Test de No Man’s Sky

Il y a des jeux comme ça, qui, remplis d’histoire, croisent le chemin d’un éditeur qui promet d’en faire une expérience hallucinante avec un budget décuplé. C’est un peu l’histoire de No Man’s Sky, alias « Pas d’Hommes dans le ciel » traduit de mauvaise manière chez nous, mais bien plus fun, lorsque Hello Games (alias « Bonjour Jeu »… bon ok on arrête !) croise la route de Sony, qui trouve en ce projet une raison assez justifiée de mettre No Man’s Sky sur le devant de la scène, notamment celle de l’E3. Manque de chance, le studio galère tant bien que mal à suivre la cadence, car Monsieur Sony s’impatiente tout doucement de voir son jeu débarquer sur sa PS4. Après 3 ans de suite de trailers, de présentations sans réelles surprises et des interrogations qui restent sans réponses, il est désormais temps pour les joueurs PS4 et PC de prendre un ticket pour l’espace. No Man’s Sky est-il le jeu sans limite que Sony vante tant ? Le titre de Hello Games repousse-t-il les limites de la galaxie pour la première fois sur console grâce à tout l’enrobage procédural tant vanté ? Tant de questions que de planètes à visiter, mais qui malheureusement, obtiennent comme seule et unique réponse un vide intersidéral qui entoure notre galaxie sans grand succès, via notre test réalisé sur PS4 par un jeu physique offert par Sony.

Hello Games, bande de pros cédural

Chez Hello Games, on le vend comme ça. Et ils ont raison. No Man’s Sky compte 18 446 744 073 709 551 616 planètes, c’est à dire un nombre suffisant pour vous faire comprendre que vous ne les visiterez jamais toutes dans une vie. Bien, le chiffre est hallucinant, c’est ahurissant, on est bouche-bée. Mais ! Oui, mais, car autant de planètes à découvrir c’est beau, mais on y fait quoi ? Y a-t-il réellement 18 446 744 073 709 551 616 de raisons de les visiter ? Et bien non, et c’est bien là le souci principal de No Man’s Sky. Il n’y a rien à faire, ou du moins, pas suffisamment pour prêter un quelconque intérêt sur une activité qu’on a déjà pratiqué 100 fois. En réalité, quand vous atterrissez sur une planète dans No Man’s Sky, le principe est clair : exploration et craft. Comprenez par là qu’il n’y a pas d’autres choses à faire que de marcher, récolter ensuite des ressources pour en crafter d’autres, puis de temps en temps, l’envie vous prend de photographier 2 dinosaures, 3 poissons et 4 cailloux.

Une fois ceci réalisé, ça y est, vous pouvez reprendre votre vaisseau et partir. Car l’exploration de No Man’s Sky, ou du moins le taux d’accomplissement, ne représente pas le même ratio impressionnant du nombre de planètes présentes dans le jeu, mais un pourcentage de photo réalisées de toutes les espèces vivantes sur la planète, faune et flore mélangées. Hors, pour la plupart des planètes que nous avons visitées, comme le procédural est l’élément phare du jeu, on se retrouve avec des planètes identiques sur toute sa superficie. C’est à dire que vous pouvez vous contenter de visiter une partie de planète pour trouver les mêmes espèces qu’à l’autre bout de cette même planète. Du coup, l’envie d’explorer est nulle. Et ce n’est pas fini, puisque les espèces sont les mêmes pour chaque planète, à quelques nuances artistiques près, et donc mis à part le thème illuminé en rouge ou vert de la surface de cette planète, le contenu en termes de diversité est super limité. 

Même si l’exploration peut passer moyennement aux yeux de certains, comme provoquer l’extase que nous ne comprendrons pas chez d’autres, No Man’s Sky souffre de travers qui ne viennent pas l’aider dans sa séduction manette en main. Première chose, l’inventaire. Pompé à outrance sur un certain Destiny, le pointeur de la version PC passe clairement moins bien sur une version console, et la contenance de ce dernier bloque tout système de récolte. En réalité, vous avez 2 inventaires : votre armure, et un autre inventaire dans votre vaisseau. Certes, ces deux inventaires sont upgradables au fur et à mesure de votre progression, je vous l’accorde. Mais dans les faits, on se retrouve constamment en train de jongler entre les deux inventaires car telle ressource n’est utilisable que dans tel inventaire, le tout dans un menu et une mise en forme digne d’une version pré-alpha d’un semi jeu de gestion de ferme. Là aussi, quand l’exploration est le maitre mot de l’aventure, permettre au joueur de récolter des ressources à souhait donne déjà une première récompense et incite à explorer davantage, alors qu’ici, des allers retours incessants pour un inventaire plein constamment bloquent et freinent littéralement votre envie de chercher davantage de ressource.

Et une fois dans l’espace, que se passe-t-il ? Ce n’est guère plus varié. Même si, pour le coup, en termes de modélisation et d’ambiance, le jeu s’en tire bien mieux, la part réservée aux combats spatiaux sont aussi intéressants que scanner les 4 chauves-souris et les 2 lapins d’une planète composée à 98% de cailloux. 

Que dire aussi de la réalisation technique sur PS4, si ce n’est que c’est consternant. Messieurs, vous avez 18 trillions de trilliards de millions de milliards de milliers de milliards de planètes, on vous l’accorde. Mais cela n’empêche que vous faites un jeu d’une technique proche de jeux de PS2, soit 15 ans en arrière, et qu’un jeu avec des textures aussi affligeantes en 2016 mériterait un procès. Alors oui, on ne veut pas d’une réalisation technique digne des jeux Naughty Dog, on vous l’accorde étant donnée la taille ultra impressionnante du jeu, mais d’un minimum de soin afin d’avoir l’impression que nous sommes sur PS4. Ici, vous retrouverez des planètes dénuées de textures. Aucun soin n’est apporté sur une quelconque finesse, votre vaisseau ressemble à la nouvelle conserve de Bonduelle et la végétation est carrément passée par le moteur Tchernobyl Engine. Alors oui, c’est l’espace, les planètes, on ne les connait pas, c’est l’aventure. Mais l’exploration, pour la vanter, il faut savoir la faire envier.

Et dans un jeu d’exploration, la réalisation des environnements joue un rôle plus qu’important pour ce type de sensation. Un jeu essentiellement narratif ne va pas négliger la facette des personnages, afin de rendre des sentiments ou des impressions réalistes qui nous plongent dans le jeu. Un jeu d’exploration se doit d’être similaire, car même si cela pourra faire bondir certains de leurs sièges, un jeu d’exploration accompagné d’une réalisation au ras des cailloux n’incite pas à de longues randonnées spatiales. De plus, on y trouve aucun effet de volumétrie et encore moins d’effets de particules comme les grosses productions de nos jours ont l’habitude de nous sortir. Logique lorsque l’on voit comment sont modélisés les arbres et autres éléments qui ont rencontré une serpe dans le moteur procédural…

Dans la galaxie, on ne peut pas voir les artifices

La direction artistique, pour le coup, ne sera pas évaluée sur un critère objectif. Le principe du jeu est aussi traitre, puisque votre expérience pourra varier de la notre et donc, par miracle, vous avez peut-être visité des planètes qui étaient plus inspirées que d’autres. Mais dans les faits, de notre côté, bien que de très sympathiques effets de mélanges de couleurs et d’ambiance passent très bien dans l’espace, une fois sur la planète, cette dernière dépendra clairement de votre humeur du jour. C’est bien trop aléatoire, et le concept du jeu ne nous a jamais donné tort dans notre ressenti, sur le fait que malgré 2 ou 3 planètes qui s’en tirent avec les honneurs, toutes les autres sont vides, n’ont aucune âme et ne bénéficient pas d’un coup de crayon qui pourrait créer une ambiance qui contrebalance la faiblesse technique. A contrario, les fonds marins (quand il y en a sur vos planètes évidemment) donnent bien plus envie que la surface, avec un jeu de couleur plus prononcé et plus attractif, qui nous donne pour le coup, davantage envie d’explorer.

Le gameplay de No Man’s Sky était aussi une interrogation importante. En réalité, après une prise en main non pas complexe, mais plutôt illogique, on se rend compte que là aussi, l’immensité de la galaxie ne renouvèle pas suffisament le gameplay pour relancer notre intérêt. A mi-chemin entre le jeu contemplatif et le jeu de survie, ce dernier se révèle être archi simple, sans aucune complexité. Comme cité ci-dessus, on marche / survole, on récolte des ressources en pressant R2 avec notre multioutil, on va dans l’inventaire et on craft pour améliorer le vaisseau, puis on prend ses cliques et ses claques et on repart.

Il y a aussi une partie commerce, mais qui se résume à vendre des ressources rares pour avoir de l’argent, et acheter ce qu’on a la flemme d’aller chercher. Voilà voilà, pas plus, pas moins, dans les grandes lignes. Certes, il y a d’autres finesses selon les situations que vous rencontrez, des nouveaux objets à crafter, mais 95% du titre se résumera au schéma expliqué juste avant. Est ce qu’on peut clairement lui reprocher sa pauvreté de ce côté-là ? Et bien pas réellement, car le jeu a aussi une grande partie de contemplation, qui avec un gameplay plus ardu, n’aurait pas provoqué le même ressenti. C’est une volonté, que nous, de notre côté, ne pouvons pas comprendre. Créer un voyage plus qu’un jeu, d’autres titres l’ont fait dans d’autres genres. Mais pour un jeu qui se prétend être un simulateur de commerce et un jeu de survie, d’autres titres plus simplistes lui mettent déjà une belle amende. 

On arrive enfin à quelques points qui nous ont agréablement surpris dans No Man’s Sky. Dans des domaines où on ne l’attendait pas d’ailleurs, notamment sur le plan de la bande sonore. Le jeu est truffé d’ambiances sonores bien choisies, allant simplement de quelques notes de piano à des thèmes plus paisibles, très agréables, voir relaxants, qui pour le coup, collent vraiment bien avec ce sentiment de voyage et de découverte. Si le travail technique joue un rôle très important, celui de la bande son est tout aussi significatif, puisque cette dernière vous accompagnera tout le long du jeu. Très bon point, sur lequel, No Man’s Sky arrive à tenir son pari de l’immensité, puisque bande son et jeu collent tellement bien ensemble que le voyage prend forme. Enfin, autre détail qui ne surprendra personne, celui de la durée de vie qui est bien évidemment phénoménale, puisque au-delà de l’objectif final d’aller au centre de l’univers, le jeu n’a véritablement pas vraiment de fin. Entre les planètes procédurales qui ne peuvent jamais se terminer, la durée de vie de No Man’s Sky n’est pas, contrairement aux autres jeux, à calculer en terme de durée de vie et d’accomplissement à 100%. Il est à calculer sur votre ennui, et à partir de quand vous allez en avoir assez de faire tout le temps le même accord. Le jeu peut donc durer une éternité selon votre lassitude, comme très peu d’heures une fois que vous aurez compris les limites du gameplay et du level design. Maquillée et en même temps très personnelle, cette durée de vie peut varier du tout au tout selon les volontés de chacun et chacune. 

Allo le vide ? Ici No Man’s Sky

No Man’s Sky fait partie de ces jeux très compliqués à noter. Plusieurs choses peuvent noyer certaines expériences, et ici, le procédural arrange bien les choses pour Hello Games, car simplement, comme personne ne visite les mêmes planètes, personne ne bénéficie techniquement, de manière identique, de la même expérience. Et à partir de là, le voyage a déjà commencé. Cette note, même si elle représentera notre avis à cet instant et ne changera pas, pourra éventuellement prendre en compte des ressentis très personnels, que vous, de votre côté, n’aurez peut-être pas. Mais dans les faits, et ce pour tout le monde, le jeu est d’un vide intergalactique. Faute de contenu qui ne donne pas d’intérêt sur le long terme, No Man’s Sky crée la surprise d’entrée de jeu et n’arrive malheureusement pas à dépasser les nuages. Car si la voie lactée lui était promise avec des efforts sur des principes stratégiques plutôt que par la gourmandise du nombre de planètes, No Man’s Sky aurait pu ressembler à autre chose. Au-delà d’une réalisation technique désastreuse, d’une direction artistique qui dépendra de quel pied vous vous êtes levé le matin, le cœur du jeu et les fondations sont pourtant là. Le plus gros du jeu est à notre sens fait, mais tout ce qui le rendrait fun, peut-être par faute de temps, ne rend malheureusement pas attractive une expérience que nous étions prêts à vivre. En résulte de cette expédition, une expérience pauvre en surprises, un gameplay oublié dans l’hyper-espace et un intérêt gobé par un trou noir. Et à 70 euros, le trou noir aura eu raison de No Man’s Sky, à notre grand regret.

Verdict : 10 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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