Réalisation technique
Le jeu qui proposait de belles choses avec les épisodes Reflex et Alive semble avoir pris ici un sérieux retard. Si l'impression de grandeur des stades est toujours présente, MX vs ATV Supercross pêche par ses textures peu inspirées et sa modélisation du background de mauvaise qualité. Les spectateurs sont peu vivants, la fille qui donne le décompte du départ est la même que dans l'ancien épisode, et ne rend pas hommage aux vraies filles qui séduisent à chaque départ de courses les spectateurs de Supercross aux Etats-Unis. Le nombre de pilotes en course aurait pu être revu à la hausse, mais il n'en est rien. Alors que son concurrent MXGP affiche sur Xbox 360 et PS3 un total de 16 pilotes en courses sur un circuit bien plus grand, il aurait été de bon ton de faire un effort sur cet épisode, d'autant plus que l'IA des adversaires a une tendance toute particulière à ne pas faire attention à vous, et vous fonce dedans sans arrêt. Autant dire que les départs, lorsqu'ils sont ratés, évoluent rapidement en foutoir au premier virage lorsque, dans l'étranglement, les pilotes sont aux coude-à-coude. D'autant que les collisions ont tendance à trop vous faire freiner et à vous faire changer de direction.
Direction artistique
Il faut le dire cet épisode laisse un goût amer aux fans de la licence. Lorsque l'on a gouté aux animations et à l'ambiance d'une course de Supercross dans l'épisode Reflex, qui proposait aussi des courses dans cette discipline, ou encore à un Alive qui proposait des environnements extérieurs plutôt sympathiques, revenir à une telle pauvreté d'effet de vide au départ de la course ainsi qu'à l'arrivée est une grande déception. Pour ceux qui s'attendaient à ressentir encore plus la tension et l'excitation d'une course qui fait la part belle au spectacle, retournez jouer à MX vs ATV Reflex, car ici, seule une animation de la fille tenant le panneau des secondes restantes avant le départ et une petite mise en scène sur la grille de départ viendront essayer, en vain, de faire monter la pression. La pauvreté des animations est aussi flagrante à l'arrivée qu'au départ. Les développeurs ont tout simplement recyclé les mêmes animations que dans les épisodes précédents, qui n'étaient déja pas bien folichonnes, le pilote lève le poing et est content sur un podium vide avec un arrière plan souvent très mal senti.
Aux abords des pistes il n'y aura pour égayer votre champ de vision, que les habituelles bottes de pailles colorées, servant au passage d'indicateurs de saut en fonction de leurs couleurs et également à blinder le décor de sponsors, parce qu'il faut bien rentabiliser le jeu ! Pas de commissaires de pistes, de photographes, ou encore de paddocks ne sont présents. Il y'a un manque cruel d'animations du public également. Quelques petits flashs d'appareils photos viennent parfois se montrer dans les tribunes mais restent très discrets. En fait, les stades en extérieur ont quasi tous un design différent mais restent anecdotiques car notre regard est constamment rivé sur la piste, censée se déformer. Ccar oui, la feature mise en place depuis l'épisode Reflex est toujours de la partie. Mais alors quelle déception encore, de voir que cette feature est encore moins utile que précédemment. Les traces des différents pilotes sont bien utiles, mais n'ont absolument aucune incidence sur le gameplay, et c'est bien dommage quand on sait que les ornières créées par les pilotes ont une incidence et un intérêt tout particulier dans cette discipline. Le jeu reste globalement sympathique à regarder malgré toute ces déceptions, avec des couleurs chaudes et des pilotes bien modélisés que l'on peut customiser et habiller selon nos envies dans la personnalisation du pilote. Le jeu a quand même quelques attraits non négligeables.
Level design
Difficile de dissocier le gameplay du level design dans un jeu de Motocross quand on sait que l'un dépend directement de l'autre et de la physique du jeu. Pour résumer, le jeu déçoit encore une fois, non pas que les circuits ne soient pas plaisants à parcourir, mais surtout dans le manque de diversité évoqué dans la direction artistique. D'un circuit à l'autre, surtout les circuits en intérieurs, la sensation de parcourir le même environnement est trop présente. Il est dommage de ne pas avoir pu créer des ambiances bien distinctes ainsi que des circuits aux terrains différents, certaines parties en sable, d'autres en terre meubles, terres bien sèches, etc. Ici, c'est partout pareil. Les seuls points positifs du circuit rendant un peu grace à la discipline sont les virages relevés sublimant un peu la conduite que nous développerons dans le gameplay.
Les 18 circuits de MX vs ATV Supercross ont quand même tous leur personnalité, bien évidemment marqués par la disposition de ses enchainements et leurs complexités, ce qui est par là même la force du jeu. Car oui, le jeu a beaucoup de défauts, mais on ne peut pas lui enlever le fait qu'à chaque épisode depuis les débuts de la série, les circuits proposent une difficulté très intéréssante pour les amateurs de challenge et les chasseurs de chrono. Si le jeu sort son épingle du jeu et permet un tant soit peu d'accrocher l'intérêt des plus persévérants d'entre vous, c'est bien parce que les circuits proposent une rejouabilité toute particulière.
Gameplay
Le point essentiel du jeu et le point fort de la série, son gameplay. Pourquoi diable toucher à des mécanismes qui ont fait leurs preuves et qui justifient à eux seuls la pérénnité encore brinquebalante de la série ? Comment Rainbow Studios a-t-il réussit à alourdir un gameplay et une physique qui avaient atteint son apogée dans l'épisode précédent ? MX vs ATV Supercross a jeté à la poubelle des mécanismes qui rendaient la conduite fun dans le jeu. Exit dorénavant les scrubs et les whips pour enrouler les bosses et gagner du temps. Même s'il est possible de les effectuer, ils s'avèrent en réalité très difficiles à réaliser et pour ainsi dire inutiles. Le pilote n'arrivant quasiment jamais à ramener correctement la moto droite une fois la manoeuvre réalisée. Déçevant à tel point que les scrubs sont extrêmement importants dans ce sport ,car le Supercross est une discipline où les sauts sont très nombreux et très rapprochés.
Une fois cette déception oubliée, il reste aux joueurs, pour se consoler, le retour du stick droit pour doser les sauts. Un coup en arrière puis en avant à l'amorce du tremplin et le joueur décolle beaucoup plus loin, très pratique lors des enchaînements de triples et de doubles lorsque la vitesse manque. Il est possible de jauger plus ou moins précisément et avec beaucoup d'entrainement, la dose parfaite qui permettra de ratterir dans le creux de la bosse. La physique vient nous jouer par moment des petits tours fort désagréables lorsque l'on prend l'impulsion. En effet, sans vraiment de raison, elle orientera le pilote de manière abrupte vers les bordures du circuit (surtout avec les quads) lorsque le pilote s'engage un peu de travers sur le saut et fera perdre un temps précieux. MX vs ATV Supercross propose néanmoins des sensations plutôt agréables lorsque les enchaînements se passent sans accrocs et que les virages sont pris habilement. Il est toujours possible de contrôler l'inclinaison du pilote et de répartir son poids. Cela s'avère encore une fois très utile dans les virages relevés pour éviter, lorsqu'on arrive trop vite, de passer par dessus le terre-plein, mais il est inutile d'essayer de l'utiliser pour prendre un virage serré avec car la moto sous-virerait inévitablement. Il est en revanche nécéssaire de pencher le pilote en arrière lors des whoops pour gagner de la vitesse.
Autre nouveauté de cet opus, l'utilisation de l'embrayage amélioré. En retrait dans les précédents épisodes, il vient ajouter au gameplay un petit plus non négligeable ici. C'est dans les virages relevés que celui-ci prend toute son importance. Couplé avec le frein, il devient une arme redoutable pour prendre l'ascendant sur un adversaire à la sortie d'un virage. Il est dorénavant possible d'arriver pleine balle sur l'extérieur d'un virage, de mettre un coup de frein bien placé pour faire pivoter sèchement la moto, mettre les gaz et appuyer rapidement sur l'embrayage pour voir la moto reprendre de la vitesse ni une ni deux. Il s'avère également profitable lors d'un enchaînement de sauts ratés pour repartir de plus belle.
Même si les sensations sont bien présentes dans cet épisode on regrette une animation du pilote très en retrait par rapport aux anciens épisodes. Le piote ici est trop rigide sur sa moto et ne se penche clairement pas assez dans les virages, ainsi que lors des sauts. Les pilotes de quads quant à eux ont une animation plus réaliste et transfèrent le poids de leur corps bien comme il faut sur l'engin. On notera la possibilité de piloter des 50cc et 125cc qui n'étaient pas présentes dans le précédent épisode. Pour ce qui est du freestyle, les figures ne semblent pas avoir réellement changé depuis le précédent épisode et se font toutjours grace au second joystick et le bouton de modificateur de sauts. Mais encore une fois, aucun mode n'est dédié à cette discipline et il ne reste alors que le mode freeride sur tous les circuits du jeu pour s'amuser un peu. D'autant que en mode freeride, les circuits s'affublent tous de tremplins parseminés un peu partout aux abords du circuit. A noter qu'une vue interne est diponible et est plutôt sympathique, même si très difficile à prendre en main.
Scénario
Bande son
La bande son est égale aux autres productions MX vs ATV. Les bruits des moteurs sont assez réussis et on reconnait assez facilement les différentes cylindrées que l'on peut piloter. L'environement sonore est vite limité, car étouffé par les bruits de moteurs et la musique. La playlist est toujours faite de morceaux Rock / Punk / Metal qui collent bien avec l'univers du jeu mais tourne vite en rond.
Durée de vie
La série ne fait décidémment que peu d'efforts pour proposer aux joueurs un contenu de grande qualité. Si les 18 circuits ont de quoi vous occuper un petit peu au cours de la carrière, ses différents championnats reprennent tous les mêmes circuits mais dans un ordre différent. Aucun autre mode ne vient titiller la curiosité du joueur mise à part un "Motoclub Dépot" où le joueur pourra, une fois n'est pas coutume, acheter du contenu supplémentaire très cher et surtout très anecdotique. Il est très appréciable également de retrouver un mode multijoueur en écran splitté qui se fait plutôt rare sur les jeux ces temps-ci. Le mode en ligne occupera surement encore la majeure partie des joueurs assidus du jeu même si celui-ci ne propose que de choisir la catégorie dans laquelle vous voulez participer et de faire une course sans réellement de système de progression. Dommage.
Conclusion
Beaucoup attendaient le retour en fanfare du messie sur consoles. Rachetés par Nordic Games après le déclin de THQ, les petits gars de Rainbow Studios ont eu la lourde tâche de reprendre le flambeau d'une série sur la pente descendante avec un épisode Alive qui n'a pas plu à tout le monde avec sa politique économique de DLC éhontée. Le titre avait quand même su plaire aux joueurs avec un gameplay aux petits oignons et un multijoueur plus que correct. Toujours est-il que cet épisode ne pousse clairement pas la série vers le haut. Même s'il est vrai que les sensations sont toujours au rendez-vous, le manque réel de nouveautés et d'améliorations le place loin derrière son concurrent MXGP. Avec ses 18 circuits qui se ressemblent tous dans la direction artistique mais pas le level design, fort heureusement, il est clair que Rainbow Studios n'a pas su tirer son épingle du jeu. Si on ajoute à cela une physique et une conduite un peu en deça des deux précédents épisodes Reflex et Alive, malgré que le titre apporte une petite nouveauté au niveau de l'embrayage, il est clair que cet épisode ne viendra pas sauver la licence d'une mort qui se profilait déja avec l'épisode Alive et ce, malgré le rachat de la licence. Il ne reste ici qu'un jeu moyen avec de bonnes sensations malgré tout, mais qui manque encore de contenu et de modes de jeu pour véritablement justifier l'achat du titre, même vendu à 29.99 €. A quand un épisode révolutionnaire ? Peut-être sur PS4 et Xbox One ?
Verdict : 13 / 20