Test de Mighty No. 9

Véritable star sur Kickstarter, Mighty N°9 est l’un des projets de financement participatif ayant reçu la plus grosse somme. A sa tête, on retrouve Keiji Inafune, ex-star de chez Capcom à qui l’on doit le développement de séries comme Megaman, Dead Rising, Onimusha et autre Lost Planet. Attention toutefois à ne pas vous méprendre, Inafune n’est pas le créateur du personnage Megaman, qui a lui été dessiné par Akira Kitamura. 4 millions de dollars de budget pour le retour d’une légende sous un autre nom ? Verdict dans notre test de Mighty N°9 réalisé à partir d’une version Blu-ray sur PS4 offerte par Deep Silver.

Le budget n’a pas été mangé dans les graphismes !

Nous avons beau être des fervents défenseurs de l’argument « les graphismes ne font pas tout dans un jeu vidéo », force est de constater que l’un des premiers contacts avec un nouveau titre est d’abord visuel. Pendant sa phase de communication, Comcept nous lassait croire à un rendu 2D magnifique, fait de cut-scenes en dessin animé inspirés artistiquement et à des environnements tout aussi recherchés. Quelle désillusion une fois passé le menu d’accueil de Mighty N°9 ! Pour être honnêtes avec vous, le titre produit par Keiji Inafune pourrait facilement tourner sur une Nintendo 64.

La modélisation des personnages est très simpliste, et les décors placardés de textures monotons du plus vilain effet. Pourquoi ne pas avoir fait des graphismes en 2D qui auraient eu beaucoup plus de charme que cette 3D qui n’exploite pas à 10% les capacités de l’Unreal Engine 3 ? Que les développeurs ne nous aient pas fait un benchmark est logique, mais un tel niveau graphique en 2016 est tout simplement honteux, et ce n’est pas les animations ou scènes cinématiques qui rattrapent le tout. Pour clouer ce spectacle rétinien faiblard, Mighty N°9 souffre également de grosses baisses d’images par seconde lors de certains tableaux un peu trop chargés en effets spéciaux. Difficile à croire, mais vrai.

Côté direction artistique, on navigue entre le plagiat et l’inspiration de la série Megaman, forcément. Nous vous laisserons le choix de décider dans quel camp vous vous positionnerez et nous contenterons de relater les faits. Beck, personnage principal, et ses potes nous servent un scénario minimaliste qui mettent en place les événements du jeu, qui ne volent pas bien haut, comme souvent dans ce genre de jeux vidéo. Sur fond de virus informatique ayant complètement rendu dingues les autres robots, Beck va devoir remettre l’ordre dans le pays, en le faisant affronter toutes sortes de créatures métaliques plus ou moins grosses, quelques boss, et des dangers intégrés dans les environnements. Si la variété des décors est là, avec 12 niveaux qui ne se ressemblent pas, rien ne sort vraiment du lot, pour une identité de Mighty N°9 qui n’est vraiment pas bien élevée, perdue entre Megaman et cette suite spirituelle passée à l’eau de javel.

Un gameplay old-school plaisant mais minimaliste…

L’aspect visuel n’étant pas le point fort du titre de Comcept, allons voir du côté du gameplay de Mighty N°9 pour voir si de meilleures surprises nous attendent. Sur ce point, la déception n’est pas présente, mais nous nous attendions encore une fois à quelque chose de plus « premium ». Beck se maitrise assez rapidement, possède petit à petit des pouvoirs élémentaires sur son arme, peut récupérer des bonus de santé, des vies supplémentaires, sauter, s’accrocher aux rebords des parois, grimper aux échelles et surtout effectuer un Dash qui sera le point central des déplacements de notre héros. Ce Dash sera aussi important pour achever les ennemis touchés plusieurs fois que pour traverser des phases de tableaux au level design plus dangereux. 

Malgré tout, si le gameplay est assez vite assimilé, Beck manque clairement de jus. Pas de double saut, pas de tir en diagonale, en haut ou en bas, une lourdeur assez grande pour bien enchainer les actions, encore une fois, nous nous attendions à beaucoup mieux que ça de la part d’un producteur ayant fait ses armes sur les différents Megaman ! L’évolutivité est là, le skill arrive tout doucement à surpasser les phases « die and retry », mais le fun n’arrive jamais à vraiment décoller. On a un peu l’impression de se retrouver à cette époque où il fallait attendre 3 ou 4 épisodes avant que le personnage principal n’évolue assez pour être complet. Incompréhension la plus totale, donc.

Petit prix, maxi contenu ?

Vendu un peu moins de 25€ en version Blu-ray, Mighty N°9 propose un contenu satisfaisant, même si vous en ferez assez rapidement le tour en termes de plaisir de jeu. Une fois les 12 tableaux principaux terminés, vous débloquerez un mode New Games + dans lequel vous pourrez conserver tous vos pouvoirs, et choisir entre 3 modes de difficulté. Le titre peut alors devenir un vrai challenge, sa difficulté étant déjà présente durant le premier run si vous n’êtes pas un habitué de ce style de production. Les plus âgés retrouveront également avec plaisir le mode EX qui permet tout un tas de challenges dont le Rush Boss qui vous fera affronter tous les boss à la chaine. Sympa !

Le contenu de Mighty N°9 sera d’ailleurs le seul gros point positif du jeu, puisque même en écoutant de plus près la bande son et les doublages, on ne peut pas crier à la qualité. Si le choix entre des musiques 8-Bits ou modernes est présent, elles seront toujours très discrètes, et absolument pas marquantes. Mais le pire est à mettre sur le compte des doublages français, catastrophiques. Blancs entre les échanges des personnages, gros manque de rythme, ton de parole complètement à côté de la plaque, le doublage de Mighty N°9 est l’un des pires de ces dernières années. Un mélange des Télétubbies et de Dora, pour des scènes cinématiques qui en deviendraient presque gênantes si l’on a plus de 5 ans. Un choix étrange de direction artistique pour un Blu-ray qui inclut heureusement l’anglais et le japonais. Quitte à faire du Kawai, autant ne pas le comprendre, c’est ça ?

Inafune passe à côté de sa mission

Nous ne comprenons pas bien ce que nous avons testé avec ce Mighty N°9 qui promettait pourtant un bon trip old-school avant sa sortie, maintes fois repoussée. Avec 4 millions de budget et Keiji Inafune à sa production, on se demande bien ce qui a pu entrainer un titre aussi médiocre, dans tous les domaines qui le composent. Pour ceux qui nous suivent sur Playerone.tv depuis des années, vous savez sans doute que nous ne sommes pas du genre à casser gratuitement un titre, en essayant toujours de lui trouver sa cible la plus adaptée, mais nous ne pouvons pas faire grand chose pour aider ce pauvre Mighty N°9. Un downgrade graphique hyper violent, un gameplay minimaliste, un chara design fadasse et un doublage français risible, voilà ce à quoi ont servit nos 4 millions de dollars de financement… Si vous êtes vraiment en manque de plateformes 2D old-school, autant ressortir une bonne vieille Super Nintendo ou une console 32-Bits qui proposent bien mieux que Mighty N°9. Enorme déception.

Verdict : 7 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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