Celui ou celle qui ne voit pas le monde se transformer plus ou moins rapidement doit changer de paire de lunettes. Mais si nous éviterons d’aborder les différents thèmes qui régissent la vie quotidienne, concentrons nous ici sur les choses qui commencent à sérieusement clocher dans l’industrie des jeux vidéo. Un édito s’imposait, et voici mon point de vue sur la situation.
Fin des exclusivités | L’âme des consoles est-elle morte ?
Quand on regarde l’évolution des stratégies de Microsoft et Sony, difficile de ne pas entrevoir un futur sous le signe d’édition de jeux vidéo tiers. Je ne pense pas (encore ?) que Xbox et PlayStation abandonneront totalement les exclusivités consoles, mais les frontières sont de plus en plus troubles.
Entre Xbox qui n’hésite plus à envoyer ses jeux sur PS5 (Hi-Fi Rush, Sea of Thieves et Grounded dernièrement) et Sony qui a dévoilé LEGO: Horizon Adventures pour une sortie sur PC, PS5 mais aussi sur Nintendo Switch, force est de constater que tout est bon pour élargir l’audience de jeux vidéo qui doivent de plus en plus rapporter d’argent pour être rentables, mais surtout intéressants pour les actionnaires.
Nintendo, qui cartonne avec sa Switch, n’est pour le moment plus dans cette optique, mais je ne doute pas un instant qu’il n’hésiterait pas à ressortir des licences sur mobiles (et PC ?) en cas de nouveau flop façon Wii U. Mais la question ne se pose pas pour le moment.
Cela n’empêche pas d’apprécier les bons jeux me direz-vous, et je suis totalement d’accord avec vous. Mais depuis toujours, l’âme d’une console se fait par ses exclusivités. Comment opter pour telle ou telle console si tous les jeux finissent par sortir partout ? Nous dirigerions-nous alors vers une machine unique où tout est accessible, sans faire jouer la concurrence ? Cette machine unique est actuellement le PC qui rafle la mise, même si tout n’est pas rose non plus sur cette plateforme.
Des constructeurs qui font de mauvais choix
Les stratégies des constructeurs et gros éditeurs sont là aussi très discutables depuis quelques années. Pour être franc avec vous, j’ai l’impression qu’ils ont tous eu le couteau sous la gorge au moment de préparer l’après 2020, comme si rien ne fonctionnait plus du côté des consommateurs, alors que ce n’était absolument pas le cas.
Pour on ne sait quelle raison, le GAaS (jeu service à la Fortnite et Warzone) est devenu l’ultime but de chacun. Vu les sommes récoltées par les 4 ou 5 GAaS qui cartonnent, on comprend l’appétit féroce des constructeurs et éditeurs, mais force est de constater que cela n’est pas aussi simple que ça.
Xbox se cherche une raison d’être, et se casse les dents avec le Xbox Game Pass qui a atteint une sorte de plafond de verre en termes d’abonnés. Microsoft s’est alors coincé tout seul dans cette stratégie qui ne paye pas assez pour rentabiliser les gros titres. PlayStation n’a pas emboîté ce pas aussi radical, mais les gros jeux solo se font attendre, et sortent désormais tous sur PC quelque temps plus tard pour mieux se rentabiliser. Et du côté de Nintendo, on est encore bloqué en 720P (quand tout va bien) avec une console trop peu puissante depuis déjà quelques années.
Ce qui m’agace le plus ? Lire des explications des constructeurs qui ne tiennent pas debout pour justifier des ventes décevantes ou qui n’évoluent pas depuis 20 ou 30 ans.
Vous voulez vendre plus de PS5 ? Baissez son prix ! Une machine de bientôt 4 ans qui coûte encore 549€, cela ne s’est jamais vu. Même discours pour Xbox avec sa Series X. Beaucoup de joueurs et de joueuses peinent à affronter les prix qui se sont envolés ces dernières années, il ne faut donc pas s’étonner de les voir rester sur PS4 et Xbox One, surtout avec une stratégie de sorties cross-gen qui a duré aussi longtemps.
Le meilleur exemple de réussite sur cette génération est évidemment la Nintendo Switch. Avec plusieurs gammes de prix pour la console, et des jeux excellents, les joueurs ont pu accéder massivement à cette console.
Des concepts, univers et genres qui tournent en rond
De ce côté là, rien de bien nouveau sous le soleil. Les modes ont toujours existé. En 2024, on troque le modèle TPS / armures de 2010 contre des RPG / Souls-like qui se déroulent en Asie, et des « presque clones » de Fortnite, tant au niveau du gameplay que du design très « Overwatch ». Encore une fois, vu le peu de jeux service qui cartonnent, il va falloir s’attendre à une hécatombe rapide.
Je n’ai absolument rien contre la diversité (pour ne pas dire « wokisme »), qu’on soit clair sur ce point, mais voir des personnages moches, anti-charismatiques dans des jeux multijoueurs sans âmes me font souffler très fort…
Plus l’industrie du gaming se renforce financièrement, moins les prises de risque existent au profit de concepts, univers et genres qui tournent en boucle. Même du côté des jeux indépendants, les pépites se font rares. Tout cela manque clairement de diversité et d’audace !
La pire période du gaming depuis 2009
Je ne suis pas adepte du « c’était mieux avant », puisque je trouve encore largement mon compte dans les œuvres modernes proposées par les constructeurs, éditeurs et développeurs, mais c’est selon moi la pire période du gaming depuis 2009, année où j’ai vraiment commencer à travailler dans le gaming en tant que journaliste.
Du manque d’annonces aux sorties vraiment éparses en passant par des choix douteux, ces trois dernières années sont relativement pauvres en expériences marquantes. Une mauvaise passade pour le gaming, ou un avenir qui se dessine autrement ? Il faudra encore quelques années avant d’en juger, mais j’espère vraiment un rebond positif qui viendra effacer toutes ces errances et ces phases de désert vidéoludique trop longue…