Entre le développement actuel de Dead Island 2 et la sortie de Dying Light, il y a de quoi se perdre, et pourtant ce sont bien les développeurs de Dead Island et Dead Island: Riptide qui sont les créateurs de celui qui nous intéresse dans le test ici présent. Les droits d’exploitation de la série originale de Techland étant à présent entre les mains de Deep Silver (qui a confié Dead Island 2 à Yager Interactive), c’est donc avec Dying Light que les développeurs nous livrent leur dernière vision de l’apocalypse Zombie. Vous suivez toujours ? Très bien, puisqu’il est maintenant temps de rentrer dans le vif du sujet avec ce test de Dying Light, qui vaudra aussi bien pour les versions PC que PS4 et Xbox One, un encart étant fait pour détailler la réalisation technique de chaque version.
Harran, Ville Dévastée
A l’heure où nous écrivons ces lignes, la France est dévastée par une terrible épidémie de grippe, et de gastro-entérite, certes, mais ce que nous vivons actuellement est vraiment très loin de ce que la population de Harran vit dans le jeu. En démarrant pour la première fois une partie de Dying Light, on se retrouve laché dans les airs, avec un parachute, qui nous fait atterrir immédiatement dans le chaos d’une ville inspirée de la cité éponyme Turque, autrefois carrefour commercial des Romains. Le héros, Crane, est tout de suite accueilli par des autochtones qui veulent déjà vous voir mort, tandis que vous êtes sauvés in-extremis par Jade et ses collègues qui vous tirent de ce mauvais pas. Il n’y a pas à dire, Dying Light commence sur les chapeaux de roue, et distille son univers petit à petit en apparaissant tout de suite comme très intriguant. Le scénario ne dévoile pas grand chose pendant quelques temps, et à la fin du long prologue qui vous enseignera les rudiments de l’escalade, le fameux Parkour du jeu, vous pourrez enfin mettre le nez dehors, pour respirez l’air putride d’une ville inondée de Zombies dans un état de décomposition souvent très avancé.
A ce moment du jeu, on découvre immédiatement la beauté des graphismes de Dying Light. Que ce soit sur PC, PS4 ou Xbox One, les rayons du soleil chaud de la méditérannée viennent vous carresser les joues, scintillent entre le feuillage des arbres, et font apparaitre des teintes chatoyantes splendides. En tant que premier jeu à gros budget de cette année 2015, on peut dire que le titre de Techland réussit à nous emmener plus loin que ce que nous avions vu en 2014 à grands coups de jeux d’ombres, de lumières et de réflexions maitrisés, et de décors énormément détaillés. Si la série TV The Walking Dead devait avoir un fils spirituel en tant que jeu vidéo, ce serait assurément Dying Light qu’il choisirait, pour sa passion de l’apocalypse et la qualité de son rendu.
Les amateurs d’exploration urbaine (comprenez par là, de ruines et de bâtisses abandonnées) vivront un rêve virtuel éveillé dans des rues de Harran qui peuvent quasiment être explorées à 100%. C’est d’ailleurs l’un des très gros points forts de Dying Light, qui passionne par son univers, son ambiance et son atmosphère dont on s’imprègne tout de suite. L’envie de découvrir ce qu’il se passe un peu partout est terrible, et très addictive. Vous l’aurez compris à travers ces différentes lignes de notre test de Dying Light, le titre est une pure réussite visuelle, autant technique qu’artistique.
Concernant les différentes versions du jeu, on trouvera une version PC qui n’a pas été optimisée aussi bien selon les configurations. Si Dying Light tourne plutôt très bien sur les machines équipées de processeur Intel et de carte graphique Nvidia, quelques freezes mis à part, le constat est nettement moins glorieux sur les PC embarquant du matériel AMD, qui est soumis à des baisses de régime assez grandes. Un patch est en prévision, pour combler les lacunes techniques liées à une optimisation imparfaite, mais on a connu pire sur PC. Sur consoles, on peut dire que Techland a particulièrement bien exploité la puissance de la PS4 et de la Xbox One, qui affichent toutes les deux des graphismes magnifiques. Ce n’est qu’au niveau du taux d’images par seconde que Dying Light s’affirme en dessous de la version PC, en étant bloqué à 30 FPS autant sur PS4 que sur Xbox One. Quelques éléments du décors et la végétation, ainsi que certaines ombres, pourront aussi être amené à produire un léger clipping, mais soyons honnête, le jeu restera splendide quoiqu’il arrive, et on imagine en effet assez mal le titre tourner sur une PS3 ou une Xbox 360, versions annulées l’année passée.
Un Scénario et un Background Inexploités
En évoluant dans une ville aussi charismatique que Harran, un constat est cependant assez décevant une fois le générique de fin passé. On se rend en effet vite compte que Techland n’a pas exploité son talent artistique et technique en ne souhaitant rien raconter de plus dans les rues du jeu que ce qu’on peut voir dans les scènes cinématiques. On retrouve alors un scénario très basique de FPS à monde ouvert qui ne va pas chercher plus loin que le bout de son nez, et pas plus loin qu’un certain Far Cry 4, lui aussi très décevant sur ce point.
En abordant le background à la The Last of Us, on aurait ainsi pu atteindre des sommets en termes d’immersion dans un univers, mais les développeurs n’ont pas exploré cette voie. Les personnages principaux sont pourtant relativement charismatiques, et surtout, l’âme des différents quartiers abandonnés de la ville auraient pu être le théâtre de quelques éléments narratifs comme des notes à lire, ou des fichiers vidéos à regarder pour se rendre compte de comment Harran est tombée sous la pandémie qui a transformé ses habitants en Zombies. En faisant les quêtes annexes de Dying Light, vous n’en apprendrez également pas beaucoup plus sur l’histoire de la ville et de ses ex-habitants. Dommage, même si les maisons et immeubles de la ville se suffisent à eux-mêmes pour raconter leur histoire, et combler les joueurs d’un environnement riche en émotion.
Cette faiblesse scénaristique se retrouve également en ce qui concerne le doublage en français du jeu, qui est très inégal. Le travail sur la voix du héros (Glenn dans The Walking Dead en FR) est excellente, pleine d’humanisme, mais les nombreux PNJs souffrent souvent d’un décalage de ton, et d’une implication moindre. En revanche, nous avons trouvé des musiques de très bonnes qualités, et surtout un habillage sonore constant, dans une stéréo magnifiquement rendue, du côté des râles de Zombies et autres bruitages qui ne rassurent vraiment jamais. Une excellente bande son gâchée quelque peu par un doublage français pas toujours au niveau, donc.
Que Reste-t-il de Dead Island ?
La comparaison avec l’ancienne série de Techland s’impose-t-elle vraiment ? Assez peu, finalement. En effet, outre le ton « réaliste » donné à cette apocalypse qui sonne bien plus dans le dramatique que le fun et le soleil d’un Dead Island, le gameplay reprend peu d’éléments de cette série. On retrouvera alors assez simplement le système de craft d’armes que l’on récupère par terre, leur usure au fil des coups, la possibilité de faire la campagne en coopération jusqu’à 4 joueurs, quelques quêtes annexes pour faire les courses des PNJs en traversant la map, et c’est à peu près tout.
Avec Dying Light, les développeurs ont choisi de propulser le FPS d’une manière assez peu abordée jusqu’à présent, à la Mirror’s Edge, en prônant les escapades à grands coups d’escalades. Les rues étant jonchées de morts-vivants, vous serez obligés d’emprunter les voies aériennes en grimpant de toit en toit, et ce, dès le début du jeu. Cet aspect du gameplay est on ne peut plus fluide, et diablement fun. Au fil du temps, les trois arbres de compétences vous donneront également de nouvelles aptitudes qui vous permettront par exemple de faire des glissades ou de courir plus longtemps, voire même d’escalader les bâtiments de plus en plus vite. Une réussite totale que ce Parkour qui nous fait découvrir un FPS à monde ouvert comme peu d’autres savent le faire, en exploitant parfaitement la verticalité de Harran et ses multiples cachettes.
Les plus connaisseurs d’entre vous reconnaitront également de nombreux clins d’oeil à différents jeux vidéo et films via des Easter Eggs disséminés aux quatre coins de la cité Turque. Toujours côté gameplay, le Parkour de Mirror’s Edge mis à part, on retrouvera aussi quelques inspirations directement tirées de la série Far Cry (les postes de gardes et l’escalade de tour radio autant que la tyrolienne), ou encore un craft à la The Last of Us qui réclame de nombreuses pièces pour former des objets, armes et équipements. Le Craft donne une raison de plus pour explorer les environnements, histoire de toujours avoir une réponse en cas d’attaque dans son sac à dos. L’arsenal sera alors à la fois complet et évolutif, allant du faible tuyau en feraille à la lame tranchante capable de couper du Zombie en un seul coup, en passant par les destructeurs cocktail Molotov et Shuriken explosifs. Il y en a pour tous les goûts, et des armes à feu seront également de la partie de manière plus light.
Intelligent Comme un Zombie ?
Comment se comporte l’intelligence artificielle des ennemis de Dying Light ? Comme des Zombies ! En ce qui concerne les infectés basiques, ce sera donc leur nombre qui feront leur force, mais Techland vous a réservé des choses bien plus dangereuses dans son jeu. On retrouvera alors, de jour, des molosses équipées d’armes lourdes, des Zombies aussi rapides que Crane et vraiment très collants, des colosses à la cuirasse épaisse, et surtout, un gameplay de nuit qui change la donne. En effet, une toute nouvelle « race » de Zombie sort de sa grotte dès 21h, heure où le soleil se couche pour transformer Dying Light en FPS plus axé sur l’infiltration, la faute à des ennemis qui peuvent vous tuer en un seul coup, et qui ont un radar de perception auditive et visuelle assez large. Il faudra donc avancer prudemment pour ne pas mourir bêtement.
La nuit vous fait peur ? Il va pourtant falloir sortir de vos planques pour affronter les nouveaux enfants de la lune, pour deux raisons principales. La première est que rendre l’âme en pleine journée vous fait perdre des points d’expérience, nécessaires pour améliorer les aptitudes du héros, et la seconde est que la nuit, les morts ne sont pas pénalisées, mais surtout, le gain d’expérience est doublé ! Une bonne manière de « forcer » les plus peureux à sortir de leur trou. Le gameplay change pas mal, pour une expérience vraiment très différente qui rapproche Dying Light de l’infiltration / survival-horror. Certaines missions principales vous forceront même à explorer Harran de nuit, alors autant se faire la main avec cet aspect le plus tôt possible dans le jeu…
Dying Time
Une grande force transparait lorsque nous jouons à Dying Light, nous ne voyons pas le temps passer. Ainsi, pour clore la trame principale en saupoudrant très légèrement de quelques quêtes annexes, vous mettrez au moins 20 heures à terminer le jeu de Techland. Une fois cela fait, vous pourrez soit recommencer l’aventure pour vraiment accomplir toutes les quêtes annexes et rencontres aléatoires, ou continuer d’explorer Harran dans la même sauvegarde. Avec des quêtes majeures variées et des occupations aux quatre coins de la ville, c’est aussi l’exploration qui vous prendra un temps monstre, sans que vous ne vous rendiez compte d’avoir passé deux heures à fouiner dans les maisons abandonnées du titre. On obtient alors une bonne durée de vie pour un FPS à monde ouvert qui ne lasse jamais, et qui donne toujours envie d’y replonger. Suite aux déboires des développeurs pour le report de la version boite, les copies de Dying Light incorporent d’office le mode Be The Zombie, qui promet de bons moments de funs avec vos potes, tout comme la coopération disponible pour la campagne.
Avec Dying Light, on avait peur de découvrir un nouveau clone de Dead Island, et surtout un jeu qui n’irait pas aussi loin que prévu. Si cette appréhension se confirme pour le scénario du jeu qui ne va vraiment pas chercher loin, elle s’évapore pourtant immédiatement après la cinématique d’introduction qui propulse le joueur dans un univers que l’on adore tout de suite. Avec la maturité acquise sur ses anciens jeux, Techland nous gâte donc d’un des meilleurs jeux vidéo traitant de l’apocalypse Zombie, d’une réalisation technique « so 2015 », d’une direction artistique craquante, pour un Dying Light qui a laissé toute la rédaction de Playerone.tv en admiration. Il manque quelques petits éléments pour faire de lui un chef d’oeuvre à 19/20, mais le titre s’impose pour qui voudra passer du temps dans un monde attachant au gameplay addictif. Un coup de coeur, assurément !
Verdict : 17 / 20