Test de NieR: Automata

« Du patchwork au puzzle, il n’y a qu’un pas. »  Si les différentes productions de Yoko Taro pouvaient porter un slogan, ce serait peut-être celui-là. Après Nier en 2010,  le papa de Drakengard enchaine avec son tout dernier bébé : NieR: Automata.  Suite plus ou moins directe de NieR sorti sur PS3, la dernière création du japonais prend racine dans bon nombre de genres. Au risque de perdre son identité propre ? Réponse dans le test de la version PS4 du jeu, réalisé à partir d’une version éditeur offerte via une clé PlayStation Store.

Des qualités indénie(R)ables

La première chose qui frappe au moment de poser nos douces mains sur le pad est le rythme sous acide auquel ce NieR: Automata nous assujettit. Sans crier gare, 2B et 9S tirent, esquivent, sautent, catapultent, au point que la belle télé 4K que vous vous étiez offerte vous fait penser à l’état dans lequel vous mettiez votre chambre pendant vos années adolescentes : ça flash partout, c’est parfois coloré, pas complètement désagréable à voir, et surtout, transpire de vie et d’énergie. Voilà bien une qualité qu’on ne pourra enlever au jeu de PlatinumGames : sa constante volonté de s’accrocher aux yeux des joueurs, et de leur présenter un feu d’artifice visuel. 

Comme si cela ne suffisait pas, l’explosion visuelle est agrémentée d’une bande-son simplement magistrale. Grandiloquente, cataclysmique, elle sait se faire muette quand l’action le demande, et explose de chœurs dramatiques et de contrebasses enchanteresses au moment des combats les plus âpres. Keiichi Okaba et Keigo Hoashi ont concocté ici un mélange savoureux et jamais pompeux, réussissant même l’exploit de transcender l’action sans jamais complètement la recouvrir, au point même que ce NieR: Automata serait orphelin sans la présence de sa musique envoutante. Si vous avez l’habitude de jouer aux jeux vidéo en mode muet, vous passeriez à côté d’une des plus belles OST du jeux vidéo contemporain. Tout bonnement magnifique.

Mais, aussi bonne puisse-t-elle être, une OST ne peut constituer une raison suffisante d’acheter un jeu vidéo plein-pot, surtout dans une période vidéo-ludique flanquée de hits incontournables, et de futurs hits en puissance. Il faudra alors à NieR:Automata se distinguer par son gameplay afin d’assurer la relève de son grand frère qui avait agité la critique en son temps. Mission accomplie ?

2B ou pas 2B ? (traduit de l’anglais)

Ce nouveau NieR prend racine quelques milliers d’années après les évènements du premier NieR : une énième invasion d’Alien a finalement pris le meilleur du monde dans lequel les humains vivaient en paix, et ceux-ci se sont retrouvés contraints de s’enfuir sur la lune. Triste sort… Pour se défendre, les humains envoient occasionnellement des androïdes pour intercepter les petits batards qui les ont expulsés. Parmi ces androïdes, se trouve le joueur, qui incarne donc un automate appelé 2B. 

Voilà à peu près pour l’intrigue. Quoique le problème de l’intrigue ne réside pas vraiment DANS l’intrigue, mais plutôt dans sa résolution. NieR: Automata se targue de bénéficier de 26 fins différentes.  Autant vous dire que les plus obstinés d’entre vous auront parfois des scrupules à aller chercher les 26 fins annoncées, d’autant plus que certaines ne comportent que des variations mineures. En tout et pour tout, comptez environ 5 fins différentes. Le seul petit poil qui s’érige de cette ratatouille, c’est qu’il n’est pas nécessairement à exclure que le joueur ne veuille pas se taper les cinq fins différentes… Une chose est sûre cependant, votre curiosité, même si atteignant rarement des niveaux abyssaux, sera bien assez attisée pour que vous vous replongiez dans le jeu une seconde fois. Quant à la troisième… rien n’est moins sûr.

La faute, premièrement, à une histoire souvent convenue et franchement moins attirante que celle de son grand frère. Même s’il serait faux de dire qu’elle est inintéressante, votre fidèle serviteur a eu quelques problèmes pour arriver à s’attacher aux personnages. Le problème quand on choisit de construire un monde robotisé c’est qu’ipso facto, on perd en humanité. La remarque se tient d’autant plus quand le personnage qu’on incarne est une androïde. Aussi agile puisse être 2B, aussi profond puisse être son charisme et aussi sympathique que soit notre cher compatriote 9S, un androïde reste un androïde, et le processus d’identification aux protagonistes peine à se mettre en marche, et malheureusement pour lui, NieR: Automata ne bénéficie pas d’une technique capable d’équilibrer le tout.

Une technique d’hier (Automata) et un gameplay d’aujourd’hui

Très simplement, disons que si la technique est pour vous une condition sine qua non, NieR: Automata ne trouvera pas vos faveurs : très terne en général et loin d’être un fleuron technique, le petit dernier de PlatinumGames fera appel très souvent à vos dons d’imagination pour se sortir des plans graphiques les plus dégueulasses, sans compter bien sûr les nombreux bâtiments et portes d’immeubles reproduits à l’identique. Comme si cela ne suffisait pas, la promesse bénie des 60fps, bien que tenue dans les grandes lignes, a l’insolence de connaître des baisses de régime sur PS4 classique et sur PS4 Pro. Pas forcément surprenant quand on s’obstine à vouloir rentrer dans la case de l’open-world, manifestement indispensable pour les jeux d’aujourd’hui. NieR: Automata annonce des promesses qu’il ne peut que partiellement tenir : l’open-world a, comme beaucoup de jeux à monde ouvert, toutes les qualités du monde ouvert du moment que vous ne le mettez pas au défi. Si en revanche, vous commencez à gambader à droite ou à gauche, vous vous confrontez très vite à une forêt de murs invisibles, et a une immensité nécessairement vide, jonchée de végétation qui apparaissent aléatoirement. Pas folichon.

« Mais, nous direz-vous, un jeu ça se joue ». Certes.

Et s’il y a un jeu qui prend le joueur directement par son gameplay, c’est bien celui-ci. Peu de jeux peuvent se targuer d’avoir une profondeur de gameplay assez incroyable, et bonne nouvelle, NieR fait partie de cette catégorie restreinte. Tantôt RPG, souvent Beat’em All, le bébé du géant japonais confond les genres avec une grande habileté, et fait honneur sur ce point à son grand frère. L’éclectisme des phases de gameplay est très souvent bien rythmé et surtout, toujours incroyablement bien pensé. Ainsi NieR: Automata  passe d’un Shoot’em Up vertical, à un plateformer en 2,5D, pour se refaire une jeunesse en vue top-down. C’est clair, ce NieR ne se refuse rien.

Ceci étant dit, la diversité des phases de combat est bien là pour équilibrer la répétitivité certaine du gameplay inhérent au genre de NieR: Automata. Sur ce point-là, la mission n’est que partiellement accomplie, mais il est bien difficile d’en tenir rigueur au dernier né de la firme d’Osaka.

En conclusion, NieR: Automata n’est en aucun cas un mauvais jeu. Bien au contraire, il saura ravir les pupilles de ceux qui ne portent pas en leur cœur que la qualité graphique d’un jeu, et pour qui l’école du gameplay prévaut au-delà de toute autre considération. Pour les autres, en revanche, ce NieR: Automata n’offrira rien de transcendant si ce n’est sa bande-son pour laquelle il faudrait inventer des superlatifs. Bien belle cerise sur un gâteau tout à fait acceptable, mais dont l’opacité farineuse pourrait en rebuter certains.

Verdict : 15 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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