PS4 Pro et Xbox Scorpio confirment l'abandon des générations des consoles de jeux vidéo ?

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

Le futur se dessinait tout doucement lorsque Sony commençait à aborder sa PS4 Pro. Il se confirme aujourd'hui avec le reveal de la Xbox Scorpio : les constructeurs de consoles de jeux vidéo ne souhaitent plus repartir de zéro en sortant une nouvelle génération de machine, et tablent sur des écosystèmes évolutifs qui permettent à tous les possesseurs de Xbox One et PS4 première génération de jouer longtemps, avec une possibilité d'acheter une version plus puissante pour profiter notamment de graphismes en 4K. Une philosophie durable qui risque de se renouveler dans le futur ? Dans cet article, nous vous proposons d'y voir plus clair dans les plans des deux constructeurs que sont Sony et Microsoft, et d'essayer de voir les limites d'une telle pratique et ce qu'elle apporte de bien et de mal aux consommateurs : les joueurs.

PS4 Pro et Xbox Scorpio - Du neuf avec du vieux

Que l'on parle de la PS4 Pro ou de la Xbox Scorpio, la stratégie est la même pour Microsoft et Sony : gagner en puissance brute avec des composants qui ne coûtent pas très chers, et surtout issus de la même gamme pour assurer une compatibilité parfaite des jeux sur toutes les versions de la console. Si nous développerons ce point dans le paragraphe suivant, on remarquera en effet que les consoles utilisent encore et toujours le même processeur d'AMD, le Jaguar, en l'ayant customisé un peu pour la PS4 Pro et la Xbox One. Un petit overclocking qui accompagne donc mieux le gain de puissance qui passe surtout par une puce graphique plus véloce.

Chez Sony, la PS4 Pro se contente en effet de doubler la puce graphique avec là aussi un petit overclock, tandis que Microsoft a préféré prendre un GPU plus performant en revoyant aussi l'architecture de la Xbox Scorpio qui peut alors exprimer sa puissance sans être freinée par l'ESRAM qui rendait la vie dure des développeurs multisupports. En résulte des machines significativement plus puissante, tout en réduisant le coût de fabrication et donc le prix de vente, puisque utilisant des composants d'AMD bien amortis. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle nous sommes quelques peu déçus des choix de Sony et Microsoft qui auraient pu utiliser les dernières technologies d'AMD, même si le prix de vente en aurait forcément pâti.

Malgré tout, que l'on parle de la Xbox Scorpio ou de la PS4 Pro, la magie de l'optimisation console permet à ces "vieux" composants d'assurer un spectacle qui n'a rien d'un rabais. S'il faudra attendre de voir les jeux tourner sur Scorpio, on voit déjà que les plus beaux titres tournent à merveille sur PS4 Pro, avec une technologie d'upscale appelée Checkerboard Rendering qui fait des miracles quand on sait ce qui se trouve à l'intérieur de la machine. Une chose impossible à faire sur un PC à moins de 1000€, et c'est là où la Xbox Scorpio devrait d'ailleurs s'en tirer encore mieux avec sa puissance supérieure. Nous ne parions pas sur de la 4K native à 60 images par seconde sur tous les jeux hors exclusivités, mais le résultat à l'écran devrait être encore plus impressionnants encore que sur PS4 Pro.

Des nouvelles versions rétrocompatibles tous les 3 ou 4 ans ?

Si la Xbox One a assez rapidement cédé aux sirènes des joueurs en déployant une rétrocompatibilité complexe à mettre en place, ni la PS4, ni la PS4 Pro ne permet la lecture de jeux PSone, PS2 et PS3 autrement qu'en passant par des versions payantes sur le PlayStation Store, ou par le PlayStation Now, service de cloud gaming de Sony. Avec la nouvelle stratégie de Microsoft et Sony, une tendance se confirme : les constructeurs ne souhaitent plus (ou pas encore) passer à une nouvelle génération de console en faisant table rase de la précédente. Nous vivons une époque extraordinaire en termes de productions, mais les coûts de développement d'un jeu vidéo étant de plus en plus faramineux (en partie à cause des budgets marketing qui dépassent parfois les frais de création), Sony et Microsoft ont tout intérêt à élargir autant que possible leur parc de consoles pour attirer les éditeurs et les inciter à investir des millions.

Pour la première fois de l'histoire, Sony et Microsoft ont donc imaginé une console plus puissante, sans priver les possesseurs de PS4 et de Xbox One de continuer à utiliser leurs consoles qui font tourner les mêmes titres. Nintendo s'y était cassé les dents avec sa New Nintendo 3DS qui n'aura vu que Xenoblade Chronicles exploiter le surplus de puissance de la machine, mais il faut également dire que le gain de chevaux était minime, et le parc de 3DS installé déjà trop conséquent pour vraiment être viable.

Les avantages pour les joueurs sont nombreux, pour les constructeurs aussi

Cette mi-génération a été assez mal vue dans un premier temps par les joueurs qui reprochaient à Sony et Microsoft de ne pas avoir respecté leurs engagements de départ en sortant "déjà" une nouvelle PS4 et Xbox One, mais au final, nous sommes selon nous gagnants sur toute la ligne. Pour le moment, nous ne voyons en effet pas de versions PS4 mal finies comparé à ce qu'elles sont sur PS4 Pro (c'est même plutôt l'inverse pour le moment), et les développeurs semblent vraiment bien s'en sortir avec les deux versions de la console de Sony. Il n'y a pas de raison pour qu'il en soit autrement avec la Xbox Scorpio qui s'appuie sur la même technique que la PS4 Pro, avec des ressources toutefois allouées autrement.

Vous n'avez pas envie de passer à la PS4 Pro ou à la Xbox Scorpio ? Que nous ne changiez pas de machine pour x ou y raison (pas de budget, pas d'écran 4K etc.), vous aurez l'assurance de pouvoir continuer à jouer sur votre Xbox One ou sur votre PS4 classique pendant encore au moins 4 ou 5 ans. Nous rappelons qu'à part la génération Xbox 360 / PS3, une "gen" n'excédait que très rarement les 6 ans de vie grandement active. Le gain est donc significatif, et cette nouvelle stratégie est donc plutôt à l'avantage des joueurs qui ont le choix d'investir ou non dans une console plus puissante, et ça, c'est aussi nouveau qu'agréable.

Pour Sony et Microsoft, cette tactique est également tout bénéf', puisqu'au lieu de repartir avec une base de joueur nulle lors de la sortie d'une nouvelle console, ils peuvent maintenant étirer le parc de consoles pour séduire éditeurs et développeurs. L'exploitation de composants déjà bien amortis et optimisés est également un axe confortable pour eux, en permettant une puissance supplémentaire sans passer par des coûts de recherche et développement gigantesques. Mangerons-nous de la PS4 et de la Xbox One à toutes les sauces pendant encore des décennies avec des versions Pro / Plus / Ultra à tout bout de champ ? Une limite arrivera forcément, reste à savoir quand... et sous quelle forme ! Le cloud gaming s'imposant de plus en plus, sans toutefois encore être une menace pour les consoles de jeux vidéo, on pourrait imaginer une reconversion de Microsoft et Sony dans ce secteur de manière totale, ce qui prouverait que les PS4 et Xbox seraient bien les dernières consoles de jeux vidéo comme nous les connaissions déjà. 

Mais cette option nous paraît vraiment trop prématurée, et nous ne disons pas cela parce que nous n'avons pas envie de voir les consoles disparaîtrent, mais parce que l'infrastructure réseau et l'équipement en internet dans le monde est encore grandement fragile pour assurer des expériences aussi stables chez tous les joueurs. Et vu l'engouement des consommateurs partout dans le monde lorsqu'une nouvelle console fait sa sortie, nous pensons également que le public n'est pas prêt à changer ses habitudes de consommation. En revanche, si Sony souhaitait continuer sur la même lancée avec une PS5 / PS4 Pro Plus Ultra, il faudrait alors passer par une technologie nouvelle qui poserait de gros problèmes de compatibilité avec les premières PS4. Sauf émulation matérielle ou logicielle (très gourmande en ressource), et donc surcoût, nous pensons qu'il faudra obligatoirement repasser par la case départ pour les prochaines vraies générations de Xbox et PlayStation.

PS4 Pro et Xbox Scorpio bridées par leurs géniteurs ?

Si les PS4 Pro et Xbox Scorpio ne brident pas les jeux sur PS4 classique et Xbox One, l'inverse est pour le moment vrai. Aucun développeur n'a en effet encore vraiment exploité toute la puissance de la PS4 Pro, ni même Guerrilla Games qui déclarait il y a quelque temps que Horizon: Zero Dawn n'exploitait qu'une petite partie de sa puissance. En dehors de l'upscale en 4K, peu de titres permettent en effet d'avoir de plus beaux effets graphiques, tandis que le mode 1080p se contente souvent du minimum : supersampling pour des jeux sans aliasing et quelques options visuelles un peu plus véloces (le cas Rise of the Tomb Raider est le plus probant avec Titanfall 2).

Les améliorations graphiques viendront peut-être, mais la tendance confirme peu à peu que les consoles plus puissantes se limitent à la 4K sans trop tenir compte des écrans 1080p pourtant encore largement majoritaires dans les foyers des joueurs. Ce constat confirme donc que les PS4 Pro et Xbox Scorpio sont bridées à la fois par la technologie 4K qui vampirise l'utilisation de leur puissance, mais aussi par l'existence des consoles de première génération qui restent encore les "lead platforms" chez les développeurs.

On comprendra aisément pour l'instant que les éditeurs et développeurs ne souhaitent pas injecter beaucoup plus de temps dans l'optimisation PS4 Pro (et sans doute Xbox Scorpio dès fin 2017) pour le moment, la majorité étant encore sur PS4 et Xbox One classiques. Mais dans une logique de puissance telle que nous la connaissions avant, acheter une console plus véloce devrait nous permettre de voir des différences sans passer par la case comparatif vidéo de chez Digital Foundry. Laissons tout de même le temps à cette nouvelle vague de machine de s'exprimer autrement que par la très à la mode 4K (et futur standard), mais avec des cycles de vie qui risquent de ne plus dépasser les 3 / 4 ans, le temps presse également pas mal.

Et Nintendo, dans tout ça ?

Très à part depuis qu'il a arrêté la course à la puissance dans ses consoles, Nintendo pratique déjà un peu le système de Microsoft et Sony. On se souviendra en effet que la Wii était proche d'une Game Cube, et que la Wii U n'était qu'une Wii grandement boostée. Avec sa Switch, les choses sont cependant différentes, Nintendo s'étant rapproché de Nvidia en implantant le Tegra X1. Là encore, une similitude transperce l'écran : Nintendo a préféré faire le choix d'une vieille puce plutôt que d'attendre la sortie du Tegra X2, uniquement réservé au marché automobile pour le moment. Un choix vraiment fait sous l'indisponibilité de cette nouvelle puce surpuissante de Nvidia ? Nous pensons surtout qu'en ayant fait le choix du X1, Nintendo s'est laissé le temps de voir si le concept de la Switch plaisait aux joueurs, tout en maîtrisant les coûts de production des Joy-Con qui font gonfler la facture.

En tablant sur le X1, Nintendo se laisse également le choix de passer à une Switch Pro dans quelque temps en utilisant un X2 qui ne ruinerait ni la compatibilité entre les deux versions de la console, ni les plans des développeurs qui pourraient continuer à développer sous le même environnement. Un double gain qui pourrait donc nous amener d'ici 1 ou 2 ans à une Nintendo Switch plus puissante, si le constructeur décide d'imiter là aussi Sony et Microsoft.

Ce qu'on pense de cette nouvelle ère du gaming

Quand les premères rumeurs de consoles de mi-génération ont commencé à sortir, nous étions sceptiques tout autant que vous, en nous imaginant devoir repartir de zéro tous les 3 ou 4 ans. Finalement, depuis la sortie de la PS4 Pro, nous nous aperçevons que les choses ne sont pas révolutionnaires pour le moment, surtout si vous n'avez pas de télé 4K. Les jeux sont certes plus fins, parfois plus fluides aussi, mais rester sur PS4 classique n'a rien d'une punition à l'heure actuelle. Nous apprécions en tout cas que les constructeurs laissent le choix aux joueurs de succomber à la tentation ou non avec des consoles plus puissantes, et aimons vraiment l'orientation que prennent les constructeurs en laissant les joueurs choisir ce qu'ils préfèrent. Jouer longtemps à des jeux sur une même machine est en tout cas un luxe qui nous est offert, même si des compromis sont encore à régler, comme la véritable exploitation du surplus de puissance. 

La Xbox Scorpio prenant visiblement le même chemin que la PS4 Pro, il ne faudrait donc pas s'attendre à une révolution graphique, sauf si les développeurs décident de passer la seconde. Dans tous les cas, le terme "nouvelle génération" pour les consoles de jeux vidéo semble toucher à sa fin, ou tout du moins se voir élargi de plusieurs années. Une évolution en douceur de notre média favori qui a donc plus de points forts que de points faibles selon nous, et qui n'a pas fini de nous faire rêver !

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