Test de Evolve

Dévoilé il y a tout juste un an, le nouveau jeu de Turtle Rock Studios, les créateurs de Left 4 Dead et de plusieurs versions de Counter Strike, ont pris le pari de proposer un tout nouveau concept de gameplay mêlant coopération et affrontement asymétrique dans de vastes arènes. Longtemps attendu par les joueurs et par les fans des autres productions du studio, le jeu s’est vendu comme un simulateur de chasse à grosses bestioles, poussant les joueurs à gérer le rôle qui leur est attribué de façon quasi professionnel, sous peine de faire perdre son équipe. Quand on sait que Left 4 Dead avait instauré une mécanique similaire qui était devenue aussi jouissive que populaire, il est normal que les fans et les novices s’attendent à un concept encore plus poussé avec Evolve. Turtle Rock Studios a-t-il réussit à faire de ce jeu la révolution annoncée ? Réponse ici…

Une ambiance très réussie

Evolve propose des environnements somptueux. 16 cartes différentes sont proposées aux joueurs pour se tirer la bourre. Bien que l’histoire du jeu ne soit pas mise en avant, la planète Shear, aurait pu être le décor du film Jurassic Park tant le level design est pensé pour les monstres. On pensera à la carte « Volière » qui ressemble énormément aux décors du troisième épisode de la saga créée par Steven Spielberg, quand les héros du film sont dans le fief des Ptérodactyles. Avec sa verticalité très prononcée, Evolve nous plonge dans un univers que l’on sent très hostile, vraiment pas adapté aux humains. Munis d’un jetpack, les chasseurs pourront pourtant appréhender comme il faut les différentes structures qui leurs barrent la route.

  

Falaises abruptes, étendues d’eau, faune aggressive, et autres saloperies sauvages viendront corser la difficulté et ajouter aux phases de traques un peu de piment. Il est cependant regrettable que le background du jeu ne soit pas plus travaillé, il aurait été appréciable de pouvoir en apprendre plus sur les enjeux de la traque. L’histoire des personnages et des monstres n’est pas du tout développée et dessert une qualité de level design et de graphisme très réussie, De but en blanc, vous êtes plongés sur le champ de bataille et n’avez qu’à remplir l’objectif. Autant vous dire qu’il faut des potes sacrément motivés pour ressentir les joies d’une chasse en groupe réussie.

–  » J’ai pas d’amis, je suis pas sociable !  »   –  » Bah retournes jouer à Call of p’tit c** ! « 

A 4 vs 1, un joueur équivaut à 20% du total du nombre de joueurs. Si l’envie de vous ouvrir un paquet de Curly pendant la partie vous prend, il va falloir y réfléchir à deux fois ! Dans Evolve votre rôle est indispensable ! Chaque joueur de l’équipe participe directement à l’équilibrage des forces qui serviront à tuer le monstre. Sans le soigneur, aucune chance de récupérer de la vie pendant ou après le combat, sans Le Trappeur, impossible d’enfermer le monstre dans le dôme et ainsi lui faire un maximum de dégâts. Sans L’Assaut, difficile d’affaiblir le monstre suffisamment, et sans Le Soutien, impossible de se protéger et de profiter de sa force de frappe aérienne indispensable. Vous l’avez compris, Evolve pousse encore plus loin le concept de collaboration dans un jeu vidéo, d’où l’intérêt d’avoir des amis sérieux et surtout motivés par l’enjeu. Si par chance dans le matchmaking, il vous est offert une équipe française qui communique, gardez là le plus longtemps possible. Le jeu met en place un système de bot automatique lorsque quelqu’un est inactif trop longtemps, vous évitant ainsi la débâcle assurée. 

Le gameplay est très simple, 4 boutons vous sont attribués en fonction de la classe que vous incarnez. Ces quatre capacités sont en général deux armes couplées à deux pouvoirs spécifiques. Par exemple, le Trappeur aura à disponibilité un fusil mitraillette basique ainsi qu’une arme permettant de poser des pièges et ralentir le monstre. Il pourra également poser le dôme, comme évoqué plus haut, et permettre à l’équipe d’affaiblir le monstre et/ou de le tuer. Il a également en sa compagnie un adorable petit monstre à quatre pattes, Daisy, permettant à l’équipe de savoir en permanence dans quelle direction se trouve le monstre. Attention toutefois, Daisy a quelquefois tendance à faire des aller-retours étranges. Nous vous conseillons de ne pas utiliser que le chien pour vous repérer et d’être très attentif à votre environnement qui interagit de toute manière en permanence avec la progression du monstre.

L’Assaut possèdera un fusil à ondes électriques qui se propagent avec un très gros DPS, très utile pour éliminer rapidement les bêtes sauvages qui vous barreront le chemin et une mitrailleuse très efficace également. Viennent s’ajouter la possibilité de poser des mines au sol ainsi qu’un bouclier personnel qui va permettre au personnage d’absorber momentanément les dégâts subis afin de pouvoir faire face au monstre pendant une dizaine de secondes. Le soigneur aura un fusil sniper à disposition ainsi que la possibilité de soigner à distance les personnages qui sont au combat. Il aura également un fusil tranquillisant permettant de cibler la bête et de la ralentir. Et enfin le Soutien possède une arme à rayon laser pour faire des dégâts, un projecteur de bouclier qui empêche un allié de subir des dégâts et le barrage orbital, lâchant sur le monstre une pluie de missiles faisant très, très mal

Lors des phases de combat où l’objectif est de mettre un maximum de dégâts à la bête, il est souvent difficile de s’y retrouver car le jeu propose une multitude d’effets visuels qui, pris indépendamment, sont très jolis et réussis, mais qui une fois au coeur de l’action et mélangés aux autres, viennent créer une bouillie de pixels difficilement lisible et un foutoir pas possible pour peu que les quatre joueurs et la bête soit rapprochés. Si en plus de ça le framerate vient faire des siennes, je vous laisse imaginer le bordel à l’écran. Il n’y a que lorsqu’on incarne le monstre que tout est lisible. C’est même le jour et la nuit. Si ce problème peut logiquement être invoqué par les joueurs, il peut aussi être un bon point car il rend logiquement compte de la différence d’échelle entre les humains et le monstre. Cette différence est par ailleurs très bien retranscrite dans les coups portés par la bête où l’on sent vraiment vraiment la grandeur et la supériorité dans sa puissance.

Les capacités évoquées ci-dessus changent en fonction des personnages que l’on incarne, car s’il existe 4 classes, 3 personnages différents par classe peuvent être choisis, les deux derniers étant débloquables après avoir engrangé un maximum d’XP avec les premiers. Les capacités des autres personnages diffèrent quelque peu et viennent surtout changer la manière d’appréhender votre façon de jouer. Pour ce qui est du monstre c’est la même chose. trois monstres sont disponibles. Le Goliath, Le Kraken et Le Spectre. Les deux derniers sont jouables après avoir débloqué toutes les capacités du monstre précédent.

C’est au début de chaque partie que vous pourrez mettre dans l’ordre ce que vous préférez entre les différentes classes à incarner. Mais il est impossible d’être sûr d’avoir le personnage que l’on souhaite absolument. Il faudra s’accommoder du rôle attribué en fonction des inclinations de chacun. Ce système a le mérite de faire tourner les rôles et d’obliger le joueur à s’adapter à l’équipe et à communiquer. Avant le lancement, il est également possible d’attribuer à son chasseur plusieurs bonus permanents pendant la partie. Par exemple, on peut choisir d’augmenter la hauteur du saut de son chasseur pour le rendre plus mobile. Ou encore de réduire les dégâts subis et le rendre plus résistant et bien d’autres. Pour le monstre c’est un peu différent. Il possède 4 actions principales liées aux combats. Le Goliath par exemple, possède l’attaque charge, jet de pierre, souffle ardent et une attaque projetée. En début de partie vous pourrez activer plusieurs de ses capacités ou bien monter une des attaques directement à son niveau maximum laissant votre panel de coups assez limité. À vous de voir.

  

Plus c’est chiant , plus c’est bon ?

Autant le dire de suite, Evolve est un concept très particulier, novateur certes, mais qui à bien des aspects, s’avère mal équilibré. Avec la disposition atypique des équipes encore jamais vue dans un jeu vidéo et dans laquelle l’affrontement joueur versus joueur est volontairement déséquilibré, il allait de soi que l’équilibrage de la partie soit le point de mire principal des développeurs. Si l’affrontement des quatre joueurs avec le monstre est équilibré dans son gameplay, dans son mode chasse (le mode principal) la phase de traque est assez pénible. Lâchés sur la carte environ 10 secondes après le monstre, les quatre joueurs devront s’aider de plusieurs indices pour retrouver la trace de la bête. Des marques de pas éclairées s’affichent alors à l’écran lorsque l’on est sur la bonne piste, ainsi que des points montrant au loin les oiseaux apeurés par le cinquième joueur.

Si l’on sait constamment à peu près situer le monstre, la chance de l’attraper est intrinsèquement liée à la façon dont le joueur qui incarne la bête jouera. Une fois la vitesse des quatre chasseurs appréhendée, il est assez facile de les tenir à distance une bonne dizaine de minutes le temps de manger tranquillement la faune locale pour évoluer et passer à l’objectif final qui est de détruire le générateur… On vous laisse imaginer l’ennui que provoque les débuts de partie. À moins de tomber sur un monstre qui tarde trop, bien souvent, il faut se faire à l’idée que la rencontre arrivera forcément lorsque le monstre atteint son stade maximal, le niveau 3, qui lui permet alors de remplir son dernier objectif et de se diriger vers le générateur.

Une durée de vie faiblarde

Vous l’aurez compris Evolve n’offre dans son mode principal que peu de place à la surprise, les parties se déroulant souvent de la même façon. Pourtant, viendront s’ajouter plusieurs modes de jeu pas dénués d’intérêt. Un premier mode appelé Nid, qui consistera pour les chasseurs à éliminer plusieurs oeufs sur la map dans le temps imparti est présent. Le monstre devra les protéger et leur permettre d’éclore pour s’assurer le soutien d’autres monstres. Ce mode a le mérite de changer complètement les rôles car ici, les traqués sont souvent le plus souvent les humains, s’ils décident bien sûr de s’en tenir aux objectifs..

Un autre mode Défense oblige les chasseurs à protéger un complexe pendant un temps donné, de l’assaut du monstre accompagné de ses sbires. Plus axé sur l’affrontement et misant sur les skills des joueurs ce mode ravira les amateurs de shoot. Enfin un dernier mode Sauvetage obligera les chasseurs à aller secourir différents humains disséminés sur la map avant que le monstre ne les trouve. Il faudra ensuite les rapatrier à un point d’évacuation. Il est également possible de prendre part au mode de jeu Evacuation qui permet à une équipe de chasseurs d’affronter un monstre cinq parties durant et dans plusieurs modes de jeu. Les maps et modes de jeux étant choisies à la fin de chaque round. Le but ? Avoir le plus de victoires au terme des cinq parties, sachant que gagner un round vous confèrera des bonus significatifs pour le round suivant. Par exemple si les chasseurs viennent à perdre le premier round, le second débutera avec par endroit sur la map, des nuages de fumée radioactive, blessant le joueur. Et inversement, si les humains gagnent la première manche, ils gagneront par endroit sur la prochaine carte, des tourelles venant les aider si le monstre s’approche.

Un mode solo est également de la partie, mais est clairement anecdotique et assez inutile car il reprend tous les modes de jeu que l’on peut faire en multijoueur, mais en solo. Les bots remplaceront ici les joueurs censés vous accompagner et seront très efficaces. Vous comprenez aisément que le tour du jeu se fait assez vite et que l’intérêt du celui-ci réside pour les plus acharnés d’entre vous dans la possibilité de voir son pseudo en tête du classement proposé par le jeu. Ces derniers peuvent être consultés selon la classe choisie et permet ainsi de se faire une idée du style qui nous correspond le mieux. Les différentes statistiques sont consultables dans le menu. Un éditeur d’emblème est également disponible façon Call of Duty mais celui-ci est très limité.

Evolve propose des thèmes musicaux qui s’accordent plutôt bien avec l’action et l’ambiance. Les doublages français sont de bonnes qualités et les voix des chasseurs permettent la plupart du temps d’indiquer aux joueurs si la bête est en visuel et également d’avertir, via des pièges, où le monstre se trouve. Les différents bruitages sont de bonnes qualités mais ajoutent parfois beaucoup de confusion dans les affrontements rapprochés.

Pour conclure, sachez que la rédaction s’est bien amusée sur le jeu. Elle a assisté à bon nombre de situations épiques où l’issue de la partie a basculé au dernier moment. Turtle Rock Studios a clairement su développer un titre plaisant à parcourir et découvrir. Proposant plusieurs manières d’aborder le jeu, il est difficile une fois la traque lancée de décrocher de la partie. Et inversement, les sensations aux commandes du monstre laissent un sentiment de toute puissance rarement atteint dans un jeu vidéo. Les différentes classes ont toutes leurs subtilités et le travail en équipe apporte une gratification maximale lorsqu’il est bien exécuté. Pourtant, Evolve laisse un petit goût amer, un sentiment de déception que les différents DLC, disponibles dès le lancement du jeu, viennent lourdement accentuer.

En effet vendu au prix de 70 euros à son lancement, Evolve n’a clairement pas le contenu de son prix. C’est un très bon jeu, certes, mais qui n’a pas vocation à devenir le hit qu’il prétend être. Sous ses airs de blockbuster, Evolve ne propose que trop peu de modes de jeu pour accéder au top. Et ce n’est pas la répétitivité des parties qui nous feront dire le contraire. Clairement destiné à être joué entre amis, ou avec de sérieux partenaires, Evolve pourra peut-être se faire une place dans le monde de l’eSport et de la compétition mais ne restera surement pas dans la tête des joueurs comme la révolution annoncée. Instigateur d’une nouvelle manière de jouer, Evolve a le mérite d’avoir lancé au grand public un concept, une idée qui va sûrement faire des petits. Espérons juste que le jeu viendra à s’étoffer pour nous proposer encore plus de contenu. 

Verdict : 14 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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