Resident Evil Zero est l’un des épisodes les plus controversés de l’histoire de la série. Sorti en exclusivité sur Game Cube en 2003, cet opus était surtout attendu comme un renouveau dans la saga, qui commençait à être critiquée pour son manque de souplesse dans son gameplay. S’il aura fallu attendre 2005 pour voir une révolution durable avec un Resident Evil 4 qui aura, toujours sur Game Cube, fait basculer la série vers des horizons très différents, Resident Evil Zero sera donc à considérer comme le dernier Survival-Horror pure souche, avec une formule qui proposait toutefois quelque chose de plus moderne. Dans ce test de Resident Evil Zero HD Remaster effectué sur une version PC fournie par Capcom, nous vous proposons de revenir brièvement sur le concept du jeu en lui-même, et de bien entendu observer les différences notables avec les versions Game Cube et Wii.
L’Orient Express à Raccoon City
A la manière d’un Resident Evil 3 qui se place entre le premier opus et Resident Evil 2, Resident Evil Zero relate des faits compris entre l’avant et le début de BioHazard. Quelques heures avant que Jill Valentine et Chris Redfield ne débarquent au Manoir Spencer, soit le 23 juillet 1998 alors que le top départ de Resident Evil se déroule le 24, Rebecca Chambers découvre un mystérieux train à l’arrêt dans la forêt de Raccoon City, bordée par la Montagne Arklay. Nouvelle recrue des S.T.A.R.S. de la Bravo Team, notre Médic est jeune, inexpérimentée, candide et sensible. Peu de temps après le début du jeu, Rebecca croisera un homme recherché par la police dont son équipage lui a parlé quelques minutes plus tôt, Billy Coen, criminel condamné lourdement, venant de s’échapper pendant son transfert à bord du train. Très vite, devant l’horreur de la réalité des wagons infestés de Zombies, Rebecca et Billy sont forcés à coopérer pour se sortir d’une situation qui les dépasse.
Si le scénario de ce Resident Evil Zero est agréable à suivre, et toujours ponctué de très belles cinématiques, on lui reprochera tout de même un gros manque de révélations, qui se contente de creuser légèrement le background de la société Umbrella. Il y a des choses à découvrir, mais n’espérez pas trouver en RE Zero la bible du Zombies à la mode Arklay, ce qui avait un peu déçu les joueurs à l’époque. Cet opus n’est ni plus, ni moins généreux en contenu scénaristique que les autres de la saga imaginée par Shinji Mikami dans les années 90, en somme.
Un gameplay classico-moderne
En 2003, et le discours sera le même en 2016 de manière logiquement exagérée, il était assez inconcevable de retrouver un gameplay sur pivot dans un Resident Evil. Malgré le demi-tour rapide, on retrouve alors dans Resident Evil Zero cette lenteur et cette rigidité cadavérique qui caractérisait les premiers opus. Mais si les déplacements et l’action de cet épisode sont fidèles aux anciens épisodes, de nombreuses nouveautés ont été apportées pour que l’ensemble sonne le modernisme. A l’origine, RE0 était un titre prévu pour la Nintendo 64, qui bénéficiait de cartouche aux accès hyper rapides. Les développeurs avaient alors imaginé un système de jeu non réalisable sur une autre console de l’époque sans temps de chargement, le Partner Zapping. Sous ce nom se cache la possibilité de changer de personnage à la volée, pour accomplir des actions indépendantes et en coopération.
Tout au long de l’aventure, vous pourrez donc décider de faire avancer la quête de Rebecca séparément de celle de Billy (qui ne se trouvent jamais très loin l’un de l’autre) pour souvent les réunir dans une même pièce pour résoudre une énigme commune. Ce type de gameplay était très bien pensé, et fournissait à la série Resident Evil un level design inédit et dynamique. Les deux personnages ayant des capacités différentes (Rebecca peut mixer les herbes à la différence de Billy qui possède plus de force, par exemple), il faudra donc jongler souvent entre les deux protagonistes pour avancer dans l’histoire. Malheureusement, cette nouveauté n’arrivait pas sans quelques défauts qui ont rajouté de la rigidité à Resident Evil Zero. On pensera notamment à l’impossibilité d’utiliser les coffres pour stocker des éléments de l’inventaire, extrêmement petit dans cet opus. Pour gérer votre espace personnel, il faudra alors souvent échanger des objets entre Rebecca et Billy, et transformer des pièces en entrepôt, puisque RE0 vous permet de laisser des objets au sol sans que ceux-ci ne soient jeté à la poubelle. Amateurs des allers-retours, vous voyez immédiatement ce qui vous attend à certains moments du jeu !
Autant vous dire que tous ces points ont divisé les joueurs. Certains étaient ravis de voir Capcom prendre des risques pour aborder la série autrement tandis que d’autres joueurs n’ont pas du tout apprécié la gestion des personnages en binôme. Malgré cela, vous retrouverez dans ce Resident Evil une formule plutôt classique faite d’énigmes pas bien compliquées à résoudre, des phases d’action contre des boss intéressants, et une exploration réussie dans des environnements qui ont de la gueule.
Le Remaster d’une beauté légendaire
Et de la gueule, Resident Evil Zero en avait déjà beaucoup en 2003. En reprenant le moteur qui avait permis à Resident Evil Rebirth de flirter avec le photo-réalisme, Zero brillait de mille feux sur Game Cube. Que vous jouiez à Resident Evil Zero HD Remaster sur PC, PS4, Xbox One en 1080p ou sur PS3 et Xbox 360 en 720p, nous vous promettons que le titre de Capcom vous forcera le respect envers les développeurs qui avaient créé un bijou technique à l’époque. Avec un meilleur contraste, des textures plus fines et des modèles 3D retravaillés (un peu trop légèrement à notre goût), Zero HD Remaster est autant resplendissant que Rebirth l’année passée en profitant des mêmes techniques de polishage. De la même manière, vous retrouverez aussi les mêmes choix à effectuer concernant le gameplay que vous pourrez exploiter en Classic ou Remaster, soit la possibilité d’annuler les changements de direction à l’aide du pivot du personnage sur un axe rotatif.
On regrettera toutefois que, comme dans la plupart des Remaster, les cinématiques n’ont pas du tout été retouchées. Vous retrouverez alors des scènes précalculées d’une résolution d’un autre temps, ce qui tranchent négativement avec la beauté des décors. Il est en effet sans doute bien plus simple de lisser des textures que de ressortir des moteurs à cinématiques de nos jours, mais le résultat est toujours décevant. Concernant le Wesker Mode, qui se débloquera une fois l’aventure terminée une première fois, il ne nous a pas non plus convaincu pour sa plus-value assez faible. Dans ce mode de jeu inédit, Resident Evil Zero vous propose d’incarner une version alternative de Rebecca, infectée par une dose du virus P-30, et un Albert Wesker qui dispose de deux pouvoirs spéciaux : le Dash et Death Stare qui lance une vague énergétique. Quelques différences de gameplay s’expriment dans ce mode, comme la possibilité de mixer des herbes aussi avec Wesker et de déverrouiller une nouvelle tenue pour Rebecca. Malgré tout, l’aventure reste la même et aucune nouvelle cinématique n’a été créée pour l’occasion. Un peu cheap. Enfin, pour les puristes, sachez que le mode Leech Hunter est toujours de l partie et accessible également en terminant le jeu une fois.
A qui plaira ce Resident Evil Zero HD Remaster ?
A qui conseiller cette version retouchée de RE0 ? Au même public que Resident Evil Rebirth HD Remaster l’année dernière, soit aux amoureux de la série dans sa forme originelle Survival-Horror. Si les révélations auraient dû être plus nombreuses pour une préquelle, nous sommes en présence du dernier représentant de la saga dans un cocktail aujourd’hui mort et enterré. Une escapade de très bonne qualité, donc, même si elle est moins mémorable que le premier opus paru l’an passé. Un bon moyen de découvrir ou redécouvrir ce volet resté coincé chez Nintendo pendant plus que 12 ans.
Verdict : 17 / 20