Bien des gens attendaient ce Ghost Recon Wildlands… On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi, après le succès assez limité de Ghost Recon: Future Soldier qui n’avait pas à vocation d’être un jeu très grand public, mais surtout un titre réalisé pour les joueurs fans d’infiltration, d’action ou de stratégie. Et il faut le dire, ce n’est pas vraiment le nom de la licence qui a placé cet épisode sous le feu des projecteurs, mais bien, comme souvent avec les jeux Ubisoft, les promesses faites avant la sortie du jeu par l’éditeur en question. Graphismes à tomber par terre, gameplay fun au possible surtout à plusieurs, durée de vie colossale dans une map chatoyante… Tant de promesses qu’il n’est pas facile de tenir mais qui mettent indéniablement l’eau à la bouche. L’heure des règlements de compte a sonné. Résultat dans notre test de Ghost Recon Wildlands, réalisé sur la version PS4 du titre via une clé offerte par Ubisoft.
Visitez la Bolivie comme vous ne l’avez jamais fait
Première promesse qui a pu faire douter bon nombre de joueurs quant à l’honnêteté d’Ubisoft, il s’agit assurément des graphismes. On connait tous l’histoire de Watch Dogs, ou dans une moindre mesure celle de The Division, alors le spectre fantomatique du downgrade graphique plane à chaque sortie d’un jeu Ubisoft à gros budget. Et une fois de plus, ça n’a pas raté. Downgrade on attendait, downgrade il y a eu. Pour autant, peut-on considérer ce Ghost Recon comme un jeu moche ? Assurément pas. Ghost Recon Wildlands, du point de vue technique, ne fait pas pâlir les plus beaux jeux en monde libre du moment par son aspect technique, mais il faut assurément lui reconnaître une direction artistique du tonnerre, grâce à une Bolivie ayant bénéficié d’un soin certain.
Divisée en plusieurs secteurs, la carte du jeu nous a clairement surpris par sa diversité, sa chaleur, ses couleurs et sa capacité à éviter l’ennui au joueur. Les paysages de Ghost Recon ne sont pas ennuyants, et il vous arrivera sûrement, pendant votre quête, de vous émerveiller devant quelques-uns des panoramas offerts par le jeu. Des forêts, des déserts de sable ou de sel, des vignes, des villages au milieu des montagnes… Tant d’environnements qui montrent une Bolivie comme on ne l’avait jamais vue auparavant dans un jeu vidéo, et c’était d’autant plus respectable que la carte du jeu profite d’une taille conséquente. La nuit, et les conditions climatiques apportent d’ailleurs un renouveau à chaque instant.
Et il faut le dire, une bonne direction artistique était bien nécessaire pour donner un aspect graphique de bonne qualité à ce Ghost Recon Wildlands. Avant tout car la Bolivie n’est pas un lieu que l’on peut explorer comme n’importe quel autre, mais aussi parce-que cet épisode, sans être mauvais, ne brille pas par sa réalisation technique. Si le moteur graphique du jeu parvient à offrir de belles images, il souffre quand même de quelques problèmes : clipping dans certaines phases, synchronisation verticale absente (sur PS4 au moins), aliasing parfois, textures fadasses… Les problèmes causés par le moteur graphique ne manquent pas. D’autant plus que les problèmes techniques n’impactent pas seulement l’aspect graphique.
Une immersion et une qualité de jeu entachées par des bugs et un manque de peaufinage certain…
Ajoutez à ces problèmes graphiques, d’autres bugs bien plus gênants et qui viennent sans aucun doute mettre à mal l’immersion offerte par la direction artistique ou le gameplay. On est habitué aux bugs dans certains des titres d’Ubisoft, mais il faut le dire, cet épisode de Ghost Recon en arbore trop à notre goût. De nombreux bugs de collision, surtout lors de l’utilisation de véhicules, des bugs d’IA, des morceaux de bâtiments manquants, une physique clairement moyenne… Tant d’éléments qui prouvent que quelques mois de développement supplémentaires auraient été bénéfiques pour ce Ghost Recon, qui souffre ainsi de quelques coups de mou.
Nous parlions des bugs d’IA. Justement, concernant cette dernière, sachez qu’elle se débrouille plutôt bien en général, malgré quelques bêtises classiques aux jeux d’Ubisoft. Elle est sûrement un peu trop courageuse ou aura parfois du mal à vous trouver quand vous êtes situés à quelques mètres alors qu’elle n’aura aucun mal de vous voir de loin, paradoxalement… Compréhensible, mais pas forcément excusable quand on connaît l’expérience d’Ubisoft dans le domaine.
…Mais un plaisir de jeu bel et bien présent
Ce problème mis à part, le level design de Ghost Recon est un pur plaisir. Que ce soit dans la progression globale du jeu ou au sein de chaque mission, c’est à vous de choisir votre approche et la façon dont vous souhaitez faire les choses. D’abord, le jeu compte 21 secteurs que vous pouvez visiter dans l’ordre que vous souhaitez, chaque secteur comptant au moins une quinzaine de missions secondaires et environ cinq ou six missions principales. Si les missions secondaires sont là avant tout pour vous aider à améliorer le niveau de votre personnage et la qualité de ses équipements et compétences, les missions principales sont, elles, la plupart du temps, utiles au scénario. D’ailleurs, concernant le niveau de votre personnage, sachez qu’il n’a pas vraiment d’influence sur le niveau de vos ennemis mais que la difficulté de ceux-ci est surtout liée au secteur dans lequel vous vous trouvez, chaque secteur étant marqué par une difficulté bien désignée. Ainsi, le fonctionnement du système diverge clairement du système de The Division.
Concernant les missions elles-mêmes maintenant, il est certain que bon nombre de joueurs apprécieront la possibilité d’aborder les missions de la façon dont ils le souhaitent. Par le ciel, la terre, d’un côté ou l’autre de la zone de combat, en infiltration ou de façon bourrine, c’est à vous de choisir et chaque méthode aura ses avantages. Ainsi, recommencer certaines missions plusieurs fois du fait de leur difficulté ne posera pas forcément de problème tant les approches sont diverses et différentes les unes des autres. Choisissez juste celle qui vous semble la plus judicieuse, et fort à parier que vous parviendrez à vous frayer un chemin jusqu’à votre objectif et entre les ennemis qui se dresseront sur votre chemin. Vous l’aurez sans doute compris, pas question d’une moindre linéarité dans Ghost Recon Wildlands.
C’est d’autant plus appréciable que Wildlands, comme quelques jeux Ubisoft ces derniers temps et comme dans le dernier épisode de la série, Ghost Recon: Future Soldier, invite les joueurs à parcourir l’intégralité du jeu à plusieurs, en coopération. De quoi clairement renouveler la façon d’aborder les stratégies, et d’offrir une immersion démesurée, sans compter sur un fun pas moins présent. D’autant plus que les capacités de vos personnages, leurs gadgets et le large panel d’armes, vous aideront assurément à dresser des stratégies où chaque joueur de l’équipe n’aura aucun mal à trouver sa place. Parlant des gadgets, sachez que vous pouvez profiter d’un drone et de jumelles qui vous permettront de marquer vos ennemis pour mieux les repérer et pouvoir ensuite profiter du tir synchronisé (avec l’IA) pour en éliminer plusieurs d’un coup. On ressent ainsi l’essence même de la stratégie que pouvait offrir en tout cas le précédent épisode de la série, bien appréciable.
Seul problème à ce gameplay et ce level design bien travaillés, la répétitivité. Si on peut rarement y échapper dans ce genre de jeux, la particularité dans Ghost Recon Wildlands est qu’elle se fait ressentir bien davantage au début du jeu quand il faut encore prendre ses marques sur le titre plutôt que dans les heures de jeu suivantes, où c’est davantage le fun qui prendra sa place pour masquer la répétitivité. Mais ne nous mentons pas, la répétitivité est quelque chose de toujours bel et bien présent du début à la fin du jeu, surtout si vous y jouez tout seul. Mais si vous accrochez vraiment au principe, au gameplay et que vous prenez un certain plaisir à explorer le jeu, il y a des chances que celle-ci ne vous pose pas de grandes frustrations.
Une répétitivité certaine mais une longue durée de vie
Et si la répétitivité ne vous dérange pas, il y a fort à parier que vous passerez de nombreuses heures à vous divertir sur ce Ghost Recon, car la durée de vie est conséquente. Comme nous vous le disions plus tôt, le jeu est divisé en secteurs. Et plus précisément en pas moins de 21 secteurs où il est question dans chacun d’entre eux d’éliminer un membre du cartel que vous devez éradiquer. Sachant que chaque secteur vous demandera au moins quatre heures de jeu pour réaliser quelques-unes des missions secondaires mais surtout les missions principales, faites le calcul et vous obtenez environ au moins 90 heures de jeu, sans compter sur certains objectifs secondaires que vous n’auriez pas réalisés, ou encore la possibilité fort intéressante de refaire le jeu à plusieurs et profiter d’une immersion bien différente de lorsque vous y jouez seul.
Mais comme nous le disions, il ne faudra vraiment pas être dérangé par la répétitivité qui pourrait clairement se faire ressentir au bout de plusieurs dizaines d’heures de jeu, d’autant plus que le scénario du jeu, sans être inintéressant car apportant un certain fil conducteur à l’aventure et quelques cinématiques intéressantes, ne suffit pas à dynamiser à lui seul l’aventure.
Wildlands, digne suite de la série Ghost Recon ?
Un downgrade graphique, des bugs à foison, des problèmes d’intelligence artificielle, une répétitivité parfois un peu trop présente, un scénario qui peut sembler inintéressant au premier abord, Ghost Recon Wildlands semble être le parfait stéréotype du jeu qu’on attendait un peu trop. Pourtant, il n’est rien. Offrant un gameplay fun au possible, la possibilité de s’amuser à plusieurs sur un terrain de jeu à la fois varié et admirablement grand, cet épisode s’offre en plus la particularité de respecter l’esprit de ses aînés, en nous amenant dans un combat sans relâche où la stratégie, l’infiltration et la réflexion sont de mise pour s’en sortir face aux nombreux ennemis.
Entre des défauts qui auront tendance à irriter certains joueurs et des problèmes qui ne devraient plus exister en 2017, Ghost Recon Wildlands parvient tout de même à tirer son épingle du jeu et nous offrir le meilleur de lui-même. Une fois la partie terminée, on a déjà envie d’y rejouer. N’est-ce pas là le signe d’un bon jeu vidéo ?
Verdict : 15 / 20