Test de Secret of Mana Remake

Si vous avez eu une Super Nintendo pendant votre enfance ou votre adolescence, vous êtes alors certainement passé par la case Secret of Mana lors de sa sortie en 1993 ou les années suivantes. Première grosse expérience RPG d’un public français privé jusqu’alors des productions Squaresoft, celui que l’on appelle au Japon Seiken Densetsu 2 est un vrai mythe, une légende que les joueurs rêvaient de voir revenir sur nos consoles modernes via une suite ou un remake. Ayant entendu la parole des fans, Square Enix annonçait alors en 2017 la sortie de Secret of Mana « Remake » sur PS4 et PC, mais faisant également un beau bad-buzz en dévoilant des graphismes dignes d’une version smartphone. Quid de l’expérience finale ? Verdict dans notre test de Secret of Mana Remake, effectué sur PS4 Pro via un code PlayStation Store offert par Square Enix.

Remake, ou Demake ?

Peu de temps après l’annonce du remake de Secret of Mana, les joueurs ont reçu une douche glaciale en découvrant les graphismes proposés par Square Enix, digne d’un jeu Android ou iOS. Qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête du directeur artistique pour valider un tel rendu graphique pour ce qui reste l’un des plus beaux RPG en 2D de l’ère 16-bits ? Des teintes pastelles sublimes proposées à l’époque au design des personnages et ennemis, il ne reste malheureusement plus qu’une modélisation en 3D ultra sommaire, pour un Secret of Mana Remake dénué de toute magie graphique.

Passer d’une référence 2D à un jeu en 3D digne d’une réalisation de début de PS2 fait forcément hurler de rage quand on sait qu’un simple réhaussement des graphismes d’époque aurait coûter moins de temps aux développeurs, tout en conservant l’incroyable touche artistique du chef d’oeuvre de Koichi Ishii, Hiromichi Tanake et de Nasir Gebelli, véritablement défigurée par cette version 2018.

Histoire de « troller » les fans de la première heure, Square Enix a même eu le culot de poser les graphismes de la version Super Nintendo du jeu en haut à droite, dans une mini map qui ne sert strictement à rien si ce n’est nous rappeler continuellement combien ce remake en 3D ruine l’oeuvre d’art qu’était le titre en 1993, qui était d’ailleurs plus beau que ce que ne propose cette petite fenêtre qui ampute les animations des décors d’antan. Ajoutez à cela la suppression des animations d’un voyage canon et un zoom beaucoup trop proche de l’action, et vous obtenez alors l’un des pires remake jamais fait dans un jeu vidéo. Cela serait passé sur un smartphone, mais pour une version PS4 vendue 40€, la pilule passe mal.

Malgré tout, ceux et celles qui auraient fait Secret of Mana à l’âge d’or des consoles 16-bits retrouveront quand même leurs marques, pour une refonte graphique qui reste fidèle au jeu d’origine. On regrettera forcément le design actuel, mais traverser les différents environnements fait remonter de bien beaux souvenirs. En revanche, les curieux qui ont toujours entendu parler du RPG de Squaresoft sans l’avoir touché à l’époque risquent fort de ne pas bien comprendre pourquoi le titre est considéré comme un mythe par nombre de joueurs…

Une aventure plus facile que sur Super Nintendo

Après seulement 15 / 20 minutes de jeu, un constat nous a sauté aux yeux : Secret of Mana Remake est bien plus facile qu’il ne l’était sur Super Nintendo. Dès vos premiers combats, vous remarquerez en effet que les niveaux grimpent plus vite, que les ennemis se font tuer plus rapidement (1 coup pour tuer un lapin était impossible en 1993), et que les boss sont à présent très simple à battre. Le tigre était l’un des plus coriaces du jeu, mais il est maintenant possible de le tuer sans perdre une seule fois, et sans se faire toucher souvent, les personnages esquivant bien mieux que jadis.

Est-ce forcément un mal ? Nous vous laisserons juger ce constat, mais aurions aimé pouvoir jouir d’un mode de difficulté calqué sur la version Super Nintendo, histoire de laisser chacun choisir la hauteur de son challenge.

Côté gameplay, vous découvrirez ou redécouvrirez toujours un Action-RPG très nerveux, qui demande d’utiliser autant les armes que la magie pour venir à bout des ennemis qui varient d’un environnement à un autre, avec des level-up à réaliser dans tous les compartiments (personnages, armes et magies). Un grand classique du jeu de rôle / action japonais qui n’a pas pris une ride et qui propose toujours une aventure pouvant s’étaler sur plus de 70 heures si vous souhaitez tout voir, tout faire et tout améliorer à fond.

Des nouveautés qui modernisent le jeu

Outre la mini-map « rétro » déjà abordée dans ce test de Secret of Mana version PS4, quelques autres nouveautés sont présentes et font plaisir par leurs qualités. On pensera en effet à l’ajout de doublages en anglais ou en japonais pendant les cinématiques (même si les personnages ne bougent pas du tout la bouche, à l’ancienne…), à des musiques réorchestrées qui font débat (mais qui nous plaisent, tout en sachant que vous pourrez activer les musiques originales), ou encore à des sous-titres améliorés, loin des errances de la localisation de Véronique Chantel sur Super Nintendo à l’époque. Mais est-ce suffisant pour faire oublier les vilains défauts et le prix élevé de Secret of Mana Remake ?

La magie Secret of Mana opère toujours ?

Difficile de livrer une note et un verdict à ce « remake » de Secret of Mana version 2018, pour la simple et bonne raison que l’appréciation du jeu dépendra de nombreux cas de figure. Si vous êtes un fan invétéré de la version Super Nintendo, découvrir ces horribles graphismes de smartphone risque en effet fort de vous hérisser le poil en hurlant à l’hérésie, tandis que les plus indulgents n’ayant plus la console 16-bits de Nintendo à la maison pourraient bien prendre à nouveau leur pied sur cette nouvelle version. Enfin, les nouveaux venus, curieux, pourraient eux aussi y trouver leur compte. Mais qu’importe votre situation, une chose est certaine : Square Enix a défiguré l’une des plus belles productions vidéoludiques des années 90 avec un remake hors sujet graphiquement, et vendu bien trop cher. Certaines choses sont parfois décidément incompréhensibles, dans l’industrie des jeux vidéo…