L’année 2018 ne fait que commencer pour nous tous mais est déjà le théâtre de beaucoup d’échéances pour Sony et son PSVR. Fort d’un parc de casques de réalité virtuelle bien installé, il convient maintenant pour la firme nippone de confirmer le succès en affichant des titres aussi ambitieux que téméraires. Supermassive Games embrasse avec passion ce positionnement. La preuve en est : les studios anglais ont sorti en l’espace d’un mois deux gros jeux en VR : The Inpatient que nous vous avons testé ici, et Bravo Team, qui est donc l’objet de ce test. The Inpatient n’avait pas réussi à nous convaincre, en sera-t-il de même pour le dernier né des studios de Supermassive Games ? Réponse dans ce test de Bravo Team, testé à partir d’un code PlayStation Store fourni par Sony.
Que Dieu Bénisse l’Amérique
Bien logé derrière votre casque de réalité virtuelle, vous incarnerez des soldats américains partis en reconnaissance pour escorter la présidence russe. Malheureusement, après une impasse scénaristique aussi étrange que risible, votre personnage d’intérêt périt sous les balles d’un groupe terroriste, et vous voilà pris(e) dans un quiproquo haineux entre l’armée Russe et vous-même. Très clairement, Bravo Team ne brille pas par son scénario, ni même par ses dialogues. L’histoire est tout à fait classique, voire même carrément bateau et les interactions très limitées avec les personnages se résument très souvent à de simples salutations (or cinématiques, bien entendu).
Pour quiconque s’attendrait à voir en Bravo Team, non pas un chef d’œuvre narratif, mais au moins la mise en avant du talent de storytelling dont Supermassive Games a fait preuve auparavant, la déception sera grande. Bien entendu, si vous avez déjà pu essayer le jeu lors de sa courte venue à la PGW, c’est un détail qui vous aura déjà bien marqué, et après tout, ce n’est pas si grave. L’absence de scénario ne nuit en aucun cas à l’immersion qui, on ne le dira jamais assez, est extrêmement poussée. Les environnements sont assez variés pour qu’on ne s’ennuie jamais de trop, et le petit effet « waouh » est bel et bien présent, au moins au premier démarrage du jeu. Le gros problème avec l’effet « waouh », c ‘est qu’il est très ambivalent. Il peut exprimer surprises et étonnements positifs, tout autant qu’il peut être la manifestation d’une stupéfaction beaucoup moins méliorative. Dans le cas de Bravo Team, il semblerait malheureusement que le « waouh » qui sortira le plus de notre bouche soit ce dernier.
Le mauvais effet Waouh
Le très gros problème qu’affiche ce Bravo Team est qu’il n’assume pas tout à fait son côté réalité virtuelle. Le dernier soft de Supermassive Games a très clairement le cul entre deux chaises et ne parvient jamais à convaincre. Côté gameplay, Bravo Team est un mi TPS, mi réalité virtuelle, et surjoue un peu trop pour parvenir à contenter les fans d’un ou des deux univers.
Des exemples, réclamez-vous ? Il en existe malheureusement quelques dizaines. Tout d’abord, la volonté de la part de Supermassive Games de baser son jeu sur des mécaniques tantôt FPS, tantôt TPS. En bon jeu tactique, il vous faudra passer d’une couverture à une autre. Le gros problème est que Supermassive Games a opté pour la solution anti-gerbe par excellence : celle de scinder les mouvements et de laisser la caméra se planter derrière le protagoniste afin de ne pas trop perdre l’oreille interne. Dans les faits, c’est certes une excellente idée, mais elle nuit grandement à l’immersion, et on se demande alors pourquoi Supermassive Games a opté pour la VR. Un tel FPS tactique aurait, en non-VR, une somme de concurrences non-négligeable et pas sûr qu’un tel jeu aurait pu tirer son épingle du jeu. En VR, en revanche, très peu de concurrence, donc une marge d’achat potentiellement plus élevée.
La bonne nouvelle du point de vue gameplay est que le jeu prévoit une compatibilité entière avec le PS Aim Controller. Les adeptes de Farpoint auront donc le bonheur de retrouver la précision du flingue de Sony. C’est fluide, maniable et franchement jouissif de pouvoir viser en fermant son oeil.
Mais là encore, là ou Farpoint utilisait le flingue plein pot, Bravo Team semble avoir fait les choses à moitié. Ainsi, il est impossible de recharger avec de la reconnaissance de geste, il suffira d’appuyer sur un simple bouton pour que le personnage recharge. C’est minime, certes, mais là encore, les studios anglais auraient pu faire passer l’immersion en premier et revendiquer à plein régime son positionnement 100% réalité virtuelle, mais par manque d’ambition ou par peur d’exclure une certaine communauté sensible de l’oreille interne, ont préféré laisser certains mouvements de côté…
Le 1er jeu en coopération du PSVR
La réelle nouveauté, et ce qui le démarque réellement de Farpoint, est le côté tactique et son positionnement résolument coop. Bravo Team est le premier jeu en réalité virtuelle à pouvoir se targuer d’être en plus 100% coop. Pour la coop en réseau, on ne peut pour l’instant pas trop en dire. Mes nombreuses tentatives étant restées infructueuses (probablement car les serveurs sont encore fermés). Qu’à cela ne tienne, le jeu peut aussi se jouer avec la participation active (mais pas franchement pertinente) de l’I.A. Le joueur pourra ainsi sommer à l’I.A de faire plusieurs actions : reculer, avancer, rester et dire que « tout est OK ». L’énorme problème, c’est, encore une fois, que ces sommations ne servent strictement à rien, puisque l’architecture des niveaux fait que vous n’avez pas de déplacement libre.
Le joueur va d’abri en abri et se contente de tirer sur les ennemis, un peu à la manière d’un rail shooter ma foi diablement classique. Le joueur se rend alors très vite de l’extrême répétitivité du dernier né des studios basés à Guildford. Si on ajoute à cela une I.A ennemie franchement bête, qui n’a de cesse que de vous viser, en oubliant qu’il y a un co-équipier pour prendre le relai derrière, alors il ne restera finalement plus grand chose de ce Bravo Team, qui dans l’idée, avait pourtant bien plus à offrir qu’un décevant… Waouh.
On applaudit tout doucement Bravo Team
A mi-chemin entre jeux VR et jeu tactique, Bravo Team peine à se positionner, la faute à des choix de développements franchement mal inspirés. La volonté de brasser large et de ne vouloir facher personne localise finalement ce Bravo Team dans la rangée des jeux très moyens, qui ne parviennent jamais à surpasser leurs modèles, tout en arrivant ça et là à décrocher un ou deux soupirs contemplatifs. A trop vouloir diviser son équipe sur des hits PSVR tels que The Inpatient et Hidden Agenda, il semblerait bien que Bravo Team ait été le vilain petit canard sacrifié sur l’autel des exclusivités PlayStation. Ne reste alors qu’un très timide shooter classique, dont on ne parvient pas à comprendre l’existence. Très en deça d’un Farpoint sur l’immersion, et totalement hors-sujet sur la tactique, le jeu peut se targuer en revanche d’avoir d’autres modes de scoring. Pas sûr que ceux-ci représentent assez en revanche pour convaincre un joueur lambda de payer 40 euros pour un jeu qui, en somme, ressemble plus à une mauvaise blague qu’à l’avènement d’un vrai shooter tactique sur PSVR…
Verdict : 8 / 20