Test de The Inpatient

Avatar de Thomas
, par Thomas

Alors que sur notre bon vieux casque de réalité virtuelle s’amoncelle lentement la poussière et que celui-ci, las de ne trouver jeu à l'horizon, désespère qu’un hit vienne colorer ses journées grisâtres, The Inpatient pointait déjà le bout de son nez. Annoncé à l’E3 2017, le dernier né des studios Supermassive Games, responsable entre autre de la franchise Until Dawn, s’est vu retardé de quelques mois, pour des raisons qui nous échappent encore. Peu nous importe, il est aujourd’hui là, pour peut-être enfin légitimiser le prix d’un casque qui pour le moment peine à convaincre ? Rien n’est moins sûr… et nous vous proposons d'en savoir plus via notre test réalisé de The Inpatient sur PS4 Pro via un code PlayStation Store offert par Sony.

Back to Black...wood

Les évènements qui ornent la narration de The Inpatient se placent 60 ans avant ceux d’Until Dawn, dans le désormais célèbre sanatorium de Blackwood Pines. Pour ceux trop trouillards qui n’ont pas osé se frotter à Until Dawn, ils devront sans nul doute passer par cette case pour comprendre le principe de The Inpatient, tout autant que son histoire. Vous voilà donc dans la peau d’un résident du sanatorium de Blackwood, sans que les raisons pour lesquelles vous êtes présent ne soient clairement énoncées. Et pour cause, vous êtes atteint d’amnésie et ne parvenez pas à vous souvenir de ce qui vous a amené dans cette sordide affaire. 

Votre mission dans cet Inpatient est alors de retrouver peu à peu votre passé, au travers d’éléments contextuels dans le décors qui déclenchent la mémoire, mais surtout de vous échapper de ce sanatorium, qui n’a de sain que le nom, et qui est le théâtre de bien des évènements étranges. Mieux vaut le dire, si trop peureux vous avez été pour Until Dawn, il y a très peu de chances que ce The Inpatient vous attire, surtout avec l’immersion inhérente au casque de Sony. Ainsi, même si l’environnement est terne et résolument monotone, l’immersion n’en faiblit pas pour autant. On n’a de cesse de le dire, mais il est bon de le répéter : l’immersion, en VR, est multipliée par 10. Supermassive Games l’a bien compris et s’est logiquement concentré sur des mécaniques de jeu et de gameplay qui siéent excellemment au casque de réalité virtuelle de Sony.

Du point de vue des mécaniques de gameplay, les amateurs d’Until Dawn ne seront pas dépaysés. A l’image du jeu sorti sur PS4 en 2015, The Inpatient dispose de plusieurs embranchements scénaristiques qu’il appartient au joueur de découvrir. La rejouabilité alors se situe typiquement dans la volonté du joueur à se replonger dans un tel univers, aussi opaque et effrayant soit-il. 

Plus précisément, le gameplay, bien que sommaire, s’avère efficace. Supermassive Games a opté pour la meilleure solution anti-gerbe du moment : des mouvements scindés et séparés avec des transitions noires pour ne pas trop perdre l’oreille interne. Si cependant vous avez les cristaux solides, vous pouvez opter pour une option sans aucune transition, avec des mouvements libres. Pas de panique enfin si votre corps fait des caprices, ces paramètres peuvent être changés à la volée. Les déplacements se font avec le stick, et comme dans Until Dawn, impossible de courir. Étrange, mais bien plus justifiable dans un jeu VR que dans un jeu PS4 classique.

Également à signaler, les intéractions avec les différents protagonistes vous laissent tout le temps le choix entre deux réponses très différentes, qui affecteront, ou pas, la façon avec laquelle votre interlocuteur vous parle. Attention cependant à la façon dont vous interragissez, car certaines de vos réponses constituent des carrefours de narration, mais vous ne saurez cela qu’après avoir répondu, en voyant des papillons s’envoler sur l’écran. Grande prudence donc. A noter : The Inpatient dispose également d’une reconnaissance de la voix et des paroles (désactivable dans les menus) qui permettra de lire les répliques à voix haute. La reconnaissance vocale marche dans l’ensemble très bien, et n’a que très peu de fois bégayé. En revanche, pas sûr qu’elle soit disponible si le jeu est en français. 

Enfin, les intéractions avec le décors du sanatorium de Blackwood se résument bien souvent à ouvrir des portes, en maintenant la touche R2 et faisant le geste de pousser la porte, un peu pareil quand il faut retourner des objets ou manger un sandwich. Même si les gestes sont intuitifs, ils sont cauchemardesques dans les faits. La reconnaissance des gestes à la PS Caméra étant tout à fait horrible, vous vous retrouverez très souvent à refaire les gestes trois à quatre fois avant que le jeu ne les prenne en compte. Pire encore, un bug à un moment crucial du jeu m’a contraint à éteindre l’application et à la redémarrer, car j’étais coincé dans un mur après avoir galéré trois minutes pour ouvrir une porte. Certes, ce sont autant de problèmes que le joueur lambda pourrait ne pas avoir, mais dans les faits, The Inpatient a testé notre patience à bien des égards.

20€ de l’heure

Bien malheureusement de nos jours, qui dit VR dit forcément rapport durée de vie / prix très en deça de ce qu’on est en droit d’attendre. Le dernier né des studios britanniques, non-content de ne pas échapper à la règle, la confirme et la renforce avec insolence et désinvolture. Ainsi, il faudra compte au maximum 3 heures pour finir cet Inpatient. Si on fonctionne en terme purement comptables, on avoisine les 15€ / heure. Certes, c’est un jeu narratif qui se concentre avant tout sur l’expérience et l’immersion, et qui fonctionne autour des jump-scares et des décisions que le joueur prend, mais tout de même. Nous sommes en droit d'attendre un jeu honnête à un prix honnête. Par ailleurs, si le joueur a déjà joué au jeu, il connait plus ou moins les jump scares qui s’érigent contre lui. De plus, et si tant est que l’atmosphère et le gameplay trouvent faveur à vos yeux, vous pourrez ajouter peut-être deux bonnes heures (puisque vous aurez déjà fait le jeu avant), ce qui, une nouvelle fois d’un point de vue financier, amène le jeu à 5h pour 40 euros. A vous de voir, mais sachez-le : Cet Inpatient est vraiment, vraiment trop court.

Puisqu’on parle de rejouabilité, il faut avouer que mis à part les différents embranchements scénaristiques qui méritent le coup d’œil, le pourcentage de réjouabilité est restreint. Vous avez bien sûr les fameux cache-misère : les différents items à collecter, qui ne pousseront que les téméraires à creuser le jeu à 100%. A noter tout de même que ces collectibles ont un but narratif, puisqu’ils servent d’éléments déclencheurs à un souvenir précis. Dans l'une des quêtes du personnage qui est de retrouver son identité, ces collectibles ont une importance non négligeable, mais ils n’officient qu’en tant que moyens et non de finalités dans ce jeu, puisqu’en fin de compte, le but est de sortir de ce sanatorium, et non de comprendre comment et pourquoi vous vous êtes retrouvé là.  

Mis à part ce point narratif un peu barbant, l’autre très gros problème que pose cet Inpatient est son problème de rythme ô combien erratique. La premiere partie du jeu est menée tambour battant, au rythme des jump-scares, à mi-chemin entre santé mentale et démence. Le jeu parvient avec brio à retranscrire une atmosphère extrêmement incomfortable, à coups d’apparitions, de teintes verdâtres, de rencontres étranges et de dialogues tranchants. Malheureusement, cette atmosphère malsaine perd de sa superbe au fur et a mesure que le jeu se décante, jusqu’à en devenir presque ennuyeuse. Ainsi, le joueur se fait tanguer d’un personnage à l’autre, sans qu’il comprenne vraiment pourquoi, ni même n’accorde une quelconque importance aux protagonistes ou aux conséquences de ses choix. Vous en conviendrez, c’est un problème pour un jeu dont le point d’orgue est la narration. Dans la seconde moitié du jeu, le but des missions se résume très et trop souvent à suivre des personnages, jusqu’à arriver à un point précis du script, ou, tah dah…. un twist de scénario vient difficilement vous extirper de votre torpeur… pour vous y replonger peu à peu, si bien que ce Survival-horror devient au fur et à mesure de vos pas, un jeu contemplatif à la musique un poil trop stridente.

Impatient, mieux vaut ne pas l’être pour arpenter les murs du sanatorium de Blackwood Pines, tant cela réduirait la durée de vie déjà famélique du dernier titre des studios basés dans la Perfide Albion. Perfide, elle l’a bien été avec ce jeu en nous donnant l’illusion d’un soft qui a tout pour plaire : une ambiance caractéristique des meilleurs films d’horreur, un gameplay simple mais efficace et une histoire aux mille recoins débordante de théories et de cachoteries. Malheureusement, l’illusion fonctionne pendant la première moitié du jeu, et s’estompe au fur et à mesure que le joueur déshabille un scénario bien trop maigre, jusqu’à arriver à un final aussi anticlimatique qu’hâtif. Si la patience est une qualité indéniable, The Inpatient demande aux joueurs beaucoup plus, voire même un peu trop : une bonne dose d'indulgence.

Réalisation technique

13 / 20

Direction artistique

16 / 20

Level design

10 / 20

Gameplay

11 / 20

Scénario

12 / 20

Bande sonore

15 / 20

Durée de vie

7 / 20
  • Immersion géniale
  • Première moitié très bien menée
  • Choix significatifs
  • Bande-son et doublage de bonne facture
  • Deuxième moitié chiante
  • Inégal
  • 2h30 pour 40 euros...
  • Rejouabilité modérée
  • Graphiquement en retrait
  • Twists convenus

Verdict

10 / 20