En janvier 2014, la campagne Kickstarter de Kingdom Come: Deliverance nous mettait la puce à l’oreille sur un concept rarement abordé par l’industrie des jeux vidéo : un RPG se déroulant durant l’époque médiévale, en vue à la première personne, et qui ne mise pas tout sur les combats. En gestation depuis maintenant 6 longues années, Warhorse Studios est maintenant prêt à nous faire profiter de son Kingdom Come: Deliverance, qui n’avait de cesse de nous interpeller par sa singularité à chacune de nos prises en main. Une pépite à faire absolument ? Verdict dans notre test réalisé sur Xbox One X et PS4 Pro, via une version presse offerte par Deep Silver.
Vis ma Vie de château
Si vous avez suivi le développement de Kingdom Come: Deliverance tout au long de sa durée de vie embryonnaire, sachez que, finalement, le joueur incarnera Henri, et non un personnage créé de toutes pièces par vous-même. Ce choix discutable permet en revanche de profiter d’une belle narration, pour un personnage principal qui est vraiment au centre de l’histoire du jeu, de son histoire. Se déroulant après un 14ème siècle désastreux en matière de règne de Charles IV, puis de Wenceslas IV, dans le Royaume de Bohème (République Tchèque de nos jours), le scénario de Kingdom Come: Deliverance débutera au début du 15ème siècle, en 1403.
A partir de cette date clé, Henri va vivre une épopée faite de beaucoup de tristesse, d’apprentissage, de vengeance, de compassion, et d’embûches qu’il faudra apprendre à affronter, ou à détourner.
Mais avant d’aborder les principaux fondements de Kingdom Come: Deliverance, un mot sur les graphismes permettant au titre de tourner sur PC, PS4 et Xbox One. Ayant pu tester le jeu sur PS4 classique, PS4 Pro et sur Xbox One X, nous pouvons vous dire que quel que soit le support que vous choisirez entre les consoles de Microsoft et Sony, le titre tournera plutôt bien, en affichant une belle réalisation technique. On est certes très loin de ce qu’un PC en ultra peut livrer en termes de détails et de finesse, mais le résultat est satisfaisant, en particulier sur PS4 Pro et Xbox One X qui arrivent à affiner le tout si vous jouer sur un écran 4K. Les différences ne sont d’ailleurs pas flagrantes entre les deux machines les plus puissantes, même si la One X s’en sort logiquement un peu mieux sur la résolution native et le taux d’images par seconde.
On sent tout de même que le moteur employé, le CryEngine de Crytek, est vieillissant, et que seuls les développeurs de la série Crysis peuvent réellement en tirer le maximum. Le résultat aurait été bien meilleur avec l’Unreal Engine 4, mais ce dernier n’existant pas à la création de Kingdom Come: Deliverance, il aurait été imprudent de tout basculer dessus. En somme, c’est beau, détaillé, luxuriant par endroit, mais cela accuse un peu le poids des ans.
Apprendre plutôt qu’affronter
Que se passe-t-il lorsque l’on commence à plonger dans l’univers de Kingdom Come: Deliverance ? Après un bref tuto de départ, nous sommes très rapidement inondés d’informations, de choses à faire dans tous les sens, et on découvre au bout de quelques heures seulement que le RPG de Warhorse Studios n’est pas un jeu de rôle comme les autres. Cela se fait en plusieurs étapes, mais le cocktail simulation vous montrera rapidement que tuer des pauvres gens à la chaîne ne vous rendra pas plus fort. Ce qui brise les codes usités du genre devient donc une véritable force, puisqu’il faudra réapprendre des mécaniques de jeu pour faire progresser Henri, en l’amenant sur des capacités qui vont intéresseront vraiment selon votre manière de jouer.
Apprendre à lire ? Inutile si on veut devenir un guerrier sanguinaire. Travailler pour des commerçants ? A quoi sert de se fatiguer quand on peut voler et piller ! Ces deux exemples résument assez bien la progression de Kingdom Come: Deliverance. Pour améliorer la force d’Henri, il suffira également d’avoir des armes plus puissantes, mieux affûtées, et de choisir des tenues plus robustes pour mieux résister aux coups des ennemis. Réaliste, en somme, Kingdom Come: Deliverance est donc davantage à classer dans la catégorie « simulation médiévale » que RPG pur et dur.
Ma liberté de penser
Ce pan simulation est d’ailleurs omniprésent dans le jeu de Warhorse Studios, et autant dire que s’il vous hérisse le poil, autant faire demi tour immédiatement : le jeu ne sera pas fait pour vous. En effet, loin de la rythmique proposée par le genre, Kingdom Come: Deliverance est un jeu calme, parfois contemplatif même, où agir devra être fait en mesurant le poids des conséquences. En termes de quêtes, il y aura bien des croisements de fer nerveux (bon courage pour apprendre à bien vous battre à l’épée et au bouclier, cela demande plusieurs heures de pratique, idem pour l’arc !), des règlements de compte à faire à droite, à gauche, mais se contenter de cela serait passer totalement à côté de l’essence même du jeu : vivre une épopée médiévale comme si on y était.
C’est d’ailleurs là où se trouve la plus grande force de Kingdom Come: Deliverance, son aspect simulation. Des PNJ qui ont tous des rythmes de vie et des déplacements cohérents avec le cycle jour / nuit (qui a dit Shenmue ?) aux missions qui pourront se boucler de plusieurs manières différentes, c’est également la personnalité d’Henri qui évoluera différemment selon vos actes pendant les combats, les missions et les dialogues. L’aspect RPG du personnage étant particulièrement poussé sur des points très variés (les classiques force, endurance, mais également jauges de poids, faim, saleté etc.), il faudra apprendre à bien cerner ce qui fait varier les jauges pour s’améliorer.
D’un joueur à l’autre, il y a donc énormément de chance pour que vous viviez des choses totalement différentes, du fait d’une liberté d’action et de progression qui font un bien fou à une industrie vidéoludique qui s’empêtre souvent dans les mêmes schémas ultra prévisibles. Pas de magie, de dragon, de potion magique ni poudre d’escampette dans Kingdom Come: Deliverance, il faut assumer vos actes et parfois galérer pour inverser une tendance qui aura dégénéré. Bien entendu, le RPG de Warhorse Studios n’est pas fait que le liberté, et les missions purement scénaristique évolueront toujours plus ou moins de la même manière, histoire que les faits puissent évoluer sans encombre.
Des bugs qui valait de l’or ?
Avec un patch day one qui dépassait les 20 Go, Kingdom Come: Deliverance laissait rapidement entrevoir que le développement du titre était loin d’être terminé. Remplaçant des données de jeu obsolètes dès son jour de sortie, cette mise à jour n’aura été qu’une première tentative de correction de très nombreux bugs audios, graphiques, et plus profonds. Après 6 années de développement, et une date de sortie fixée conjointement entre Deep Silver et Warhorse Studios, on imagine assez bien qu’il fallait commencer à rentrer de l’argent dans les caisses pour pouvoir peaufiner le titre post-commercialisation. La technique devient malheureusement classique, même pour les jeux AAA, et la palanquée de bugs rencontrés s’amenuise donc petit à petit, à mesure que les semaines passent.
Au moment où nous rédigeons ce test de Kingdom Come: Deliverance, sachez donc que la mise à jour 1.3 pointe le bout de son nez, et s’attarde toujours sur de vilains bugs, mais les développeurs promettent que l’optimisation PC, PS4 et Xbox One sera au centre des prochains patchs. D’ici quelques mois, les problèmes techniques devraient donc faire définitivement partie du passé.
Mais en attendant, il faudra jongler entre les bugs de collision, les changements de langue dans un même dialogue, des textures qui apparaissent parfois tardivement, des PNJ qui se mettent subitement à ne plus ouvrir la bouche, ou à quelques scripts capricieux lors du déclenchement de certaines missions. Rien de rédhibitoire, certes, mais quelques petites crises de rire, ou de rage quand le jeu se met à planter aléatoirement, ou à nous coincer dans un objet du décor, obligeant alors à recharger un dernier point de contrôle.
Kingdom Come: Deliverance, un jeu qui a une âme
Il est difficile de cerner toutes les qualités de Kingdom Come: Deliverance, tant le sens du détail est poussé très loin durant toute l’aventure. Avec un temps de développement aussi long, nous avons vraiment l’impression que Warhorse ait profité de chaque semaine pour peaufiner sa simulation de vie médiévale, pour finalement proposer un cocktail rarement vu sur PC et consoles. Une épopée qui nous aura passionné du début à la fin, pour des possibilités de gameplay énorme et une liberté d’action jouissive. Le jeu n’est pas encore exempt de tout reproche, notamment côté bugs, mais l’expérience est marquante, et Kingdom Come: Deliverance assurément une grande réussite vidéoludique qui ne plaira pas à tout le monde. On en redemande !
Verdict : 17 / 20