Quand on a participé au développement d’un mastodonte comme BioShock et que l’on crée son propre studio, les attentes sont forcément grandes. C’est justement ce qu’il se passe avec Submerged, premier titre du studio Uppercut Games, qui renoue une nouvelle fois avec un élément phare de la série de Ken Levine, l’eau. Dès le générique, l’écran titre et les premières minutes de jeu de Submerged, une poésie et une atmosphère pesante se dégage. Sommes-nous en présence d’une très bonne production capable d’exploiter le très en vu monde post-apocalyptique ? Réponse dans ce test réalisé à partir d’une version PS4, fournie en téléchargement par Sony dans sa version commerciale définitive.
Un désert aquatique à explorer pour sauver Tiku
Autant le dire tout de suite, le scénario de Submerged tient sur un post-it, et vous proposera tout un tas d’informations à trouver par vous-même. On débute donc le titre sur un bateau où l’on peut voir Miku naviguer aux côtés de son jeune frère malade, Tiku. Après avoir débarqué sur une sorte de lieu de prière, Miku va devoir se lancer dans une quête d’objets, qui viseront à soigner son frère, très mal en point. Le but du jeu est fixé de la sorte, avec une course aux 10 coffres à trouver dans la grande ville abandonnée en présence pour récupérer à chaque fois un objet qui améliorera la santé de Tiku. Le reste du scénario se dévoilera via des petites vignettes qui vous relateront l’arrivée de la fratrie dans cette ville, leur histoire familiale, et d’autres objets bonus à trouver qui expliqueront un peu l’histoire de la ville.
Cette forme de narration bas de gamme fonctionne assez bien pour l’histoire de la famille de Miku et Tiku, mais est beaucoup trop subjective pour le reste du background qui ne donne pas vraiment envie de se lancer à la chasse aux informations. Ce constat est d’autan plus dommage que la ville en question attise la curiosité du joueur, de part ses bâtiments complètement baignés dans l’eau, en ruine, où la végétation a repris ses droits sur la civilisation. Comment en sommes-nous arrivés là ? Existe-t-il encore une trace humaine dans ce désert aquatique ? En quelle année sommes-nous ? Autant de questions qui risquent de finir sans réponse, pour un univers qui semble posé en guise de décors uniquement.
Quand la technique ne suit pas vraiment la direction artistique
Si la direction artistique de Submerged est relativement réussie et séduisante, avec des bâtiments variés, des effets de lumières invitant à la contemplation et une végétation luxuriante, nous sommes probablement en présence du jeu le moins réussi techniquement tournant sous le rutilant Unreal Engine 4. Lorsque l’on voit ce qu’il est capable de faire avec Kholat ou encore The Vanishing of Ethan Carter sur cette même PS4, on a l’impression que Submerged est encore un jeu en alpha. La modélisation est très sommaire, les textures sont souvent laides, les collisions sont très mal gérées, mais c’est surtout les ralentissements, les freezes et autres problèmes techniques qui ne passent vraiment pas pour un jeu de 2015. On a plus l’impression de jouer à un titre de début de génération PS3 / 360 qu’à une production moderne exploitant l’Unreal Engine 4. Seuls les effets climatiques et de lumière sont vraiment chouettes à regarder. La direction artistique n’est donc pas sublimée par une technique obsolète.
Un gameplay redondant en 30 minutes
Que propose le gameplay de Submerged ? Encore une fois, pas grand chose, et surtout une sous exploitation de l’univers en présence. Le titre se divise en deux phases distinctes, pour deux approches bien différentes. La première consiste à naviguer sur votre raffiot pour trouver l’emplacement des coffres et autres objets bonus, à localiser à la longue-vue qui se marquent automatiquement sur votre carte, en vous forçant à explorer les dégâts de la ville. Sur votre chemin, vous trouverez des pièces de bateau à ramasser pour le faire évoluer, mais n’espérez pas en faire un Yacht non plus, puisque seule la jauge de boost est upgradable, chose particulièrement inutile. Lorsque vous découvrirez pour la première fois certains lieux, une courte cinématique agréable vous présentera celui-ci pour ensuite le marquer sur votre carte.
En quittant le bateau, le plus redondant point du jeu commencera alors, à savoir l’escalade des ruines pour récupérer vos objets principaux et bonus. Submerged est un jeu atmsophérique, contemplatif, et ne contient aucun ennemi à fuir ou à affronter. Ce choix est respectable, mais transforme le jeu en véritable somnifère ! Vous ne ferez donc rien d’autre que de chercher un bâtiment à grimper, l’escalader, en faire le tour, gravir son sommet, retourner donner le contenu de son coffre à Tiku, puis recommencer encore et encore. La chiantitude à son paroxysme, pour un gameplay qui donne déjà ses limites et des signes de faiblesse au bout de 30 minutes. Rien n’est donné au joueur pour briser cette monotonie éternelle qui s’installera durablement, jusqu’au générique de fin. Une catastrophe ludique qui endort plus qu’elle n’amuse.
Un concept mal exploité
Il y avait pourtant de quoi motiver le joueur dans cette grande ville submergée, mais les développeurs n’ont pas jugé bon de vous faire découvrir l’intérieur des bâtiments pour en percer leur mystère, ou vous faire quoi que ce soit d’autre que de l’escalade. On se retrouve alors avec un univers d’une bonne taille, très attirant, mais dont on ne peut explorer que 2% de son contenu. Frustrant, illogique, anti-fun, choisissez le mot qui vous conviendra le plus pour qualifier le gâchis que représente l’exploitation du monde de Submerged ! L’ambiance est pourtant présente, avec une personnalité très forte de la ville accompagnée d’une bande son magique composée de mélodies piano / violon qui donnent des frissons, mais qui se répètent aussi beaucoup. Côté durée de vie, outre une lassitude très importante, Submerged est très court et se terminera en 3 heures environ. Comptez maximum 5 heures pour récupérer tous les objets bonus disséminés ça et là, mais pour un jeu à 20€, c’est vraiment très juste.
A qui conseiller Submerged sur PS4, Xbox One ou PC ? Tant qu’il sera affiché à ce tarif, nous vous conseillons de le bouder tant son contenu est famélique, et son simulateur d’ennui géant. On retiendra donc un univers intéressant, intriguant, quelques phases de contemplation agréables, mais surtout une très grande frustration de ne pas pouvoir en découvrir plus. Quant à la répétitivité des phases de jeu… Un grand dommage, donc, pour un premier titre d’Uppercut Games qui déçoit énormément.
Verdict : 10 / 20