Test Preview de Dishonored 2 - Dans les pas de son grand frère

Avatar de Thomas
, par Thomas

Annoncé en grandes pompes lors de l’E3 2015, Dishonored 2 s’est depuis montré peu avare en screenshots et trailers de toutes sortes. Peu de joueurs ont pu en revanche poser les mains sur le nouveau-né d’Arkane Studios. Ce fait accompli peut désormais être rayé de la liste puisque nous avons pu tester pendant 2 heures Dishonored 2 dans les locaux de Bethesda à Paris.

Tout est chaos, à côté

Les amateurs de Dishonored premier du nom ont laissé Dunwall dans un chaos relatif : l’honneur du héros muet Corvo Attano enfin lavé de toutes culpabilités, lui qui avait été accusé du meurtre de l’impératrice, la petite ville de Dunwall souillée par la peste pouvait enfin voir venir des jours plus heureux avec la digne héritière du trône : Emily Kaldwin. Ce petit exploit ne s’est pas fait sans mal, le décompte morbide des victimes collatérales illustrant bien le fameux proverbe déclaré : "on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs."

Bien sûr, cet adage ne fonctionne que si vous avez mué Corvo en bête primale assoiffée de sang. Non pas qu’il n’y ait une quelconque once de mal à cela, mais en faisant du bourrin, on en arrive forcément à passer à côté de certaines choses. C’est bien là que reposait la particularité, et le génie, de Dishonored. A bien des égards à contrecourant de ce que les FPS faisaient alors à l’époque, Arkane Studios avait pris la décision de ne jamais juger le joueur, de le laisser maître de sa propre approche, tout en lui donnant les outils pour réussir dans l’alternative qu’il aurait choisie.  Si vous étiez du genre à tirer d’abord et poser des questions après, le large bestiaire d’armes de poing et de fusils vous procurait une satisfaction entière et complète. À l’inverse, vous aviez aussi tout à fait la possibilité de vous la jouer sournois et dans ce cas, les pouvoirs magiques de Corvo ainsi que leurs améliorations vous économisaient bien des rixes intenses.

Dans ce deuxième épisode de la franchise, Arkane a repris les mêmes bases scénaristiques, à cela près que l’action se déroulera maintenant à Karnaca et Dunwall. L’occasion pour le joueur de profiter de graphismes largement retouchés, sans pour autant être éblouissants de finesse. Qu’importe, vraiment, puisque pour les fans de la première heure, il est clair que le chef d’œuvre du studio lyonnais ne se basait absolument pas sur des graphismes étincelants, mais beaucoup plus sur une ambiance fascinante et un gameplay qui offre une totale liberté au joueur. Sur ce point-là, Dishonored 2 est bien parti pour réitérer l’exploit qui l’avait propulsé dans le cercle des vertueux.

Génération, déshonoré

Qui n’a jamais entendu le poncif lourdaud sorti tout droit de l’encyclopédie philosophique des phrases qu’on dit aux repas de familles dominicaux : "Les suites sont toujours ratées !". Si le monde du cinéma ne peut pas trop s’ériger en porte-à-faux contre l’idée reçue (regardez les visiteurs 2, et vous verrez), le monde du jeu vidéo semble pour l’instant échapper au lieu commun. Pire encore, il apparaitrait que des titres tels qu’Uncharted 2, Dead Space 2,  GTA San Andreas et autres aient été reçus plus positivement par la critique que leurs ainés. Serait-il donc possible que Dishonored 2 appartiennent à cette catégorie de jeu ? 2 heures de gameplay sur un niveau ne constituent malheureusement pas pour le moment une assurance tous-risques quant à la qualité générale du jeu, mais permet cependant d’avoir une idée ponctuelle du travail opéré par Arkane.

La première nouveauté, et l’une dont on a le plus parlé çà et là est l’ajout d’un second protagoniste jouable, en la personne d’Emily. La fille soupçonnée  de Corvo et héritière de l’empire va disposer d’une aventure à elle toute seule. Attention cependant, nous n’avons pas parlé d’aventure parallèle. Le joueur devra, en début de partie, choisir avec quel personnage il souhaite commencer l’histoire, et devra finir l’histoire avec ce même personnage. Impossible donc de changer de protagoniste en cours de jeu, sous peine de casser la dynamique instaurée. En revanche, une fois l’histoire terminée une première fois, le joueur aura la possibilité de rejouer avec l’autre personnage qu’il n’a pas choisi en premier. La question est de savoir si le gameplay sera suffisamment riche et différent, et le level-design assez varié  pour que le joueur se donne la peine d’arpenter les couloirs de Dunwall et de Karnaca une seconde fois. Sur ce que l’on a pu voir, et gardez bien en tête que l’on a vu qu’un seul niveau, avec un seul environnement, il nous est difficile de ne pas opiner du chef.

Alors que les pouvoirs de Corvo ont une orientation qui nous a paru beaucoup plus orientée action, Emily peut, elle, se pavaner d'avoir des pouvoirs qui laissent la part belle à la discrétion, comme celui qui la transforme en ombre qui lui permet de surgir dans le dos des ennemis exsangues. Quant au level design, il n’ a pas vraiment changé depuis le premier opus, et ce n’est vraiment pas une mauvaise chose. Nous avons discerné pas moins de 3 façons distinctes d’arriver à un point précis. Ainsi, conduits d’aération, téléportation et entrées cachées seront autant d’alternatives pour le joueur de surprendre ses adversaires. Non pas que ceux-ci demanderont aux joueurs de se creuser la tête, bien au contraire. C’est bien là le seul défaut que l’on peut reprocher à ce Dishonored 2. Les fameuses scènes cocasses ou un ennemi qui veut vous tirer dessus se retrouve à tirer dans le dos d’un de ses alliés ont été assez nombreuses durant nos deux heures d’essai. Il nous est arrivé de constater certains bugs de détection plutôt agaçants. En tout et pour tout, l’IA oscille entre le très sévère (détection parfois à travers les murs) et le très laxiste (il nous est arrivé de nous planter dans le dos d’un ennemi sans qu’il ne nous cause trop de problèmes).

Pour conclure cet aperçu, il paraît évident de dire qu’il faudra compter sur ce Dishonored 2 dans les semaines suivant sa sortie. Arkane Studios parvient à confirmer brillamment le tour de force accompli avec le premier opus, et, s’il arrive à rééquilibrer une IA un peu trop irrégulière, cette fin d’année vidéoludique pourrait bien être celle qui voit la franchise Dishonored s’imposer, encore une fois, comme l’incontournable FPS que son grand frère a été sur la génération précédente.

Notre interview de Sébastien Mitton à l'E3 2016