Harcèlement sexuel, crunch et drama des jeux vidéo - Pourquoi nous n'en parlons pas

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

Depuis quelques années, les studios de création de jeux vidéo (de toutes tailles) sont de plus en plus au coeur de drames en tout genres. Harcèlement sexuel, intimidation, harcèlement moral, abus sexuel, périodes de "crunch" trop intensives, on en passe et des meilleurs. Pourquoi vous ne voyez pas, ou très peu, ce type d'articles sur Playerone.tv ? On vous explique en plusieurs points.

Playerone.tv n'est pas un tribunal

La raison majeure de cette non-communication autour de ces thèmes est toute simple : nous ne sommes pas un tribunal. Nous refusons également de parler d'un studio qui souffre de tels problèmes, de peur que les joueurs et les joueuses généralisent des faits qui ne concernent que quelques personnes toxiques qui n'ont rien à faire dans une entreprise quelle qu'elle soit. Comme nous l'avons déjà dit à quelqu'un : "C'est dingue de voir cette société devenir toujours plus sombre, avec des cas isolés qui ruinent le super travail d'une majorité..."

Entre les affaires sombres chez Ubisoft, Quantic Dream, les phases de crunch chez Naughty Dog, Rockstar ou tout autre studios AAA, nous pensons que ce n'est pas à nous de juger en rédigeant des articles sur ces thèmes. Nous n'avons bien entendu pas peur de "remuer la merde" comme certains pourraient le penser, mais nous jugeons que ces histoires doivent avoir lieu devant un tribunal, et non sur les réseaux sociaux en commentaires de nos articles. La peur du blacklistage n'est pas donc pas la raison de cette absence d'articles sur le sujet.

Nous sommes ravis que la vérité éclate

D'un point de vue purement personnel, nous sommes en revanche ravis que les victimes de ces véritables pourritures s'expriment. Travailler dans un environnement toxique est la pire des choses qui puisse arriver dans une carrière. En plus de dénoncer les fautifs pour les mettre devant leurs tords, la dénonciation permet également aux autres personnes potentiellement amenées à approcher de près ou de loin ces individus d'être sur leur garde.

Cela permet également de bonnes purges à l'intérieur des studios de développement et des éditeurs, le harcèlement étant un cheminement souvent très peu visible tant les victimes ont honte d'en parler, de peur de représailles, et le harcèlement un processus insidieux qui gangrène par petits actes répétitifs.

Ce fléau touche malheureusement toutes les branches professionnelles. Du sport aux jeux vidéo en passant par les usines, tout le monde peut, à un moment donné de sa carrière, rencontrer des supérieurs ou des collègues d'une grande toxicité. Que les langues continuent donc à se délier est rassurant !

Le sensationnalisme n'est pas notre ADN

Qu'est-ce que cela peut bien apporter aux joueurs et aux joueuses qu'un studio ait eu à faire, un jour, à un employé toxique dans sa démarche d'acheter un jeu de ce même développeur ou éditeur ? Depuis 2009, nous n'écrivons quasiment que des articles sur les jeux, les consoles et le matériel nécessaire pour jouer. Les chiffres de ventes ne nous intéressent pas. Ceux des consoles non plus (sauf si du sens peut en être tiré). Les millions et milliards levés par les entreprises du gaming également.

Nous soutenons bien entendu toutes les victimes de ces véritables ordures du monde professionnel, et invitons chaudement toutes les personnes qui n'osent pas parler à briser la glace. Ce n'est qu'en faisant ça que nous lutterons tous et toutes pour un monde professionnel plus sain. Aller jusqu'à perdre le goût de la vie pour du travail n'est ni normal, ni acceptable.