Réalisation technique
Autant vous le dire tout de suite, la PS3 souffre énormément pour afficher les graphismes d’Alien: Isolation. Tout en restant très honorable, le rendu de cette version old-gen affiche une quantité parfois astronomique d’aliasing, et des ombres qui pixélisent pas mal. Le plus gros défaut de la réalisation technique du FPS de Sega / The Creative Assembly est toutefois prodigué par des chutes vertigineuses de framerate (grosso modo, l’affichage peut tomber à moins de 15 images par seconde sur quelques instants), et une optimisation des temps de chargement souvent aux fraises. Il n’est pas rare de devoir attendre plus de 45 secondes pour repartir en mission après une mort inopinée, ce qui est assez agaçant dans les passages les plus difficiles du titre où l’on meurt à la chaine. En revanche, les bugs sont inexistants.
Malgré ses quelques défauts qui mettent en lumière l’âge grandissant de la PS3, cette version d’Alien: Isolation pourra vous offrir des paysages parfois splendides, et un univers métalique agréable à regarder, loin de l’austérité des autres jeux vidéo Alien. En abaissant la résolution et en ayant revu à la baisse les effets de volumétrie, de lumière et les reflets divers, The Creative Assembly livre un bon rapport pour ceux qui n’ont pas encore sauté le pas de la nouvelle génération de console. Est-ce que la console aurait pu faire mieux que ça sur Alien: Isolation ? Il nous parait assez délicat de l’imaginer, pour un jeu multisupport.
Direction artistique
Voilà l’un des gros points forts d’Alien: Isolation, sa direction artistique. En annonçant le jeu, les développeurs affirmaient avec assurance que cette adaptation d’Alien serait celle que les fans attendent depuis toujours. Après avoir terminé le jeu, on ne peut qu’acquiescer cette affirmation ! Vous avez aimé le tout premier Alien de Riddley Scott ? The Creative Assembly vous en livre une suite spirituelle absolument charmante ! Le vaisseau qui vous servira vite de terre d’accueil, le fameux Sevastopol (Sébastopol en français), est truffé de technologie des années 2130, telle que l’imaginait Ridley Scott dans les années 70. On nage donc en plein bonheur de science-fiction, avec un aspect Low-Fi qui fait des ravages sur l’expérience de jeu.
Côté personnages, les développeurs nous livrent une Amanda Ripley vraiment attachante, entourée par des personnages secondaires un peu effacés. C’est d’ailleurs le point qui nous empêche de monter la note de direction artistique d’un point dans ce test d’Alien: Isolation sur PS3. Nous aurions tant aimé avoir plus d’interactions entre les personnages, et avoir plus de scènes cinématiques capables de nous scotcher à notre siège ! Ce constat n’empêche pas le jeu d’avoir une bonne mise en scène, et des environnements déjà mythiques, mais l’aspect cinématographique aurait mérité d’être poussé davantage. En tout cas, The Creative Assembly vient de signer la meilleure adaptation artistique d’un jeu vidéo Alien sur consoles et PC. Jamais un autre épisode n’était allé si loin dans la fidélité de cet univers si fort. Dépaysant, et rendra absolument dingue les fans des films Alien grâce aux différents clins d’oeil !
Level design
D’un côté, Alien: Isolation livre une copie assez classique dans le monde des FPS solo, en plongeant le joueur dans un vaste vaisseau, Sevastopol, qui donne l’impression d’une progression libre, voire en monde ouvert. Le nombre de pièces et recoins que vous serez amenés à visiter est absolument énorme. De ce fait, aucun ennui ne peut envahir le joueur en termes de construction des niveaux. Comme dans pas mal de FPS de ce genre, il faudra souvent aller chercher des objets pour débloquer des portes, aller remettre le courant en marche, trouver une carte magnétique, explorer les environs, et effectuer tout un tas de mission qui restent toujours au coeur de l’univers Alien, et qui ne dépareillent jamais avec le background du jeu.
Mais là où les développeurs ont fait fort est dans leur capacité à imaginer un jeu vidéo estampillé Alien sans en faire une boucherie d’action à tout va. Oui, Alien: Isolation est très clairement un jeu que l’on peut qualifier de jeu d’infiltration, 95% des affrontements avec les ennemis se soldant généralement par la mort quasi inexorable d’Amanda Ripley. Si l’on pouvait par ailleurs craindre une Intelligence Artificielle défaillante, force est de louer le travail remarquable des développeurs sur ce point central. Les Synthétiques (androïdes) et les humains réagissent de manière classique, mais le Xenomorphe a reçu un traitement que bien d’autres jeux vidéo devraient imiter ! Tout sauf scripté, le Xenomorphe se promène où bon lui semble (à part quelques séquences où un script lui organise sa tournée), pouvant alors surprendre le joueur n’importe quand.
Tout le rythme du jeu d’action qu’il n’est pas va alors se centrer autour de ce point aléatoire, la peur de l’Alien ! Alien: Isolation n’est pas un Survival-Horror capable de vous faire faire une crise cardiaque, mais les interventions de notre pote le Xenomorphe rythmeront les parties au moins aussi bien qu’un FPS classique. Il vous faudra alors souvent réflechir pour aborder les situations, vous cacher, et ne pas vous précipiter pour ne pas mourir bêtement. D’ailleurs, en parlant de mourir, vous risquez de faire des Game Over Loop assez souvent, le temps de bien comprendre et adopter la meilleure stratégie. Alien: Isolation est un jeu assez difficile, et ne vous donnera pas le droit à l’erreur. De ce constat, on aurait bien aimé avoir des checkpoints un peu plus rapprochés, pour éviter de se fader à nouveau une scène éprouvante de gameplay. Mais cela ne rend que meilleur le goût de la victoire !
Gameplay
Un FPS d’infiltration est-il forcément un jeu vidéo mou du genou qui vous fait faire tout le temps la même chose ? Non mon général, et Alien: Isolation en est la preuve ! Amanda Ripley ne possède pas l’attirail des plus grands soldats des FPS actuels, mais ce n’est pas pour autant que la fille d’Ellen n’aura rien à faire avec les objets qu’elle ramassera sur sa route. L’héroïne du jeu doit certes, éviter au maximum les affrontements directs avec les ennemis, mais elle pourra confectionner tout un tas d’articles pour améliorer ses chances de survie. Les objets récupérés sur les corps, dans les malettes et sur les meubles serviront ainsi à fabriquer des bombes IEM, des grenades flashs, des seringues de soins et autres ustensiles d’attaques et de diversions.
L’infiltration ne sera d’ailleurs pas de tout repos, vous obligeant à refléchir souvent à la meilleure approche à sélectionner. Vous pourrez donc tenter de passer à travers une salle remplie d’ennemis en empruntant les très nombreux conduits du jeu, ou en faisant du bruit un peu plus loin pour contourner l’action. On obtient alors un cocktail assez savoureux qui mise sur la résolution d’énigmes simples, de l’infiltration, et du craft, les rencontres avec le Xenomorphe rythmant le tout.
Scénario
Depuis l’annonce d’Alien: Isolation, les développeurs ont dévoilé son intrigue principale, à savoir que la fille d’Ellen Ripley était à sa recherche depuis environ 15 ans. En embarquant à la recherche du Nostromo, Amanda atterit rapidement sur la navette désaffectée Sevastopol, qui renferme bien des secrets. Sans être décevant, nous dirons que le scénario d’Alien: Isolation dévoilera toutes ses qualités au travers de sa direction artistique et des nombreux fichiers à lire ça et là. Un background qui est finalement plutôt bien exploité, mais un peu avare en scènes cinématiques.
Bande son
Très franchement, l’expérience de jeu d’Alien: Isolation ne serait vraiment pas la même sans cette bande son qui frise l’excellence ! The Creative Assembly a souhaité ne pas s’écarter du film de Ridley Scott en n’utilisant que la bande son et les bruitages issus de la banque sonore de la 20th Century. Le résultat ? Une immersion vraiment à part dans le domaine du jeu vidéo ! Côtés doublages, si la version française n’embarque pas la voix d’Ellen Ripley (présente dans la version US), elle a au moins le mérite d’être de très bonne qualité, renforçant l’atmosphère intriguante du titre. Un excellent point qui, couplé à une direction artistique hors norme, rend si particulier Alien: Isolation.
Une illustration en vidéo de l’excellente bande son du jeu
Durée de vie
Vous en avez marre des FPS qui se terminent en moins de 7 heures ? Alien: Isolation n’est clairement pas de ceux-là ! Etant un titre assez difficile par moment, vous serez souvent obligé de recommencer plusieurs fois de suite quelques séquences de gameplay. Il ne faudra donc pas compter terminer Alien: Isolation en moins de 15 heures si vous souhaitez prendre le temps de lire les fichiers écrits, audios, et contempler toute l’architecture des vaisseaux que vous explorerez. Un mode Défi est également présent, mais aucun mode multijoueur ne vient s’inviter à la fête. Une durée de vie solide, qui pourra être allongée par une rejouabilité certaine, Alien: Isolation donnant encore l’envie de s’y replonger une fois terminé.
Conclusion
The Creative Assembly avait bien raison lors de l’annonce d’Alien: Isolation, il s’affirme comme le jeu Alien que les fans et joueurs attendaient depuis toujours ! En exploitant à merveille l’univers Alien et le premier film de Ridley Scott, les développeurs offrent une aventure qui se savoure du début à la fin. L’infiltration est toujours bien pensée, quoique parfois un peu difficile et ponctuée de temps de chargement trop longs, et les aller-retours passent totalement inaperçus. Ce qu’on retiendra de notre périple dans l’espace ? Une direction artistique de folie invitant souvent à la contemplation, un gameplay riche, une IA du Xenomorphe aléatoire qui arrive souvent à nous surprendre, une bande son de premier choix, un fan-service omniprésent et des graphismes qui exploitent plus que beaucoup les capacités techniques de la PS3. Ce qu’on aurait aimé de plus pour gonfler la note de ce test d’Alien: Isolation ? Un scénario plus poussé, des scènes cinématiques plus nombreuses et plus impressionnantes, et des instants forts un peu plus rapprochés les uns des autres. A posséder fièrement aux côtés de votre exemplaire d’Alien: Trilogy !
Verdict : 16 / 20