Test de Life is Strange

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, par Gregoire Charlier (Speedy)

Après un Remember Me dans un univers de Néo Paris plutôt réussi, DontNod n’avait cependant pas réussi à proposer un gameplay original sans dévoiler ses multiples prises d’inspiration. C’est un tout autre virage que le studio français prend avec Life is Strange, un jeu épisodique divisé en 5 épisodes, édité par Square Enix, sauvant par ailleurs DontNod d’une tragédie financière. Un tout autre style, une toute autre façon d’aborder le jeu vidéo et une autre optique en termes de trame scénaristique, DontNod Entertainement prend une nouvelle direction, qui promet davantage qu’une suite à Remember Me.

Life is Strange est, comme cité ci-dessus, un jeu épisodique. Dans cet article, il s’agira d’un test du premier épisode uniquement sorti à l’heure actuelle, les prochains arrivant à un rythme de un opus toutes les 6 semaines. On y incarne Max, une jeune adolescente, prisonnière de son monde geek dans lequel elle voudrait sortir. Pour y remédier, elle étudie dans une faculté américaine pour suivre les meilleurs cours de photographie du pays. A ce moment là, on aurait pu prendre Life is Strange comme une simulation de vie d’adolescente américaine avec tous les clichés qui s’en suivent.

C’était sans compter sur Max, qui découvre qu’elle bénéficie d’un pouvoir particulier, puisque ce dernier lui permet de remonter le temps. Néanmoins, d’autres questions se posent après cette découverte, car le pouvoir, aussi lourd à posséder soit-il, n’est un qu’un élément d’interrogation supplémentaire auxquels peuvent s’ajouter une disparition mystérieuse d’une certaine Rachelle ou encore les retrouvailles plusieurs années après de Max et de sa meilleure amie Chloé. N’étant pas le seul jeu à jouer avec les failles temporelles, Life is Strange joue sa carte de manière différente, puisque la position de votre personnage n’est pas impactée par la remontée du temps. Ainsi, vous pouvez rester figé sur place en remontant le temps.

Manette en main, cette particularité de remonter le temps est plutôt bien intégrée, et dans différentes situations. Ainsi, vous pourrez très bien choisir un autre choix que celui que vous avez choisi initialement pour juger l’une ou l’autre des interactions possibles, légèrement déguisé tout de même puisque on retrouve très vite le fil principal de l’aventure. Dans d’autres cas, on pourra aussi être en face de petites énigmes, où il faudra remonter le temps pour trafiquer des objets, esquiver des obstacles, qui apporte un autre mécanisme intéressant sur ce pouvoir.

Life is Strange ne s’en cache pas, il s’inspire grandement des productions de Quantic Dream et de Telltale Games. Ainsi, vous marchez dans différents environnements avec beaucoup d’éléments du décor interactifs, et quelques objets avec lesquels vous pouvez interagir pour faire avancer l’histoire, bien que dans Life is Strange vous pouvez bouger la caméra comme vous le souhaitez, comme chez Quantic Dream. De ce fait, une composante de jeu d’aventure se sent davantage que dans les productions des studios cités ci-dessus, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Même si le nombre d’interactions en question est bien moindre que dans un The Walking Dead, DontNod a réussi à construire un univers intéressant, parfois profond avec un background qui se construit à travers les dialogues avec les différents personnages présents, les différents écrits, des extraits audio, qui, dès ce premier épisode, permet de créer tout l’environnement du jeu et crée déjà des liens très forts entre différents personnages pour la suite des aventures.

Mais quelques clichés sont présents, et pourront déranger les joueurs, comme le rebelle capitaine de l’équipe de football américain ou encore la jeune hypocrite qui créée sa petite bande pour ameuter les conflits. Dans un premier temps, on peut voir cette tournure comme une volonté même de DontNod d’accentuer ces traits de caractères, ou d’une autre manière dans laquelle la caricature est trop poussée pour déjà créer des personnages anti-charismatiques. Dans l’ensemble, la quasi-totalité des personnages donnent pourtant déjà envie d’en apprendre davantage.

Pour autant, si du côté de la trame principale la mission est remplie, quelques réserves interviennent au sujet de la réalisation technique. Si l’ensemble reste propre une fois qu’on a goûté pendant quelques minutes au jeu, la qualité des animations et les facettes de certains personnages ne sont pas soignées et retirent pour le coup quelque chose de très important quand Life is Strange essaye de vanter des relations fortes entre certains protagonistes. On pourra donc parfois se retrouver face à des discussions intéressantes mais mal rendues par le moteur graphique, ce qui donne des écarts de dialogues et des expressions pauvres sur leurs visages. Fort heureusement, la réalisation technique ne prend pas le pas sur la belle direction artistique de Life is Strange, univers Pop / Punk muni d’une bande son magnifique, et d’environnements travaillés au crayon pour un résultat artistique saisissant.

 

Malgré une concurrence du genre assez relevée, Life is Strange arrive tout de même à trouver sa place. Un univers chaud et sympathique, des personnages intéressants et profonds, bien que quelques clichés puissent faire surface, et la composante du pouvoir de remonter le temps apporte quelques mécanismes intéressants. Même si ce dernier est imposé par Don'tNod dans des phases scénarisées, on attendra de voir si ce pouvoir pourra faire basculer l’aventure de Max selon le fait que le joueur sache s’en servir quand il le faut ou non. Un premier épisode accrocheur, qui, malgré une technique défaillante par moment et des clichés parfois prononcés, fait le travail d’où on attend la suite avec impatience.

Réalisation technique

12 / 20

Direction artistique

16 / 20

Level design

15 / 20

Gameplay

14 / 20

Scénario

14 / 20

Bande sonore

16 / 20

Durée de vie

15 / 20
  • Des personnages attachants
  • Une direction artistique travaillée
  • Un pouvoir attachant
  • Un background fouillé
  • Animations un peu faiblardes
  • Parfois trop cliché ...
  • De légères longueurs

Verdict

15 / 20