Réalisation technique
Killer is Dead tourne sous une version de l'Unreal Engine 3 qui est loin de faire cracher ses tripes à la console. Si le Cell-Shading rend particulièrement bien, la saturation des couleurs et l'aliasing donnent parfois un air brouillon aux graphismes du titre de Suda51. Si la pauvreté des textures n'est pas un problème en soit avec cette technique graphique, il en est tout autre chose pour la caméra qui devient souvent schizophrène en tournoyant et en se bloquant dès que le joueur se trouve trop près d'un mur. De quoi rager lors des affrontements contre les boss qui sont déjà d'une difficulté bien corsée !
La réalisation technique de Killer is Dead est cependant acceptable, permettant de bien beaux panoramas et une vitesse de jeu qui ne souffre jamais de ralentissements.
Direction artistique
Comme d'habitude avec les productions signées Suda51, la direction artistique de Killer is Dead vaut son pesant d'or ! Des personnages aux niveaux, en passant par les scènes cinématiques, tout est emprunt d'une aura mystique délicieusement saupoudrée de délire. Le maitre mot de l'aventure est l'incohérence, qui finit par dessiner un univers à la fois coloré et morbidement sanglant. Un nouveau tour de force de l'équipe graphique qui donne à Killer is Dead une identité unique, remplit de clins d'oeil à divers productions vidéo-ludiques et cinématographiques, que l'on ne retrouvera nul part ailleurs (sauf dans les trip Suda51). Une marque de fabrique qui fait plaisir !
Level design
Si l'univers de Killer is Dead n'était pas aussi travaillé et peuplé de personnages aussi charismatiques, l'ennui s'installerait assez vite, du fait de la pauvreté relative des niveaux du jeu. Ne vous attendez pas à voir le beat'em all révolutionné par le titre de Grasshopper Manufacture, les développeurs s'étant contenté de placer des enchainements de couloirs / arènes qu'il faudra vider de leurs ennemis, en scorant au maximum. L'IA globale est par ailleurs satisfaisante, et les boss ne manqueront pas de vous donner du fil à retordre. Si vous n'êtes pas habitué aux jeux vidéo difficiles, nous vous conseillons de vous limiter dans un premier temps au mode normal, histoire de ne pas briser votre manette de rage !
Gameplay
Sur ce point encore, Killer is Dead fait dans le classique. Bien que quelques idées neuves soient présentes (le bras bionique de Mondo qui fait office d'arme à feu), le gameplay de Killer is Dead se limite à des enchainements de combos / parades et contre attaque que vous devrez faire évoluer en grappillant des points à dépenser dans le menu adéquat. Là où le titre sort un peu de l'ordinaire est dans sa capacité à donner aux joueurs des missions secondaires intéressantes, basées sur le scoring. Quant aux phases de dragues / séductions, nous vous laisserons libre de vous faire votre idée sur la chose. L'intérêt ludique est certes pauvres, mais côté émotions… !
Scénario
Dans une première lecture, le scénario de Killer is Dead apparait bien plat (sans trame de fond apparente), narrant les élucubrations de Mondo Zappa, mercenaire de l'ombre accomplissant les missions d'une entreprise de crime à la demande de clients privés. C'est en fouillant un peu plus que l'on découvrira des questions un peu plus métaphoriques, mais nous doutons que la cible du jeu se prendra suffisamment la tête pour aller chercher plus en profondeur les raisons d'être de Mondo et de son équipage…
Bande son
Chose agréable, la version Européenne de Killer is Dead embarque à la fois les voix anglaises et japonaises. Les personnages sont doublés à la perfection, marquant les cinématiques d'une ambiance unique, et les musiques accompagnant les niveaux savent faire ce qu'il faut pour enfoncer encore un peu l'immersion. Une réussite !
Durée de vie
Les 12 missions de Killer is Dead se terminent relativement rapidement, mais le titre de Grasshopper Manufacture a plus d'un tour dans son sac pour allonger non artificiellement sa durée de vie. Une fois les missions principales achevées, vous pourrez passer un temps fou à faire les différents défis de Scarlett, et à améliorer vos scores. Killer is Dead a de quoi vous occuper une grosse vingtaine d'heures.
Conclusion
Fidèle à lui même, Suda51 et son équipe de Grasshopper Manufacture offrent aux joueurs un Killer is Dead incroyablement riche artistiquement parlant. Des personnages aux niveaux, le trip est énorme. Autant vous le dire tout de suite, si vous n'accrochez pas à l'incohérence apparente (de prime abord), et ne cherchez pas à lire entre les lignes du scénario, passez votre chemin et dirigez vous vers des beat'em all plus accessibles / commerciaux. En jeu de niche qu'il est, Killer is Dead plaira en revanche énormément à tous les joueurs qui ont aimé les Killer7 et autres No More Heroes de par son ambiance unique et son côté complètement décalé. On aurait quand même aimé voir une réalisation technique un peu plus soignée, et un gameplay / level design un peu moins basique, défauts décidément récurrents dans les productions Suda51…
Verdict : 15 / 20