En dehors des Forza, de l’unique Gears of War et Halo de cette génération, Microsoft n’arrive pas à alimenter sa Xbox One de titres exclusifs aussi séduisants que sur Xbox et Xbox 360. Annoncé officiellement à l’E3 2014, Crackdown 3 a ensuite été reporté plusieurs fois, changeant même de développeurs pour être confié à Sumo Digital en renfort à Ruffian Games et Reagent Games. Presque cinq ans après sa première sortie publique, Crackdown 3 est finalement disponible sur Xbox One et Windows 10, non sans avoir renié une belle partie de son cocktail de base. Une performance en 4K à retenir pour Sumo Digital ? Verdict dans notre test de Crackdown 3 réalisé sur Xbox One X, via une clé offerte par Microsoft France.
Crackdown 3 V-3.0
Si vous vous étiez arrêté à la V1.0 de Crackdown 3 qui faisait une belle démonstration de la puissance du Cloud Computing Azure de chez Microsoft, une petite mise à niveau nous semble nécessaire. Alors que le titre était conçu pour se disloquer en milliers de morceaux avec une destruction des environnements qui faisait sa force, Sumo Digital a du composer avec une réorganisation des volontés de Microsoft qui a peu à peu abandonné tout ce qui faisait de la Xbox One une console résolument différente de sa concurrente principale.
Cette version 2019 de Crackdown 3, qui devait initialement faire sa sortie en 2016, opte donc pour une formule ultra classique « à la Saints Row », soit une aventure solo en monde ouvert dans une ville occupée par de multiples menaces ennemies, après une sorte d’apocalypse technologique. Avec un pan multijoueur devenu anecdotique, Crackdown 3 a du se réinventer en la version que nous avons actuellement dans les mains, et qui aurait du accompagner la sortie de la Xbox One X pour montrer sa capacité à gérer la 4K native.
Le ridicule ne tue pas
Terry Crews, acteur que nous avons adoré dans plusieurs des films dans lequel il tient un rôle, dont le cultissime F.B.I: Fausses Blondes Infiltrées, est toujours présent pour « vendre » du Crackdown 3. Dès la séquence d’introduction, on découvre alors l’acteur dans une scène cinématique qui donne malheureusement le ton du jeu : un humour lourd, un acting potache, stéréotypé, pour une séquence d’ouverture déjà malaisante. Là où Saints Row arrive à détourner des scènes cultes en les parodiant, Crackdown 3 n’arrive pas à en faire quelque chose de concret. Le scénario n’est ni drôle, ni dramatique, ni sérieux. Il est tout simplement un prétexte à envoyer le joueur dans une ville, New Providence, ravagée par plusieurs ennemis.
Au fil des missions, vous aurez de temps en temps droit à des scènes cinématiques en 2D sans prétention, comme si l’éditeur qui était derrière Crackdown 3 était un indépendant limité financièrement. En choisissant l’un des nombreux agents (ce qui ne changera rien au gameplay, ni à l’histoire), vous devrez alors nettoyer New Providence pour libérer la ville de ses multiples menaces organisées en factions.
Un gameplay qui défoule, mais pas longtemps
Les premières minutes de prise en main de Crackdown 3 sont plutôt déroutantes. Le héros semble en effet glisser sur le sol, et l’auto-lock est assez particulier à appréhender de prime abord. Au bout d’une heure de jeu, on arrive heureusement à faire ce qu’on veut de notre personnage, et on se prend à flinguer à tout va, dans tous les sens, pour un gameplay qui sera clairement le point le plus réussi du jeu. Le moins raté, dirions-nous si nous étions mauvaise langue.
L’arsenal d’armes est en effet archi complet, et comporte tout ce qu’il faut pour éliminer les menaces humaines et robotiques de New Providence. Pistolets, fusils à pompe, mitraillettes, lance-patates, grenades explosives, incendiaires et d’autres ustensiles à pétarades sont classiques, mais efficaces.
Avec une composante plate-forme finalement assez présente, Crackdown 3 joue l’action et l’adresse en proposant aux joueurs de spécialiser leurs agents dans diverses aptitudes. Lorsque vous conduisez un véhicule, tuez des ennemis ou sautez de bâtiments en plate-formes, vous récupérerez en effet des orbes qui feront monter des jauges. Lorsqu’un niveau est dépassé, vous obtiendrez alors de nouvelles aptitudes comme par exemple le point ravageur qui vous permettra de sauter et de cogner plusieurs ennemis en même temps. De nouvelles options de gameplay s’ajoutent alors régulièrement à votre panel d’actions possibles, mais la lassitude finira quand même par s’installer beaucoup trop vite dans ce titre qui peine vraiment à passionner le joueur.
Crackbore 3
Outre la physionomie de New Providence que nous détaillerons dans le chapitre suivant de notre test, Crackdown 3 souffre d’un syndrôme absolument rédhibitoire pour un jeu vidéo : un non-intérêt constant malgré quelques bons moments. La faute à un level design passable, souvent mauvais. Enchaîner les missions peut être un bon point pour un jeu vidéo d’action en monde ouvert, mais la formule proposée par Crackdown 3 va jusqu’à l’overdose. Sans fond de jeu propre, Sumo Digital et les autres studios ayant touché de près ou de loin à cette production exclusive Microsoft se sont contentés de placer des points d’action chauds absolument partout sur la map, en ne renouvellant pas les objectifs à faire pour les mêmes catégories de missions.
En l’espace de quelques heures de jeu seulement, le joueur aura alors quasiment tout vu de Crackdown 3, pour des surprises qui disparaissent alors trop rapidement de l’horizon. La ville n’a pas été suffisamment travaillée pour permettre de renouveller les plaisirs d’un joueur qui se lassera beaucoup trop vite.
On notera également une architecture vraiment mauvaise de New Providence qui fait soit trop dans l’escalade, soit trop dans les rues trop étroites pour bien circuler en véhicules. Ou trop grandes pour empêcher de se déplacer de toits en toits. Sunset Overdrive rigole de cette rigidité. Pour faire simple, on a l’impression de se retrouver en face d’un jeu Xbox 360 de 2008 / 2009 à qui l’on aurait simplement ajouté une belle résolution native en 4K sur Xbox One X. Un remastered inédit, en somme. Et ce n’est pas le mode multijoueur qui changera grand chose à la donne, tant celui-ci est convenu au possible, et rachitique en termes de contenu (3 maps, 2 modes de jeu…).
Une vitrine fêlée pour la Xbox One X
Faire de la 4K native est une belle chose pour une console. Mais le gros problème de Crackdown 3 est qu’il est incapable de charmer le joueur avec une direction artistique que l’on peut qualifier de complètement ratée. Techniquement en retard, le moteur de jeu propose des textures assez basiques, des animations datées et des effets graphiques soit absents, soit obsolètes eux aussi. En termes de comparaison, même si les deux titres n’ont rien à voir outre leur date de sortie, nous nous sommes lancés dans l’aventure Crackdown 3 juste après avoir bouclé la tuerie graphique Metro Exodus. Certes, tout le monde ne peut pas se targuer de faire des compositions visuelles aussi dingues que 4A Games, mais de la part d’une exclusivité console, nous avons pris une très grosse douche froide.
Côté ambiance sonore, la qualité n’est pas non plus au rendez-vous, avec des doublages en français clichés, surjoués pour la plupart, et des phrases en anglais qui traînent çà et là. Les musiques ne sortent pas non plus du lot, en étant elles aussi répétitives. Un manque de style qui se retrouve partout.
Cinq longues années pour ça ?
Vide de vie et de bon goût, New Providence est morne, fadasse. Une pseudo-ville « néon » qui ne séduit pas, qui se renouvelle mal, et qui ne propose rien de très attachant. Même Agents of Mayhem proposait un cachet graphique plus attrayant, c’est dire.
Outre son gameplay, Crackdown 3 n’a rien de séduisant, de cohérent, pour une performance graphique globale finalement à des années lumière de ce qu’il aurait du être. La série n’a jamais brillé par son univers, mais Sumo Digital accouche ici du plus mauvais volet des trois opus. Lassant trop rapidement, Crackdown 3 ne mérite pas de figurer dans votre ludothèque, et ne devrait être approché que si vous possédez un Xbox Game Pass, histoire de ne pas prendre de risque financier inconsidéré. Une belle déception que cette nouvelle exclusivité Microsoft qui réussit à faire bien pire que Sea of Thieves et State of Decay 2. Quant à cette licence, il serait peut-être temps de la ranger dans une boite cadenacée, et de perdre la clé.
Verdict : 7 / 20