Test de Shadow of the Tomb Raider

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

Troisième chapitre d'une troisième trilogie (qui n'en sera pas une, d'ailleurs) reprise par main de maître par Crystal Dynamics en 2013, Shadow of the Tomb Raider nous a tout d'abord attiré quelques méfiances vis-à-vis de lui. En découvrant que Eidos Montréal était à son pilotage tout d'abord, puis en découvrant une séquence de gameplay très sombre et orientée infiltration lors de l'E3 2018. Une révolution à venir dans la série ? Verdict dans notre test de Shadow of the Tomb Raider, réalisé sur PS4 Pro via une clé PlayStation Store offerte par Square Enix.

Lara V.S. voleurs de reliques - Episode 18

En préambule de ce test, nous souhaitons débuter par le plus gros point noir de Shadow of the Tomb Raider : son scénario. Non pas qu'il soit mauvais, loin de là, il est surtout ultra convenu et ne tente à aucun moment de sortir de la classique course contre la montre pour récupérer le précieux de Lara Croft à des méchants voleurs. D'ailleurs, Eidos Montréal et Crystal Dynamics (dont le rôle dans le développement est finalement assez flou) ne se sont absolument pas dévoués à faire dans la finesse, en dévoilant quasi en début de jeu le conflit qui opposera Lara aux Trinitaires.

Mais en dépit de ce script ultra convenu, la mise en scène sauve largement les meubles, donnant toujours envie de connaître la suite des évènements et le fin mot de l'histoire. Via des scènes cinématiques jamais trop longues, ni trop courtes, tantôt calmes, tantôt hollywoodiennes, les scénaristes et metteurs en scène de Shadow of the Tomb Raider assurent le spectacle en nous faisant souvent oublier combien de fois nous avons déjà vécu cette chasse à l'homme avec Lara Croft entre les mains. Et fort heureusement pour le titre, cette faiblesse est la seule qui nous frappe réellement, tout les autres compartiments étant d'une qualité quasi irréprochable.

Un voyage somptueux qui décroche la rétine

En jouant à Shadow of the Tomb Raider, nous avons été très surpris de voir que, finalement, la campagne marketing menée par Square Enix ne reflète que très peu l'âme du jeu d'Eidos Montréal. N'ayant montré que trop d'environnements sombres et une Lara Croft très "dark", nous avons plutôt retrouvé ce qui faisait le charme de la trilogie Anniversary / Legends / Underworld : un véritable voyage sous les tropiques, avec de multiples destinations toutes plus somptueuses les unes que les autres. Dans un souci de spoil, nous ne dévoilerons pas ici où se rendra Lara Croft, mais chassez immédiatement vos craintes d'un épisode trop sombre, l'aventure étant très colorée tout en vous faisant traverser des grottes et autres précipices bien plus sombres.

Techniquement, Shadow of the Tomb Raider aurait eu la palme du plus beau jeu vidéo s'il était sorti en 2016. Sérieux concurrent à Uncharted 4, Uncharted: The Lost Legacy et Horizon: Zero Dawn (pour ne citer que les dernières claques graphiques de la PS4), le titre de Square Enix ne pêche en effet que par deux défauts : une résolution trop faiblarde sur PS4 Pro (nous n'avons pas encore joué au titre sur Xbox One X, à l'heure où nous écrivons ce test), et des personnages qui manquent de détails. En 2018, on trouve en effet beaucoup plus de soin sur la finition des vêtements, des cheveux et des différentes parties du corps humain, tandis que le grain de peau des personnages n'est pas assez prononcé.

Ne vous trompez toutefois pas de jugement, Shadow of the Tomb Raider est une gravure. Du début à la fin du jeu, vous n'aurez de cesse que de vous arrêter pour prendre des photos via un mode éponyme très efficace, histoire d'encore mieux jubiler devant des cascades, monuments, couchers de soleil, effets de lumière saissants et autres reliques qui donnent vraiment une puissante personnalité au tout. C'est d'ailleurs le point le plus fort de ce nouveau Tomb Raider, une direction artistique vraiment excellente qui exploite tout ce qu'il faut pour laisser en mémoire une aventure avec un grand A. Le retour de l'exploratrice, la vraie !

Terminons ce point technique en faisant un bilan de ce qu'apporte diverses technologies. Comme dit plus haut dans ce test de Shadow of the Tomb Raider, nous n'avons pour le moment pu jouer qu'à la version PS4 Pro du jeu. Nous devions initialement le faire sur la surpuissante Xbox One X, mais un souci technique nous a forcé à nous lancer sur la machine la plus véloce de Sony. Qu'importe, nous mettrons ce test à jour une fois nos mimines posées sur la version Xbox des nouvelles aventures de Lara Croft, et nous contenterons donc d'exprimer notre ressenti sur cette version PlayStation 4 Pro. Comme souvent (voire toujours si on généralise légèrement), Shadow of the Tomb Raider ne tourne pas en 4K native sur PS4 Pro. Mais si l'upscale via Checkerboard Rendering fait d'habitude des miracles (à l'oeil nu, pas via des zoom x200 et des outils imperceptibles à la Digital Foundry), nous avons trouvé Shadow of the Tomb Raider, bien souvent, pas assez net sur notre grande télé de 50 pouces.

Le jeu reste splendide, mais le moteur du jeu (visiblement le même que Rise of the Tomb Raider) n'est pas assez véloce pour exploiter la PS4 Pro aussi bien que les exclusivités de Sony et ses développeurs internes et tiers. En revanche, le HDR est excellemment bien rendu, offrant un réalisme aux éclairages que peu de jeux peuvent mettre en avant (attention à bien régler votre écran, et les options du jeu). Enfin, vous pourrez à nouveau choisir entre un mode "Résolution" ou "Performance" qui fera basculer le jeu à près de 60 images par seconde. C'est d'ailleurs en switchant sur ce dernier mode que l'on se rend compte de la pauvreté de la résolution native du titre sur PS4 Pro, les changements étant vraiment mineurs. Vers un patch pour améliorer tout cela ?

Shadow of the Assassin's Creed: Uncharted Raider

Non, Lara Croft ne se prend ni pour Nathan Drake, ni pour Bayek, mais les inspirations des développeurs sont toutefois nombreuses. Si nous ne nous risquerons pas à nous lancer dans le trollesque débat Uncharted V.S. Tomb Raider qui n'a aucunement sa place ici (et Lara existait d'ailleurs bien avant Nathan Drake), on peut en tout cas observer des similitudes sur la composition du monde de Shadow of the Tomb Raider. Si vous avez fait Uncharted: The Lost Legacy ou encore Uncharted 4, vous serez alors ravis de voir la formule "semi open-world" fonctionner à merveille pour le compte de Miss Croft. Amateur de loot et de promenades sauvages dans Assassin's Creed Origins ? La chasse, le leveling et l'exploration de Shadow of the Tomb Raider vous plairont à ravir.

Divisée en trois grands segments, la quête de Lara s'architecturera donc autour d'une trame principale 100% Tomb Raider, tandis qu'il sera possible de faire des quêtes annexes et beaucoup d'exploration à la Assassin's Creed dans des hubs aussi vivants qu'agréables. Le talent de Eidos Montréal et Crystal Dynamics fait d'ailleurs les choses à merveilles, en fondant tout ce qu'il est possible de faire dans ces hubs de manière très intelligente et ergonomique. Vous souhaitez foncer droit au but en ne faisant que la quête principale ? Pas de problème. Vous voulez profiter des quêtes annexes, défis, tombeaux et de la chasse entre deux morceaux d'histoire ? Pas de problème. Vous regrettez de ne pas avoir pu tout explorer d'une zone ? Vous pourrez y retourner plus tard avec un meilleur équipement pour fouiner encore plus les zones. 

S'appuyant sur le même système de feu de camp que dans les deux derniers opus, Shadow of the Tomb Raider peut donc être dégusté à toutes les sauces, dans l'ordre que vous voulez, et encourage d'ailleurs l'exploration et les retours en arrière pour être plus efficace sur le terrain. En somme, une navigation et un level design qui forment un tout très similaire à Rise of the Tomb Raider, mais de manière beaucoup plus vaste, et surtout, avec un intérêt qui ne baisse jamais d'un iota pendant toute l'aventure.

Et quand on regarde plus profondément dans la structure de Shadow of the Tomb Raider, on s'aperçoit là encore que les développeurs se sont vraiment donnés beaucoup de mal pour avoir un volume ludique à la fois varié et fort. Les aventures de Lara Croft made in 2018 n'ont rien de révolutionnaire, mais les éléments s'assemblent parfaitement. Côté gameplay, dans la trame principale, on retrouvera en effet la même variation entre séquences de plateformes, course-poursuites, énigmes, exploration et gunfights pour des heures de jeu qui défilent sans que l'on ne voit le temps passer. Ce que Tomb Raider et Rise of the Tomb Raider faisaient de mieux a donc été conservé, en ajoutant d'ailleurs des approches silencieuses et des possibilités d'infiltration (non obligatoires) qui enrichissent le gameplay.

Grosse nouveauté proposée par Shadow of the Tomb Raider en revanche, l'exploitation de l'eau. Elément un peu mis de côté dans les deux derniers opus, l'eau tient une place prépondérante dans ce nouveau volet. Si on peut d'ailleurs se permettre de vous glisser un petit conseil, améliorez le plus rapidement possible la capacité de Lara Croft à tenir plus longtemps en apnée tant les phases sous-marines sont nombreuses et anxiogènes (étouffer comme une merde au milieu des algues et des piranhas, c'est vraiment pas cool !). En parlant d'anxiété, on notera également des phases assez orientées Survival-Horror à certains moments. Mais nous n'en diront pas plus.

Côté évolution de Lara Croft, là encore, si rien de révolutionnaire n'est à noter, des évolutions sont présentes pour peaufiner ce système de progression. Pour prendre des niveaux, Lara devra explorer, chasser et récupérer tout ce qui se trouve sur sa route pour ensuite débloquer des aptitudes réparties en trois catégories (grosso-modo : attaque / défense / chasse). Fluide, la progression est également renforcée par une panoplie de tenues que vous pourrez récupérer, crafter ou même acheter dans les commerces des villes traversées. Shadow of the Tomb Raider n'étant pas un RPG, ne vous attendez pas à être plus véloce ou mieux protégé face aux ennemis, mais les tenues vous offriront par exemple un gain d'XP plus grand selon certaines actions. A l'aide de votre loot, vous pourrez également, dans les pauses à un feu de camp, améliorer vos armes.

Concernant l'arsenal de Lara Croft, Shadow of the Tomb Raider est très certainement l'épisode le plus pauvre en choix. Mais cette réflexion ne nous étant parvenue en tête qu'à la fin de l'aventure, cela ne devrait pas trop vous perturber non plus. Vous pourrez donc compter sur votre piolet, arc, couteau dans la catégorie armes blanches, et les classiques shootgun, pistolets et autres mitraillettes pour les armes à feu. D'ailleurs, vous pourrez en acheter dans les commerces des villes, ainsi que des munitions et des améliorations non "craftables" vous-même.

Les commerces sont d'ailleurs une autre nouveauté très agréable dans Shadow of the Tomb Raider, en donnant un sens supplémentaire à l'exploration. Vous pourrez en effet y revendre vos trouvailles pour acheter de multiples armes, munitions et autres éléments de progression. Pas indispensable (on peut très bien terminer l'aventure sans faire la moindre transaction), les magasins sont une invention agréable et une évolution sympathique de la série qui se tourne de plus en plus vers ce qu'on peut trouver, encore une fois, dans la série Assassin's Creed.

En ce qui concerne le gameplay pur et dur de Lara Croft, Shadow of the Tomb Raider remet en place un maniement assez similaire à ce qu'on peut trouver dans les deux derniers épisodes, avec plus de choix pour les types de munitions, et des aptitudes que Lara possède d'entrée de jeu (démolir les portes simples avec son arc, par exemple). Vous pourrez en revanche utiliser plus de choses pour aborder les gunfights de manière plus tactique, jusqu'à dresser des pièges et établir des véritables guet-apens jouissifs (quand on ne se fait pas cramer par l'IA en les posant !). La souplesse et la fluidité des déplacements de Lara Croft sont encore de la partie, pour des phases de jeu toujours très agréables, même si de rares bugs nous sont tombés sur le coin de la trogne. En somme, un level design audacieux et un gameplay adapté qui donnent une vraie perspective d'avenir pour la formule Tomb Raider.

Bref, le retour d'une bonne VF pour Lara Croft !

Nous n'avons pas la critique facile chez Playerone.tv, mais n'avons jamais apprécié la performance d'Alice David qui n'arrivait pas à la cheville de Françoise Cadol. Bonne nouvelle, l'actrice n'est plus dans le casting de Shadow of the Tomb Raider, et vous n'aurez donc plus à endurer les soupires interminables de chaque phrase prononcée. La nouvelle voix de Lara Croft est bien plus proche de ce qu'on connaissait dans l'ancienne trilogie, pour des échanges bien plus pertinents qu'avant. Ajoutez à cela des musiques toujours aussi envoûtantes et des bruitages adaptés, et vous obtenez alors un environnement sonore idylique pour les aventures de Lara.

Le tour du monde en 9 heures

Avec une telle structure et un rythme excellent, nous nous attendions à une quête principale qui s'étalerait plus en longueur. Le générique de fin s'est en effet affiché au bout, très exactement, de 8 heures et 57 minutes de jeu, soit une performance que l'on avait connu mieux dans les précédents opus. A noter que, pris par le temps, nous avons "foncé" en ligne droite (en mode de difficulté normale) sans faire au préalable de quêtes annexes pour voir le bout du jeu, chose que nous avons ensuite fait pendant quelques heures. Mais l'architecture de Shadow of the Tomb Raider étant plus ouverte, la durée de vie globale de l'aventure sera bien plus longue que cela si vous prenez le temps de faire les cryptes, tombeaux, défis et autres quêtes annexes sympathiques proposées par les PNJ. Il y a clairement de quoi passer plus de 20 heures dans Shadow of the Tomb Raider, sans pour autant voir les 100% du jeu.

On regrettera simplement que certains pans de l'histoire aient été si vite envoyés par les scénaristes. On ressent en effet en jouant qu'il y avait matière à faire un peu plus long sans pour autant faire du superficiel. Mais le gain de volume livré par les environnements ouverts sont peut-être plus intéressants à explorer que les quelques heures de quête principale que l'on aurait pu avoir. En gros, la durée de la trame scénarisée ne doit pas être vu comme un point faible pour Shadow of the Tomb Raider qui propose bien plus que cela.

L'ombre de Lara est radieuse comme un Sphinx

Légèrement déçus par un Rise of the Tomb Raider qui manquait d'âme, nous avons complètement été séduits par Shadow of the Tomb Raider qui fait tout mieux que son prédécesseur. Mais surtout, nous retrouvons, et c'est nouveau depuis Underworld, une Lara Croft qui réalise un véritable voyage à travers l'amérique latine pour chasser des trésors, loin des pleurnicheries et des combats d'égo dont elle faisait preuve dans Tomb Raider en 2013 et dans sa suite en 2015. Beau comme un dieu, Shadow of the Tomb Raider peut donc trôner fièrement à côté des autres opus de la série dans votre ludothèque, tandis que nous avons dores et déjà très hâte de découvrir la suite des aventures de Miss Croft avec une formule qui évolue vraiment dans le bon sens. Désolé d'avoir douté de vous, messieurs dames de chez Eidos Montréal !

Réalisation technique

18 / 20

Direction artistique

18 / 20

Level design

17 / 20

Gameplay

17 / 20

Scénario

14 / 20

Bande sonore

19 / 20

Durée de vie

15 / 20
  • Voyage de toute beauté technique et artistique !
  • Enfin une VF à la hauteur de Lara (et Françoise Cadol)
  • Structure efficace bien composée
  • Les énigmes, intéressantes
  • Beaucoup d'exploration et de quêtes annexes
  • Les personnages secondaires, plus attachants qu'avant
  • Mise en scène de haute-volée
  • Une chouette évolution de la personnalité de Lara
  • Des phases de gameplay épiques
  • De beaux easter egg à découvrir pour les fans
  • Un HDR très efficace qui sublime le tout
  • Lara fait à nouveau la sirène
  • Le teasing post-crédits... !
  • Les tombeaux, très bien conçus
  • Résolution native un peu faiblarde (sur PS4 Pro)
  • Les personnages manquent de détails graphiques
  • Quelques bugs d'accroches en mode grimpette / cascade
  • Scénario vu et revu (dans la série)
  • Quête principale assez courte (9 heures)

Verdict

18 / 20