Test de Mass Effect Andromeda

Eh bien messieurs-dames, quelle histoire ! Ce n’est pas qu’on n’ est pas content de vous revoir quelques années après une trilogie épique et un dernier épisode qui aura fait couler beaucoup d’encre (sur les forums de Reddit par exemple hum-hum…), vous vous pliez encore une fois à rempiler sur une licence qui, techniquement, n’avait même pas besoin d’une épisode supplémentaire. Le souvenir était trop bon. Et puis au final vous vous êtes dit, ou EA peut-être, qu’il était temps de réouvrir la sphère Mass Effect et son monde qui l’entoure, pour un nouveau périple détaché de notre Sheppard national. Et puis vous annoncez votre jeu en avance, vous ne communiquez plus, vous le montrez comme ça sur une séquence moisie à l’annonce de la PS4 Pro, et enfin, la date de sortie tombe. Et vous débarquez comme ça, le 23 mars 2017, drapeau à la main, pression délicate des fans de la licence, tiraillés entre volonté d’allonger l’univers Mass Effect avec un jeu de calibre similaire aux anciens épisodes, mais également l’envie / obligation d’ouvrir la licence sur un terrain plus « mainstream ». L’ombre de Mirror’s Edge Catalyst plane, et vous n’avez pas le droit de tuer la licence. Et tant bien que mal, même si vous avez lustré cet épisode, il n’en demeure pas moins qu’il est moins brillant que sa trilogie initiale. Ceci est notre enquête. BAM BAM.

Bio-Mal-Ware technique

Frosbite, ce mot vous dit peut-être quelque chose. Moteur maison de DICE, avec le sublime Battlefield 1 en guise de figure de proue, mais aussi illustre des polygones dégueulasses de Mirror’s Edge Catalyst, Bioware décide donc de se fier à ce formidable moteur pour aider Mass Effect Andromeda à sa première apparition sur PC, PS4 et One. Et le résultat est quelque peu déroutant, d’une part, parce que le rendu est au final bien moins alléchant que le simple fait d’évoquer Frosbite pouvait laisser entrevoir. Ne comptez pas revoir une physique à la Battlefield 1, ni d’ailleurs la modélisation et ses textures, sous peine d’être déçu du voyage. Parlons déjà du gros défaut technique présent quelle que soit la version, PS4 ou One, même PS4 Pro au passage : le framerate est à faire bondir un raton-laveur ambidextre. Ça se casse la gueule beaucoup trop souvent allant des 30 fps en environnements fermés à 15 (et on est gentil) quand ça commence à bombarder dans tous les sens.

D’autant plus que le jeu incite avec cet épisode davantage à l’exploration, même certaines balades se payent le luxe de ne pas vous faire déplacer de manière fluide. Bon sang, Bioware. Ajoutez également à cela un rendu complétement inerte, figé, des visages, des environnements bien aliasés et certains plans parfois honteux. Mais maintenant que nous avons craché un peu notre venin, Mass Effect Andromeda peut livrer certains pesants d’or visuels qui décoiffent. Tout simplement. D’une part, le rendu général des effets volumétriques est globalement bon, tout autant que le rendu des couleurs bien pétantes qui affirme une direction artistique assumée. La finesse de l’armure des héros pour sa part force le respect et l’enchainement des panoramas est assez sympa. 

Certes, sur PC, le niveau est clairement au-dessus. Parfois déroutant même, puisque le gameplay déjà nerveux est ici cadencé à 60 fps et apporte un rythme et un confort clairement indéniable. En plus d’effets de dingues et d’un rendu au final moins dégueulasse sur le rendu des visages, la version PC remonte le tout dignement, d’autant plus que certaines phases de gameplay changent du tout au tout, avec par exemple un sentiment d’être asphyxié par les effets volumétriques lors de séquences délicates ou d’explosion, alors que sur consoles, le rendu prête moins au stress puisque très peu matérialisé.

Mais juger Mass Effect Andromeda sur sa technique visuelle,  c’est un peu comme attaquer Dragon Age pour son rendu des visages, la force n’est pas là. Et une fois de plus, MEA dévoile ce qu’il sait faire de mieux par sa direction artistique, véritable bonne nouvelle pour la suite de la licence. Il fallait faire notamment bien attention de ce côté là, les fans de la licence n’allant pas le louper s’il coupait radicalement les ponts avec les origines de la série. D’autant plus que l’open-world n’aide pas à faire passer la pilule, il fallait bien passer par la planche à dessin et imaginer un environnement concordant avec l’enjeu d’Andromeda. Globalement, l’ensemble tire le tout vers le haut . Les différentes planètes visitées tiennent chacune une patte, un cachet, qui montrent au moins une véritable différence d’écosystème entre les différentes galaxies. Chacune se démarque par un thème convenu (terre, neige, mer…) mais MEA brise ce conventionnalisme grâce à des cachets esthétiques et surtout grâce à la civilisation qui caractérise chaque planète visitée. Certaines sont sublimées grâce aux avancées technologiques, d’autres par leur côté désertique. On voyage et on admire chaque environnement proposé par MEA, complété par une diversité des milieux sociaux assez prononcée.

Une trilogie trop difficile à oublier et à renouveler avec la manière

Sur ce point, MEA fait globalement moins bien que la première trilogie. Petit aparté, le jeu reste globalement très calme, très gentillet et adopte un style d’écriture assez paradoxal quand on se souvient de la première trilogie. Et nous pensons que c’est sur ce carrefour que Mass Effect Andromeda divise entre les fans de la première heure, les nouveaux venus et la crispation et la déception de certains. Le ton général du jeu est en deçà de ce que l’on a connu. Alors oui, Mass Effect premier du nom n’avait pas le même ton et les mêmes intentions que Mass Effect 2 par exemple, mais dans l’épopée Andromeda, tous les enjeux et conflits que vous avez engendrés / provoqués / calmés sont 2 voire 3 tons en dessous de ces derniers. La faute à une première moitié du jeu, voire jusqu’à 60% sans réel intérêt, qui aurait pu provoquer un raz-de-marrée de déferlantes négatives que nous aurions bien évidemment partagé. Il faut vraiment savoir que le jeu est clairement divisé en 2 parties selon nous, la première étant mauvaise et la deuxième déjà plus passionnante. Nous pensons que certaines critiques ne sont pas allées voir plus loin que le bout de leur nez, tellement il est flagrant que le jeu est clivé.

Cependant, les critiques sont justifiées, la première partie est ratée. Quand bien même l’on pourrait blâmer l’apparente lenteur du jeu au fait qu’il faille mettre en place tout un nouvel environnement avec des personnages qui ont le charisme d’une loutre, le jeu peine réellement à décoller et nous pose face à des problèmes d’une ampleur que même le tout nouveau stagiaire pourrait régler. Un défaut d’écriture supplémentaire alimente le ressenti bien trop moyen que le jeu nous impose au début, avec des clichés à tout va, des réponses « nanars » au possible et des solutions bien trop vite expédiées. Vous devenez pionnier grâce à une pirouette scénaristique et une mise en scène que personne n’avait bien entendu anticipée, et vous voilà dès le début considéré comme demi-dieu dans une galaxie inconnue. Bon bah c’est bien, c’est pratique, mais sinon ? Bah comme nous vous le citions juste avant, 50 à 60% du jeu vous mettra face à des problématiques bien moins cruelles et matures que dans les précédents épisodes, et vous devrez vous farcir en plus des dialogues sans intention, dans lesquels Bioware a changé un peu la donne en instaurant une roue des sentiments.

Maintenant, au lieu de faire face à certains choix bien radicaux ou des propos plus crus (cf Mass Effect 2) encore à la manière de The Witcher 3, le jeu s’agence autour d’une échelle de ressenti. Bien évidemment, tout ceci est  verrouillé dans des directions qu’on ne connait que trop bien : le ressenti affectif, le ressenti réfléchi… bref on vous passe la suite. Le problème est que cette roue des ressentis n’apporte clairement rien. Une fois qu’un dialogue vous est proposé, votre héros répond avec une phrase bien plus millimétrée et éthique que la solution parfois vulgaire proposée à l’écrit sur l’écran. Parfois, vous vous retrouverez devant des dialogues où, dès que vous aurez une réponse un peu hargneuse, macho ou arrogante, vous vous jeterez dessus pour apporter du piquant. Et bien même là, le jeu redevient selon lui « juste » et la réponse devient en fait bateau. La narration en pâtit trop, et il est délicat d’espérer une immersion totale et une véritable relation avec vos alliés tant cette partie là est bien inférieure à ce qu’on a connu dans les anciens Mass Effect.

Et puis vient le miracle là où ne l’attendait pas, peut-être même sur la partie où on le jetait déjà aux oubliettes. Vous ne rêvez pas, la partie la mieux travaillée de MEA est bel et bien son gameplay. Quel boulot ! Ryder a énormément gagné en souplesse vis-à-vis de Sheppard, et surtout en capacité. En fait, il nous rappelle un peu la transition Halo 4 / Halo 5. Dashs multidirectionnels, jet-pack, boost, couverture automatique, changement de visée, pouvoirs nerveux, il n’y a pas à dire, Mass Effect Andromeda est dopé aux hormones par rapport à ce que l’on a connu. D’ailleurs, ce n’est pas un mal, puisque le jeu permet enfin, pendant les phases de combat, de littéralement prendre son pied et d’avoir un vrai feeling de puissance, de combat, de rapidité, corrélé  à la technologie avancée étalée pendant tout le jeu dans le scénario et dans son background. Une mise à jour du gameplay primordiale et bien étudiée, puisqu’il est devenu la véritable composante grace à laquelle on prend vraiment du plaisir. C’est d’ailleurs étonnant que la balance soit inversée de la sorte, puisque la trilogie initiale de Mass Effect prônait davantage la narration, le scénario et son background au détriment d’un gameplay, certes loin d’être mauvais, mais qui n’était pas au même niveau. Ici, c’est l’inverse, Andromeda valorise le gameplay au détriment des anciennes forces, qu’on imaginait pérennes vis-à-vis de Bioware et du background génial de Mass Effect. Dommage qu’un gameplay si bon dans cet épisode ne vienne pas enrichir un scénario, une qualité de narration et le background génial des anciens épisodes.

A peine open, Andromeda

Outre ces différents aspects, sachez enfin que Mass Effect Andromeda n’abandonne pas non plus ses fondamentaux en termes de customisation et personnalisation des compétences. Divisé en trois catégories, biotique, compétences en combat et résistance, le jeu se standardise dans une formule qu’on ne connait que trop bien. Chaque avancée dans l’aventure vous rapporte des points d’XP, qu’il faudra répartir selon les bonus que vous souhaitez obtenir pour chaque catégorie de compétence. Rien ne vous empêche de jongler, et rien ne vous empêche de ré-roll assez rapidement vos stats, puisque ce n’est pas très cher à faire dans le jeu. Enfin, question personnalisation de l’équipement, on reste sur une formule de plans d’armes à dénicher dans votre périple pour ensuite les fabriquer, ou encore les choper directement en mission. Evidemment, rien ne vous empêche de les acheter via votre porte-monnaie. Rajoutez à cela des facultés spéciales que vous pouvez rajouter à chacune de vos armes, comme un bonus de dégât, de bouclier et j’en passe, et vous obtenez une fois de plus le mélange simple mais onctueux comme un velouté Fruix d’une composante de level-design toujours maitrisée.

Si ces acquis tendent à nous rassurer sur notre aventure, le cahier des charges respecté à la lettre resurgit dès lors qu’il s’agit de vous faire voyager. Comme nous l’avons dit au préalable, MEA est un open-world uniquement sur les planètes visitables, que l’on peut compter sur les doigts d’une main. Evidemment, au-delà de la patte artistique déjà évoquée et vraiment réussie, les quêtes à accomplir à l’intérieur donnent déjà moins la banane. D’une part parce que l’ensemble des contenus et d’imbrications des objectifs est ultra stéréotypé (vas-y que les aliens débarquent comme par hasard en plein milieu du désert, vas-y qu’il y a 3 pauvres objets Kert à scanner, vas-y…) qu’au final, vous vous dites régulièrement : « bon bah ça, je l’ai déjà fait plusieurs fois… ». Et rien malheureusement dans l’exploration pure et simple ne vous donne une carotte supplémentaire pour forcer à exploiter ce côté open-world. Tout parait en fait ultra générique, sans réel conviction de vouloir tenter quelque chose. Et pourtant, l’idée du Nomad fonctionne parfaitement, il est réellement plaisant à conduire, rajoute une composante exploration plus fun et plus rapide et aurait pu pousser le bouchon plus loin. Pourtant, des idées que le jeu a tenté de mettre en place, il y en a un paquet comme par exemple l’escalade d’une montagne avec les 6 roues motrices ou non, le fait que l’on puisse jumper avec le Nomad, etc… Une nouveauté gratifiante, réussie, mais une fois de plus, sous exploitée. En plus, Bioware nous laisse le customiser et l’améliorer ! Par contre le pourquoi reste une question sans réponse…

Question scénario, on va faire plutôt bref et concis sans trop en dire. Le problème est qu’ expliquer un morceau de l’histoire de Mass Effect Andromeda va forcément empiéter directement sur un univers bien trop riche. En quelques mots, vous incarnez Scott ou Sarah Ryder (choisissez Scott pour l’immersion pour info, surtout en VO car la VF est à abandonner) et vous cherchez absolument une planète où il fera bon vivre pour développer une nouvelle civilisation. Bien évidemment, cherchez une planète sous le soleil et les cocotiers aurait été trop facile, donc il faut évidemment qu’une race alien, les Kert, viennent contrecarrer ou plutôt vous faire participer à une jolie farandole de conflits interstellaires. Nous n’allons pas épiloguer davantage sur le scénario déjà bien décortiqué, mais retenez tout de même que l’histoire décolle réellement pendant la deuxième partie du jeu, avec un premier acte d’une lenteur pas piquée des hannetons.

Crash sur Andromeda ?

Après ces quelques paragraphes, nous pourrions encore en dire sur ce Mass Effect Andromeda, mais il est temps pour nous de conclure sur un épisode qui souffle ni le chaud ni le froid. Si la fébrilité et le mauvais démarrage de cet épisode dans la narration et le scénario souffrent d’un manque certain d’authenticité et d’un ton oublié des précédents épisodes, force est de constater que le gameplay nous tient en haleine pour continuer. Puis surgit la deuxième partie du jeu, plus courte malheureusement que la première, où les codes de Mass Effect reprennent leurs droits. Un peu comme le premier Mass Effect, nous direz-vous. Certes, mais il est indéniable que Mass Effect Andromeda se prend en pleine figure la puissance de la première trilogie. Grâce à une dernière partie sauvée d’un naufrage quasi-acté au vu du début de l’aventure, on se dit que bien des choses doivent être calibrées pour revenir au niveau d’antan. Le gampelay est amélioré, le sound design est excellent, soit. Mais il y a le reste maintenant. Et il bien trop difficile de ne pas dire qu’Andromeda impacte tout de même la série. Un jeu qui nous aura fait une grosse frayeur, mais au terme duquel, ll est impossible d’imaginer la fin de la série. Un renouveau risqué, un nouvel épisode endommagé, mais paradoxalement, une licence dont on ne retient que les bonnes choses. Et il y en a dans Andromeda, assurément !

Verdict : 13 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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