Test de Total War: Attila

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, par Riku

Avec Total War: Rome II, The Creative Assembly affinait encore un peu plus sa vision du jeu de stratégie en nous proposant un titre riche et suffisament profond pour maintenir en haleine les joueurs une centaine d’heures. Total War: Attila n’est pas, comme son nom l’indique, un nouvel opus de la franchise à succès, mais bien un gros add-on standalone comme on les aime sur PC. Ce dernier nous conte la chute de l’Empire Romain, tout du moins une grosse partie, tout en réalisant quelques tours de forces bienvenues et gommant quelques tares présentes dans le jeu original.

Mange mon six cœurs !

Une fois n’est pas coutume, nous commencerons par parler technique pure, car bien qu’étant un point assez important quand on connait la série, il est de loin celui qui influence le moins la note finale. La licence nous a toujours habitué à des sorties assez rocambolesques lorsqu’il est question d’optimisation et de bugs en tout genre et ce petit Attila ne fait pas office d’exception, même si on note du mieux par rapport à Rome II. Si le stand-alone se montre toujours aussi gourmand en ressource, il se veut bien plus stable et moins adepte de la baisse de framerate. Néanmoins, il est difficile de pardonner des choses qui ont été maintes et maintes fois montrées du doigt par le passé et on attend bien plus d’un jeu de ce calibre que de devoir sans arrêt passer par la case patch pour se voir offrir un produit digne de son rang. Entre autres choses, et comme de nombreux confrères, il nous est arrivé de devoir relancer le jeu après que notre campagne se bloque d’elle-même, qu’une bataille gagnée ne se finisse pas et autres choses du genre. Mais quoiqu’il en soit Attila est un titre gourmand et l’optimiser convenablement, surtout si c’est votre premier Total War, vous demandera du temps et des sacrifices côté affichage et rendu, soyez prévenu.

Cela dit, il faut tout de même reconnaitre que le jeu affiche de bien jolies choses et que les batailles sont toujours aussi rythmées, magnifiques et entrainantes. Il en va de même pour la direction artistique, que ce soit celle concernant les unités, la carte (et ses changements climatiques et de saisons), ou bien même durant les bataille. De nouvelles animations sont au rendez-vous, avec des villes plus vivantes lors des attaques, on peut observer la population de ces dernières fuir devant l’ennemi, parfois assez comiquement d’ailleurs. La gestion du feu est, elle, enfin digne d’un véritable jeu d’aujourd’hui, avec une propagation des incendies plus réalistes, et on peut alors parfois admirer une ville s’embraser comme Londres en 1666. Du reste ça castagne toujours aussi dur et tout cela pour le bien-être de nos mirettes, rien à redire là-dessus, surtout que tout ceci est accompagné comme d’habitude par une bande sonore de grande qualité, ainsi que par des bruitages faisant passer les meilleurs péplums pour de la série B.

  

Enfin, il nous faut évoquer l’un des gros soucis que l’on rencontre régulièrement dans les RTS, le pathfinding. D’un point de vue strictement personnel, je l’ai trouvé mieux géré que dans Rome II, notamment lors du déplacement des troupes dans de larges étendues, mais en ce qui concerne les déplacements dans les endroits étriqués, là, on ne peut pas dire que de gros changements soient au rendez-vous. Le problème principal nous vient des déplacements de nos unités dans des villages ou des villes, que l’on attaque ou non, il arrive bien souvent que nos joyeux fantassins contournent en lieu et place de filer tout droit lors d’une prise de position tout ce qu’il y a de plus banal, ce qui peut engendrer une grosse perte de temps lorsque l’on replace notre armée lors d’une attaque subie sur plusieurs fronts.

Ce souci est aussi à mettre en relation avec les différentes formations que l’on assigne en temps réel à notre armée. Ainsi, il arrive bien souvent que nos troupes mettent un temps phénoménal à effectuer une simple manœuvre, nos archer tournant autour de nos fantassins pour en prendre la place et notre cavalerie faisant le tour d’un pâté de maison entier pour se placer derrière tout ce beau monde, alors que nos armes de sièges tournent sur elles-mêmes pour essayer de trouver un semblant de cohésion avec le groupe, un vrai foutoir, si vous voulez notre avis. Pendant ce temps-là, l’IA a le temps de s’organiser bien plus proprement, car bien que toujours assez prévisible, elle reste d’une efficacité sans faille et ce genre de soucis peut, sans que la bataille soit perdue pour autant, nous faire rencontrer dans des difficultés largement évitables. Une armée est par définition disciplinée et efficace, ce qui ne semble pas toujours être le cas ici. Dommage, mais c’est du déjà-vu dans Total War.

C’est pas de la Kaamelot !

Passez ces menus problèmes qui semblent ne jamais réellement vouloir fuir la série, une chose force encore et toujours le respect : la fidélité historique de l’œuvre. En effet, comme beaucoup de Total War auparavant, Attila propose une représentation fidèle des événements ayant mené à la chute de l’Empire Romain Occidental. Après plus de quatre siècles de prospérité, L’empire Romain comme on le connaissait est plongé dans une douloureuse tourmente et se voit littéralement coupé en deux, avec d’une part l’Empire Romain Occidental dont la capitale est Rome et de l’autre l’Empire Romain Oriental dont la capitale est Constantinople qui a survécu près de mille ans à son voisin de l’ouest. Rome perd des batailles notamment contre les Vandales et les Wisigoths et voit sa domination sur les autres peuples s’affaiblir.

Il n’en fallait pas moins pour que les peuples barbares d’Europe et d’ailleurs essaient de tirer leur épingle du jeu créant alors un climat des plus instables dans toutes les provinces romaines. S’il y a d’ailleurs bien un peuple qui a terrorisé la région ouest de l’Europe, ce sont les Huns. Il s’agit d’un peuple nomade d’Asie Centrale qui se nourrissait de conquêtes  et de pillages, tout en assimilant par la force et la contrainte de nombreuses populations qui agrandissaient par la même occasion leur force militaire. Si le plus connu d’entre eux est Attila, car c’est celui qui marcha jusqu’aux portes de Rome, il ne devint l’unique chef des Huns qu’après avoir tué son frère, acte qui selon certains historiens le fit sombrer dans une folie destructrice. Total War: Attila nous conte donc, dans un premier temps tout du moins, le déclin annoncé de L’Empire Romain Occidental, tout en permettant au joueur, en fonction de la faction choisie, (dix au total) de changer le court de l’histoire ou au contraire de le suivre à la lettre.

Nous précisons que ce petit résumé historique est très exhaustif et nous vous encourageons à vous renseigner plus en profondeur sur les causes de la chute de Rome si cela vous intéresse.

Le laisser passer A36 !!

Le système de jeu est quant à lui assez classique et ne devrait pas foncièrement changer les habitudes des joueurs de la série, si ce n’est que certains points ont été améliorés, le principal se centrant sur la gestion de son territoire et de ses colonies d’un point de vue purement administratif et diplomatique. Rome II essayait déjà de jouer avec cette composante, mais sans parvenir à apporter suffisamment de fond de ce côté-là pour que cela soit réellement réussi, les intrigues politiques tournant assez vite en rond et revêtant finalement une influence mineure sur les événements. Dans Attila c’est tout le contraire, de nouvelles possibilités, ainsi que de nouveaux menus font leur apparition et cela pour le meilleur. Ainsi, l’un d’entre eux permet d’avoir un surplus d’informations concernant la gestion d’une province ou d’une colonie par exemple, en un clic on peut comprendre pourquoi il y règne une certaine instabilité, quels sont les mécontentements du peuple et ainsi pouvoir agir en conséquence. C’est d’autant plus important que les soulèvements peuvent se montrer assez punitifs, bien plus que dans Rome II en tout cas, et qu’il nous est donc dévolu d’éviter à tout prix que les choses s’enveniment trop dans une colonie d’importance stratégique par exemple, car l’ennemi profitera à coup sûr de la moindre faiblesse venant de notre côté. On peut par exemple faire baisser l’impôt, baisser les taxes commerciales, construire des temples, des fermes pour la nourriture ou encore émettre des edit calmant le peuple de ses ardeurs. Mais avant tout cela, il faut nous nommer un gouverneur, chose très importante.

Arrive alors un menu très intéressant nous renseignant sur notre généalogie et nous donnant la possibilité de donner à nos descendants, cousins ou autres membres de la famille, des responsabilités dans la gestion de notre Empire. Chacun possédant des forces et des faiblesses, il nous faudra être clairvoyant quant à leur nomination et surtout dans les édits qu’ils éditent. Au fur et à mesure de notre avancée en jeu ces derniers se verront même offrir des montées de niveaux leur permettant d’acquérir quelques attraits bénéfiques ou non supplémentaires. Encore une fois, le choix vous sera donné de prendre telle ou telle chose, choix crucial s’il en est. Bien entendu, les intrigues internes à votre clan continuent d’être présentes et vous pourrez toujours éliminer un élément gênant, corrompre ce dernier ou encore faire des mariages arrangés afin de renforcer votre pouvoir dans une province ou dans un camp adverse. De même que les généraux peuvent toujours monter en niveau, le système de jeu reste lui inchangé et même si la diplomatie est de plus en plus au centre des débats, Total War reste aussi un Wargame et reste toujours une option, même si cette fois-ci mener bataille sur bataille peut affaiblir vos relations diplomatiques avec les autres peuples, un juste milieu est donc souhaitable.

D’ailleurs, on note aussi quelques nouveautés très sympathiques du côté des batailles et notamment des sièges. Sachez donc que lorsque vous en subissez un, vous pouvez maintenant placer des éléments défensifs à des points stratégiques, comme des barricades, ce qui entre clairement la progression de l’ennemi et vous permet de créer de véritables embuscades. De même que vous avez maintenant la possibilité de placer des unités de soutiens qui attaquent à distance, bien positionnée et embuscade derrière vos barricades ou autres entraves, comme des pièges, elles peuvent devenir assez mortelles.

Pour finir là-dessus, Il faut savoir que l’on peut aussi créer un véritable système juridique en nommant des magistrats qui s’occuperont des affaires judiciaires si on peut dire, cela s’avère crucial, car une politique bien menée apporte souvent une paix durable dans vos différentes colonies, ainsi il faut savoir se montrer juste le plus possible au risque d’en froisser certains, même s’il faut aussi savoir faire pour son propre intérêt, une véritable leçon de démocratie. Tout ceci apporte réellement une très grande profondeur de jeu à ce Attila et permet de gommer, comme déjà dit, de nombreux défauts de Rome II, les intrigues politiques et la gestion des différents territoires en notre possession devenant bien plus intéressantes et importantes, un grand pas en avant qui, on l’espère, donnera des ailes aux prochains opus de la licence.

  

Un nomade dans la ville

Passé le point culture et administratif, il nous reste à parler de l’une des grosses nouveautés qu’apporte ce stand-alone, à savoir la possibilité de pouvoir ou soit diriger une faction sédentaire ou nomade. Par définition, la dernière citée est donc continuellement sur la route et ne pose ses valoches réellement nulle part, c’était d’ailleurs plus ou moins le cas des Huns, même si ces derniers avaient aussi des places dirigées par trois chefs distincts, ceci avant qu’Attila se réapproprie tout le monde. La chose nouvelle est donc que l’on s’occupe et dirige ce beau monde à la manière d’une caravane faisant le tour du monde. On ne s’arrête que pour s’approprier une colonie que l’on peut donc piller, occuper ou bien même raser et attention aux conséquences de cette dernière option inédite. Dans les faits, se faire une partie avec un clan nomade est comme diriger une armée en perpétuelle progression, on peut établir des campements ici et là pour se poser, gérer son clan, ses finances et engager de nouveaux soldats, mais on ne possède ni capitale, ni ville attitrée.

Bien entendu, rien ne vous empêche de coloniser toutes les citées sur votre chemin et même de vous sédentariser, même si cette option n’est pas disponible pour les Huns. Ce qui pose problème, c’est que hormis le coup des campements, diriger une tribu nomade n’apporte pas de réels changements, la politique et les guerres se mènent de la même manière. Ce qui est une aberration en soit, car un peuple sédentaire fonctionne forcément différemment et on aurait aimé que cela se traduise par des changements drastiques entre les deux partis, ce qui n’est pas le cas ici. Néanmoins, on apprécie tout de même, cela apporte un peu de changement, mais juste peut-être un peu moins qu’on l’espérait.

En somme on est en face d’un très bon add-on qui reprend énormément de Rome II, mais parvient à tirer son épingle du jeu en améliorant tout un tas de petites choses qui changent très clairement la donne. Attila est donc un oiseau de très bonne augure pour la suite de la franchise. En parvenant à améliorer encore un peu plus son système de jeu, The Creative Assembly prouve qu’il est toujours possible d’améliorer un concept pourtant vieux de quinze ans. Attila parvient d’ailleurs à approfondir un système diplomatique en dent de scie dans Rome II, tout en continuant d’en mettre plein les mirettes avec ces batailles grandioses et passionnantes. Le seul réel regret vient de l’incapacité des développeurs à nous pondre enfin un jeu réellement bien optimisé et sans bugs, qui seront comme d’habitude corrigés à coup de gros patchs bien pesant. Mais ne vous y trompez pas, si vous aimez la série, si vous avez aimé Rome II, ce Total War: Attila est la bonne pioche de ce début d’année, car à défaut d’être un épisode original, il est un stand-alone de très grande qualité.

Réalisation technique

14 / 20

Direction artistique

18 / 20

Level design

16 / 20

Gameplay

18 / 20

Scénario

18 / 20

Bande sonore

18 / 20

Durée de vie

17 / 20
  • Vivre la chute de Rome
  • Un système de jeu toujours plus profond
  • Les sièges sont un régale lorsque l'on défend
  • La direction artistique et la bande-sonore
  • Enrichissant historiquement
  • Le système de magistrature, la généalogie et la micro-gestion au centre du jeu
  • Pouvoir se la jouer nomade et piller sans scrupule
  • Toujours trop de bugs !
  • Toujours trop gourmand en ressource
  • Finalement, être nomade ne change pas assez de choses

Verdict

17 / 20