Après un E3 2021 assez fortement placé sous le signe des GaaS (jeux service) comme nous vous en parlions dans un récent article de Playerone.tv, nous vous proposons de revenir plus en détails sur une décision d’Ubisoft qui a été annoncée le mois dernier lors d’une réunion financière se basant sur une année complète d’exercice fiscal. Le lien entre cette réunion et les annonces d’Ubisoft à l’E3 2021 est ainsi beaucoup plus clair.
Le catalogue classique d’Ubisoft jusqu’à peu
Pour faire un peu d’histoire avec notre fleuron français du gaming, concentrons-nous surtout sur ce qui construisait le catalogue de jeux d’Ubisoft depuis son entrée en bourse, en 1996. Suite au succès mondial de Rayman, signé Michel Ancel, l’expension d’Ubisoft a été plutôt rapide, pour devenir entre 2000 et 2010 un véritable empire qui s’étale bien au-delà des frontières françaises. Avec une ribambelle de studios français et internationaux (plus de 40 à l’heure actuelle), Ubisoft est aujourd’hui l’un des plus gros éditeurs et développeurs de jeux vidéo au monde.
Ces vingts dernières années, on comptera les succès selon des licences qui ont su faire leurs preuves comme Rayman, Assassin’s Creed, Prince of Persia, Anno, Rainbow Six, Ghost Recon, Far Cry, Watch Dogs ou encore The Division pour ne citer que quelques unes d’entre elles. Mais depuis la sortie de Rainbow Six: Siege et son succès sur le très long terme avec des mises à jour qui arrivent encore aujourd’hui (le jeu est sorti en 2015), on sent un amour grandissant d’Ubisoft pour les free-to-play et autres jeux fortement rémunérés par les microtransactions et achats ultérieurs à l’accession à un jeu.
Ubisoft Montréal – N°1 mondial
Avant d’observer d’un peu plus près les changements de direction de l’éditeur, petite parenthèse autour de Ubisoft Montréal, qui est aujourd’hui le plus gros studio de développement de jeux vidéo au monde. Réunissant environ 4500 employés, c’est très clairement le studio le plus productif d’Ubisoft. Du tout premier titre développé sur PC et Nintendo 64 en 1999 avec Tonic Trouble (un « clone » de Rayman) à Assassin’s Creed: Valhalla en 2020, le studio a produit près de 60 jeux vidéo sur tous les supports. S’il était assez rapide de développer un jeu en 2000, les moyens de productions nécessaires depuis quelques années pour faire un jeu de budget AAA n’ont pas freiné la fréquence de sortie des jeux.
Pour anecdote, sachez par ailleurs qu’à la fin de l’année 2020, un faux attentat a fait la une de la presse. En effet, un colis était supposé pouvoir faire exploser les locaux d’Ubisoft Montréal, et suite à un appel menaçant vers 16 heures, les employés s’étaient réfugiés sur les toits de l’entreprise. Plus de peur que de mal, puisqu’il s’agissait d’un canular. L’auteur a tenté un coup de poker digne d’un bluff des plus grands sites de casino au Québec en demandant pas moins de 2 millions de dollars sous peine de faire exploser les locaux des développeurs. Une affaire qui n’a visiblement pas trouvé de vrai coupable, même si de forts soupçons se sont rapprochés d’un joueur, tricheur récidiviste.
Le paradis économique des Free-to-Play
Dans une industrie moderne des jeux vidéo où le développement d’un blockbuster à budget AAA comme la série Assassin’s Creed par exemple, est de plus en plus coûteux, les free-to-play sont de plus en plus à la mode. Ces derniers mois, on notera, chez Ubisoft, la sortie du Battle Royale Hyper Scape, et prochainement de Roller Champions. Deux jeux qui sont gratuits au téléchargement, et qui comptent uniquement sur les microtransactions pour rémunérer les développeurs et dégager des profits à l’éditeur.
D’une manière générale (des exceptions existent bien entendu), les free-to-play exigent un temps de développement beaucoup plus mince que les jeux « AAA » (de 3 à 5 ans en moyenne). Entre deux gros jeux, Ubisoft programme donc la sortie de plus en plus de free-to-play. L’éditeur prévoit d’ailleurs les revenus de ces jeux « gratuits » dans son futur bilan fiscal, et ne compte plus sortir entre 3 et 4 jeux « AAA » par an comme c’était le cas jusqu’à maintenant, mais davantage de mises à jour pour ces fameux jeux free-to-play.
Pourquoi un tel revirement ?
Aidés par des succès mondiaux de free-to-play comme Fortnite Battle Royale, Call of Duty: Warzone ou encore Genshin Impact pour ne citer que les plus populaires, Ubisoft et d’autres éditeurs rêvent eux aussi d’un jeu gratuit qui entrerait dans les habitudes des joueurs. Du fait d’un coût de développement faible, et de mises à jour régulières qui apportent quelques minces nouveautés pendant une longue période, ce revirement s’inscrit dans un changement assez visible des objectifs de certains gros éditeurs. Est-ce un pari risqué ? Le succès des futures productions « gratuites » made in Ubisoft nous le dira. Pour l’heure, Hyper Scape ne semble en tout cas pas vraiment avoir les épaules pour survivre encore très longtemps.
Enfin, il est d’ailleurs étonnant de ne pas encore voir fleurir sur internet de plateforme regroupant l’ensemble des free-to-play, comme c’est par exemple le cas pour recueillir des avis sur les casinos en ligne, tant l’offre commence vraiment à être de plus en plus nombreuse, pour ne pas dire envahissante.