Test de Resident Evil 7

Depuis des années, les fans de Survival-Horror n’attendaient qu’une chose : le retour aux sources de Resident Evil. Série adulée pendant les années 90 et début 2000 pour coller la frousse aux joueurs du Manoir Spencer aux rues de Raccoon City en passant par l’Espagne, BioHazard s’était ensuite un peu perdu dans le tout action qui atteignait son apogée en 2012 avec la sortie d’un Resident Evil 6 agréable, mais à des années lumières des racines de la saga. Et puis vint l’E3 2016, où une mystérieuse cassette VHS collait une tarte à tout le monde pendant la conférence de Sony, annonce de Resident Evil VII – BioHazard à la clé qui montrait les ambitions de Capcom. Un retour en fanfare pour la série ? Verdict dans ce test réalisé via une version PC offerte par GamesPlanet et une version PS4 offerte par Capcom.

Resident Evil 7 – Une (folle) histoire de famille

Pour retrouver trace d’une formule horrifique dans la série Resident Evil, il faut en effet remonter à 2002, année qui voyait Resident Evil: Rebirth (maintenant connu sous l’appellation Resident Evil HD Remaster) et Resident Evil 0 sortir sur Game Cube. Certes, Resident Evil 4 et Resident Evil 5 s’orientaient eux aussi vers l’horreur, mais l’action prenait clairement le dessus, jusqu’à un Resident Evil 6 agréable, mais outrancier sur des combats interminables et des séquences d’action aussi impressionnantes qu’invraisemblables. Pour Resident Evil 7, Capcom accouche d’un volet beaucoup plus intimiste. Du scénario aux graphismes en passant par le gameplay, oubliez en effet les jauges de PV infinies des ennemis, les cartons de munitions à chaque recoin des environnements, et apprêtez-vous à véritablement vous battre pour survivre dans une maison de fous furieux, la résidence Baker coincée dans un bout de forêt en Louisiane.

Nous ne spoilerons bien entendu par le scénario de Resident Evil 7 dans ce test, mais nous contenterons de vous placer dans le contexte narré durant l’introduction déjà mystérieuse du jeu. Vous incarnerez donc Ethan, qui reçoit une vidéo de sa femme disparue depuis trois ans suite à une expédition ayant mal tourné. Bien que Mia, votre copine de l’époque, vous implore de rester à l’écart de tout ça, la curiosité et le désir de revoir votre chère et tendre l’emporte sur les dangers de la destination. En arrivant sur place, le cauchemar commence alors, et ne s’arrêtera pas de si tôt !

Premier constat, Capcom laisse de côté les Jill Valentine, Chris Redfield, sa soeur Claire, Leon S.Kennedy et compagnie pour se focaliser sur une histoire authentique, celle de deux parfaits inconnus qui vont vivre l’enfer pendant toute l’aventure. Cette fraîcheur apportée au tout nous permet donc de découvrir un Resident Evil 7 qui pioche énormément dans la mythologie de la série, qui sonne BioHazard à la perfection, mais avec une formule inédite qui nous a littéralement scotché à notre siège pendant un peu plus de 15 heures. L’aspect intimiste du jeu est d’ailleurs clair dans l’orientation de son scénario, puisque Capcom nous propose un regard alternatif sur le cas de deux personnages inconnus de la série qui sont confrontés à des horreurs qui rappellent d’ailleurs la découverte du Manoir Spencer dans Resident Evil premier du nom. Les liens avec les autres opus sont là, mais de manière plus discrète, pour une liaison à la série finalement bien présente et intelligente, puisque les nouveaux venus pourront apprécier Resident Evil 7 sans avoir fait aucun autre opus auparavant.

Ma Baker – She Taught Her Four Sons

De ses ancêtres et des autres Survival-Horror, Resident Evil 7 a beaucoup appris, sans jamais tomber dans le plagiat, fort heureusement. En effet, si d’autres Survival-Horror avant Resident Evil 7 ont opté pour la vue FPS histoire de coller les jumpscares et autres attrocités visuelles au ras de la gueule des joueurs, la formule cuisinée par RE7 ne sent absolument pas le cramé. En termes de gameplay, la simplicité l’emporte sur la complexité, même si des actions à réaliser demanderont un peu plus de doigté. On pensera notamment à la gestion de l’inventaire, qui nous refait le coup du « j’ai pu de place, fait chier ! », du jonglage entre armes et diverses munitions qui pourront donner lieu à de belles sueurs froides dans le feu de l’action, ou encore à des items à créer vous-mêmes qui auraient pu passer par un process de fabrication plus intuitif. En dehors de ces quelques légers défaut, Resident Evil 7 nous a surpris à bien des égards.

De tout ce que vous avez pu connaître dans les anciens opus, Capcom n’en a conservé que le meilleur pour faire une aventure qui se déguste du début à la fin. Dans les différents environnements proposés, vous aurez donc le loisir d’explorer les pièces de fond en comble, de tomber sur des créatures qui ressemblent beaucoup à celles de Resident Evil: Revelation, de fuir, de réfléchir à comment résoudre les énigmes (pas bien compliquées pour la plupart, comme le veut la tradition de la série), et à survivre aux situations attroces dans lesquelles vous serez souvent plongés. Le cocktail proposé par Capcom est donc majoritairement horrifique, mais sait jongler entre les différentes phases pour ne jamais lasser le joueur. Par exemple, vous ne vous perdrez jamais vraiment dans les nombreux couloirs des niveaux, vous ne chercherez pas 10 ans quelle clé ouvre quelle porte, et vous saurez toujours quoi faire.

En quelques sortes, Resident Evil 7 est le Resident Evil original du futur, soit un Survival-Horror qui fait évoluer toutes les facettes du genre en les mixant très bien pour toujours fasciner le joueur et lui coller de bonnes trouilles aux fesses. Le rythme du jeu est donc à la fois dynamique et posé, puisque les phases de recherche seront ponctuées de combats viscéraux contre des ennemis très puissants (nous n’en diront pas plus pour ne pas spoiler, une fois de plus !), parsemés de plus petites mains qui vous poseront parfois de gros problèmes. De temps en temps, des séquences plus scénaristiques prendront également place, en distillant les informations tout au long de l’aventure pour terminer par exploser vers le dernier tiers du jeu où vous comprendrez tout. En somme, il est assez compliqué de résumé le gameplay et le level design de ce Resident Evil 7, le bougre enchaînant le joueur assez rapidement dans tous les sens, tout en se posant davantage à certains moments clés, mais la qualité est assurément au rendez-vous.

Une fois l’aventure bouclée, ce qui vous prendra entre 13 et 15 heures réelles (comprenez par là, pas ce qu’affiche l’écran de fin qui ne compte pas les game over) en mode de difficulté normale, les quelques points faibles ne pèseront de toutes façons plus bien lourd dans la balance du plaisir procuré par Resident Evil 7. On aurait certes aimés des combats un peu plus épiques par moment, des scènes marquantes un peu plus fréquentes, une difficulté peut-être aussi un peu supérieure (le mode Survie sera toutefois là pour combler cette attente) et une horreur encore plus choquante (il faut bien faire du grand public pour vendre…), mais le goût final de Resident Evil 7 est exquis, mémorable, jouissif, et on a qu’une seule envie : y retourner. Finalement, le seul défaut majeur que nous retiendrons de RE7 est son absence de diversités des créatures. Le même type de « zombies » revient trop souvent, ce qui réduit rapidement le stress qu’ils procurent de part leur apparence physique et la méthode pour les tuer. Sur ce point précis, Resident Evil 7 est décevant.

Une réalisation technique honorable

Ceux ayant fait les multiples versions de la démo de Resident Evil 7 le savent déjà : le point fort du jeu est son ambiance et son atmosphère, toutes deux ultra pesantes. Ce qui fait de BioHazard 7 un excellent Survival-Horror est en effet cette capacité à rendre le joueur mal à l’aise, méfiant, paranoïaque et constament sur le qui-vive. La tournure dramatique des portes fermées des premiers opus revient en force dans ce RE7, puisque nous ne savons jamais ce qui se cache derrière. Ne pas voir et ne pas savoir est en effet un mécanisme de la peur classique mais toujours diablement efficace, surtout lorsque vous êtes plongé dans la quasi obscurité d’une baraque pourrie du sol au plafond de morceaux de viandes en putréfaction, de bouts de corps humains et d’animaux entourrés de mouches, de vers et autres réjouissances culinaires. Malsain, Resident Evil 7 l’est très certainement. Dérangeant, il l’est encore plus tant Capcom a réussi à mettre du volume dans tous les secteurs de son jeu. Là où il aurait pu être une promenade de santé orientée horreur, Resident Evil 7 laisse au contraire un vrai sentiment de vivre le jeu, même sans le faire en réalité virtuelle.

Depuis Resident Evil 4, nous n’avions d’ailleurs pas vu dans la série un tel charisme des personnages rencontrés et des environnements traversés qui sont aussi bons que ceux de Resident Evil: Rebirth. Techniquement, tout n’est pourtant pas parfait, aussi bien sur PS4 que sur PC en ultra, mais l’aspect photo-réaliste fonctionne à merveille. Les textures parfois limites seront en effet sublimées par des effets de lumière impressionnants, des particules angoissantes qui ajoutent de l’épaisseur à ce monde virtuel, tandis que l’animation ne faiblira jamais de ses 60 images par seconde.

En ayant joué à Resident Evil 7 sur PS4, PS4 Pro et PC, nous pouvons d’ailleurs vous confirmer que peut importe le support sur lequel vous ferez le jeu, l’expérience sera quasi aussi belle. On notera simplement un aliasing moins prononcé sur PC (qui compense par un effet de flou pas forcément des plus réussis), des effets lumineux plus marqués ainsi que des ombres plus fines. Mais honnêtement, il faut vraiment avoir les trois versions sous les yeux pour déceler quelque chose, tandis que nous n’avons pas vraiment vu de différences en 1080p entre Resident Evil 7 sur PS4 et PS4 Pro. Au final, la réalisation technique de Resident Evil 7 suffit amplement à traduire une direction artistique énorme, avec des environnements traversés et des personnages rencontrés que vous ne risquez pas d’oublier !

Le cas Resident Evil 7 au PlayStation VR

Devant une télé ou un écran quelconque, Resident Evil 7 colle déjà la peur au ventre. Avec le casque de réalité virtuelle de Sony, le PlayStation VR, vous vous doutez alors que l’expérience vécue sera encore plus traumatisante ! Comme toujours, l’immersion est totale, et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Capcom annonce le double de durée de vie si vous faites l’aventure intégralement avec le PSVR. En effet, être plongé totalement dans les environnements du jeu fait que vous avancerez à tatillons, et aurez besoin de souffler régulièrement pour reprendre des forces. Les jumpscares sont énormes, suprenants, et chaque petit bruit de la vieille maison des Bakers vous rendra parano. Toutefois, certaines scènes ont été légèrement modifiées (en termes d’angle de vue) pour que Resident Evil 7 ne devienne pas un simulateur de crise cardiaque, et il est à noter que Capcom a également parfaitement géré l’affichage, qui ne procure absolument aucun Motion Sickness.

Encore plus agréable à jouer qu’un Robinson: The Journey, Resident Evil 7 privilégie en effet des mouvements de caméra en sautant des images, et en réduisant le champ de vision lorsque vous courez. Nous n’avons donc ressenti aucun inconfort particulier directement lié à la technologie VR avec RE7. L’erreur que nous avons en revanche faite est d’essayer le jeu au PlayStation VR après l’avoir terminé sur PC, les moments chauds étant davantage anticipés. Ne mettez en tout cas pas le PSVR sur la tête de n’importe qui avec Resident Evil 7 dans la PS4, sous peine de hurlements assurés, au meilleur des cas ! Enfin, côté graphismes, hormis le flou de rigueur avec l’engin de Sony, Resident Evil 7 peut se targuer d’être l’un des plus beaux titres du catalogue PlayStation VR. La dégradation est mineure, et survient surtout sur les effets lumineux et quelques modèles 3D un peu plus light. Une réussite totale, pour un premier long jeu vidéo jouable au casque !

La renaissance de Resident Evil ?

Après avoir bouclé Resident Evil 7, le mot renaissance de la série ne nous parait finalement pas du tout adapté. Nous avons en effet davantage l’impression de voir ce qu’aurait du être la suite de la série en passant de la 3D précalculée à la 3D temps réel, soit comme une suite logique à Resident Evil: Code Veronica et Resident Evil Zero (Code Veronica est bien en 3D temps réel, mais les plans de caméra et la formule du jeu sont quasi identiques). On retrouve en effet tout ce qui faisait le charme des vétérans de la série (les salles de sauvegardes, les coffres, les potions de soins, les affrontements en zones étroites, l’angoisse des portes fermées etc.) en évitant les lourdeurs passées comme les allers-retours, le gameplay rigide, et en ayant jamais connu les abus de Resident Evil 6 qui aurait peut-être finalement dû se nommer autrement. Une évolution qui nous laissera en tout cas un souvenir excellent des années durant, pour un Resident Evil 7 qui s’affirme surtout comme une valeur sûre du Survival-Horror en 2017, et qui pourrait bien relancer les affaires de Capcom qui redore d’un coup d’un seul le blason BioHazard en plaisant autant aux fans de la première heure qu’aux nouveaux venus.

Certes, les figures emblématiques de la saga ne sont plus là pour faire le spectacle, mais nous préférons mille fois redécouvrir une nouvelle intrigue que du réchauffé qui n’avait plus grand chose à apporter à l’histoire de base. Enfin, les clins d’oeil sont suffisamment nombreux pour que tout un chacun puise dans sa case cérébrale nostalgique en se disant qu’il joue vraiment à un Resident Evil, et à un excellent épisode de cette série !

Verdict : 18 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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