Test de Resident Evil: Revelations 2

En janvier 2012, Capcom offrait à la Nintendo 3DS le meilleur épisode portable de la série Resident Evil, avec un Revelations qui avait su nous plaire pour bien des points, notamment sur son atmosphère profonde qui ressemblait plus à ce qu’était la série avant de devenir une franchise 100% action. Quelques mois plus tard, en mai 2013, et sans doute suite à des ventes décevantes sur la console portable de Nintendo, Capcom avait décidé de porter Resident Evil: Revelations sur PC, PS3 et Xbox 360. Bizarrement, la formule nous avait beaucoup moins charmé, puisque très bien conçue pour des moments de jeu nomades, et donc relativement courts. Avec Resident Evil: Revelations 2, l’orientation action / horreur de la série fera en revanche l’impasse sur la 3DS, pour maintenant se voir adapter en jeu vidéo épisodique sur PC, PS4, Xbox One, Xbox 360, PS3 et PS Vita, dont voici le test du tout premier épisode disponible depuis le 25 février 2015.

Lost Evil: Revelations 2

Sans trop en dire pour ne pas vous gâcher la surprise, le scénario de Resident Evil: Revelations 2 se situe après les évènements relatés par Resident Evil 5. Comme vous le savez sans doute déjà si vous avez suivi l’actualité du jeu, Claire Redfield et Moira Burton se retrouvent rapidement coincées dans la prison d’une île pénitenciaire, à un endroit inconnu du globe. Outre le clin d’oeil agréable à RE: Code Veronica dès les premières minutes de gameplay, on découvre alors très vite que la prison est infestée d’ennemis que Capcom appelle les « Experiences ». Visiblement, ces Expériences ont foiré, et se retrouvent à errer sans fin dans les couloirs et cellules de l’endroit où vous vous trouvez. Logiquement, le but de Claire et Moira ne sera pas de tourner un nouvel épisode de « Vis ma Vie » de prisonnier sur une île déserte, mais de tourner les talons le plus vite possible pour s’échapper de ce cauchemard. 

Au milieu de ce premier épisode, vous serez ensuite amené à contrôler Barry Burton, qui fait aussi son grand come-back, et Natalia, une petite fille très énigmatique qui ne rassure pas vraiment lorsqu’on la fixe dans les yeux. Le but de Barry, vous l’aurez compris, sera de retrouver sa fille Moira sur cette île qui n’est pas si petite et si inoffensive que cela… Autour de ces objectifs, quelques détails scénaristiques seront donnés au compte-goutte par les développeurs, mais autant le dire tout de suite, ce Resident Evil: Revelations 2 ne révolutionne absolument pas la narration très superficielle que la série nous sert depuis fort longtemps. Vous pourrez toutefois approfondir un peu le background de la prison avec des notes à lire, semées ça et là.

La Révélation Graphique et Artistique ?

Le premier Revelations était superbe… sur Nintendo 3DS tout du moins, avant de voir des portages HD qui mettaient forcément en lumière des défauts invisibles sur la portable de Nintendo. Avec Resident Evil: Revelations 2, on sera forcément déçu de retrouver le même moteur graphique, qui nous offre une réalisation technique bien cheap, quelque soit le support sur lequel vous le ferez tourner. Le meilleur rendu se trouvera sur PS Vita. Non pas que la console portable de Sony soit la plus puissante du lot, mais son « petit » écran et son aspect nomade rendent plutôt bien des graphismes qui font souvent très vieillots sur PS3 et Xbox 360, où un filtre graphique vient habiller le tout de manière assez maladroite.

Sur PC, PS4 et Xbox One, c’est forcément encore plus décevant. Les décors sont sommaires, les animations des personnages cadavériques, et cela manque franchement de détails et de « vie » pour donner du cachet aux environnements pourtant intéressants à découvrir. L’impression de se retrouver face à un jeu développé sous Unity est souvent présente, et cela fait tâche pour la série Resident Evil qui est pourtant l’une des plus grosses licences de Capcom. Les fans de Survival-Horror risquent de tirer la tronche en voyant une telle réalisation technique, propulsée par un moteur dépassé qui ne met pas en valeur des ennemis inspirés, qui sortent de l’ordinaire. En effet, nous avons été agréablement surpris par le bestiaire qui propose enfin autre chose que des Zombies / Infectés / Mort-Vivants avec des Expériences qui ne demandent que quelques épisodes supplémentaires pour nous en dire plus sur leurs origines.

  

On terminera ce tour d’horizon graphique de Resident Evil: Revelations 2 en abordant sa direction artistique très discutable. Tous les joueurs ayant fait Resident Evil: Code Veronica dans leur jeunesse vous le diront à la quasi unanimité, Claire Redfield est devenue moche. Canon au regard émeraude dans Code Vero, la soeur de Chris Redfield a très certainement du se faire remplacer par un clône tout droit sorti des « Plus gros ravages de la chirurgie esthétique » sur MTV, nous n’avons pas d’autre explication… On s’y fera, à sa beauté perdue, pour un point qui est finalement bien accessoire. Concernant Moira, la fille de Barry, on découvre une jeune adulte assez enfantine, au caractère assez teenager qui nous passe un peu au dessus.

Côté Barry et Natalia, nous avons eu l’impression de retrouver le bon vieux Chris Redfield aux bras aussi gros que la cuisse de votre rédacteur ici présent, et une Natalia qui nous fascine autant par son origine inconnue que son mystère. Un nouveau personnage réussi, que l’on a hâte de découvrir plus en détails dans les prochains numéros. Enfin, pour aborder l’île pénitenciaire de Resident Evil: Revelations 2, nous l’avons trouvé assez variée en termes de pièces différentes et de choses différentes à voir, mais ni la qualité des graphismes, ni leur inspiration ne nous ont convaincu à 100%. C’est original, mais diablement générique, finalement, magré des scènes cinématiques bien menées.

Le Resident Evil du Pauvre

Nous l’avons dit plus haut, mais beaucoup d’éléments de ce Resident Evil: Revelations 2 nous ramène à une dure réalité, à savoir que ce jeu épisodique a été fait avec de tout petits moyens. La question du budget peut ne pas être un problème si le génie artistique s’exprime aussi bien que dans un Outlast, par exemple, mais ici, l’impression de jouer au Resident Evil du pauvre est abondante. Des graphismes au gameplay rigide, à l’animation basique en passant par un level design d’une banalité affligeante, Resident Evil: Revelations 2 ne vous emportera pas au paradis du Survival-Horror. Certes, nous sommes toujours en présence du versant horrifique de Resident Action Evil AAA, mais les mécaniques de jeu sont pour la plupart désuettes, et par conséquent absolument pas surprenantes. Tout est téléphoné, du script qui va se déclencher en passant sur un pont abîmé aux engrenages à activer, et générateurs à remettre en route, ce qui entraine une progression pas désagréable, mais pas vraiment euphorique. C’est peut-être là le plus gros reproche que nous ferons à Resident Evil: Revelations 2, ne pas savoir, dans ce premier épisode introductif, procurer de sensations grisantes que ce soit en termes d’action que de survie. Une sorte de foire au « Oui, mais » qui ne s’arrête jamais vraiment.

La première partie de cet épisode originelle nous confronte à une horreur plutôt explorative, quand la seconde partie nous emporte dans quelque chose d’un peu plus musclé avec Barry et Natalia, mais aucun passage n’est mémorable. Les fans de la série à ses débuts seront toutefois contents de retrouver quelques énigmes, pas bien difficiles à résoudre, et des dédalles de couloirs dans lesquels se perdre peut arriver. Bien entendu, il faudra juger le produit fini pour vraiment nous prononcer sur ce terme péjoratif de Resident Evil du pauvre de manière définitive, mais lorsque l’on regarde un certain Resident Evil HD Remaster (qui date de 2002…) du côté de son immersion et sa direction artistique, Revelations 2 ne lui arrive pas à la malléole…

  

Côté gameplay, vous pourrez compter sur un maniement classique de TPS, avec la rigidité made in Resident Evil en guise de finition, et une première approche infiltration dans la série, qui passe plutôt pas mal malgré une I.A ennemie limitée. Jouable en coopération en local et en ligne (sauf sur PC ou le jeu à deux sur le même ordinateur est impossible au lancement), Revelations 2 montre assez peu son potentiel de fun à deux. Que l’on joue avec l’IA ou avec un ami, les actions à effectuer sont classiques, et les disparités de gameplay entre les quatre personnages empêchent une équité remplacée par une complémentarité intéressante des duos. Il va falloir proposer mieux que ça dans les épisodes à venir, mais les bases nous semblent solides, quoique largement sous-exploitées dans ce premier épisode.

Vous aviez entendu parler des cristaux, qui représentent l’arrivée des microtransactions dans Resident Evil ? Honnêtement, nous n’avons pas du tout remarqué ce point. Fait pour renaitre de vos cendres au même endroit, les cristaux sont inutiles, et la difficulté moyenne de Resident Evil: Revelations 2 ne vous forcera pas du tout à y recourir. Tant mieux !

Doublages et Durée de Vie XS

Si vous avez connu les jeux vidéo au format épisodique avec la série The Walking Dead de Telltale, vous devez certainement vous attendre à passer au moins 3 heures en compagnie de Resident Evil: Revelations 2 – Episode 1. Hélas, la moitié de ce temps vous sera nécessaire pour boucler l’aventure en mode de difficulté « normal ». Le jeu n’est pas difficile, et y passer plus de deux heures trente nous parait utopique. Vous pourrez toujours compter sur le mode Commando pour étaler un peu plus cette durée, et compter sur plus de 27 DLC Packs (personnages, cristaux et costumes) au lendemain de la sortie du jeu. Encore une fois, au lancement, ce mode multijoueur n’est pas actif sur PC, plateforme décidemment bien mise à l’écart par Capcom sur ce coup là.

Avec cette petite durée de vie, un autre défaut nous gêné pendant notre phase de test de Resident Evil: Revelations 2 : les doublages. Dans Revelations, grande première où l’on pouvait avoir enfin des voix FR, les acteurs s’en sortaient très bien. Avec cette suite, le premier épisode nous met en face de plusieurs réalités assez dérangeante, dont la première est un jeu d’acteur qui ne colle pas à l’ambiance, des mots inappropriés (Barry, Mr Muscle, qui appelle Natalia « ma puce » au bout de 10 minutes, par exemple, alors qu’ils ne se connaissent pas…) et une exagération souvent inutile du ton. Pourtant, les doubleurs ont du talent, dont Adeline Chetail, qui double Moira de manière complètement différente d’Ellie dans The Last of Us, mais la magie opère nettement moins. Côté ambiance sonore et bruitages, tout est plus soigné, en revanche.

Début Contrasté, Mais Intrigant

Comme très souvent sur Playerone.tv, nous ne mettrons pas de note finale à ce premier épisode de Resident Evil: Revelations 2, mais jugerons de la qualité globale de la saison entière. A ce stade, on ne peut nier que quelques qualités sont présentes, et que nous avons envie de jouer à l’épisode 2 pour en savoir plus sur le scénario. Mais l’impression de Resident Evil très cheap nous reste en travers de la gorge, que ce soit en termes de graphismes que de gameplay ou de level design. A l’heure où le Survival-Horror se réveille tout doucement chez la concurrence, la nécessité d’avoir un penchant plus horrifique que Resident Evil est-il nécessaire lorsque l’on voit la qualité toute relative de ce premier épisode de Resident Evil: Revelations 2 ? Pas mauvaise, cette introduction ne marque pas assez, et traine dans le superficiel sur l’intégralité de sa durée. Pour l’heure, nous attribuons donc un 12/20 à Resident Evil: Revelations 2, et attendons la suite avec impatience, en espérant être surpris dans le bon sens du terme. Autant vous dire que nous vous conseillons d’attendre de voir la qualité des épisodes suivants avant de débourser 24,99€ dans la saison intégrale…

Verdict : 0 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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