Test de Bound

Très impliqué dans la scène indépendante qui nous donne souvent de belles pépites très éloignées des standards de l’industrie des AAA, Sony nous propose avec Bound de découvrir une collaboration très artistique entre Plastic Studios et Santa Monica Studios. Après des titres assez peu accessibles au commun des mortels, Plastic Studios revient avec un jeu de plateformes plus conventionnel en termes de gameplay, plongé dans une direction artistique très originale. Une performance de danse qui vaut son prix ? Réponse dans notre test de Bound, réalisé sur PS4 via une version PlayStation Store offerte par Sony.

Je veux juste une dernière danse

Ne vous méprenez pas, Bound n’est pas un jeu de danse au sens propre. Le jeu de Plastic Studios et Santa Monica Studios nous permet juste d’exploiter cette expression artistique dans un jeu de plateformes tout ce qu’il y a de plus classique, dans des décors qui tranchent avec la grace de l’héroïne au nom inconnu. Premier point qui saute aux yeux après la séquence d’introduction qui se déroule dans la réalité d’une femme enceinte en pleine introspection, les graphismes incroyablement originaux de Bound. Contrairement à beaucoup de titres indépendants qui cherchent souvent dans la simplicité technique pour exprimer leur art, les développeurs se sont servis ici d’une multiplication de modèles 3D basiques (des polygones souvent unicolor) pour en faire des tableaux tantôt épurés, tantôt très surchargés en informations visuelles. Pour faire ressortir le tout, les graphistes ont mis le paquet sur les jeux de couleurs, pour un résultat à l’écran vraiment surprenant.

Le problème de l’originalité et de l’art visuel touche malheureusement directement Bound de plein fouet. Avec une direction artistique aussi atypique, les joueurs risquent fort d’aduler ou de détester le jeu. Si vous faites partie des amoureux du style graphique en présence, vous évoluerez alors dans un monde qui vous fera rêver et imaginer toutes sortes de choses très personnelles, tandis que les joueurs n’aimant pas la chorégraphie visuelle de Bound risque de décrocher très vite en ne voyant qu’une multitude de forme obsolètes s’afficher à l’écran, avec une danseuse qui fait ce qu’elle peut pour avancer dans ces décors fait de frites en pâte à modeler et de cube qui s’agitent dans tous les sens. Autre problématique qui se soulève rapidement lorsque l’on joue à Bound, l’interprétation des événements se déroulant à l’écran. Il sera en effet à quitte ou double, tant les liens unissant la femme enceinte aux tableaux des niveaux jouables peuvent être abstraits, avec des métaphores visuelles parfois difficile à repérer.

Avant l’ombre et l’indifférence

Ces deux points précédemment détaillés seront, selon nous, bien plus importants que le gameplay de Bound, qui suivra ou non votre intérêt et votre engagement envers lui. Particulièrement accessible (ce qui sera selon votre profil de joueur, un bien ou un mal), le maniement du titre propose uniquement des phases de plateformes avec des ennemis qu’il faudra traverser en appuyant sur R2 pour faire danser l’héroïne. En dehors de ces phases de grimpette, sauvette et balayette, l’autre élément de gameplay sera de ramasser des fragments qui permettront de faire varier la musique, et de vous emporter dans des coins reculer de certains niveaux. Pour être tout à fait honnêtes avec vous, le gameplay de Bound nous a ennuyé au possible, avec des niveaux qui s’étalent souvent en longueur. Le problème majeur de cet aspect du titre est le manque total de but du jeu dans les chapitres. Là où des Flower et Journey avait réussi à nous captiver sans nous mettre de carrotte sous le nez, Bound nous a fait décrocher à de nombreuses reprises, en ne parvenant pas à faire travailler notre cerveau imaginaire qui n’a fait que voir des polygones et des couleurs mélangées dans une soupe visuelle peu agréable. Le facteur danse est d’ailleurs vite oublié, malgré quelques belles phases de batailles artistiques à utiliser pour se sortir des griffes d’ennemis qui n’en ont pas toujours l’air.

D’ailleurs, gros conseil de notre part, éviter de faire les chapitres de Bound dans le désordre à votre premier run, sous peine de patauger encore plus dans la compréhension de l’aventure. Une option qui aurait clairement du être désactivée de base, puis rendue disponible une fois l’aventure terminée une première fois, à l’image du mode Speed Run qui s’ouvrira à vous une fois le générique de fin déroulé en entier.

Un vertige, puis le silence

Vous l’aurez sans doute déjà compris en lisant notre test de Bound sur PS4, il est assez délicat de recommander l’aventure de Plastic Studios et de Santa Monica Studios à une large cible de joueurs. Pour notre part, en essayant de rester le plus objectif possible, autant que le permet l’exercice d’une critique d’un jeu vidéo qui répond forcément tôt ou tard à des éléments personnels vécus ou non, nous n’avons pas du tout accroché à Bound. L’originalité de sa direction artistique n’aura pas excédé l’heure de jeu, pour une aventure qui se sera trop vite révélée rasoir, sans challenge, trop abstraite, décousue, et trop peu fun. La petite durée de vie du titre (un peu plus de trois heures pour un premier run tranquille) n’aura finalement pas été un gros problème à nos yeux, pour une expérience qui se serait alors dévoilée encore plus ennuyante. Il vous faudra donc vraiment énormément accrocher à ces décors étranges pour apprécier Bound sur la distance, qui pourront alors vous envoûter autant visuellement qu’auditivement, le titre étant truffé de belles mélodies parfois interactives. Une expérience à tester par soi-même, plus que jamais, à un prix un peu plus doux pour vraiment se forger un avis personnel sur une aventure qui le sera tout autant selon votre passé individuel.

Verdict : 11 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

    Vous aimerez aussi

    Test de Metaphor: ReFantazio | C’est Persona x Final Fantasy !

    Conçu par les créateurs de Persona 3, 4 et 5, Metaphor: ReFantazio est le nouveau jeu de rôle d’Atlus. Le titre embarque le joueur dans une épopée fantastique afin de…

    Test de Silent Hill 2 Remake | Excellent retour, mais vilains défauts

    Notre test de Silent Hill 2 Remake est là pour vous citer ses points forts, mais également ses points faibles !

    A lire également

    Resident Evil 9 | Jill, Leon et autres rumeurs fraîches !

    • By Sadako
    • novembre 5, 2024
    • 29 views
    Resident Evil 9 | Jill, Leon et autres rumeurs fraîches !

    Jeux améliorés sur PS5 Pro | La liste complète officielle

    • By Sadako
    • novembre 4, 2024
    • 546 views
    Jeux améliorés sur PS5 Pro | La liste complète officielle

    Test de Metaphor: ReFantazio | C’est Persona x Final Fantasy !

    • By Rainbow
    • novembre 3, 2024
    • 466 views
    Test de Metaphor: ReFantazio | C’est Persona x Final Fantasy !

    Le Kickstarter post The Day Before est un flop !

    • By Sadako
    • octobre 24, 2024
    • 839 views
    Le Kickstarter post The Day Before est un flop !

    Le prochain Naughty Dog sur PS5 serait « différent » de TLOU

    • By Sadako
    • octobre 23, 2024
    • 754 views
    Le prochain Naughty Dog sur PS5 serait « différent » de TLOU

    Le retour de Killzone sur PS5 ? Guerrilla Games s’exprime !

    • By Sadako
    • octobre 23, 2024
    • 791 views
    Le retour de Killzone sur PS5 ? Guerrilla Games s’exprime !