3 ans après un premier épisode sauvagement bien réussi sur console old-gen et PC, South Park revient avec le poids de la confirmation sur ses épaules. D’autant plus que, de reports en désillusions, cet épisode a fait trépigner d’impatience les fans français, abasourdis par le scandale de la VF non-officielle. L’Annale du Destin a donc pas mal à se faire pardonner. Y arrive-t-il ? Réponse dans le test de South Park : l’Annale du Destin, à partir d’une version éditeur du jeu fourni par Ubisoft réalisé sur PS4.
Fidèle à son grand frère
Comme pour le premier opus, ce deuxième épisode plonge le joueur dans l’univers cocasse, vulgaire et ô combien hilarant de South Park. Du point de vue de l’intrigue, le début de l’action se passe quelques jours après la fin des évènements du bâton de la vérité. Coon et sa bande de super-héros aussi crétins les uns que les autres vous accompagnent alors dans cette nouvelle mission qui n’est pas sans risque : mettre à mal un traffic de chats qui sévit dans les rues de South Park. Un peu à la manière de son grand frère, l’intrigue, bien qu’idiote, réserve son lot de surprises et de faux twists, qui raviront les fans de South Park, tant elle coïncide avec l’univers de la série télé.
Pour ce qui est du joueur, vous êtes toujours étiqueté « le nouveau » quand les choses se passent bien, et « trouduc » quand elles se passent plus mal. A la grande différence du premier opus cependant, votre personnage est entièrement personnalisable. Au fur et à mesure que vous évoluerez dans le monde de South Park, vous pourrez également débloquer plus d’habits et de coiffures pour votre avatar coloradien. Malheureusement, l’attirail que vous choisirez n’aura aucune incidence sur le jeu ou la trame scénaristique en elle-même, c’est simplement pour le plaisir des yeux.
Puisqu’on reste sur le plaisir des yeux, l’esthétique de la série a été respectée au poil de fesse, là encore bien à l’image de ce que faisait le bâton de la vérité. Se balader de gauche à droite dans les rues enneigées de South Park est un vrai bonheur. Du point de vue du casting, ce deuxième épisode a été cherché très très loin et les fans de la série seront comblés de voir leurs personnages préférés, qu’ils soient de premier plan ou de second plan. Autant d’aucuns pouvaient regretter le casting un peu restreint du premier épisode, autant cette année Ubisoft San Francisco a mis les petits plats dans les grands et bien malin sera celui qui pourra compter les absences majeures sur les doigts d’une main.
Fidèle à la série
Quiconque connait la série South Park saura que ce qui a fait tenir Trey Parker et Matt Stone au panthéon des meilleurs scénaristes est leur humour, teinté de vulgarité, ajouté à l’impertinence des scènes de leur série télé. Très clairement, l’anale du destin s’inspire des meilleurs épisodes de South Park sur ce point, et il vous sera très compliqué de ne pas pouffer de rire à moult reprises, devant la justesse de certains dialogues, et surtout, devant les situations rocambolesques dans lesquelles votre personnage ne manquera pas de se trouver. Mais ce qui frappe avant toute chose, c’est l’impertinence des deux scénaristes.
Loin de considérer le jeu vidéo comme un produit bis de la série, Ubisoft et les créateurs de la série ont créé un opus vidéoludique qui aurait finalement très bien pu être transposé à la télévision. L’esprit très « South Park », acerbe, à la limite de l’acceptable parfois , et très scatologique est bel et bien présent dans la version vidéoludique. N’importe quel fan de South Park retrouvera alors du fan service à gogo et des clins d’œil hilarants, allant parfois chercher très loin dans l’historique touffue de la série télé, qui, rappellons-le, a fêté ses 20 ans récemment et vient de finir sa 21ème saison.
Fidèle au RPG ?
S’il ne fait aucun doute que L’Annale du Destin comblera les fans de la série, un RPG doit aussi savoir séduire un public d’un genre beaucoup plus prisé et connu pour son exigence. Qu’on se le dise, South Park : l’Annale du Destin n’est pas un RPG exigeant. Bien au contraire, la dimension RPG est bien là, mais elle est avant-tout là pour servir un univers. Le joueur se verra sommé de choisir 3 classes entre 10 classes de personnages (Assassin, guérisseur, etc.) mais qui ne vous seront dévoilées qu’au fur et à mesure de l’aventure. Selon la classe que vous choisirez vous pourrez utiliser un set de 3 pouvoirs différents + un pouvoir ultime ( un coup spécial en gros ). A l’inverse des RPG traditionnels, South Park : L’Annale du Destin ne brille pas par sa difficulté. Les combats sont enfantins, et les joueurs les plus expérimentés ne tarderont pas à se concentrer sur l’univers, tant le seul intérêt des combats réside dans les petites piques que les combattants s’envoient entre eux entre deux rounds.
Du point de vue de la tactique, c’est assez simple, il n’y en a pas. Là encore, South Park ne s’érige pas en modèle du genre. Petite addition cependant par rapport à son ainé : les déplacements en combat ont été agrémentés d’une grille qui vient régir la portée des déplacements en combat. L’ajout est anecdotique, mais permet d’apporter un peu plus de tactique à un jeu qui en manque cruellement. Pour ce qui est des pouvoirs, « trouduc » en a qui colle parfaitement à son sobriquet : celui de faire des pets incommensurablement puissants. Ainsi, il vous sera possible tantôt de mettre en pause le temps grace à une combinaison de touche qui déclenche un pet énorme, tantôt de le courber, pour revenir en arrière et annuler une action, ou, en combat, d’annuler le tour d’un adversaire. Le tour de force de Stone et Parker réside dans le fait que les combats sont incroyablement bien scénarisés, pêchus et toujours extrêmement drôles.
Du point de vue du contenu, le jeu vous occupera une bonne trentaine d’heures, si tant est que vous êtes assez courageux pour récupérer tous les goodies et objets qui ont été dissimulés dans la ville.
Pour terminer, il faut bien préciser que le jeu dispose des doublages officiels en toutes les langues, sauf le français. Les doubleurs de cet épisode étaient attendus au tournant tant les voix de certains personnages comme Mr. McKay ou Craig brillaient par leur génie. Force est de constater que, si le travail sur les doublages est loin d’être laborieux, il n’arrive pas du tout à la cheville des doublages originaux. La tâche était de toute façon très corsée, tant il est ardu de remplacer des voix qui sont présentes depuis l’aube télévisuelle de la série.
Il ne reste cependant qu’à déplorer leurs absences, qui est tout à fait incompréhensible, surtout eu égard au fait que tous les autres pays ont leur doublage officielle. Rageant.
Pour conclure, ce deuxième opus vidéoludique est une très belle réussite. Complet, drôle, infatigablement impertinent, l’Annale du Destin comblera les fans de la série avec autant de facilité et d’aisance que son grand frère. En revanche, il aura plus de difficultés à plaire aux non-initiés, qui déploreront la facilité apparente des combats et le côté RPG bien trop sommaire. Ne vous y trompez pas pourtant : South Park, ça troue l’cul !
Verdict : 18 / 20