Ubisoft | Oui, il y’a bien un agenda politique et des objectifs d’inclusivité à atteindre

La situation est critique actuellement chez Ubisoft. Entre les ventes décevantes de Star Wars Outlaws, la chute du cours de la bourse et le report en catastrophe d’Assassin’s Creed Shadows pour tenter de recoller les morceaux suite à des errances historiques, rien ne va plus.

Des événements qui ont conduit à une enquête interne pour tenter d’arranger les choses. Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft a alors publié ce communiqué :

« Notre performance au deuxième trimestre n’a pas été à la hauteur de nos attentes, ce qui nous a incités à y remédier rapidement et fermement, en nous concentrant encore plus sur une approche centrée sur le joueur et le gameplay, et sur un engagement inébranlable en faveur de la valeur à long terme de nos marques. »

« Bien que les bénéfices tangibles de la transformation de l’entreprise prennent plus de temps que prévu à se matérialiser, nous poursuivons notre stratégie, en nous concentrant sur deux verticales clés – les aventures en monde ouvert et les expériences natives GaaS – avec l’objectif de stimuler la croissance, la récurrence et la génération de flux de trésorerie disponibles robustes dans notre entreprise. À la lumière des défis récents, nous reconnaissons la nécessité d’une plus grande efficacité tout en ravissant les joueurs. »

Par conséquent, au-delà des premières actions importantes entreprises à court terme, le Comité Exécutif, sous la supervision du Conseil d’Administration, lance un examen visant à améliorer encore notre exécution, notamment dans cette approche centrée sur le joueur, et à accélérer notre trajectoire stratégique vers un modèle plus performant au bénéfice de nos parties prenantes et de nos actionnaires.

Enfin, permettez-moi de répondre à certains commentaires polarisés autour d’Ubisoft ces derniers temps. Je tiens à réaffirmer que nous sommes une société axée sur le divertissement, qui crée des jeux pour le public le plus large possible, et que notre objectif n’est pas de mettre en avant un quelconque agenda. Nous restons déterminés à créer des jeux pour les fans et les joueurs, que tout le monde peut apprécier. »

Ce qui nous intéresse ici est la phrase expliquant qu’aucun agenda politique n’est mis en avant dans les jeux. Et pourtant, les rapports financiers de l’entreprise, disponibles ici et ici, démontrent le contraire.

C’est la chaîne Le Repaire du Gamer qui a repéré cette incohérence dans les propos de M. Guillemot.

Nous vous en faisons un résumé en énumérant les points essentiels.

Un agenda politique à tenir

Pour commencer, il faut savoir qu’Ubisoft est lié à Sweet Baby Inc, à l’Autre Cercle et à Afrogameuses. L’ensemble de ces structures et de promouvoir l’inclusivité au seins de diverses entreprises. Une phrase d’accueil sur le site d’Afrogameuses dit par exemple : « Comme nos partenaires, engagez-vous pour plus d’inclusivité dans l’industrie du jeu vidéo. »

Si le but d’être inclusif dans les jeux pour représenter tout le monde est louable, l’envers du décor est pourtant bien plus sombre, puisque le but de tout ceci est surtout purement pécunier.

Les rapports financiers parlent d’eux-mêmes et expliquent que plus d’inclusivité au sein de l’entreprise et dans les jeux permettent de gagner des « bonus ». Ainsi, M. Guillemot a touché près de 780 000€ pour avoir atteint certains objectifs d’inclusivité, sous couvert de prendre le risque de faire face à des comportements toxiques et à du turnover au sein des équipes.

Mais comment cela se traduit-il dans les jeux ? Chose qui nous intéresse ici plus que le salaire annuel de M. Guillemot.

Et bien comme vous pouvez le remarquer, puisqu’écrit noir sur blanc, il s’agit d’offrir la possibilité aux joueurs d’incarner de « riches et complexes personnages » issus de la diversité en permettant dans certains jeux de choisir son genre et d’incarner des personnages transgenres afin de lutter contre toute forme de discrimination.

Mais le plus intéressant est que pour chaque objectif posé, Ubisoft mesure les « opportunités » et les « risques » encourus. Ainsi, « représenter une société qui ne reflète pas la réalité » est l’un de ces risques à prendre dans la promotion de l’inclusivité au sein des jeux.

Et quel jeu est actuellement au cœur de la tourmente autour d’un personnage en particulier ? Assassin’s Creed Shadows, accusé de prendre trop de libertés historiques. Au point que le titre a été reporté afin que l’histoire de Yasuke, le samouraï noir, soit réécrite pour être mieux intégrée dans le récit. De là à faire le lien avec la promotion de l’inclusivité et le risque de ne pas coller totalement à la réalité historique, il n’y a qu’un pas.

Le mot de la fin

L’inclusivité dans les jeux, c’est oui, sans problème. Mais encore une fois, il n’y a pas de fumée sans feu. Tout ce qui est taxé en ce moment de « wokisme » semble plutôt être un ras-le-bol général de la part des joueurs suite à ce qu’on pourrait qualifier de « forcing ». Une œuvre n’a pas forcément besoin de représenter absolument toutes les minorités systématiquement. Ce qui compte est l’écriture et le background des personnages. Donc l’inclusivité c’est oui, mais quand c’est pertinent et cohérent c’est mieux.

Quant aux entreprises, être transparent avec leur fanbase devrait être un comportement normal. Dans le cas d’Ubisoft, quel est l’intérêt de M. Guillemot de mentir en disant qu’aucun agenda politique n’est mis en avant dans les jeux alors que l’inclusivité (car c’est bien de cela qu’il parle) fait clairement partie d’objectifs à atteindre au sein de sa société, que ce soit en recrutement mais aussi au sein de ses productions ?

Dans tous les cas, espérons que la communication soit bien plus claire à l’avenir mais aussi et surtout plus assumée. On ne peut pas promouvoir l’inclusivité en interne et faire l’inverse en public quand un jeu est décrié, il s’agit de rester cohérent.

Rainbow

Adepte des soulslike et des rogues, j'ai également une grande affection pour les RPG et les metroidvanias. Sur PlayerOne TV depuis 2024.

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