Test de Grim Fandango Remastered

Vieille gloire des années 90′ où Beverly Hills, Charmed et Hartley Coeur à Vif passaient en boucle à la télé non-HD, et où le Club Dorothée rendait l’âme peu de temps avant sa sortie sur PC et Mac, Grim Fandango représentait ce qui se faisait de mieux dans le genre des jeux d’aventure made in Lucas Arts. Cette évolution du Point & Click classique avait séduit pas mal de joueur grâce à un scénario très mature abordant le royaume des morts et le passage à l’au-delà, mais aussi une réalisation en 3D qui autorisait enfin des déplacements libres sur les tableaux autrement qu’en cliquant sur les décors pour déplacer le personnage, et surtout une mise en scène d’exception, doublée par des acteurs français qui mettaient le paquet. Près de 17 ans plus tard, revoici Grim Fandango sur PC, PS4, PS3 et PS Vita, en version Remastered via Double Fine Productions, société de développement de Tim Schafer en personne.

Portage ou Remastered ?

Depuis l’éclosion massive de portages en HD, que les éditeurs appellent parfois des Remastered, il y a de quoi se perdre dans une confusion vocable jamais vraiment claire. Chez Playerone.tv, nous considérons une remasterisation comme quelque chose qui dépoussière grandement l’oeuvre de base, tout en profitant au maximum de ce qu’un nouveau support peut offrir. Ce terme nous rappelle d’ailleurs (puisque nous sommes un pied dans les années 90′) le passage des albums musicaux du support vinyl et K7 audio aux CD, où nombre d’artistes proposaient des chansons remastérisées, aux sonorités plus nettes mais souvent moins chaleureuses puisque épurées.

Avec Grim Fandango, nous sommes le cul entre deux chaises. Comment les développeurs peuvent alors oser la terminaison « Remastered » pour un jeu qui n’ajoute que quelques polygones et ombres ultra light aux personnages et modèles 3D très peu présents dans le jeu ? Pire encore, Double Fine Productions a intégré une option à Grim Fandango Remastered qui permet de passer, à la volée, des graphismes old-school à ceux du Remastered. Si les changements, comme pour un certains Halo: Combat Evolved étaient criants de vérité, nous aurions été contents, mais pour le jeu d’aventure ici présent, cette option est tout simplement inutile…

Outre ce petit coup de gueule, on notera toutefois un jeu qui a plutôt bien veilli si l’on tient compte de son grand âge où The Legend of Zelda: Ocarina of Time sortait un peu plus tard sur Nintendo 64, et où les français avaient déjà remporté la Coupe du Monde de Football en France. Avec des modèles 3D légèrement plus modernes, l’oeil trouvera encore fort jolis les décors (qui pixellisent toujours, étant donné l’absence de travaille sur eux), et des cinématiques sympathiques. Mais toute l’essence de Grim Fandango se trouve dans sa capacité à plonger le joueur dans un monde très différent de ce que les autres jeux d’aventure proposent et proposaient à l’époque, et ça, c’est toujours aussi bon à retrouver en 2015.

Un Univers Intemporel

C’est bel et bien le charisme de Grim Fandango qui nous parait éternel, et qui fait encore mouche en 2015. Le jeu vous plonge au pays des morts, avec une grande source Aztèque à la clé, puisque l’on incarne Manuel Calavera, surnommé Manny par les protagonistes, en charge de proposer le meilleur voyage possible aux humains qui passent l’arme à gauche dans le pays des vivants vers l’au-delà. En découle un humour noir omniprésent, des personnages très charismatiques, particulièrement bien doublés en français (l’accent de Manny est un régal !), et une atmosphère de films noirs teintée d’art déco. Un régal qui s’accompagne de nombreuses scènes cinématiques que l’on aurait également aimé voir refaites, et non simplement adaptées pour cette version Remastered.

Des Enigmes pas Toujours Vraiment Logiques…

Avec Grim Fandango, nous n’avons pas à faire à un Point & Click, mais l’évolution dans le jeu s’y apparente toutefois assez fortement. On dirige Manny librement, certes, mais un inventaire est présent dans les grandes poches du personnage principal, et on devra assez souvent ramasser des objets par terre pour les utiliser plus tard, et parfois les combiner. Il faudra ensuite les faire interagir avec certains éléments du décors pour résoudre des énigmes qui ne sont pas toujours très logiques. Comme le voulait la tradition des jeux d’aventure de cette époque, les puzzles sont donc souvent tordus. Si vous n’avez jamais touché à un Point & Click ou jeu d’aventure des années 90 de Lucas Arts ou autres développeurs, vous risquez d’être bloqué assez rapidement, dès le début de l’aventure. On a vu plus complexe, mais les relations entre les énigmes et l’objectif du moment paraissent souvent trop éloignés pour que le joueur y pense tout de suite. Attendez-vous donc à rester parfois de longues heures sur deux ou trois tableaux différents avant de faire avancer l’histoire. La frustration dans toute sa splendeur !

A qui s’adresse Grim Fandango Remastered ?

Sortir un jeu comme Grim Fandango Remastered en 2015 est une riche idée. Il s’adressera en particulier aux vieux renards du jeu vidéo qui ont envie de se replonger dans l’aventure de Manny au royaume des morts de manière plus pratique que de ressortir la version originale sur deux CD-Rom en évitant les problèmes de compatibilité dus à la modernité de nos PC actuels, et il pourra aussi tenter les joueurs qui ne le connaissent pas, mais qui se laissent emporter par la magie des jeux d’aventure des années 90′. Attention tout de même, Grim Fandango ne s’adresse pas à tout le monde, en raison d’un Game Design d’un autre temps, et d’une difficulté vraiment tordue par moment pour avancer dans l’histoire. Difficile également de ne pas crier au scandale contre l’appellation Remastered qui n’apporte qu’un lissage des modèles 3D, et un mode d’affichage en 16:9… Un jeu toujours aussi bon, qui nous rappelle le bon vieux temps, et que l’industrie du jeu vidéo a bien évolué en 17 annnées !

Verdict : 0 / 20