ? Réponse dans notre test du jeu, réalisé sur une version PS4 du titre.
Mon beau miroir, dis-moi qui est le plus beau
À sa sortie et du point de vue technique, le premier épisode de la série Mirror’s Edge avait des arguments honnêtes pour sa défense. Aucun clipping, peu d’aliasing, des effets sympathiques. Pas non plus de quoi faire fondre sa rétine, mais il faut admettre les qualités du titre qui se plaçait dans une très bonne moyenne graphique lors de sa sortie. Qu’en est-il de Mirror’s Edge: Catalyst ? Eh bien pour faire simple, la version PS4 équivaut à une version ultra de Mirror’s Edge premier du nom sur PC, à nos yeux. Cela peut paraître un peu décevant puisque Mirror’s Edge est sorti il y a maintenant plus de 7 ans, mais c’est pourtant bien notre ressenti. On ne peut pas dire que Mirror’s Edge: Catalyst est moche, mais en termes purement graphiques, il ne surpasse pas vraiment Mirror’s Edge sorti sur PS3 à l’époque. Évidemment, c’est en 1080p, donc le rendu est bien plus précis à l’affichage, mais c’est la seule différence notable visible dans ce Mirror’s Edge.
Cela étant, on ne peut reprocher le travail effectué sur l’aspect artistique du titre. En effet, la ville où se joue le jeu profite d’une belle patte artistique, comme celle de son aînée. Des buildings qui s’étendent à perte de vue, des miroirs géants, des toits à escalader, des intérieurs bien modélisés et très dans l’esprit futuriste voulu par le jeu; tant d’éléments qui contribuent à donner à la ville de Mirror’s Edge: Catalyst un côté attrayant, malgré les couleurs froides de certains environnements, futurisme oblige. Pure immersion dans l’univers du jeu, donc.
Mirror’s Edge: Catalyst rime-t-il vraiment avec monde ouvert ?
On prend ainsi plaisir à découvrir la partie utile de la carte, car oui, seulement une petite partie de la carte du jeu est explorée dans l’histoire principale, et il faut le dire, cette partie est vraiment restreinte. On se retrouve en effet à passer plus d’une quinzaine de fois sur la même passerelle, par le même tunnel, tout simplement parce-que la campagne ne parvient pas à amener le joueur à découvrir d’autres paysages. Pourquoi ne pas profiter des missions secondaires pour explorer davantage le monde de Mirror’s Edge, dans ce cas ?
Pour la simple et bonne raison que les missions secondaires manquent cruellement d’intérêt. Mal amenées, inutiles, ou trop difficiles au début du jeu, elles ne sont clairement pas parvenues à nous donner l’envie de découvrir la carte ou de prolonger l’histoire bien courte du jeu, qui s’étale sur moins de 7 heures la première fois, sans aller trop vite mais sans traîner non plus. Ainsi, le solo terminé, le ressenti est amer. À cela, on peut amener plusieurs raisons.
Le scénario le plus plat de cette année ?
Sans aller jusque-là, autant vous le dire tout de suite, si la quête principale manque quelque peu d’intérêt, c’est en premier lieu à cause de son scénario d’une platitude rarement atteinte dans un jeu vidéo ces derniers mois. Du début jusqu’à la fin (ou presque), l’histoire est ennuyante, inutile, et l’impression qu’elle est ici uniquement pour justifier les ordres donnés à Faith se fait grandissante au fil des heures. On a alors l’impression de travailler pour un FedEx futuriste où les livreurs doivent parcourir les toits pour battre des records de rapidité.
Seule la fin parvient à révéler un peu d’intérêt, mais cette fin elle-même est clairement discutable : en arrivant trop vite, et surtout en ne représentant en aucun cas la fin d’un jeu. Nous pouvons vous le dire dès maintenant, même s’il est possible qu’il n’arrive jamais, un Mirror’s Edge 3 (ou des DLC pour Mirror’s Edge: Catalyst ?) est tout à fait envisageable, étant donné la fin qui amène clairement à une suite. Clairement, ce scénario et cette fin font tout simplement partie des points les plus faibles du jeu.
Le level design de Mirror’s Edge, entre maladresse et inexpérience
Si on peut ajouter un point noir à ce Mirror’s Edge, c’est clairement son level design non maîtrisé. D’abord pour le système d’évolution de Faith. Pourquoi avoir ajouté un tel système dans Mirorr’s Edge: Catalyst ? Cela reste pour nous un mystère car un tel système est clairement des plus inutiles, d’autant plus qu’il est ici tout à fait mal géré. En effet, Faith a perdu des capacités par rapport au premier épisode et il est ainsi question d’en retrouver certaines d’entre elles grâce à ce système de compétences.
Admettons qu’on outrepasse ce fait complètement illogique, il y a toujours un problème de taille : l’inutilité du système. Nous sommes parvenus à aller jusqu’à la scène finale de Mirror’s Edge: Catalyst sans même ajouter une seule compétence à Faith. Ce système nous a été utile uniquement pour la scène finale du jeu, qui demande d’améliorer au maximum une certaine capacité de Faith pour espérer voir le générique… Une autre preuve du très mauvais dosage du système.
Malheureusement, le système de compétences n’est pas le seul problème de Mirror’s Edge. L’intelligence artificielle des ennemis représente elle aussi un beau problème. Parfois incapable de trouver son chemin, parfois bloquée devant vous ou alors trop forte pour être battue du fait du surnombre d’ennemis présents, l’intelligence artificielle de Mirror’s Edge: Catalyst est un échec. Et comme si cela ne suffisait pas, le système de combat rend les choses risibles au possible tellement il est rigide, lent et répétitif.
Un bon gameplay qui peine à s’exprimer, écrasé par les autres éléments du jeu
Notons tout de même un effort honnête dans le gameplay du jeu : escalader les bâtiments, éviter les obstacles ou s’enfuir en courant est toujours un réel plaisir dans Mirror’s Edge: Catalyst comme ce fut le cas dans Mirror’s Edge, il y a 7 ans. En plus, ce gameplay apporte quelques nouveautés sympathiques comme le grappin. S’il peut sembler inadapté à un jeu comme Mirror’s Edge qui prône le parkour, il est en fait vraiment pratique et même obligatoire dans quelques phases, sans pour autant être trop présent. Ainsi, le gameplay se démontre comme un des seuls éléments à peu près soignés ce Mirror’s Edge: Catalyst, et c’est tant mieux. Encore qu’il demeure difficile de s’en rendre compte tant le level design rend les choses ennuyantes ou irritantes au possible.
Après ces quelques paragraphes, vous vous doutez certainement que Mirror’s Edge: Catalyst n’est pas le digne successeur du premier épisode auquel pouvaient s’attendre les joueurs, pour nous en tout cas. Entre un level design mal maîtrisé, un scénario d’une platitude affligeante, un faux monde ouvert et une durée de vie des plus minces, on ressort de Mirror’s Edge: Catalyst avec un goût amer, et une grande déception. Sans être un trop mauvais jeu, Mirror’s Edge: Catalyst ne représente pas la digne suite à laquelle on pouvait s’attendre après le sympathique premier opus, sorti il y a 7 ans. À choisir entre Mirror’s Edge: Catalyst et rien du tout, on aurait préféré rien du tout.
Verdict : 10 / 20