Être un film interactif en 2016 est un pari plutôt risqué, étant donné la faible popularité de ce genre pourtant star dans les années 90 avec la naissance et la démocratisation du support CD. Remplacé par des jeux d’aventure plus ou moins contemplatifs et assistés à la Heavy Rain et Beyond: Two Souls, le genre est en effet à l’agonie, avec quelques rares représentants qui osent tenter leur chance, comme celui qui nous intéresse ici-même : The Bunker. Très intriguant depuis son annonce passée assez inaperçue, ce film interactif possède pourtant une aura irresistible si l’on aime les films à huit clos et les scénarii catastrophes. Dans ce test réalisé sur PC via une version Steam achetée par nos soins, nous vous proposons de découvrir pourquoi The Bunker est devenu (un peu trop) rapidement l’une de nos expériences cultes !
Un zeste de scénario pour ne pas vous spoiler
Comme dit dans l’introduction de notre test de The Bunker, le titre de Splendy Games va vraiment encore plus loin que les jeux de Quantic Dream dans le trip cinématographique. Si vous vous attendiez à découvrir un jeu vidéo d’aventure, avec un gameplay très présent, vous serez forcément déçu. En revanche, si vous aimez les films atmosphériques tournés à huit clos dans une ambiance post-apocalyptique qui se centrent sur un seul personnage, il y a de fortes chances pour que The Bunker devienne l’une de vos oeuvres préférées. Sans trop en dire sur le synopsis du film interactif, sachez que vous assisterez dès les premières secondes du jeu à votre propre naissance, celle du personnage principal, John, que nous suivrons tout au long de cette courte aventure.
Dans les années 1980, on assiste en effet à l’accouchement de John à l’intérieur d’un bunker anti-atomique secret, à ce moment là peuplé de 59 personnes. Entre temps, des événements extraordinaires se produiront, et vous commencerez à incarner réellement John alors qu’il vient de fêter ses 30 ans, tout en n’ayant jamais quitté cet abri. Avec une narration parfaitement huilée, les scénaristes de SOMA, The Witcher et Les Chevaliers de Baphomet nous servent une histoire passionnante, en dévoilant peu à peu les éléments importants qui vous feront comprendre beaucoup de choses. A la manière d’un Beyond: Two Souls, le personnage principal sera lui aussi au coeur de l’intrigue, et vous découvrirez petit à petit tous les éléments qui ont mené le bunker à sa perte quasi-totale.
The Bunker – Le film qui se prennait pour un jeu vidéo
Au bout d’une heure de jeu, il est effectivement difficile de ne pas envisager The Bunker comme un film, tant les interactions entre le joueur et l’interface sont rares et simplistes. Le gameplay est en effet réduit à son plus simple appareil, puisque vous pourrez tout faire à la souris en dirigeant un réticule sur l’écran qui vous permettra d’en savoir plus sur les objets et éléments des environnements, ou à cliquer sur l’écran pour vous déplacer et activer des mécanismes. Autant vous dire que n’importe quelle personne peut s’amuser avec The Bunker, aucune connaissance en jeu vidéo n’était requise pour avancer dans l’aventure. Cela pourra par conséquent être une animation assez originale en soirée pour faire découvrir en groupe ce type de production.
Pour en revenir au gameplay, cet aspect « casual » pourra bien évidemment être un défaut si vous pensiez pouvoir vraiment jouer dans le titre, qui vous place avant tout comme un spectateur pouvant faire avancer lui-même le scénario plutôt que comme un joueur tenant les ficelles de l’évolution de ce dernier. Hormis à la fin du jeu, aucun choix n’est présent dans The Bunker. L’avancée du scénario est fixe, et le gameplay ne sera finalement là que pour vous plonger encore plus fort dans son univers très angoissant, clostrophobique, pour un condensé de ce que l’on trouve dans d’autres jeux vidéo à la narration forte.
The Bunker aurait eu tellement d’autres choses à nous dire !
C’est bien ce point qui fait que The Bunker est une expérience très marquante. Le gameplay ne prenant qu’une toute petite place dans l’aventure, le scénario peut alors s’exprimer sans pause, sans décrochage, pour un jeu qui se déguste aussi facilement qu’un film. En d’autres termes, là où il faut souvent attendre deux ou trois heures pour avoir droit à une séquence cinématique importante dans un jeu classique, The Bunker vous envoie tout à la tronche à la chaine, créant une immersion et un engouement envers lui frénétiques. Ce point a d’ailleurs été un peu trop accéléré sur la fin de l’aventure, où les derniers éléments scénaristiques et le dénouement final arrivent trop rapidement. La frustration n’est pas loin, avec une envie d’en voir et d’en apprendre plus qui est à son paroxysme quand la scène finale débarque.
The Bunker se plie en deux heures, soit la durée classique d’un film qui se déguste trop rapidement pour un jeu vidéo qui ne demandait que quelques heures supplémentaires pour admirer encore et encore le jeu d’acteur parfait de John, et des autres protagonistes qui donnent vraiment toute la dimension affective du titre. Une petite rejouabilité existe toutefois pour découvrir les deux fins (ce qui vous fera rejouer 15 minutes de l’aventure pour en voir une autre), et pour récupérer tous les collectibles qui trainent ça et là. Mais malgré cette petite durée de vie, The Bunker est une expérience que nous vous conseillons chaudement pour tout ce qu’elle peut apporter en termes de satisfaction et d’implication du joueur dans cet univers délicieusement post-apocalyptique. Le nombre de clin d’oeil aux années 80 est énorme, les acteurs jouent à la perfection, la bande sonore est magistrale, et le scénario plus qu’excellent. Il est simplement dommage qu’il ne dure pas un peu plus longtemps, et qu’il ne soit pas (encore ?) sous-titré en français, même si l’anglais proposé est plutôt simple, et diantrement bien illustré par les scènes filmées en 1080p. On en veut encore !
Verdict : 17 / 20