Test de The Order: 1886

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, par Christopher Anciaux (Chris)

Depuis son annonce, les développeurs de The Order: 1886 nous vantent un jeu possédant une réalisation digne des plus grands films, tout en mettant en avant un univers Steampunk clairement assumé. Mission accomplie ? A notre goût, la réponse est clairement « Oui ».

Tout débute durant le 19ème siècle et plus précisément en 1886 quand l’Ordre, constitué de chevaliers d’Élite, participe à une lutte acharnée contre une menace qui pèse sur Londres depuis maintenant plusieurs années, et qui connaît un retournement des plus importants : les nouvelles technologies. L’électricité, les armes, les dirigeables et surtout le progrès se sont installés dans ce Londres du 19ème siècle, et cela va changer la donne en ce qui concerne ce drôle de conflit opposant les humains et les hybrides.

Vous l’aurez compris, si le côté rétro-futuriste que l’on attribue tant au genre du Steampunk est bel et bien là, The Order: 1886 pousse les choses encore plus loin, puisqu’on y retrouve aussi ce côté sombre et « sale » si propre aux films Steampunk. Et justement, la volonté clairement assumée de Ready At Dawn avec The Order est de nous offrir, si on peut dire, un film jouable.

Et c’est le sentiment que nous avons eu en y jouant : mouvements de caméra, grain d’image, bandes noires… The Order: 1886 est un film dont VOUS êtes l’acteur. Vous devrez ainsi diriger Sir Galahad, armé de son fusil thermite, de sa carabine de précision ou de son pistolet mitrailleur, pendant environ sept heures tout au long d’une épopée semée d’embuches, de rebondissements et de cinématiques.

Car oui, le scénario de The Order a une certaine importance au sein du jeu : si votre principal but est d’arriver à mettre fin aux conflits qui rongent Londres, vous devrez aussi veiller à ne pas vous laisser impacter par ceux qui peuvent ronger votre Ordre… De cette situation, naît toute une intrigue que l’on prend plaisir à suivre et qui évolue grandement au fil des quelques heures de jeu que pourra vous octroyer le titre de Ready At Dawn. On regrettera néanmoins le fait que le scénario reste quelque peu superficiel, même s’il est prenant. La faute, vous l’aurez peut-être deviné, à une durée bien trop courte : il vous faudra, comme dit plus haut, environ sept heures pour voir le bout de l’aventure de The Order: 1886.

 

Si la durée de vie du jeu est aussi petite, c’est peut-être à cause du travail qui a été apporté à la réalisation technique et à l’univers, en général, qui ont occupé, c’est certain, une très grande place dans le jeu de Ready At Dawn. Et heureusement, le résultat est là. D’abord du point de vue technique : visages, textures, effets de fumée, de lumière ou fluidité, tout est somptueusement bien fait dans The Order: 1886. D’autant plus que le jeu n’arbore presque aucun chargement visible, et aucun aliasing. Ainsi, souvent camouflés, les chargements n’obstruent pas l’immersion du joueur et c’est là un très bon point pour lui.

Les cinématiques non plus, en termes de direction artistique et technique, ne sont pas en reste. Plutôt d’avoir eu la mauvaise idée de faire des cinématiques pré-calculées, Ready At Dawn a eu la très bonne idée d’utiliser son moteur graphique pour propulser ses dernières. Et le moins que l’on puisse dire est que le résultat est très satisfaisant. En effet, si les chargements absents n’obstruent pas l’immersion, il est parfois difficile de distinguer les cinématiques du jeu au jeu lui-même, à tel point qu’il nous est arrivé à plusieurs reprises d’attendre la suite d’une cinématique qui n’en était pas une (« Pourquoi Galahad y bouge plus ? Ah, d’accord, c’est à moi de jouer… ») : n’est-ce pas la preuve d’un jeu parfaitement fluide dans son déroulement ?

 

Et si la narration et le déroulement du jeu sont tout à fait fluides, c’est aussi le cas du gameplay. Sans être extraordinaire, il s’avère tout à fait agréable et sans temps mort (encore heureux pour un jeu de sept heures). Vous aurez ainsi le loisir d’utiliser différentes armes, comme un fusil à thermite, une carabine à précision ou pistolet mitrailleur, et de combattre au corps-à-corps (en appuyant simplement sur une touche, un peu comme dans la plupart des FPS) en exécutant vos ennemis de façon tout à fait brutale mais soignée.

Il vous sera aussi demandé de participer à des QTE, pour par exemple vaincre des hybrides coriaces. Notons aussi le système de couverture, de Bullet Time, et celui de visée tout à fait stables et qui représentent bien le gameplay dans sa globalité, en arborant une certaine fluidité, même si Galahad a parfois tendance à s’accrocher un peu trop aux parois derrière lesquelles il peut être amené à se cacher.

Si faire un jeu « digne des plus grands films » peut amener bien des qualités, cela peut aussi être responsable de quelques défauts, et l’un des plus gênants dans The Order est sa linéarité. En effet, il n’est pas question de s’attendre à un monde semi-ouvert et encore moins à monde ouvert, puisque le jeu est finalement très linéaire et ne vous offrira que très peu de chemins différents pour parvenir à la réalisation de votre quête. On peut tout de même noter une ou deux phases d’infiltration amenant le joueur à se diriger au sein d’un espace semi-ouvert, mais tout de même assez cloisonné. Finalement, si le jeu est très linéaire, cela n’est pas vraiment un mal et permet justement au joueur de rester ancré à sa quête.

Abordons, pour terminer, la bande sonore du titre et plus précisément ses doublages français. Il faut savoir que ceux-ci sont d’une grande qualité. Si on aurait pu s’attendre à un doublage totalement en désaccord avec l’univers, c’est tout le contraire qui est ici observé. Les voix des personnages sont criantes de vérité et collent tout à fait à l’aspect physique des personnages et à cet univers Steampunk. On pourrait peut-être noter quelques « Bordel de merde », ou des « Putain » un peu en trop, mais qui, il faut l’avouer, sont souvent justifiés étant donné la situation où ils sont prononcés.

Et le doublage est tout à fait à l’image de la bande sonore en général : bruitages, musiques, tout est très bien raccordé à cet univers Steampunk et rien ne vient faire tâche au milieu de cet ensemble complexe formé par l’ambiance de The Order: 1886, tant visuelle que sonore.

Ainsi, vous l’aurez sûrement compris en lisant ces quelques lignes, The Order: 1886 est avant tout une expérience cinématographique particulière (puisque jouable) dans laquelle le joueur est transporté dans un Londres Steampunk. Et c’est là un pari tout à fait réussi pour son développeur Ready At Dawn. Ce qui l’est moins, c’est la durée de vie du titre, bien trop courte et qui ternit ce qui fait une grosse partie du jeu : le scénario, qui à peine installé, est déjà terminé. Plutôt que la joie d’avoir terminé un jeu, c’est un sentiment de frustration qui s’installe au générique de The Order: 1886 et c’est bien dommage car ce n’est pas le sentiment général qui correspond au jeu de Ready At Dawn...

Réalisation technique

18 / 20

Direction artistique

18 / 20

Level design

15 / 20

Gameplay

16 / 20

Scénario

15 / 20

Bande sonore

17 / 20

Durée de vie

7 / 20
  • Un univers des plus travaillés et assurément Steampunk grâce à une réalisation technique et artistique sans fausse note
  • Des armes sympathiques
  • Des personnages auxquels on s'attache vite
  • Un doublage français et une bande sonore très réussis
  • Une intrigue qu'on prend plaisir à suivre dès les premières minutes
  • Un jeu indéniablement cinématographique !
  • Le système de Bullet Time jouissif et indispensable durant certaines phases
  • Une linéarité un peu trop importante
  • Une durée de vie bien trop petite pour un titre de cette trempe (7 heures pour le terminer une première fois en Normal)...
  • Ce n'est pas la joie d'avoir terminé un superbe jeu qui s'installe à la fin de The Order, mais bien la frustration de l'avoir terminé trop vite...

Verdict

16 / 20