Sadako
Depuis la sortie des PS4 et Xbox One, les joueurs avaient été largement déçus de Call of Duty: Ghosts, et à peine plus satisfaits par un Advanced Warfare qui a perdu beaucoup de monde en route, la faute à un degré de futurisme jugé trop grand, qui entrainait un gameplay « sauterelle » mal aimé des férus de multijoueur. Très populaire, la série Black Ops a pour volonté de faire aimer les CoD futuriste avec ce Black Ops 3 archi attendu par les fans de la licence, qui voient en cet épisode un retour aux sources tant d’un point de vue gameplay que level design des maps. Dans ce test réalisé via une version commerciale PS4, il sera donc question de voir si Treyarch saura se faire davantage aimer que Sledgehammer Games dans sa vision de la guerre du future.
Une Campagne « J’ycomprendsriendutout »
Nous commencerons ce test de Call of Duty: Black Ops 3 de manière très brutale : sa campagne est ratée. Sur la question du scénario, alambiqué au possible, il vous sera certainement difficile d’y comprendre quoi que ce soit avant quelques heures de jeu, que vous ayez fait Black Ops 1 ou 2 au préalable. On surfe sur une vague d’augmentations à la Deus Ex en incarnant un homme ou une femme (un choix à définir en début de partie) qui se verra rapidement transformé(e) en créature mi-humaine, mi-robotique puisque amélioré(e) par tout un tas de puces et autres équipements biomécaniques. Le tout part d’un très bon sentiment, et par une volonté des scénaristes de faire plus complexe que dans la plupart des FPS qui envoient généralement leur scénario sur un morceau de Post-It, mais la mise en application n’est pas bonne.
La narration est d’une confusion énorme. Les scènes passent du coq à l’âne en passant par la chèvre et le mouton, on est trimbalé dans divers périodes, divers lieux, et on y comprend souvent pas grand chose, perdu dans les méandres d’un trip qui ressemblerait parfois à Inception, les indices en moins. Il faut dire qu’en 7 heures environ, il aurait été vraiment beau de faire passer l’intégralité des messages du scénario de manière claire. Dommage.
Et côté gameplay ? Le mode Campagne de ce Call of Duty: Black Ops 3 est jouable (et absent des versions PS3 et Xbox 360, rappelons-le) jusqu’à 4 joueurs. Vous n’avez pas de potes sous la main ? On vous conseille d’oublier ce mode de jeu, tant son gameplay pensé pour le multijoueur coopératif vous gavera au bout de quelques minutes. En effet, la Campagne a été designée pour être abordée au minimum par deux joueurs, en grandes arènes séparées par quelques petits couloirs. La difficulté est très grande par moment, et la traverser en solo ne sera pas possible sans quelques Game Over en série, puisque l’IA alliée ne se prend jamais un seul projectile dans la tronche pour mieux vous laisser encaisser les tirs de parfois 20 ou 30 ennemis à la fois, et jusqu’à 5 ou 6 grenades en bonus. Du Rage-Quit en vue !
A plusieurs, la campagne est déjà plus sympathique, mais pas inoubliable non plus. C’est même peut-être l’une des campagnes les plus mauvaises d’un Call of Duty avec celle de Ghosts. Alors que celle de Advanced Warfare avait réussi à nous séduire par une action on ne peut plus fun, celle de Black Ops 3 vous fera enchainer les arènes contre des ennemis qui se ressemblent beaucoup, sans grande ferveur. Quelques passages restent au dessus, mais nous nous sommes pas mal ennuyés sur ce mode, chose très rare avec la série Call of Duty qui propulse d’habitude une campagne courte, mais explosive dans tous les sens du terme. Double dommage, surtout qu’il vous faudra terminer ce mode de jeu pour débloquer le mode scénario du Zombies, très agréable pour sa part.
Des Graphismes Agréables mais Inégaux
Call of Duty: Advanced Warfare avait réussi à faire remonter la pente graphique de la série sur PS4, Xbox One et PC, avec un moteur enfin à la hauteur des machines sur lesquelles il tournait, et surtout après une version new-gen de Ghosts décevante. Avec Black Ops 3, on retrouve quelques environnements de toute beauté, un poil plus beau que ce que propose CoD:AW, mais aussi énormément de passages où les graphismes sont moins beaux que ce dernier en affichant des textures bas de gamme. Que ce soit en multi comme en mode campagne, nous avons souvent trouvé les lieux un peu vides, bien loin de ce qui pouvait par exemple se faire dans la campagne Solo de Battelfield 4, pourtant disponible depuis presque deux ans. Le tout reste agréable à regarder, et en 60 images par seconde stables, mais ce ne sera encore pas ce CoD: BO3 qui redéfinira des standards techniques sur PS4 et Xbox One, sans parler de l’optimisation très hasardeuse de la version PC qui souffle le chaud et le froid selon ce que vous aurez dans votre tour.
Au delà de l’aspect purement technique, on soulignera l’inspiration des artistes sur les maps multijoueur, qui savent piquer les environnements de la campagne tout en les adaptant pour être jouables à plusieurs. Les 12 maps affichent toutes des choses différentes, et ne se ressemblent pas pour un plaisir visuel certain, notamment sur les zones d’eau qui resplendissent et autres effets lumineux du soleil dans la map forestière par exemple. Enfin, puisque nous parlons technique, et avant d’aborder la pierre angulaire d’un Call of Duty, son multijoueur, laissez nous vous dire que le lancement du titre ne s’est pas fait sous les meilleurs auspices. Il aura fallu plus de quatre longues journées aux développeurs pour permettre à tout le monde de profiter convenablement des serveurs dédiés de Black Ops 3. Pendant ce temps, il était souvent impossible de se connecter et donc de faire une Campagne, un Zombies ou du Multijoueur. Lorsqu’on arrivait à accrocher un serveur, on y restait généralement pas plus de 15 minutes de suite, pour cause de déconnexions sauvages. Un problème qui se généralise Day One, et dont Black Ops 3 aurait eu mieux fait de ne pas copier.
Un Multijoueur sans Surprises
Si vous jouez chaque année au nouveau Call of Duty, autant vous dire que vous allez très rapidement retrouver vos marques sur les serveurs multijoueur de Black Ops 3. Est-ce un mal ? Pas vraiment. Est-ce un bien ? Pas vraiment non plus ! Là où Advanced Warfare avait réussi à nous charmer avec des déplacements ultra nerveux, on ne peut pas dire qu’une grosse nouveauté fasse la même impression dans BO3. En parlant des sauts et envolées d’AW, rassurez-vous si vous ne les aimiez pas, ils ne sont plus de ce monde. Dans Black Ops 3, vous disposerez d’un Jet Pack qui vous permet de faire un double saut et de voltiger quelques très courtes secondes dans les airs, ce qui limite la verticalité des maps sans pour autant laisser les joueurs cloués au sol. Vous pourrez également profiter de nombreux spots où il sera possible de marcher sur les murs pour emprunter un raccourci ou attaquer un adversaire de manière déviée. On se situe entre le gameplay d’un Black Ops 2 et d’un Advanced Warfare, donc, pour un résultat plaisant à jouer, et qui apporte plus de possibilités que les anciens opus.
Autre nouveauté qui ne révolutionne finalement pas le gameplay multi de Black Ops 3, ses Spécialistes. Plus vous prendrez des niveaux, plus vous aurez un large choix de Spécialistes qui disposeront de pouvoirs spéciaux comme des décharges électriques et autres arcs dévastateurs. Ces pouvoirs ne s’activent que rarement, mais peuvent parfois renverser une partie serrée si bien exploités par les joueurs. Le reste de la formule multijoueur de Call of Duty: Black Ops 3, vous la connaissez, puisque faite sur les bases de ce qu’on connait tous depuis des années. On retrouvera les modes de jeux classiques, dont le Hardcore, et un système de progression classique, fait d’XP qui vous fera prendre des niveaux et d’XP des armes qui pourront petit à petit accueillir de plus en plus de bonus pour devenir plus puissantes, plus stables, tout en pouvant être customisées par de multiples Camo préfabriqués, ou maison.
En jouant longuement aux différents modes multijoueur de Call of Duty: Black Ops 3, un défaut que nous ne remarquions pas dans les autres opus nous a sauté au visage, soit la présence d’un nombre incroyable de murs invisibles. Alors que les maps d’un Star Wars Battlefront vous permettent de quasi grimper partout pour faire un tout droit, nous avons souvent été gênés par des barrières qui obligent à contourner des éléments du décors. Impossible de grimper sur certains bus / gros véhicules, impossible de traverser une zone d’herbage pour enjamber une barrière, les occasions ne manquent pas, et font transparaitre un côté un peu vieillot à certaines maps. En revanche, nous félicitons largement Treyarch qui permet enfin à quatre joueurs de pouvoir s’affronter en même temps, sur la même télé en local, tout en pouvant rajouter des bots ! Une option trop rare chez la concurrence qui fait plaisir.
On terminera ce tour d’horizon des modes Multijoueur de Call of Duty: Black Ops 3 en parlant de son fameux mode Zombies. Premier constat, la difficulté du mode est bien plus grande que dans les autres opus lorsqu’on y joue seul. Deuxième constat, l’incroyable ambiance qui anime ce mode, avec un art-design bien supérieur à ce qu’on peut trouver dans le mode Campagne du jeu. On retrouvera des acteurs connus qui s’animeront dans les rues de l’unique map Shadow of Evil, tout en découvrant quelques nouveautés comme la Gobblegums Machine qui vous offrira des Power-Ups temporaires et autres transformations en monstre qui permettront de faire le ménage sur la map. Ce mode est bien plus agréable à traverser que dans Advanced Warfare, et on attend avec impatience les autres cartes qui seront disponibles en DLC.
Un Call of Duty qui Manque de Fraîcheur
Vous l’aurez très certainement remarqué, ce Call of Duty: Black Ops 3 est certainement l’épisode de la série qui embarque le plus gros contenu. Et pourtant, c’est selon nous l’un des opus les moins réussis de la saga. En basculant dans un futur pas si lointain que cela, aux horizons 2050, Black Ops 3 n’est plus vraiment un Black Ops, la faute à une Campagne râtée, infecte en solo, et à des modes multijoueur agréables, mais qui répètent encore et toujours la même recette. Cette recette fonctionne, on s’amuse toujours à écrémer les maps (qui tournent en boucle sur une sélection de 3 ou 4 sur PS4, malheureusement), mais la magie n’opère pas vraiment avec cet épisode qu’on a l’impression d’avoir toujours connu. Là où Advanced Warfare s’était permis de bousculer un peu les codes de la série, ce Black Ops 3 nous parait assez fade, pour une prise de risque proche de zéro qui commence à nous faire sentir qu’il serait bon de revoir quelques bases en profondeur. Un syndrôme que la série Assassin’s Creed commence à partager, pour des vieilles licences annuelles qui s’essouflent doucement, mais surement. Surprenez-nous à nouveau, messieurs !
Verdict : 14 / 20
