Après une annonce à l’E3 2016, Compulsion Games avait beaucoup fait parler de leur jeu We Happy Few, qui a d’ailleurs, eu beaucoup de mal à arriver à une version finale. Après une campagne Kickstarter et un accès anticipé de pratiquement deux ans, les développeurs ont énormément écouté la communauté, en ajoutant et en enlevant des choses en fonction des avis des joueurs. Bien que le jeu soit beaucoup axé Survival, ils ont finalement décidé de créer un jeu misant sur l’accent narratif plutôt qu’un simple jeu de survie perdu dans la masse. Mais est-ce que deux années d’accès anticipé permettent de créer un jeu de grande qualité ? Verdict dans notre test réalisé sur PC via une clé Steam offerte par l’éditeur.
UNE HISTOIRE DE DROGUE ?
We Happy Few est un jeu à l’ambiance dystopique se déroulant dans un univers où l’Empire Allemand aurait gagné la Seconde Guerre Mondiale et aurait conquis une petite ville d’Angleterre se nommant Wellington Wells. Les habitants de cette ville possèdent une sorte de drogue leur permettant d’oublier tout leurs actes passés. Cette drogue, appelée la Joy, ingérée en petite quantité, ne permet que de rendre la vie plus joyeuse. Elle permet en revanche d’avoir des dégâts plus critiques sur la santé des personnes la consommant à forte dose, en leur faisant complètement oublier tous les tracas et défaut de la vie !
Mais avoir une belle vie et oublier tout ses défauts, ce n’est pas donné à tout le monde. Seules les personnes habitant dans les beaux quartiers de Wellington Wells pourront se l’approprier tandis que les autres seront appelés les « Rabat-Joie ». Ils ne pourront pas consommer la Joy pour diverses raisons et devront alors voir la vie dans sa vraie nature c’est-à-dire, polluée et remplie de désespoir.
On pourrait croire que cela s’arrête ici au niveau de cette discrimination de consommateur de Joy, mais non, puisque si un habitant décide de ne plus prendre de la Joy, il sera automatiquement transféré avec les autres Rabat-Joie. C’est d’ailleurs ce qui arrive à notre personnage principal portant le nom de Arthur Hasting, chargé de gérer la censure des documents officiels dans Wellington Wells. Pendant qu’Arthur était en train de censurer des articles pour le journal local, celui-ci tombe sur un papier parlant de son frère (Perceval Hasting ou encore Percy).
Dès lors Arthur, a un flash-back lui rappelant le jour ou celui-ci a été déporté. Le fait que des souvenirs lui soient revenus signifiait que cela faisait un certain moment que notre héros n’avait pas pris sa dose de Joy. Le jeu commence alors avec notre première action, prendre ou ne pas prendre la gélule (choix qui d’ailleurs doit obligatoirement être « ne pas prendre » si on ne veut pas mourir dès le début du jeu). Il remarque alors dans quel monde celui-ci vit. Des bureaux qui ne sont pas rangés, des collègues qui, à la place de jouer avec une piñata, joue finalement avec un rat mort. Après un peu de réticence à manger la piñata, Arthur a finalement été contraint de rejoindre le reste de la population des rabat-joie et partira à la recherche de son frère.
RPG OU JEU NARRATIF ?
L’histoire de We Happy Few aurait pu se suffire à elle-même, avec des phases de combats et des enigmes mais les développeurs ont décidé de laisser, dans la version finale, beaucoup trop d’éléments liés au genre Survival-RPG. Ce mode était intégré dans le jeu au début de son accès anticipé, avec un système de crafting et une gestion de la santé à s’arracher les cheveux. En plus de votre quête principale vous aurez le droit à une multitude de quêtes secondaires, qui d’ailleurs ne seront pas du tout satisfaisantes, entre un simple craft d’objet ou une infiltration dans un bâtiment, celles-ci ne sont vraiment pas intéressantes et n’apportent rien au contenu de la trame principale.
Elles sont justes là pour ne pas perdre l’accent RPG initial. Vous vous retrouverez d’ailleurs beaucoup trop souvent à faire des aller-retours dans la ville ou ses alentours, afin de trouver des éléments vous permettant de créer une nouvelle arme ou des soins. Un peu partout dans le monde, vous pourrez retrouver des schémas vous permettant de créer de nouveaux types d’armes. Ajoutez également une gestion d’inventaire qui n’est pas du tout pratique en combat et un système d’état où votre personnage pourra être empoisonné ou malade à en vomir ses tripes par terre. Ce système RPG est vraiment dommage, car cela gâche vraiment l’immersion du jeu. On peut supposer que Compulsion Games ne souhaitait pas abandonner tous les ajouts RPG réalisés pendant la phase anticipée, mais le résultat n’est pas idéal.
CACHE-CACHE PARTIE
Hormis ce problème, nous n’avons pas compté pas les multiples fois où nous avons du nous cacher dans une poubelle ou encore, dans un parterre de fleurs, pour ne pas nous faire arrêter par les services de sécurité. Parce que oui, ce sera l’une des phases récurrentes de votre gameplay, et vous y passerez de longues minutes à attendre que les ennemis retournent à leurs activités initiales avant de pouvoir vous relever et repartir jouer. Ce qui parfois, n’arrive jamais ! Les gros bras de la sécurité seront d’ailleurs toujours sur le qui-vive afin de vous attraper. Durant la journée, les habitants pourront les alerter directement si vous faites quelque chose d’inapproprié (courir, sauter, vous accroupir), et même durant la nuit, puisqu’à Wellington Wells, un couvre-feu a été mis en place pour vous empêcher de vous déplacer librement. Vous devrez donc vous la jouer fine afin de ne pas vous faire repérer…
C’EST PAS LA JOY !
D’après certains joueurs, ayant joué pendant l’accès anticipé, le jeu était plutôt stable, mais bizarrement, au jour de sa sortie, il ne l’était plus vraiment. Pendant nos sessions de test de We Happy Few sur PC, il était fréquent d’avoir des baisses d’images par seconde à quasiment 30 FPS (ou moins) en extérieur avec des ennemis autour de nous, contre 70 en intérieur sans ennemis. Malgré quelques patchs correctifs des développeurs, le jeu reste à l’heure actuelle encore bien mal optimisé sur PC, pour pouvoir profiter pleinement de son aventure. Il ne sera d’ailleurs pas rare de vous promener dans les rues et de voir un objet ou un personnage voler dans les airs, ou traverser les murs comme si de rien n’était ! En plus de ces petits problèmes, nous avons par moment des sous-titres anglais qui viennent gâcher subitement certains passages importants du jeu.
Côté direction artistique, le character design n’est vraiment pas très agréable et les rues se ressemblent quasiment toutes, ainsi que l’intérieur des maisons. We Happy Few a de quoi faire pâlir les cœurs avec une aventure de plus de 30 heures, mais le trop-plein de petits problèmes pourrait empêcher plus d’un d’en venir à bout, ce qui est vraiment dommage. Compulsion Games a donc encore du travail avant d’avoir un jeu qui mérite son prix attribué à l’heure actuelle (60€)…
Verdict : 12 / 20