Véritable phénomène de la pop culture depuis des décennies, la licence Star Wars est une source intarissable en matière de nouvelles histoires à raconter au fil des époques. Déclinée en séries, en dessins animés, en romans ou encore en comics, la franchise a bien évidemment eu droit à diverses adaptations vidéoludiques à travers le temps, plus ou moins réussies.
Après les deux très bons Star Wars : Jedi (Fallen Order/Survivor) du côté de chez Electronic Arts, c’est au tour d’Ubisoft de nous offrir sa proposition dans l’univers créé par George Lucas avec Star Wars Outlaws. A cette occasion, c’est le studio Massive (The Division) que l’on retrouve derrière le jeu. La proposition est simple : offrir au joueur la possibilité d’incarner autre chose qu’un sempiternel Jedi découpant du Sith en le plaçant dans les bottes d’une hors-la-loi. Pari réussi ?
Test de Star Wars Outlaws | Informations générales
- Disponible le 30 août 2024 sur PC, Xbox Series et PlayStation 5.
- Tarif de lancement : 69.99€ prix éditeur.
- Version testée : Exemplaire PS5 numérique fourni par l’éditeur.
Anne Solo
Dans Star Wars Outlaws, le joueur incarne Kay Vess, une jeune femme impétueuse dont les traits sont empruntés à l’actrice Humberly Gonzalez. Si Kay flirte très souvent avec l’illégalité dans son travail, celle-ci aspire toutefois à une vie de totale liberté et d’aventures. Seulement, les crédits manquent pour réaliser son rêve et « quitter Canto » n’est pas pour tout de suite.
Vous l’aurez compris, Ubisoft s’est très fortement inspiré de Han Solo pour placer au centre de son récit une sorte d’alter ego féminin au héros incarné par Harrison Ford. Très raillé depuis son annonce, notamment pour un certain manque de charisme ou bien encore pour avoir enlaidi Humberly Gonzalez, le personnage de Kay va très certainement diviser la communauté de fans. Pour notre part, nous avons trouvé le personnage plutôt intéressant dans son écriture et même si l’héroïne peut sembler cocher toutes les cases d’un cliché ambulant sur pattes, celle-ci s’est avérée être attachante au fil des heures. Mais bref, revenons-en à nos ewoks.
L’histoire du jeu démarre tandis que Kay, fauchée, décide de rejoindre un groupe afin de dévaliser le baron du crime local pour se refaire une santé financière. Faisant surtout office de tutoriel pour se familiariser avec les commandes, la mission tourne mal et Kay, dont la tête est mise à prix, se voit alors contrainte de quitter sa planète natale en volant un vaisseau in extremis pour sauver sa peau.
Située entre les évènements de l’Empire contre-attaque et du Retour du Jedi, l’histoire de Star Wars Outlaws vous fera voyager aux quatre coins de la galaxie dans un open world pensé et conçu pour offrir au joueur un périple empreint de liberté. Kay va en effet devoir se faire un nom dans le milieu du crime et fricoter avec plusieurs gangs afin d’atteindre ses objectifs personnels qui consisteront à recruter des membres d’équipage et monter un casse. Ce sera l’occasion pour elle de croiser divers personnages et environnements emblématiques de l’univers Star Wars mais aussi des lieux inédits créées par Massive en étroite collaboration avec Lucas Films.
Abordons sans plus attendre l’écriture et la mise en scène de Star Wars Outlaws, qui sont de qualité, disons-le de suite. Très soignée, la narration réussit à captiver et à embarquer le joueur dans la succession de ses péripéties et l’histoire se laisse suivre avec grand plaisir. Et même si le scénario demeure simple, on se retrouve absorbé par ce que le jeu a à nous raconter et sur comment il le fait.
Star Woke, Star Broke ?
Après son introduction très linéaire et « unchartedesque » s’étalant sur près d’une heure, Star Wars Outlaws s’ouvre réellement dès lors que Kay arrive sur Toshara, la première planète que la jeune femme sera en mesure de parcourir. Ayant avec elle un speeder, la liberté d’action sera alors totale et le joueur pourra commencer à effleurer les possibilités de gameplay du titre, qui s’étofferont au fil des heures.
Mais dès les premiers instants, c’est surtout la qualité visuelle qui frappe nos rétines. Il faut avouer que la direction artistique est très léchée et que le moteur Snowdrop fait des prouesses (excepté sur certains visages qui restent passables). C’est beau, vivant et surtout très immersif pour le joueur. Car s’il y’a bien un point sur lequel Star Wars Outlaws excelle, c’est dans l’immersion et le traitement de l’univers qu’il retranscrit à l’écran. De la savane de Toshara au désert aride de Tatooine en passant par les différentes cantinas de la bordure extérieure, Massive a effectué un travail monstrueux pour faire plaisir aux fans de la licence. Rien n’est laissé au hasard et on se surprend plus d’une fois à être ébahi par la myriade de détails posés ça et là pour immerger le joueur.
La bande son n’est pas en reste et même si l’on regrette de ne pas retrouver le thème cher à Star Wars (probablement pour une question de droits), l’équipe de développement a fait du très bon boulot sur l’aspect sonore. En bref, l’ambiance générale fonctionne à merveille et nous happe très facilement dans l’univers de George Lucas en dépit de quelques choix discutables qui viennent heurter un lore déjà riche et bien établi par le biais d’un déséquilibre qui ne fait pas sens. Comprenez par là que comme la majorité des productions occidentales récentes, le jeu se retrouve politisé pour servir une cause inclusive qui ne sera pas au goût de tous.
Un open-world organique, une liberté d’action
Le monde ouvert de Star Wars Outlaws est conçu de façon à ce que le joueur ait l’impression de mener lui-même sa propre aventure. Bien que nous retrouvons les travers inhérents au genre comme toute une floppée d’objets divers à récolter et dont les emplacements sont marqués allègrement sur la carte, le reste des annexes est beaucoup plus organique et mieux intégré. Ainsi, c’est en se promenant et en discutant avec des PNJ au détour d’une ruelle ou en tendant l’oreille dans des cantinas que des quêtes secondaires s’enclenchent. Tout ceci n’est pas affiché sur la carte et fluidifie l’expérience tout en accentuant l’immersion dans les bottes de notre hors-la-loi.
De plus, cette sensation de monde vivant est réellement perceptible. Par exemple, nous avons aidé un habitant de Toshara à fuir de la planète via une succession de divers objectifs à accomplir. Et c’est ensuite par pur hasard que nous avons retrouvé plusieurs heures de jeu plus tard ce même personnage sur une autre planète (les PNJ ne sont pas affichés sur la carte, rappelez-vous) en train de monter la garde devant la porte d’un lieu à explorer totalement facultatif. Se souvenant de Kay et pour la remercier, ce personnage l’a laissée entrer, offrant ainsi une alternative simple pour accéder au lieu où nous souhaitions aller.
Cette notion de choix et d’impact est d’ailleurs au centre du gameplay de Star Wars Outlaws par le biais d’une feature importante. Le jeu dispose en effet d’un système de réputation auprès des diverses factions criminelles, qui évoluera en fonction des choix et des missions effectués. Plus Kay est en bons termes avec un gang et plus elle sera libre d’aller et venir dans certains quartiers par exemple, ou bien encore à même de faire affaire avec des vendeurs bien spécifiques qui lui proposeront des marchandises uniques. A l’inverse, une mauvaise réputation au sein d’une faction provoquera l’interdiction de pénétrer sur ses territoires et dans le pire des cas, une traque par ses membres qui pourront attaquer à tout moment de l’aventure. Il va donc falloir constamment jauger ses alliances et mesurer ses choix pour essayer de maintenir un équilibre dans tout ceci afin de pouvoir tirer son épingle du jeu et éviter de se mettre une cible dans le dos.
Fort heureusement, les alternatives existent. Une mission demande de se rendre dans un territoire contrôlé par les Pykes mais la réputation de Kay est trop basse pour pouvoir y circuler librement ? Alors il faudra ruser et opter pour un chemin de traverse en s’infiltrant incognito afin de pouvoir remplir son objectif. Aller voir un courtier et remplir une mission afin de booster sa réputation peut-être également une solution, quoique chronophage. Et que dire de donner des renseignements à un membre de la faction pour montrer patte blanche ? Vous l’aurez compris, rien n’est figé et Star Wars Outlaws vous laisse entièrement le choix d’appréhender chaque situation comme vous le souhaitez. Même chose dans le déroulement de la quête principale, qui ne vous impose pas un ordre particulier pour remplir les objectifs en lien avec le recrutement de votre équipage. Vous êtes entièrement libre.
Du convenu et du déjà vu
En tant que hors-la-loi, Kay dispose de toute une panoplie de compétences. A commencer par sa furtivité. Star Wars Outlaws étonne sur ce point car l’infiltration est souvent mise en avant dans le jeu. Si l’on s’attendait surtout à défourailler à tout va à coups de tirs de blaster, force est de constater que l’approche furtive est bien souvent la meilleure des solutions. Pour ce faire, Kay est capable d’effectuer divers mouvements telle une Sam Fisher en herbe mais dispose également d’un atout non négligeable dans sa manche pour l’aider : Nix.
Mais qui est Nix ? Et bien Nix est l’adorable compagnon qui suit notre héroïne et qui est capable d’accomplir diverses actions sur simple demande comme distraire un garde, appuyer sur un bouton, déclencher l’explosion d’une bonbonne, etc… Une mécanique déjà vue mais qui fonctionne bien et qui permet de varier les approches.
Basique dans son exécution, l’infiltration dans Star Wars Outlaws reste toutefois relativement satisfaisante de façon globale. Par ailleurs, Kay est capable de pirater des ordinateurs et de déverrouiller des portes par le biais de mini-jeux plutôt réussis et cohérents au sein de l’univers avec cet aspect rétro-futuriste marqué.
Pourtant, quand la situation s’envenime, le blaster s’avère être le seul recours possible et là aussi sans être novateurs non plus, les gunfights restent satisfaisants dans l’ensemble. Kay dispose d’une jauge d’adrénaline qui une fois pleine lui permet de « mark and execute » ses ennemis. Une mécanique bien connue des joueurs de Splinter Cell. Sans surprise, Ubisoft fait du Ubisoft et recycle des éléments d’autres jeux sans se fouler.
Evolution sans révolution
Si Star Wars Outlaws ne cède pas aux sirènes d’un titre basé sur des points d’xp et du loot à glaner pour évoluer, Kay est toutefois capable d’améliorer son arsenal (speeder, blaster, vaisseau spatial…) en échange de certaines ressources et de crédits qu’elle devra dénicher aux quatre coins de la galaxie en pillant des caches, ou en accomplissant des missions qui pourront se révéler être rébarbatives (qu’il s’agisse de voler de la marchandise, de faire de la contrebande ou bien d’aller placer des mouchards, le tour de la question est vite fait).
Dénué d’un réel arbre de compétences, Star Wars Outlaws opte pour un système d’habiletés à débloquer en réalisant certaines actions bien précises (faire 10 headshots, pirater 3 portes, etc…) et en ayant rencontré des « experts » (avec leur propre arc narratif à suivre) qui pourront enseigner à Kay de nouvelles approches comme le maniement d’armes lourdes, du piratage plus avancé, etc…
C’est donc en s’investissant que le joueur va pouvoir devenir plus fort car le système choisi par Massive implique de devoir jouer de plusieurs façons, de tester et d’expérimenter certaines choses pour accomplir tous ces petits défis qui nous permettront d’obtenir la compétence tant convoitée.
Space Opera contemplatif
Enfin, comment ne pas parler de l’exploration spatiale pour un jeu Star Wars ? Là encore, Massive a fait du très bon boulot pour rendre immersif la chose. Ne serait-ce que le fait de décoller d’une planète et de quitter son atmosphère sans coupure, de pouvoir activer l’hyperespace et se propulser dans un autre système, là aussi sans discontinuité. C’est fluide, c’est propre, bien réalisé… bref ça fait plaisir manette en main et tout fan de Star Wars ne pourra s’empêcher de sourire comme un ahuri devant une immersion aussi qualitative tant sur le plan visuel que sonore.
Se balader (enfin) librement à bord d’un vaisseau spatial dans un jeu Star Wars relève du rêve de gosse et même si l’ensemble fonctionne relativement bien dans l’appréciation qui s’en dégage, il n’y a malheureusement pas beaucoup de choses à faire là-haut à part récolter des matériaux, faire des dogfights (plutôt mollassons d’ailleurs) avec quelques vaisseaux ennemis, remplir quelques contrats et admirer les panoramas offerts par la réalisation technique du titre.
Pour autant, quand on analyse ce qu’a à offrir Star Wars Outlaws, quand on met bout à bout tous les différents éléments qui s’imbriquent en eux, on ne peut que saluer la proposition de Massive. Loin d’être parfaite dans sa réalisation (quelques légers bugs et soucis de collision sont à recenser) , celle-ci a au moins le mérite d’être respectueuse et généreuse envers ses joueurs et rien que pour ça, le voyage en compagnie de Kay et de Nix vaut le détour dans ce space opera vidéoludique.
Ce qui nous a plu dans Star Wars Outlaws :
- L’ambiance Star Wars qui fonctionne avec une immersion dans l’univers très réussie
- L’écriture et la mise en scène qui nous plongent dans l’histoire avec efficacité
- Le moteur Snowdrop qui met une baffe visuelle, d’autant plus que la direction artistique est magnifique
- Le système de réputation qui force le joueur à s’adapter en permanence
- Le monde ouvert et sa construction, plus organique que dans d’autres jeux du genre
- La liberté d’action
Ce qui nous a moins convaincu dans Star Wars Outlaws :
- Un gameplay classique qui touche à tout (infiltration, gunfights, dogfights, conduite, plate-forme…) mais qui ne réinvente rien
- Du recyclage de mécaniques d’autres jeux Ubisoft
- Certaines activités annexes trop classiques, sans saveur et redondantes
- Quelques bugs à corriger et une finition à peaufiner sur certains aspects
- Le lore politisé avec un certain déséquilibre qui ne fait pas sens dans un univers pourtant déjà bien riche
Verdict définitif : 15/20
Sans réinventer le genre, Star Wars Outlaws réussit tout de même à proposer une aventure de qualité en dépit d’un gameplay convenu et sans réelle surprise. Le titre de Massive brille surtout pour son immersion visuelle et sonore dans l’univers créé par George Lucas ainsi que dans la conception de son monde ouvert organique laissant une totale liberté d’action au joueur. Et même si le lore de la licence, déjà bien riche et établi, en prend un coup au passage, l’histoire de Kay Vess se laisse suivre avec plaisir.