Test de Yooka-Laylee

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

Quiconque a déjà eu une Nintendo 64 dans les années 90' se souvient avec nostalgie combien Rareware était l'un des meilleurs moteurs de la console. Déjà bien éveillé en fin de vie de la Super Nintendo avec un Donkey Kong Country et un Killer Instinct qui faisaient passer les autres jeux 16-Bits pour des antiquités, Rareware signait sur la 64-Bits de Nintendo un mythique GoldenEye 007, un superpuissant Perfect Dark et quatre jeux de plateformes très réussis : Banjo-Kazooie, Banjo-Tooie, Donkey Kong 64 et Conquer's Bad Furday. Avec un tel palmarès, nous attendions donc énormément de Yooka-Laylee, qui sent bon la nostalgie et qui a été fait par quelques rescapés de cet âge d'or de Rareware ayant fondé Playtonic Games. Le retour d'un studio de légende ? Verdict dans notre test effectué sur une PS4 Pro via une clé PlayStation Store offerte par Team 17, éditeur de Yooka-Laylee.

Une 1ère heure de jeu jouissive...

En démarrant pour la première fois Yooka-Laylee, outre la séquence d'introduction qui semble ne jamais en finir avec sa parlotte sans grand intérêt, l'effet nostalgique fonctionne plutôt très bien. On prend en effet plaisir à découvrir le duo de héros, les sensations de gameplay à l'ancienne, les beaux graphismes colorés des deux premières zones de jeu parcourues, et on rêve d'une aventure délicieusement old-school qui débute bien. Une fois dans le vif du sujet et le duo pris en main, on devra en effet trouver un grand nombre de plumes pour débloquer de nouveaux mouvements, et des pagies qui nous serviront à débloquer de nouveaux mondes. A l'image de ce que proposaient Super Mario 64 et Banjo-Kazooie, il faudra en effet explorer un petit monde ouvert et faire quelques missions bien variées pour récupérer de quoi accéder au niveau suivant. Au nombre de 5, les environnements sont agréables tout en profitant d'un level design qui permet de bien exploiter le gameplay de Yooka et Laylee.

On se retrouvera donc rapidement à errer pour découvrir par nous-mêmes (pas de GPS ici !) les recoins des niveaux, chercher des passages pour atteindre les Pagies parfois ardues à récupérer, aider des personnages qui vous récompenseront ou encore exploiter les pouvoirs magiques du caméléon en gobant des pastilles aux pouvoirs élémentaires et faire la course contre un nuage. Chaque niveau ne manque pas d'ingéniosité pour proposer des activités différentes, mais déjà vues pour la plupart dans les jeux dont ils s'inspirent. Cligner de l'oeil aux vieilles légendes, c'est bien, mais Yooka-Laylee va trop souvent un peu trop loin dans le copinage, frôlant parfois le plagiat même si l'humour du duo fait passer ça pour de la déconnade à de nombreux moments. Le contraste est d'ailleurs souvent amusant entre des décors très colorés, enfantins, et des répliques assez osées qui ne manqueront pas de vous esquisser un rire, ou un sourire pour les moins bon publique d'entre vous.

Techniquement, Yooka-Laylee est plutôt réussi sur la version PS4 que nous avons pu faire. Les animations sont réussies, les couleurs chatoyantes et les différents effets graphiques assurent un beau spectacle cartoon. Malheureusement, on retrouve ce qui faisait défaut dans 95% des jeux de plateformes de cet âge d'or : une caméra qui pourra souvent vous donner une bonne occasion d'exploser votre manette contre un mur (ou dans votre télé si vous avez vraiment du fric à balancer !). Le gameplay de Yooka-Laylee n'étant pas le plus millimétré du siècle, vous finirez très souvent la tronche dans le vide, la faute à des angles de caméra mal choisis, qui bougent en pleine phase d'équilibriste, ou qui part se coincer n'importe où, n'importe quand. Nous ne sommes pas dans un cauchemar non plus, mais il y avait clairement moyen de mieux gérer ce paramètres pour assurer une progression moins frustante.

...et les suivantes décevantes

Playtonic Games a en effet pensé à tous les vieux fans des jeux de plateformes que nous sommes en reprenant la plupart des ingrédients qui avaient fait la qualité de Banjo-Kazooie, pour un Yooka-Laylee qui lui ressemble finalement énormément. Peut-on aller jusqu'à dire que Yooka-Laylee n'est qu'un skin de BK pour autant ? Playtonic Games a voulu coller au maximum à l'esprit d'antan, et en souhaitant faire trop nostalgique, on peut dire qu'il s'est un peu perdu en route, négligeant des pans de game design qui n'ont plus lieu d'être en 2017. En termes de frustration ultime, nous retiendrons d'ailleurs deux passages qui ont failli signer l'arrêt de mort de notre PS4 Pro : comment trouver l'accès à un nouveau monde, et comment faire pour passer le questionnaire du canard stupide qui nous coûté plus d'une heure de crise de nerf.

Si Banjo-Kazooie et Super Mario 64 avait une progression plutôt claire, l'accès aux nouvelles zones de Yooka-Laylee est un véritable casse-tête. Sans aucun repère visuel, il faudra en effet fouiner les moindres recoins du hub central pour trouver les gros livres et utiliser ensuite les Pagies pour s'y plonger. Chose innovante d'ailleurs, lorsque vous aurez récupéré suffisamment de Pagies, vous pourrez agrandir le monde déjà bouclé pour faire des missions inédites et explorer une plus grande partie du niveau. Mais malgré cette construction à la fois innovante et vieille comme le monde, l'ennui s'installe un peu trop vite dans ce Yooka-Laylee qui n'a plus grand chose de neuf et de piquant à nous proposer une fois les trois heures de jeu passées. La faute à un level-design finalement assez paresseux, à une progression qui ne surprend plus, à un scénario fadasse même si assez humoristique, et à un charisme général agréable, mais très en dessous des hits du Rareware des années 90.

Des éléments agaçants sont également présents dans la bande son de Yooka-Laylee. Des musiques qui tournent trop vite en boucle aux mélodies repompées de Banja-Kazooie en passant par les "doublages" onomatopées sonores, le titre de Playtonic Games en énervera plus d'un.

Yooka-Laylee aurait du sortir en 1998 !

A trop vouloir faire une ode aux jeux de plateformes / action des années 90, Playtonic Games s'est un peu égaré. Alors que le début de l'aventure laisse entrevoir une folle épopée, Yooka-Laylee s'essouffle finalement assez vite et fait rapidement voir ses limites. Qu'on ne se méprenne pas pour autant, le jeu nous a fait passer quelques heures agréables, et saura à n'en pas douter charmer les joueurs ayant connu l'âge d'or de Rareware sur Super Nintendo et Nintendo 64, sans pour autant nous faire revivre cette époque qui est de toutes façons terminées, et diablement has-been sur certains points. Le fantasme de retrouver un jour cette période magique de Rareware y jouant pour beaucoup, les joueurs avaient peut-être placés un peu trop de rêverie dans le jeu de Playtonic, qui se place donc comme un bel hommage à Banjo-Kazooie et consorts, mais en aucun cas comme une production supérieure à ses nombreux modèles.

Réalisation technique

14 / 20

Direction artistique

14 / 20

Level design

12 / 20

Gameplay

14 / 20

Scénario

10 / 20

Bande sonore

12 / 20

Durée de vie

14 / 20
  • Duo amusant et charismatique
  • Graphiquement réussi et très colorés
  • Les dizaines de clins d’œil !
  • Les pouvoirs qui se débloquent petit à petit
  • Durée de vie appréciable, bonne rejouabilité
  • Une caméra capricieuse : back to the 90's !
  • Les voix irritantes des personnages
  • Des musiques qui tournent en boucle
  • Des phases de gameplay vraiment atroces
  • L'ennui arrive trop vite...
  • Aurait été génial en 1998 !

Verdict

14 / 20