D’abord prévu sur PS3 en tant qu’exclusivité uniquement jouable au PlayStation Move, Until Dawn a fait le mort longtemps, très longtemps même, à tel point que nous pensions qu’il était définitivement abandonné par Supermassive Games. En août 2014, le Survival Horror est néanmoins réapparu, toujours en tant qu’exclusivité PlayStation, mais sur PS4 cette fois-ci, avec des ambitions annoncées comme vraiment plus importantes qu’à l’ère PS3. Un nouveau studio peut-il mettre tous les amoureux de ce genre en regain de forme d’accord ? Dans ce test réalisé dans une version Presse de Until Dawn sur une PS4 commerciale, nous vous proposons de découvrir en quoi le titre de Supermassive Games risque bien de devenir l’un de vos Survival préférés… !
Slasher Movie Style !
L’âge d’or des Survival Horror était comme par hasard lié à une autre époque, celle où les Slasher Movies étaient une grande mode au cinéma. Vous connaissez la résurrection de ce vieux genre cinématographique avec Scream qui a ensuite donné naissance à Souviens toi l’été dernier, Hostel, Saw, La cabane dans les bois, Mortelle Saint Valentin et autres Vendredi 13 et Halloween ? Until Dawn tire son ADN de cette grande époque où les meurtres sont au centre de l’intrigue. Mieux encore, Supermassive Games a tout d’abord réussi à créer huit personnages principaux tous plus charismatiques les uns que les autres, qui respectent les clichés standards du genre à la perfection.
On trouvera donc Sam (doublure officielle de Hayden Pannetiere), Mike (Brett Dalton), Josh (Rami Malek), Ashley (Galadriel Stineman), Chris (Noah Fleiss), Matt (Jordan Fisher), Emily (Nichole Bloom), et Jessica (Meaghan Martin) et autres personnages secondaires qui donnent à Until Dawn une très forte personnalité. Du comique de service au gros dur en passant par la pétasse égocentrique et la cervelle du groupe, le cocktail est particulièrement savoureux tout en donnant naissance à une empathie presque immédiate envers eux. Vous aimerez très rapidement certains, en détesterez d’autres tout aussi vite, pour un scénario qui se tisse sur un casting on ne peut plus réussi.
En parlant du scénario d’Until Dawn, sachez tout d’abord qu’il représente ce qui se fait de mieux dans le style Survival Horror. Comment ça, ce n’est pas dur à faire ? Certes, les Survival n’ont presque jamais brillé par leur complexité scénaristique, se contentant généralement de tout mettre sur le compte de l’ambiance, avec une atosmophère putride qui se dégage des graphismes et de la mise en scène des affrontements contre des ennemis répugnants. Avec Until Dawn, Supermassive Games fait totalement autrement, en se rapprochant énormément de la narration de Quantic Dream, et plus particulièrement de Beyond: Two Souls et Heavy Rain. Sans connaitre les développeurs, on peut, après quelques minutes de jeu seulement, facilement jurer que Supermassive admire beaucoup le travail du studio de Quantic Dream. A vrai dire, on pourrait presque jurer que Quantic Dream en personne a été en charge du développement de Until Dawn sur PS4 si on ne connait rien de l’historique du jeu !
C’est pourtant bel et bien de Supermassive Games dont il est question ici, et qui arrive à redéfinir le Survival Horror de bien des manières. Pour ne pas vous spoilier le scénario du titre, ce qui serait un sacrilège tant tout est tissé autour de lui, sachez que vous découvrirez une trame aussi bonne que dans les meilleurs Slasher Movie. Il vous fera réflechir, vous fera peur, et vous forcera à prendre des choix que vous regretterez à coup sur quelques minutes plus tard. Une vraie force, ce scénario surpasse même ce que l’on peut trouver dans les jeux Quantic Dream sur ses évolutions. En terminant le jeu, on se rend un peu plus compte de ce qu’affirmaient les développeurs en disant que le passage sur PS4 avait révisé les ambitions du studio à la hausse… Mais nous y reviendrons un peu plus tard dans ce test !
Souviens-toi sur PS3
Ok, l’ambiance est géniale, la mise en scène aussi (vous le découvrirez au point suivant de ce test), mais côté gameplay ? Là encore, la ressemblance avec les jeux Quantic Dream est forte, mais pas similaire non plus. Dans les « vieux » Survival Horror des années 90, lorsque l’on évoluait dans des décors en 3D précalculés avec un gros manche à balais coincé dans la rondelle du personnage, le gameplay était rigide, mais prônait vraiment la contemplation et l’exploration. Ce point avait fini par disparaitre de certaines séries qui ont chassé le facteur « peur » par le facteur « action horrifique hollywoodienne », et c’est donc avec un grand plaisir que nous retrouvons cette essence dans Until Dawn, qui revisite les standards des anciens Survival, la rigidité cadavérique du gameplay en moins.
En évoluant dans le jeu, vous passerez par plusieurs types de maniabilité, qui sont pour la plupart connus depuis les longs mois qui ont animé la campagne marketing du titre. Vous pourrez donc déplacer tranquillement votre personnage du moment (vous incarnerez tour à tour tous les jeunes du casting principal) dans des environnements 3D plus ou moins grands selon le chapitre du jeu, intéragir avec des objets qui vous forceront à fouiller les décors pour en savoir plus sur plusieurs points centraux du scénario, ou encore trouver une entrée / sortie d’un lieu. Pour les phases calmes, ce gameplay est classique, mais efficace.
Mais Until Dawn n’est pas une simulation de visite immobilière montagneuse, loin de là ! Vous devrez assez vite enchainer des QTE pour survivre, ou évoluer dans les environnements. Tantôt faciles, tantôt chronométrés ardemment, ces QTE vous mettront face à vos reflexes, et participent grandement à faire monter l’angoisse et le suspens du jeu. On citera, sans spoil, un des nombreux passages du jeu qui vous oblige à très rapidement prendre une décision alors que vous êtes poursuivi par un danger qui peut vous ôter la vie à n’importe lequel de vos faux pas. Flippants, stressants ces passages vous garderont toujours sous pression ! Sans compter sur d’autres événements qui ne manqueront pas de vous faire frôler la crise cardiaque, mais nous n’en dirons pas plus pour mieux laisser Until Dawn vous surprendre…
Vous vous souvenez du concept du jeu lorsqu’il était encore prévu sur PS3 ? Si non, sachez qu’il était imaginé comme un Survival Horror jouable avec l’accessoire PlayStation Move. Nous n’avons jamais vu tourner cette version en temps réel, mais en jouant à la version finale de Until Dawn sur PS4, on imagine assez bien ce que voulaient faire les développeurs avec le PS Move. Vous aurez en effet très souvent dans les mains un objet lumineux qui vous servira à y voir un peu plus plus clair dans l’obscurité quasi permanente de l’aventure, et pourrez le diriger dans tous les sens pour observer ce qui vous entoure. Une feature qui aurait pu être sympa sur PS3, mais qui ne perd rien de son intérêt avec la DualShock 4 qui peut être utilisée de la même manière avec la reconnaissance des mouvements. Until Dawn vous laisse de toutes façons le choix d’exploiter un gameplay plus gestuel, ou classiquement piloté par les sticks et boutons du pad.
En somme, le gameplay d’Until Dawn permet une évolution optimale dans les environnements du jeu pour les explorer, et les QTE conviennent particulièrement bien aux phases d’action en maintenant les joueurs sous pression constante. Et qui dit QTE dit aussi forcément mauvaises manipulations du joueur, ce qui nous amène à un autre point central du jeu, ses choix et leurs conséquences parfois capitales…
C’est l’effet papillon…
Quand un jeu vidéo vous laisse le choix de faire vous même évoluer le scénario et les embranchements à explorer, force est de constater que cela est très rarement une réussite. Heavy Rain vous donnait une bonne impression sur ce point ? Until Dawn va encore plus loin, autant dans la quantité de choix que dans la qualité et la cohérence des conséquences. C’est d’ailleurs ce point qui nous a le plus bluffé, et qui attire notre respect envers Supermassive Games, qui réussit dans un jeu vidéo ce que jamais personne n’a fait auparavant. Des séquences de film d’horreur interactif, ça vous tente ? L’effet papillon est là pour ça, mon enfant !
Si vous avez vous aussi toujours rêvé de pouvoir sauver la belle blonde à forte poitrine de votre film d’horreur préféré (et oui, ces sombres cruches claquent toujours en premier sans pouvoir jouer dans une suite !), vous pourrez essayer de le faire dans Until Dawn ! Oui, essayer seulement, parce que l’ensemble de vos choix pendant et en dehors des séquences d’action font évoluer le scénario autrement, et même les relations entre les personnages. Par exemple, si vous décidez de vous rendre à l’endroit A plutôt qu’à l’endroit B, vous aurez un autre choix à faire qui décidera des choix et interactions que vous obtiendrez plus tard avec les autres personnages. Pour faire simple, sachez que tous les choix faits feront varier les futurs choix à prendre. Vous suivez toujours ?
Ce concept d’effet papillon donne une énorme bouffée d’air frais à Until Dawn, et l’assurance de jouer en ayant toujours la peur de perdre l’un des personnages principaux du casting. Arriverez-vous à tous les sauver ? Certainement pas au bout d’une première aventure ! Mais surtout, ces nombreux choix possédent une véritable hierarchie entre eux, un algorythme de la mort (qui a dit Destination Finale sur ma droite ?) qui vous fait toujours douter. Ai-je pris la bonne décision ? Que se passe-t-il si je fait telle ou telle action ? Vais-je le regretter ? Pour le savoir, il faut se lancer ! Et comme le dit si bien le générique d’introduction d’Until Dawn, vous allez écrire VOTRE histoire dès le début, avec un questionnaire chez un Psy qui orientera déjà quelques éléments que vous croiserez plus loin. Un système vraiment ingénieux poussé à son paroxysme, pour des parties qui ne se ressembleront forcément dans le coeur du jeu, mais qui vous donneront toujours des cinématiques et interactions différentes, voire des petites séquences de gameplay inédites lors d’une nouvelle aventure. Encore plus fort, on ne peut jamais deviner quelle conséquence dépendra d’un choix, ni de l’évolution du scénario… Chapeau !
T’en as une belle gueule, chérie…
Et graphiquement ? Sortir Until Dawn sur PS4 alors qu’il était programmé sur PS3 est-il détectable ? Très honnêtement, absolument pas ! En exploitant le moteur de Killzone: Shadow Fall, première beauté graphique de la machine de Sony, Umbra 3, le Survival de Supermassive Games ne laisse rien transparaitre de son incubation sur PlayStation 3. Techniquement, et grâce à l’obscurité maladive de la montagne et des environnements du jeu, Until Dawn est au pire très beau, et au mieux somptueux. Quelques passages sont en effet plus réussis que d’autres, mais dans l’ensemble, les graphismes envoient du pâté ! Tout au long de votre aventure, vous croiserez des lieux jamais rassurants, toujours ornés d’effets volumétriques qui rendent l’atmosphère pesante, des jeux d’ombres lunaires effrayants, des projections lumineuses magnifiquement glauques et autres techniques visuelles modernes qui exploitent très bien les capacités de la PS4.
On retiendra particulièrement, d’un pur point de vue technique, l’incroyable modélisation et animation des personnages, doublures virtuelles d’acteurs bien réels qui se meuvent avec excellence. Les expressions faciales sont parfois un peu moins bien rendues, mais dans l’ensemble, c’est du grand art. Visuellement, autant artistiquement que techniquement, Until Dawn est une grande réussite qui saura charmer les amateurs des Slasher Movies précédemment cités.
Scream mon nom !!!
Dans nos critères d’appréciation d’un Survival Horror, le scénario, l’ambiance et la bande son sont des points vitaux à ne pas foirer pour faire un bon jeu vidéo. Si les deux premiers excellent, on sera en revanche un peu moins emballé par la bande son d’Until Dawn, bien plus irrégulière que le reste. Vous pourrez choisir de jouer au titre avec les doublages originaux en anglais, ou en français. Durant notre première expérience avec le jeu l’année dernière, nous avions noté un jeu d’acteur un peu too much, qui avait divisé les joueurs quant à son appréciation. Dans cette version finale, Until Dawn devrait à nouveau faire parler de ce point, pour un résultat assez similaire. Pour notre part, nous le trouvons très fidèle aux Slasher les plus populaires (« Oh mon dieu, on a écrasé une botte ! Mais où est la jambe ? ») et finalement très en phase avec le projet imaginé par Supermassive Games. Des voix connues sont de la partie, pour un résultat qui nous plait aussi bien en VO qu’en VF. Côtés musiques et accompagnements sonores d’ambiance, c’est là encore un très gros point fort pour Until Dawn qui doit se jouer avec une très bonne installation sonore pour frémir encore plus ! Où se trouve alors le couac cité plus haut dans ce test ?
La qualité sonore est au rendez-vous, c’est un fait, mais le traitement sonore du doublage français n’est vraiment pas bon. Y a-t-il eu une post-production à tout cela ? Difficile à dire, mais en tout cas, on note quasi constamment des différences de niveaux sonores, des voix vraiment brutes de décoffrage (sans effets de reverb par exemple dans certains lieux), des saturations ça et là, des phrases qui ne se terminent pas par moment, et surtout, une synchronisation labiale parfois catastrophique. On espère vraiment qu’un patch viendra combler cette grosse tâche qui ensanglante vraiment Until Dawn. Tout est très bon, mais manque vraiment de finition.
Une torture jouissive un peu trop courte ?
Autre point qui risque de faire parler un peu moins positivement du jeu, sa durée de vie. Pour terminer un première fois Until Dawn, vous devriez mettre en 7 et 8 heures, soit une longévité classique depuis la naissance du genre. Néanmoins, avant de hurler au scandale et à l’arnaque, il est évident de constater que les choix influent tellement sur l’évolution de l’aventure que vous aurez forcément l’impression qu’une deuxième partie donnera fondamentalement une issue finale différente, à raison. On pourra donc passer au moins 15 heures en compagnie d’Until Dawn, pour une durée de vie finalement positive. On aurait aimé quelques scènes un peu plus longues, et que l’histoire se prolonge un peu dans quelques uns des 10 chapitres du jeu, sans toutefois avoir l’impression d’une production bâclée pour sortir à temps.
Vous débloquerez également nombres de bonus à visionner plus tard (vidéos, images et lectures de fichiers) ou en jeu, et après une première balade montagneuse, on a surtout l’impression d’avoir manqué un paquet de choses, et d’avoir fait un tas de mauvais choix !
Fais moi mal !
Until Dawn est-il un bon Survival Horror ? Si vous avez connu la grande époque des Resident Evil, Silent Hill, Rules of Rose et autres Obscure et Project Zero, vous allez certainement jouer à une production dont vous aviez longtemps rêvé dans les années 90, plongé entre votre écran cathodique, votre magnétoscope et vos vieilles consoles. Les inspirations de Supermassive Games sont nombreuses, flagrantes, issues autant du cinéma que d’autres productions vidéoludiques, mais ne tombent jamais dans le plagiat. Aussi bien en termes de gameplay que de profondeur scénaristique, Until Dawn fait dans le jamais vu, pour un Survival Horror qui ne ressemble à aucun autre. On pourra lui reprocher un grand nombre de cinématiques qui lui vaudront l’insulte de film interactif, mais ce serait mal comprendre les intérêts du titre qui veut surtout vous plonger dans un univers macabre où le metteur en scène possède le destin des personnages grâce à sa manette, tout en étant l’un des acteurs principaux de ce théâtre neigeux. Pour une première tentative dans le milieu, Supermassive Games impresionne, invente une nouvelle branche au Survival Horror, réussit à passer l’épreuve de la mise en place de l’effet papillon avec brio, pour un Until Dawn que nous n’oublierons pas de si tôt ! On attend déjà avec impatience leur prochaine production !
Verdict : 18 / 20