Fer de lance du jeu indépendant version EA (allez-y, riez), Unravel premier du nom avait ému et émerveillé bon nombre de poètes de la manette. Véritable joyau qui emplissait notre cœur d’émotions que nous, gamers un peu usés par la robustesse des Battlefield et autres GTA, n’étions plus habitués à ressentir, Unravel mélangeait alors énigmes et plateformes. Le voici donc de retour, savamment orchestré par un jeu de mot super malin : Unravel Two. Two, parce que, c’est le deuxième de la série, et Two, comme « deux », puisque le joueur va désormais être accompagné d’un(e) collaborateur(trice). C’est bien connu, enlever de la laine à deux, c’est beaucoup plus… mieux. Vérité absolue ? Réponse dans ce test d’Unravel Two, à partir d’un code PS4 fourni par l’éditeur.
Yarny queue ni tête
Échappé d’un horrible et sombre voilier, voilà donc que notre Yarny préféré se retrouve totalement dépourvu de laine. Ce qui peut être finalement une bonne nouvelle dans n’importe quel autre contexte s’avère être particulièrement dommageable dans Unravel, puisque sans laine, vous ne pouvez pas avancer. Mais dans le monde de Yarny, rien n’est laissé au hasard, et dans le second plan, une petite valise tintinnabule. A l’intérieur, l’alter-égo de Yarny, Yarnette (prénom non-contractuel), qui va vous apporter la pelote de laine qu’il vous faut pour continuer votre aventure. Évidemment, impossible de connaître vraiment les liens qui unissent Yarny et Yarnette puisque dans le monde fantastique d’Unravel Yarny et Yarnette n’ont ni queue… ni tête.
Bref, ce qui est important ici, c’est que toutes les mécaniques de gameplay que l’on connaissait ont subsisté. Bien mieux encore, elles ont été transcendées par l’arrivée de ce deuxième protagoniste, qui va apporter une touche de fraîcheur en plus dans le gameplay. Ainsi, l’arrivée de Yarnette va pouvoir permettre à Yarny de se balancer, de créer un momentum assez puissant pour passer d’une plateforme à une autre, de hisser Yarnette vers le haut d’une plateforme, tout autant que de la faire descendre… Bref, les développeurs n’ont pas manqué d’inventivité et se sont retournés le cerveau pour vous corser l’aventure et faire en sorte que les quelques 7 niveaux de l’histoire vous prennent le plus de temps possible.
Coton-op
Puisque tout en ce moment dans le jeu vidéo doit se faire à deux, sachez qu’à n’importe quel moment de la partie, un utilisateur peut se joindre à vous et venir continuer la danse de Yarny et Yarnette. En revanche, à contrario du très célèbre « A Way Out », aussi édité par EA, l’aventure peut tout à fait se faire en solo et dans son intégralité, sans que l’histoire ou le gameplay se corsent pour autant. En somme, Unravel Two laisse la part belle au(x) joueur(s), et ne s’aventure pas dans le terrain boueux du jeu qui choisit pour le joueur. Que vous le fassiez en solo ou en coop, cette petite pépite saura vous laisser pantois(e) pendant 7 petites heures.
En revanche, difficile de comprendre pourquoi EA et Coldwood Interactive se sont sentis contraints d’ajouter des astuces : bien entendu, elles sont toujours là pour être consultées et non abusées, mais ce nivellement par le bas dans un jeu qui prône la verticalité d’un tissu cotonneux est, vous l’avouerez bien, extrêmement dommageable. De la même manière, les développeurs d’Unravel Two ont succombé à l’attraction du bullet time au travers de la touche R1, qui va donc permettre au joueur de ralentir le temps… Sauf qu’Unravel Two étant avant tout un jeu d’énigme / plateforme, la nécessité de ralentir le temps est finalement tout à fait inexistante, et se manifeste très peu d’elle-même une fois activée à l’écran.
Rester bloqué quatre plombes sur un arbre à chercher le dénouement d’une énigme tout en essayant de ne pas regarder l’astuce qui défile en bas de l’écran après une brève pression sur les gâchettes ne vous arrivera de toute façon pas souvent. Attention, les énigmes sauront vous donner de la laine à retordre, mais avec un brin d’adresse et d’expérience, vous saurez très vite comment guider Yarny d’un pan du monde à un autre, avec autant de douceur que la laine qui vous caresse les pieds en hiver.
Mauvais à laine
Avis à tous les scientifiques qui ont parfois du mal à se focaliser sur une trame et à comprendre un sous-texte : si même Unravel premier du nom vous avait gonflé avec ses sous-entendus cotonneux axés sur les souvenirs de famille, Unravel Two vous amènera très proche de l’explosion. On se focalise, dans ce deuxième épisode, sur deux enfants suivis par des adultes et qui, leur chemin faisant, provoquent des catastrophes, que nos deux personnes en laine devront éviter. On le savait depuis le 1 : les suédois de Coldwood Interactive aiment les symboles et les métaphores, mais très franchement, la finalité narrative de ce deuxième épisode reste quand bien même bien difficile à cerner. S’il y avait un certain charme narratif à laisser le joueur arriver à sa propre conclusion poétique dans le premier épisode, force est de constater que ce deuxième épisode n’en dit pas assez pour que le charme poétique opère. Non pas que vous ayez besoin d’un doctorat en pelotage… de laine, pour comprendre, mais il réside tout de même une faiblesse narrative évidente qui, au lieu de surplomber le jeu, ne fait que le plomber.
Graphiquement, le jeu est toujours aussi beau et dispose d’environnements en background aussi colorés et puissants que chez son grand frère. En revanche, la maîtrise graphique et sonore s’effiloche au fur et a mesure que Yarny délie les nœuds de sa propre histoire. Les musiques deviennent alors de plus en plus banales, et graphiquement le jeu perd en profondeur et en brillance. Reste alors la direction artistique qui n’a rien perdu de sa superbe, et qui tout en douceur et en tact, fait des prouesses.
Finalement, ce Unravel Two fait certaines choses bien mieux que son aîné, et d’autres beaucoup moins bien. C’est un peu l’apanage du dernier de la famille, à des égards meilleurs que son grand frère, mais dont on regrette le manque de prise de risque et de profondeur. Il n’en reste pas moins qu’Unravel Two parviendra à vous envelopper de sa laine confortable et désuète, à travers un monde aussi peu compréhensible qu’il est délicieux à voir. En somme, Unravel Two est un jeu mignon et salvateur, qui perd en nouveauté ce qu’il gagne en mécanique. Coton veut, on peut !
Verdict : 15 / 20