Test de Bloodborne

Annoncé lors de l’E3 2013, Sony avouait fièrement avoir décroché Bloodborne, un jeu exclusif pour le catalogue de la PS4 en collaboration avec le studio From Software, très considéré dans le milieu grâce à la série des Souls. Hidetaka Miyazaki revient aux commandes, laissant sa place pour Dark Souls 2, qui, sans être moins bon foncièrement, donnait l’impression d’un manque de quelque chose, d’une composante unique qui faisait le charme et l’attrait de Dark Souls. En changeant complétement d’univers, d’ambiance mais aussi de gameplay d’une certaine manière, Miyazaki prouve aussi qu’une fois qu’il est derrière un projet From Software, le résultat est au rendez-vous. Bloodborne est-il aussi épique qu’un Dark Souls en son temps ? Sa difficulté est-elle encore au rendez-vous avec un parti pris plus action, en apparence ? On répond bien évidemment par l’affirmative, puisque Bloodborne est déjà un titre incontournable de la PS4.

Plus c’est répugnant, plus c’est classe 

Changement d’époque, changement d’ambiance, From Software change une formule qui l’a fait connaître dans le milieu, quitte à naviguer dans l’inconnu. Dans les faits, et d’une part, visuellement parlant, Bloodborne possède une identité esthétique hors du commun. On touche à ce qu’il fait de plus noir dans le jeu vidéo, avec une idéologie de la mort et du monde des vivants vivement prononcée, un jeu de couleur macabre, un bestiaire immonde et une direction artistique aussi glauque que cradingue. Bloodborne vous enterre au fin fond de Yarhnam, une cité plongée dans l’obscurité d’une nuit sans véritable lendemain, où les monstres sont de sorties pendant toute la soirée avec des habitants qui se cachent dans leurs bâtisses. Cette direction artistique montre tout le talent des équipes créatives de From Software, car au delà des dessins reproduits à l’identique, Yarhnham possède certains atouts vraiment impressionnants.

Ces bâtisses sont tellement captivantes qu’on se demande si le jeu n’est clairement pas une lettre d’amour à l’art gothique en général, et la météo qui change à souhait et qui changera aussi quelques éléments sur vos ennemis impressionne, tout comme la profondeur de champ assez stupéfiante (sauf l’alliasing, messieurs) du jeu. Petit hic cependant sur le plan du framerate, car même si ce dernier se révèle assez souvent plutôt inconstant, certains passages du jeu sont plus handicapants à cause de ce défaut. Evidemment, tout est relatif au vu du monde proposé, mais il serait tout de même faux de dire que Bloodborne est techniquement irréprochable.

En découle surtout son plus gros défaut, et il en sera crié sous tous les toits, ses temps de chargement juste frustrants au possible. On parle d’entre 30 à 45 secondes d’attente par chargement, sans compter les quelques passages du jeu où vous allez faire des allers-retours hub central et zone de combat, car c’est comme si vous régliez deux fois l’addition. Pour en finir sur les petits défauts techniques de Bloodborne, et revenir à une dimension artistique bien plus élogieuse, vous vous aperceverez que votre personnage, déjà vêtu d’équipements peu commodes, verra son équipement se peindre du sang des ennemis, car oui, le sang éclabousse sur vous. Quand on vous dit que l’ambiance est au rendez-vous… Le plus gros point fort, et c’est ce qui le différencie des autres, est que son environnement est aussi crédible que captivant. Il y a eu une vie à Yarnham, on le sent. On ressent le côté cruel de chaque instant, d’un monde de torture sanguinaire qu’on a du mal à oublier après une aventure aussi éprouvante. Avec des panoramas somptueux de mélancolie, un soleil rouge sang, des litres de sang versés, une brume épaisse et constante sont quelques éléments qui ne vous feront pas oublier Yarnham d’aussi tôt.

Et comment ne pas parler de bande son quand on voit déjà le travail visuel sur BloodBorne ? En termes d’ambiance, les bruitages et les compositions sont en général sont vraiment un cran au dessus de la moyenne actuelle, avec d’un côté les bruitages du bestiaire, terrifiants à tel point que l’on se demande ce qui nous arrive quand on les entend, provoquant des moment de stress sans raison, et d’un autre côté, une bande son qui se réveille lors des combats de boss avec des musiques et des thèmes vraiment épiques. C’est du haut niveau, car en plus d’être doublé intégralement en français, il comble la performance visuelle par une puissance auditive exemplaire. Un petit bémol est toutefois à mettre sur le manque de sonorités lors des combats « classiques », ceux contre des ennemis plus fréquents, où la bande son est plutôt inexistante.

Parlons un peu du bestiaire, qui est en réalité, est tout aussi répugnant que la ville dans laquelle vous vous trouvez. Les loups garous enragés, les sortes de trolls avec des grosses massues, les corbeaux aux yeux rouges, les fantômes et on en passe, sont quelques types d’ennemis que vous pourrez trouver dans Bloodborne. Au delà d’un design particulièrement stressant et flippant quand ils sautent sur vous, les bruitages en complément sont aussi de qualité, avec des cris et des bruits de frappes particulièrement flippants. Bloodborne est encore plus travaillé qu’un Souls, plus flippant aussi, et possède un bestiaire qui retranscrit à merveille une direction artistique déjà de grande qualité.

Morts sur ton chemin, gamins oubliés, effacés…

Bien que la direction artistique ait grandement évolué, la base du jeu reste sur beaucoup de points identiques aux anciens titres, à savoir les Dark Souls. Premièrement, et c’est la plus grosse différence dans ce Bloodborne, l’aspect stratégique en combat. On quitte le mode défensif, et on adopte l’offensive. Pour vous y forcer, les développeurs ont donc accéléré la cadence, avec un rythme de jeu bien plus élévé qu’à l’accoutumée dans la série des Souls, laissant place à une bonne partie d’action à défourailler du bestio. Toutefois, il serait trop simple de rapprocher Bloodborne d’un beat’em all comme certains pourraient l’imaginer.

Les mécaniques et les ruses en combat restent les mêmes, on apprend le pattern des ennemis, on essaye d’esquiver les attaques à base de roulade et de pas chassés sur les côtés pour ainsi être en position de force. De ce fait, le timing s’amoindrit encore, mais vous tapez aussi plus fort. Vous aurez donc l’opportunité de tuer en seul un coup d’épée votre ennemi, comme vous pourrez aussi bien vous prendre une escouade de 5 morts vivants dans la tronche sans que vous ne puissiez faire quoi que ce soit. De plus, un système d’état de choc a été mis en place, possible lorsque vous arrivez à donner un coup de feu sur votre ennemi entre le moment où il arme sa frappe et le moment où il vous touche, provoquant donc quelques sessions d’entrainement avant de gérer du mieux possible ce nouveau système, bien évidemment modifié lorsqu’on change d’ennemi sur le plan du timing.

  

Les combats de Bloodborne restent toujours aussi impitoyables, sans parler des boss où il n’existe aucune marge de manoeuvre, tant l’erreur de timing se paye cash pour un retour illico-presto au checkpoint. Ne vous méprenez donc pas, on est très loin d’un jeu facile à apprivoiser et les néophytes du genre devront bien évidemment passer par la case « Die and Retry » plusieurs dizaines de fois avant de passer à l’étape supérieure. Pour les joueurs plus chevronnés connaissant parfaitement l’univers de From Software et notamment les Dark Souls, une mise en marche sera également obligatoire puisque le système de combat et la technicité qu’il y a autour n’est plus la même. On enlève la lourdeur de Dark Souls et on lui rajoute une bonne dose de stimulant, ce qui sera un peu déroutant au début tant les réflexes sont à refaire.

De plus, la gestion de la garde a changé, puisque avec une deuxième arme à la main, ce n’est plus un bouclier qu’il faudra manier ! De même, le système d’armure a également disparu, et donc, l’agilité de votre personnage n’est plus à prendre en compte (sauf bien évidemment la compétence endurance), ce qui représente un sacré plus dans la gestion du personnage, et évite aussi quelques prises de têtes sur des réflexions. De toutes façons la seule manière d’apprendre dans le jeu est de mourir, encore et encore.

Vient là, non ici, non là, ou non par là en fait… 

Que serait un jeu From Software sans son level design de référence ? Bloodborne ne déroge pas à la règle, proposant une conception de Yarnham vraiment excellente, et parfaitement logique avec le gameplay du jeu. On sera donc constamment oppressé dans cette cité, où les allers-retours sont bien évidemment présents et fréquents, avec énormément d’embranchements possibles où vous finirez tôt ou tard par perdre la tête, et surtout la vie ! Fort heureusement, et avec beaucoup de subtilités, des raccourcis sont toujours présents et représentent en réalité le fil rouge principal de votre progression. A moins d’être un acharné sans vie des productions From Software, il sera impossible de faire un niveau sans mourir au moins une fois pendant l’exploration, et une fois pendant le combat du boss en question. De ce fait, pour éviter les allers-retours incessants (mais parfois obligatoires), des raccourcis sont présents pour vous éviter de faire les détour que vous aviez fait pendant votre première exploration. On quitte ici les feux de camps pour des lanternes, qui serviront de checkpoints et surtout de transporteurs pour vous rendre vers le hub central, appelé le repos du chasseur, fait pour booster votre matos et votre personnage.

Parlons en brièvement de ce hub central, car c’est là-bas que vous pourrez modifier à votre guise les armes de votre personnages et les améliorer grâce à des sortes de gemmes spécifiques. C’est également là que vous pourrez augmenter les compétences de votre personnage, à savoir la force, la vitalité, l’endurance (on en reparle après), mais également acheter du consommable. Ces items peuvent aussi bien être des potions qui reprennent le rôle des fioles dans Dark Souls, des cocktails molotofs, bien utiles pour du dégât de zone et pour certains boss souvent sensibles aux attaques de feu, et bien d’autres, allant de consommables pour enflammer votre arme pendant quelques secondes à des antidotes pour vous guérir des empoisonnements. Pour acheter tous ces objets dans Bloodborne, vous devrez bien sur posséder des échos de sang, monnaie qui vous servira pour acheter de l’équipement, le modifier, le réparer, acheter des consommables et également améliorer les compétences de votre personnage. Vous voilà prévenu, autant économiser assez vite, dès les premières parties. C’est d’ailleurs une des raisons principales au farm dans Bloodborne, car cet « argent » est la clé de toutes les améliorations et du leveling.

Question compétences, on reste sur une base solide mais un peu plus simple d’accès que les anciens titres de From Software. On retrouve donc la vitalité à augmenter, pour une jauge de vie plus grande, une endurance pour le nombre de coup portés et le nombre d’esquive possibles, la force pour la frappe et les dégâts qui s’en suivent, le domaine de la compétence réservée davantage aux armes légères et sa rapidité d’action plutôt que les grosses massues, la teinte sanglante portée sur les armes à feu, et l’ésotérisme pour les problèmes annexes, comme la réaction du personnage face à des empoisonnements ou autres. Bien évidemment, certaines armes dans le jeu ne sont pas accessibles si vous ne remplissez pas certains critères et certaines conditions de level non respectées. Du coup certains choix seront à privilégier selon votre façon de jouer et selon les armes qui vous intéressent.

Les armes de Bloodborne sont malheureusement un peu moins en nombre que dans les Dark Souls notamment, mais chacune ayant son identité propre et un panel d’action plus varié, cela crée tout de même ce sentiment de pluralité dans l’inventaire. En effet, vous disposez, comme déjà évoqué, d’une arme dans chaque main, sauf qu’une simple pression du bouton L1 vous donnera une autre version de votre arme, soit plus allongée ou alors une arme bien différente, mais qui dans tous les cas, sera plus lourde que votre arme principale à la main droite. Cela vous demandera plus d’énergie et de temps d’action que votre arme de base. En contrepartie, vous allez lui infliger plus de dégâts. Une variante plutôt habile, puisqu’un simple changement rapide en une pression sur votre pad vous donne un panel d’options vraiment conséquent, et surtout modifiable à souhait selon la manière dont vous souhaitez battre un boss ou des ennemis quelconques.  Attention toutefois, cette arme optionnelle est uniquement destinée à un usage à deux mains, supprimant donc votre pistolet ou votre… (no spoil)

Durée de vie, en veux-tu, en voilà

Parlons un peu des donjons calices, véritables nouveautés de Bloodborne. Accessibles via des pierres tombales au hub central, ces donjons ont l’originalité d’être disposés de manière aléatoire. Si vous mourrez à l’intérieur et que vous souhaitez y retourner, le donjon ne bougera pas. Il existe 5 échelles de difficulté, avec les deux premiers plutôt faisables même pour les néophytes. A partir du troisième grade, on commence très sérieusement à corser les choses, à tel point que les très bons joueurs commenceront à trouver leurs limites. Pour les quatrièmes et cinquièmes niveaux, on est directement dans la veine d’un New Game +, fait pour les experts qui veulent repousser toujours plus loin leurs limites. Pour y accéder, des pierres spécifiques que vous récupérerez dans le jeu sont obligatoires. En résulte donc une usine à farm plutôt réussie, avec quelques loots qui peuvent facilement valoir le détour et vous demandez d’y replonger assez souvent.

Sur le plan du scénario, l’histoire reste un peu en retrait vis-à-vis des anciennes productions From Software, car même si le background possède une certaine recherche, l’histoire racontée ne donne pas le tournis, et on reste un peu sur notre faim une fois le générique passé. Comme d’habitude, et c’est aussi une fois de plus sa force, son histoire et la culture de Yarnham s’apprend via des écrits ou des personnages que vous allez rencontrer, ce qui demandera au joueur une certaine recherche de lui-même pour justement apprendre le contexte et le pourquoi du comment du jeu. Intéressant, puisque les plus curieux sont aussi les plus récompensés, avec un scénario qui s’expliquera au fur et à mesure. Toutefois, on note un certain retrait vis-à-vis des personnages secondaires, même si ces derniers ne sont pas nombreux de base. Leur intérêt s’estompe assez vite et on les oublie aussi vite qu’on les a rencontré. A l’image des Dark Souls, c’est une expérience à vivre plutôt qu’à suivre, et dans son concept, il le réussit plutôt bien. 

On terminera ce test par la question de la durée de vie, toutefois assez trouble puisque elle dépend vraiment de votre façon de jouer, de votre vécu sur les expériences From Software, de votre implication à tout améliorer constamment, à reluquer les derniers coins non explorés pour trouver les derniers objets, de votre temps de farm ou encore le temps que vous mettez à passer certains passages du jeu. A titre d’indication, nous avons terminé le jeu après 45h de jeu, alors que certains ont réussi en un peu moins de 40 heures, à notre conaissance. Comptez aussi le New Game +, les donjons calices, le mode Coop toujours aussi alléchant, et vous obtiendrez très vite une durée de vie énorme. Bloodborne se situe donc dans la haute moyenne du genre, grâce notamment au système de donjon aléatoire et à son New Game + toujours aussi réputé.

Alors je te plais ou pas ? 

From Software jouait à quitte ou double sur le projet Bloodborne. Il fallait, d’une part, orienter le jeu à un plus grand public dans l’attrait général du concept, tout en satisfaisant d’autre part les joueurs les plus chevronnés, ceux qui accomplissent le New Game + des Dark Souls les doigts dans le nez. C’est donc avec brio que le studio japonais arrive à mélanger les deux partis pour créer un savoureux mélange. Avec un côté action autant nerveux que punitif encore jamais vu dans un RPG de ce genre, ponctué d’une difficulté hardcore, mais faisable, qui laissera bon nombre de néophytes du genre sur le carreau à cause de votre mégarde, Bloodborne est mémorable. Ce nouveau parti pris par le titre donne un bol d’air frais pour les fans de From Software, combinant le meilleur de leurs acquis et l’ingéniosité de la nouveauté tant espérée. Résumer Bloodborne à ces quelques lignes serait un crime, tant il y aurait encore à raconter. Mais comment ne pas rester admiratif face au travail de From Software qui signe une exclusivité indispensable pour la PS4 ? Car, lorsque il est question de revenir constamment sur le jeu malgré une frustration constante, c’est signe que cette magie tant recherchée refait effet. On appelle ça un incontournable !

Verdict : 18 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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