Test de One Piece: World Seeker

Après une ribambelle de musou exploitant l’univers de One Piece, les fans du manga n’attendaient qu’une chose : un jeu en monde ouvert faisant la part belle à l’exploration. Comme vous pourrez le constater dans les lignes à suivre de ce test de One Piece: World Seeker (réalisé via une clé Steam offerte par Bandai-Namco), ce jeu tient plus de la cure de désintox aux jeux vidéo qu’à une adaptation vidéoludique en bonne et due forme. Comme disait Luffy : « Le roi de l’ennui, ça sera moi ! »…

La sucette pour mieux attirer dans la camionnette ?

Au démarrage, le jeu fait déjà bonne impression grâce à une cinématique d’intro et un menu principal qui semblent bien respecter l’ambiance propre au manga. De plus, les développeurs ne se sont pas privés à montrer des animations de qualité ainsi que des décors, ici les rues de Steel City, vivants et plein à craquer de PNJ. Ce n’est peut-être qu’une cinématique d’intro mais au vu de sa qualité, on est en droit d’avoir bon espoir.

Après cette mise en bouche, et la création d’une partie, une nouvelle cinématique se lancera et, elle aussi, profitera d’une mise en scène de qualité et d’une qualité visuelle globale plus que correcte. Il est aussi bon de remarquer qu’ils aient fait appel aux doubleurs originaux de l’anime. Mais une fois tout cela passé, on se rend rapidement compte que la sucette n’était qu’un leurre pour nous attirer dans la camionette, et le traumatisme à suivre demandera plus qu’une thérapie chez le psy pour s’en remettre…

Tout d’abord, il est bon de souligner que le tutoriel dure plus ou moins une heure et qu’il est constitué de pages de textes qui mettront le jeu en pause. Oui oui, une heure de pages de texte à digérer après chaque nouvelles actions effectuées, mais la blague ne s’arrête pas qu’à la forme du tutoriel, car les développeurs ne se sont même pas cachés du manque d’inspiration affligeant dont ils ont fait preuve ; infiltration, marquage des ennemis, vision d’aigle à la Assassin’s Creed, équipements pour améliorer les stats, déblocage de compétences à la Yakuza et j’en passe seront de la partie. 

Le plus triste (ou le pire, à vrai dire il est difficile de nous prononcer à ce niveau) est qu’ils ne font pas semblant et justifient certains choix par « Le fluide » (vous savez, le fameux Aki). Comme quand ils justifient la vision d’aigle avec : « Luffy peut utiliser le fluide de l’observation », bientôt « le fluide de la machine à café » peut-être ?

Quand les missions consistent à chercher le fun

Après une première heure fatiguante, le jeu prouve une fois de plus que ça ne peut qu’empirer. Dès le tutoriel, vous aurez à explorer des plaines ainsi qu’un village moins vivant que les serveurs de Fallout 76. Mais ça n’est rien à côté de la ville presque essentiellement composée de vide remettant presque en perspective la solitude et ce qu’elle implique.

Évidemment, le vide des décors n’est pas le seul problème, puisque les missions sont d’un ennui tel qu’elles pourraient vous faire définitivement arrêter les jeux vidéo. Effectivement, seuls quelques objectifs reviendront en boucle d’une mission à l’autre (principales et annexes), tel que ; Collecter des items dans une zone, chercher tel PNJ dans une zone, s’infiltrer dans une base gardée par maximum 5 soldats ou simplement sprinter sur 2km pour parler à tel PNJ et refaire le chemin inverse.

De plus, les développeurs ont eu quelques moments de folie et se sont dit qu’il serait rigolo de vous faire chercher un PNJ sur une zone presque aussi vaste que la carte entière (littéralement), le seul moyen de glaner des indices est de parler aux PNJ, mais leur rareté rend cette opération quelque peu compliquée…

One Piece World Seeker ou le non-respect incarné

Quand on parle d’adaptation vidéoludique d’une production telle qu’un livre, film, série tv, anime, manga, etc, on serait en droit de s’attendre à un respect de la trame principale, même si les événements sont inédits, sauf communication des développeurs prévenant de libertés prises. 

Vous vous y attendez sûrement, mais le jeu ne prend même pas la peine de respecter totalement les événements du manga. En effet, ce ne seront pas de simples erreurs d’incohérences ou des oublis, mais carrément des événements cruciaux du manga qui semblent totalement oubliés par Oda. Par exemple, lors d’une mission vous parlerez à Jeanne (un des personnages principaux du jeu), qui en plus de vous avoir fait tourner en rond pendant près d’une heure, vous racontera que son frère lui manque, et Luffy sortira sereinement : « Moi aussi je ne vois pas souvent mon frère »… On vous rassure, lors de notre session de jeu, nous avons nous aussi halluciné en lisant cette ligne de dialogue !

Et le jeu ne manquera pas une occasion de bafouer le manga, que ça soit en donnant un air « caillera » aux personnages (Brook disant « Sur la tombe de ta mère » tranquillement), soit en ne respectant absolument pas la trame principale. Le pire dans l’histoire, c’est que Eichiro Oda était censé être à l’écriture de l’histoire. Vous l’aurez compris, ne cherchez pas un jeu vidéo respectant le manga avec celui-ci.

Les graphismes en lot de consolation

Malgré ce déluge de déceptions (et parfois bien au-delà de la déception), il serait peut-être bon de parler du rare bon point du jeu, ses graphismes.

Sans être une vitrine technologique, One Piece: World Seeker se pare d’un effet de cel-shading réussi sur les personnages ainsi que les éléments avec lesquels on peut interagir. Le reste des décors profitent d’un effets « photo-réaliste » loin d’être exceptionnel, mais loin d’être moche. Les FX du jeu sont réellement réussis, spécialement lors des phases de combat, et le tout profite d’une gestion des éclairages convaincants, saupoudrés d’un effet de bloom agréable. 

Il serait juste de parler de l’interface (les différents menus) arborant des tons rappelant fortement le manga. Nous ne nous attarderons pas trop dessus, car mentionné plus tôt, mais les quelques cinématiques du jeu sont réellement magnifiques, et il est dommage de constater qu’en plus d’être courtes, elles se font rares. Elles profitent de 60 images par seconde (en tout cas, sur la version PC), parés d’effets de particules et de post-process efficaces donnant presque envie d’enchaîner les cinématiques sans plus jamais retourner dans le gameplay.

Quand le faux espoir devient un concept vidéoludique

Si le vide des décors et la redondance des missions n’étaient pas assez pour vous, les développeurs se sont dit qu’il serait bon de tester votre résistance aux faux espoirs. Puisqu’il semblerait que des experts dans le domaine se sont joins au développement dans le but de tester vos nerfs tout au long du jeu, et très franchement même les plus endurcis seront sujet à la dépression.

Tout d’abord, lorsque vous atteignez enfin le Thousand Sunny, vous vous rendez compte immédiatement qu’il sera inutilisable, déjà parce qu’il n’a pas de rendu en Cel Shading comme les objets utilisables (comme les caisses), exactement comme les vieux jeux de l’air 16-bits où l’on pouvait prévoir où étaient les pièges grâce aux différences de rendu, mais aussi parce que les proportions sont totalement démesurées. Plus loin Usopp vous montrera un canon et vous dira qu’il pourra vous emmener sur une île céleste, mais que nenni ! La seule excuse qui vous sera dite sera : « Je ne l’ai pas encore terminé », sauf qu’il est inutilisable à volonté durant la totalité du jeu. 

Mais puisque le jeu est si bien lancé, les développeurs se sont dit qu’il serait bon de mettra la quasi totalité des dialogues en texte, comme dans un Zelda, saupoudrés de gémissement aussi ridicules qu’irritants. Les cinématiques quant à elles ne dureront que quelques secondes et ne serviront qu’à introduire rapidement les personnages du jeu, sans parler du fait qu’elles se terminent sans aucunes chutes comme si les moyens manquaient pour les finir.

Si certains ne verront aucun souci à l’absence de navigation, sachez que l’intégralité de One Piece: World Seeker se base sur des faux espoirs (sans oublier que c’est un jeu One Piece) et vous atteindrez un point où vous n’espérerez plus rien et le pari des développeurs sera réussi ; Vous aspirer toute once de joie et d’espoir qui vous restait.

Une courbe de difficulté aussi brutale qu’inattendue

Pendant presque 6 heures, le jeu semblera se laisser faire. Les combats seront d’une facilité déconcertante, parades et esquives feront partie de votre arsenal mais vous n’en aurez aucune utilisation puisque les ennemis vous chatouilleront, au mieux. C’est ainsi que les combats deviendront ennuyant au possible, aucune tension, aucun stress, ils se résumeront à simplement marteler la touche de frappe tel un écervelé, et ce, même face aux boss. 

Mais les choses se gâtent une fois l’équipe du chapeau de paille réunie, puis qu’après le sixième chapitre le jeu semblera tout d’un coup se réveiller, et le premier mob rencontré vous mettra une tannée monumentale puisque sa difficulté sera totalement inattendue. 
Ainsi, absolument tous les mobs sembleront s’être enfin décidé à vous donner du fil à retordre, ce qui semble être enfin ce que l’on attendait d’un jeu incluant de la baston.

Il n’en est rien puisque les six premières heures de jeux vous auront tellement ramolli qu’il vous sera difficile d’esquiver ou parer les attaques ennemies. Ce n’est pas tout car même les boss (secondaires ou principaux) seront capables de vous tuer en deux voir trois coups, rendant le jeu tout d’un coup frustrant au possible doublé d’un ennui mortel au vu des objectifs de missions.

Et là réside le coeur du problème, la difficulté monte d’un coup, sans prévenir et vous devrez finalement user de réflexes face aux boss, sauf que le jeu aura pris soin de vous transformer en légume pendant les six premières heures. N’oublions pas que le personnage semble doté de l’incroyable capacité à réagir en retard, rendant les combats d’autant plus frustrants.

Quand on demande à papa GTA V et qu’on reçoit Crackdown 3

Après cette trépidante aventure semée d’ennui, de frustration, de consternation et de vide, nous nous posons une question : Comment le jeu a-t-il pu être approuvé par Bandai ? L’équipe chargée de tester le jeu se serait trompée de jeu en le testant ?
À toutes ces questions, nous n’aurons très certainement aucune réponse franche de l’éditeur, mais une chose est sûre, One Piece World Seeker ne vaut pas un seul centime de votre poche. 

Il ne s’adresse ni aux fans (rappelez-vous Brook en mode caillera du 93), ni aux néophytes (rappelez-vous l’intégralité du test), ni à personne en fait. 

L’éditeur nous avait promis le jeu d’aventure que l’on rêvait, le jeu d’aventure qui semblait enfin exploiter l’univers riche et délirant d’Eichiro Oda et nous avons fini avec un résultat plus déprimant que décevant. Ce qui dérange le plus avec ce jeu, c’est qu’il semble être un collage maladroit et hâtif des développeurs en vu d’exploiter le nom du manga si populaire. Le problème, c’est qu’après une telle production, la confiance des joueurs sera difficile à récupérer. Au final, le jeu d’aventure One Piece: World Seeker parfait n’est qu’un doux mythe au même titre que le trésor du manga, et qu’il est préférable de continuer à rêver…

Verdict : 7 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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