E3 2018 - EA en ferait-il un peu trop pour se racheter du bad-buzz Star Wars Battlefront 2 ?

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

EA est désolé et s'excuse d'avoir pris les joueurs pour des vaches à lait de manière un peu trop visible. C'est un peu le discours que l'on a eu l'impression de vivre tout au long du EA Play de cet E3 2018, avec une conférence qui n'a fait que donner l'impression d'un rachat moral de l'éditeur multimillionaire américain. Lapidé sur la place publique lors de la sortie d'un Star Wars Battlefront 2 qui allait un peu plus loin encore que des dizaines de jeux vidéo AAA dans le modèle économique douteux des microtransactions et lootboxes à gogo, EA a mangé pour 10, et avait donc à coeur de prouver au monde entier qu'il n'était pas qu'une "cash machine" sans coeur.

Acte 1 - Les DLC gratuits

Dès le début de sa conférence EA Play, l'éditeur a bien insisté sur un point qui avait déjà été soulevé il y a deux semaines lors de l'annonce un peu light de Battlefield V : il n'y aura ni DLC, ni Season Pass dans le FPS de DICE. Après avoir poussé le bouchon un peu trop loin, EA ne souhaite pas ruiner les espoirs commerciaux de Battlefield 5 à la Star Wars Battlefront 2 qui s'est largement moins vendu que prévu à cause d'un modèle économique mis au grand jour par la presse et les joueurs.

Eviter la grogne, esquiver les soupçons et faire parler autour d'un buzz positif passera donc, pour Battlefield V, par l'abandon du fameux Pass Premium, le Season Pass de la série de DICE. Le titre ne proposera alors l'achat que de l'unique jeu qui se mettra à jour gratuitement. Pour ne pas diviser la communauté, et que tout le monde puisse s'amuser ensemble sans débourser un euro de plus, tel est donc l'argument marketing de EA pour vendre du BF5 en masse. Du côté des microtransactions, elles ne concerneront d'ailleurs que les skins des personnages et n'auront aucune incidence sur le gameplay de Battlefield V.

Acte 2 - Faire plaider coupable un innocent

Si nous apprécions fortement la remise en question de l'éditeur, nous avons eu de la peine pour ce pauvre Dennis Brannvall, Design Director de Star Wars Battlefront 2. Développeur de chez DICE, l'homme en question, visiblement très peu à l'aise et très gêné, nous a paru avoir été envoyé en pature pour s'excuser de décisions qui ne relèvent jamais d'un studio, mais de son éditeur. Pour faire court, Dennis Brannvall a été jeté aux chiens (pour reprendre les termes employés par notre Osmane national sur le tchat durant le live) pour se confondre en excuse du modèle économique non respectueux des joueurs à la sortie de Star Wars Battlefront II.

Ne serait-ce pas plutôt à EA de venir présenter ses confuses sur scène au lieu d'envoyer un développeur qui n'a jamais eu d'autres choix que de se plier aux exigences de son mercenaire ? Un peu limite, cette pratique qui consiste à faire croire que la faute relève de DICE alors qu'il s'agit très clairement d'une décision de EA...

Acte 3 - L'engagement humanitaire

En dévoilant un programme qui récompensera financièrement des organismes humanitaires, EA nous ferait presque croire qu'il n'a que peu faire de l'argent qu'il récolte chaque année des microtransactions et divers sommes "bonus" en plus des ventes de jeux vidéo. L'action est louable, mais il est navrant de ne voir cela se faire que maintenant, dans une logique de rachat moral auprès des joueurs.

Acte 4 - Insister sur la gratuité et la générosité

Tout au long de l'EA Play de cet E3 2018, EA a énormément insisté sur la gratuité et la générosité. Season Pass "offert", mise en avant de petites productions "indépendantes", annonce d'un jeu mobile "gratuit" (free-to-play) Command & Conquer, rapprochement des joueurs, l'éditeur a sorti le grand jeu de séduction.

EA a plus que jamais compris le message

Comme c'était déjà limpide il y a quelques mois, EA a vraiment compris le message envoyé par les joueurs qui ont appliqué ce qui marche le mieux pour contester : le non-achat d'une production. L'argent, nerf de la guerre, a donc été au coeur de cette conférence E3 2018 d'EA, avec un éditeur que l'on a senti marcher sur des oeufs à de nombreuses reprises. Il aurait été encore plus respectable de ne pas voir EA aller trop loin avec des pratiques commerciales douteuses, mais force est de constater que le message est bien passé, et que les autres éditeurs tiers majeurs hésiteront à présent avant d'abuser de l'amour des joueurs envers les jeux vidéo. Mais si les excuses semblent acceptées, la méfiance mettra beaucoup plus de temps à disparaître, elle...

Revoir la conférence EA Play de l'E3 2018

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