Réalisation technique
Sans être un monstre technique, l’opus précédent avait le mérite de proposer une bonne variété d’environnements durant le mode histoire, tout en restant grandement fidèle au manga de Kishimoto. Avec Revolution, le mode histoire est aux abonnés absents et remplacé par Le Tournoi Mondial des Ninjas nous faisant parcourir une très petite île pour disputer nombre de combats. Et c’est précisément sur cette dernière que l’on se rend compte des faiblesses techniques du titre. Les environnements sont vides et moches, alors que le clipping et le poping seront vos compagnons d’armes pendant toute votre exploration, si tant est qu’exploration soit le mot juste. C’est d’autant plus dommage que le village de Konoha, présent dans le scénario inédit centré sur Mecha-Naruto, est lui reproduit à l’identique de ce que l’on avait dans Storm 3 et est donc très réussi d’un point de vue technique et artistique. Ceci est la preuve qu’il y avait beaucoup mieux à faire avec l’île du Festival…
Concernant la modélisation des différents personnages, on se retrouve là avec un sans-faute. Le style cel-shading donnant un rendu proche de l’animé au jeu, est là une nouvelle fois très bien utilisé. Les différents personnages paraissent tout droit sortis du crayon de Kishimoto et sont tous reconnaissables au premier coup d’œil. D’ailleurs, il est judicieux de préciser que ce qui est remis en cause d’un point de vue technique sur ce Naruto n’est pas l’utilisation même du cel-shading, mais bien ce qui en a été fait pour Le Tournoi Mondial des Ninjas, les opus précédant ayant déjà prouvé que bien utilisé, le cel-shading peut être une force.
Ensuite, la qualité technique des combats est toujours et encore au top, avec des effets spéciaux ravageurs, une fluidité à toute épreuve et des arènes vraiment sympas visuellement. Reste que la lisibilité dans le nouveau mode de jeu réunissant quatre ninjas se tapant tous dessus est franchement à revoir, tant ces derniers deviennent souvent très brouillons et se transforment en foutoir intégral. Aussi, les temps de chargement sont nombreux, très nombreux même, et cela malgré une installation d’environ quinze minutes du jeu sur le disque dur. L’optimisation est donc à revoir…
En conclusion, on sent bien que le moteur utilisé par la série Storm commence à stagner après un troisième épisode pourtant très satisfaisant de ce côté-là. Il est sans doute temps de retravailler tout cela, même si tout n’est pas non plus à jeter et que le cel-shading reste sans doute le meilleur moyen de rendre justice au dessin de Mashimoto. Mention spéciale aussi à la qualité des trois animés présents dans le mode Escapade Ninja, réalisés par le studio Pierrot, déjà en charge du dessin animé officiel, le boulot est fait et de belle manière.
Direction artistique
Il n’y a pas grand chose à dire sur l’artistique de ce Naruto, car si vous aimez le manga, vous aimerez ce que vous aurez devant les yeux. Néanmoins, cet épisode de transition entre Storm 3 et un hypothétique quatrième véritable opus, se veut beaucoup moins inspiré artistiquement, la faute surement à un mode histoire aux abonnés absents. Oui, car si artistiquement Revolution reste très fidèle au matériel d’origine, on n’obtient pas avec ce dernier la profondeur habituelle d’un Storm. Le mode histoire est de ce point de vue ce qui fait défaut à cet épisode, car Le Tournoi Mondial des Ninjas ne nous propose aucune narration digne de ce nom et une île du Festival bien fade et vide. Le reste est par contre bien plus réussi, que ce soit le character design, le village de Konoha, les animés présents dans l’Escapade Ninja et même Mecha-Naruto. Enfin, la qualité artistique en combat n’est plus à démontrer, les différents coups spéciaux donnent souvent lieu à de petites perles artistiques, toujours très proches de la mise en scène de l’animé et du dessin de Mashimoto, un régal.
Level design
Ce dernier n’est pas une franche réussite si l’on se concentre sur le mode de jeu principal, à savoir Le Tournoi Mondial des Ninjas. L’île du festival se révèle très petite et inintéressante à explorer, il y a bien des objets cachés ici et là nous demandant d’explorer quelque peu, mais rien de transcendant. On en ressort forcément avec un arrière-goût amer d’inachevé. Au niveau des arènes, rien à dire, elles sont toujours suffisamment grandes pour nous permettre de nous exprimer et l’IA fait toujours aussi bien le boulot, même si en mode affrontement à quatre, elle a tendance à se focaliser très vite sur nous…
Gameplay
Heureusement pour Revolution que Cyberconnect2 sait encore ce qu’ils font au niveau du gameplay, car ce ne sont pas les modes de jeu qui vous passionneront, ni même le nouveau système de combat basé sur la récupération d’orbes lors d’affrontements à quatre ninjas. C’est bien le dynamisme et la fraicheur des affrontements qui vous tiendront en haleine, d’autant plus qu’une petite nouveauté assez bien sentie fait son apparition.
En effet, lors de la sélection de votre personnage, et cela dans n’importe quel mode de jeu (hormis Escapade Ninja), vous aurez le choix entre trois spécialisations. La première se nomme Technique Secrète et permet au joueur d’accéder à une technique dévastatrice avec suffisamment de Chakra, et en fonction de l’équipe en jeu, c’est-à-dire de vos deux soutiens, on peut aussi avoir le droit à une technique spéciale à trois. La deuxième appelée Réveil vous permet d’utiliser votre Chakra pour vous rendre plus rapide et puissant jusqu’à ce que la jauge de celui-ci soit vide. Le Réveil Total est la forme ultime de cette spécialisation et permet même à certains personnages, comme Sasuke, de se transformer. Et la troisième aussi nommée Soutien, vous permet de faire appel à vos deux soutiens pour qu’ils vous protègent, mais aussi de déclencher une technique avec ces derniers qui empêchera pendant un court moment votre adversaire de recharger correctement son Chakra, sa jauge de permutation et même d’utiliser l’une des trois spécialisations. Dans les faits, cela permet aux joueurs de se spécialiser dans tel ou tel domaine et c’est surement LA bonne idée de cet opus.
Concernant les petites retouches de gameplay en combat, rien à signaler, si ce n’est la possibilité aujourd’hui de faire des contres ou encore de briser la garde de son adversaire en utiliser un objet ninja. Deux petits ajouts qui ont leur importance et apportent un peu d’épaisseur à un gameplay toujours aussi accessible, mais demandant de la maitrise pour être joué à son meilleur. On ne peut pas remettre en cause le fun qu’il procure, ni même le dynamisme des combats, c’est toujours aussi bon et fidèle au manga. Rien à dire de ce côté là. Le roster est lui aussi impressionnant, on est vraiment en présence d'un épisode all-star de l'univers de Naruto, que l'on parle de Shippuden ou non. D'ailleurs, le mode Tournoi Mondial des Ninja est un prétexte à ceci plus qu'autres choses. Malheureusement, de nombreux doublons sont présents, ce qui est plutôt dommage, mais plutôt commun dans ce genre de jeu.
Autre chose, on voit aussi apparaitre, comme déjà mentionné, une nouvelle façon de combattre avec Le Tournoi Mondial des Ninjas. Il s’agit là de ne plus battre son adversaire de façon classique, c’est-à-dire en lui vidant sa barre de vie, mais bien en récupérant des orbes dans l’arène. Ce système est accompagné par des matchs à quatre durant lesquels chacun est l’un contre l’autre et cela se déroule généralement sur trois manches, l’équipe ayant le plus grand nombre d’orbes à la fin remporte donc le championnat. Dans l’idée, taper sur son adversaire pour looter des orbes n’est pas une mauvaise chose, mais le déroulement même des matchs, souvent brouillons, illisibles et parfois injouables, est l’un des gros bémols de ce Naruto.
En effet, au fur et à mesure de notre montée dans le tournoi, ceci se faisant via un système de grades, les différentes arènes s’étofferont et nous proposerons de nouvelles options de combat, comme des barres apparaissant sur le côté nous permettant de grinder dessus pour taper l’ennemi ou encore des mobs qui poppent et attaquent aveuglément n’importe qui. Alors, autant dire que tout ceci créé un foutoir sans nom digne de la Grande Zizanie et qu’on ne comprend pas encore comment Cyberconnect2 n’a pas vu les problèmes qui sont présents. Ajoutez à cela le fait que si vous arrivez en troisième manche avec un nombre d’orbes plus élevés que vos adversaires, autant dire tout le temps, vous aurez le loisir de constater que dès le début du combat les trois ninjas adverses vous fonceront tous dans le lard sans se poser de questions, ce qui est relativement chiant.
Au niveau des modes de jeu, on retrouve certaines choses qui ont fait le sel de la licence Storm, comme un très bon mode en ligne, aux options diverses et variées. Apparait aussi la possibilité de créer ce qui est appelé un clone, en gros une IA que l’on envoie se battre contre d’autres joueurs sur l’île du Festival et nous rapportant des objets de collection. Ce dernier dispose d’un niveau qu’il augmente au fur et à mesure de ses combats, mais aussi divers attributs que l’on peut choisir, pour lui donner une orientation de combat. Sympathique, mais pas indispensable. D'ailleurs, on peut aussi personnaliser avec de nombreux objets son personnage en débloquant ou achetant de nombreux objets de collection. Le mode Escapade Ninja est l’une des grosses satisfactions, quoi que bien trop court, mais découvrir l’histoire de l’Akatsuki, d’Obito ou de Shusui tentant de sauver le clan Uchiwa, est vraiment très intéressant, même pour un néophyte. Dommage encore une fois qu’il n’y ait que trois épisodes seulement, même si l’excellent segment Mecha-Naruto apporte aussi son grain de sel et s’avère très bon. Là où le bât blesse, c’est encore au niveau Tournoi Mondial des Ninjas, peu intéressant, proposant nombres de quêtes annexes aussi ennuyantes que répétitives et un intérêt global tout relatif, il ne passionnera pas des masses finalement, dommage, car l’idée a du potentiel sur le papier.
Scénario
Comme déjà dit, il n’existe pas de mode histoire dans cet épisode de transition, et Le Tournoi Mondial des Ninjas remplace très mollement la chose. Non scénarisé, à part pour quelques quêtes annexes tout à fait inintéressantes, on survole la chose sans réel plaisir, surtout que les incohérences sont de mise. Peu importe le personnage que vous prenez, et peu importe à qui vous parler, on ne vous reconnaitra pas, ce qui fait sourire parfois lorsque Sasuke Uchiwa se remmène tranquillement et taille la bavette avec Naruto… Enfin, lueur d’espoir du côté de l’histoire inédite Mecha-naruto, assez bonne dans l’ensemble et le mode Escapade Ninja offre un tour d’horizon dans la qualité de l’animé sur la création de l’Akatsuki, la tentative de sauvetage du clan Uchiwa et l’enfance d’Obito. Dommage qu’il n’y ait que trois épisodes et que le dernier (Obito) n’offre aucun moment jouable.
Bande son
Avec la possibilité de choisir les doublages japonais, autant dire que les fans seront aux anges. Niveau musical, on est en terrain connu et c’est de très bon gout, alors que les bruitages en combat le sont tout autant.
Durée de vie
Avec de nombreux modes de jeu, de nombreux objets à collectionner, vous en aurez pour votre argent, d’autant plus que le mode en ligne est toujours très bon.
Conclusion
Naruto Shippuden: Ultimate Ninja Storm Revolution n'est pas, en soi, un mauvais épisode. Il offre même de bons moments, mais il est plus à considérer comme un épisode de transition réunissant un roster assez hallucinant. On reste néanmoins quelque peu sur notre faim concernant Le Tournoi Mondial des Ninjas peu passionnant et le peu d'épisodes disponibles dans l'Escapade Ninja. En somme, on est en présence d'un opus fait avant tout pour les fans, histoire de les faire patienter en attendant un véritable Storm, en espérant que Cyberconnect2 abandonne les combats à quatre, trop brouillons.
Verdict : 14 / 20