Test de Farpoint

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, par Thomas

7 mois après sa sortie, le casque de réalité virtuelle de Sony accuse diablement le coup d’une ludothèque pour le moins faiblarde. Agressé de droite à gauche pour son catalogue famélique, le PSVR compte en partie sur Farpoint pour apaiser les ardeurs des gamers inquiets et agacés de voir leurs casques prendre la poussière. Il semblerait alors que le dernier né d’Impulse Gear doive s’affranchir de deux tâches : celle de convaincre les sceptiques et celle de rassurer les possesseurs de PSVR. Reste à savoir si ses épaules sont assez larges… Réponse dans ce test de Farpoint réalisé à partir d'une version éditeur offerte par Sony sur une PS4 Pro.

L’effet waouh

Une fois le casque solidement monté sur la tête, l’environnement spatial de Farpoint ne tarde pas à vous y immerger. Le joueur fait partie d’une équipe spatiale dont le devoir est d’enquêter sur une nouvelle source de radiation plutôt très prometteuse. Petit problème : au moment de l’exploration, il se passe quelque chose qui met en péril la vie de vos compagnons de route. Une fois atterri sur la planète, il sera de votre ressors de retrouver vos alliés et de découvrir ce que cette étrange planète porte en son sein.

Pour ce qui est des qualités purement graphiques, le dernier opus des studios de San Francisco place la barre très haut, et se hisse même au rang des plus beaux jeux VR. Oui, j’ai bien écrit VR. Inutile ici de le comparer à des Uncharted ou des Horizon, puisque la capacité graphique des lentilles du casque de Sony est bien moindre. Comparons donc les bananes avec les bananes, et dans ce cas très précis donc, Farpoint fait montre d’une maîtrise graphique et artistique des plus singulières. Au programme : de très beaux effets de lumière et de particule, un champ de vision plutôt large et un confort au casque excellent. Si on continue sur les bons points, votre fidèle serviteur qui a pourtant la gerbe facile, n’a ressenti aucune gêne stomacale. Les développeurs ont pensé à tout et dans le cas où les retournements de tête pourraient déranger votre flore intestinale, sachez qu’il est possible de baisser d’un cran la vitesse des mouvements de tête, voire même de complètement les désactiver ! Excellent point donc pour ceux qui avaient peur de vomir dans un casque à 400 euros (ça fait cher le bidet), c’est pratiquement impossible. Cependant, prévoyez un espace de jeu élargi puisque le jeu se joue debout. D’ailleurs, il est tout à fait conseillé de fractionner vos parties de Farpoint pour éviter les crampes chroniques aux jambes et autres courbatures post-Farpoint. Le prix de l’immersion, nous dira-t-on.

Puisqu’on en parle, justement, l’effet waouh se poursuit dans l’immersion, clairement au-dessus de tout ce qu’on a pu voir pour le moment. Le joueur est jeté dans un univers hostile, oscillant entre émerveillement et horreur. Les ennemis (en majorité de type arachnides) sont tantôt minuscules et tantôt immenses, mais toujours d’une agilité et d’une vivacité qui en fera pester plus d’un. Quoi qu’il en soit, la plus-value réalité virtuelle est bel et bien là et les studios de San Francisco peuvent se tanner d’avoir vraiment rempli leur mission immersive : Farpoint s’érige en porte-parole de la réalité virtuelle, et bien malin serait celui qui pourra dire qu’un tel niveau d’immersion aurait été possible sur n’importe quelle autre plateforme hors VR. Le VR Aim Controller, à comprendre : le flingue vendu avec Farpoint, complète ce bel ensemble. Très important : bien qu’il ne soit pas indispensable au gameplay, il est très fortement conseillé de l’utiliser pour jouer à Farpoint. Le gameplay à la manette est à la limite du cauchemardesque, sans compter que l’immersion n’en est que plus amoindrie. Quand vous dépensez 400 euros pour un casque censé augmenter l’immersion, il serait dommage de rechigner à ajouter une quarantaine d’euros pour un accessoire qui, finalement n’est pas du tout…accessoire. 

Vous l’aurez compris du point de vue de l’immersion, Farpoint n’a aucune raison de rougir. Pourtant, si le dernier opus d’Impulse Gear reste bel et bien un jeu tout à fait recommandable, il subsiste ça et là des défauts qui, à mesure d’accumulations, pourraient agacer et décontenancer les plus patients d’entre vous.

L’effet grrrr

Tout le monde le sait bien maintenant, dans l’espace, l’espace ne manque pas. Au-dessus de nous, le néant, en dessous de nous, l’infini. En somme, tout le contraire de votre salon. Le côté positif, c’est que la PlayStation Camera ne vous demandera pas un salon digne de la galerie des glaces du Château de Versailles, c’est un bon point, comme c’en est un mauvais. En gros, le rayon d’action de mémère PlayStation Camera vous rappellera à l’ordre très souvent pour vous dire : "hé ho, ne t’en vas pas trop loin, je ne te vois plus." Même si le jeu se débrouille plutôt bien à vous rappeler assez discrètement que la caméra va vous lâcher si vous ne remédiez pas à la situation très vite, le fait est qu’il est franchement frustrant de se voir rappeler à l’ordre 5 à 6 fois dans une partie. Certains diront que c’est moi qui ai trop la bougeotte. Je ne rétorquerai rien à cela, car c’est tout à fait possible. Cependant, je n’ai pas la prétention de sortir de l’ordinaire : si ce problème m’est arrivé, il pourrait arriver à bon nombre d’entre vous également. Soyez donc prudents et si cela vous est possible, installez des barreaux de prisons autour du périmètre pour éviter de voir le casque devenir tout noir en plein combat.

Sans nul doute, des combats, vous en aurez à la pelle. Et sans nul doute, des game over, vous en aurez tout autant. La faute premièrement à un système de recharge d’armes pas très bien pensé : vous commencez avec une arme type AK-47 qui a la particularité d’avoir des munitions infinies, sans besoin de les recharger. Par contre, elle surchauffe assez rapidement, il imputera donc au joueur de bien vérifier sa cadence de tir.  Au fur et à mesure de l’aventure, vous débloquerez d’autres armes, dont un fusil à pompe qui, lui en revanche, ne se recharge pas automatiquement. Pire encore, il prend entre 5 et 7 secondes pour se recharger complètement et nécessite une pression sur la touche carré. "Rien de bien handicapant" me direz-vous. Sauf que, quand vous êtes sans cesse harcelé d’ennemis, et qu’on vous a habitué pendant une bonne heure et demi à une arme qui ne nécessite aucun temps de recharge, et que vous passez soudainement à une arme qui elle, nécessite que vous attendiez 5 secondes, eh bien, ces 5 secondes, elles vont servir aux différentes créatures qui vous entourent. Et croyez-moi, vous ne serez presque jamais seul dans l’arène.

C’est bien là le second point assez frustrant de ce Farpoint : la difficulté est horriblement mal calibrée. Vous passerez tantôt comme dans du beurre fondu à coups de fusil à pompes et de mitraillette, tout autant que certaines phrases s’apparenteront aux douze travaux d’Hercule. Sur ces phases là justement, il faudra vous armer de bien plus que ce que le jeu daigne vous donner : beaucoup d’abnégation, de patience et de courage. Même avec le Aim Controller, qui est pourtant d’une précision presque inouïe, les ennemis qui s’érigent devant le joueur sont très souvent beaucoup trop nombreux pour pouvoir espérer une bataille à armes égales. Même si le bestiaire des ennemis reste somme toute classique et sous-numéraire, il n’en reste pas moins que leurs capacités à vous exploser la face d’acide citrique est redoutable. Très souvent, le joueur se retrouvera à devoir faire plusieurs choses à la fois : tirer sur les petites araignées qui vous sautent dessus tout en faisant attention aux grosses araignées qui lancent des bulles d’acide, tout en faisant attention aux grosses araignées qui vous foncent dessus sans se restreindre, tout en faisant attention aux autres araignées qui serpentent le sol et vous grimpent dessus à la moindre occasion. Bref, il vous faudra prendre sur vous pour ne pas sortir de vos gonds et buter votre toute nouvelle télé.

"De toute façon, c’est Thomas, il a zéro skill. Si tu perds, tu recommences, pas de soucis.". Là encore, je vous laisserai seul maître de vos propos mais sachez qu’en plus d’avoir des pics de difficultés grotesques, les checkpoints sont horriblement mal-placés. Si vous perdez face aux derniers ennemis de l’arène, vous vous retrouverez très souvent à devoir vous retaper toute la séquence, ce qui ne fait qu’ajouter un peu plus à votre frustration déjà bien mise à l’épreuve. Et si, dans un élan d’énervement magistral vous vous mettez à quitter le jeu et revenir au menu principal, autant vous dire que la sanction sera encore plus violente : c’est tout le chapitre que vous devrez vous refaire. Dans une époque où les jeux deviennent de plus en plus faciles, la difficulté n’est pas de refus, quand elle est bien calibrée et surtout quand elle laisse quand même sa chance au joueur. Dans Farpoint, il semblerait que ce ne soit pas tout à fait le cas. Tant mieux, pourriez-vous me dire encore, la difficulté en pic pourra, éventuellement, gonfler la durée de vie. Pas bête, surtout quand la campagne principale se finit en à peine 6 heures, ce qui mine de rien, fait de Farpoint l'un des jeux les plus longs sur PlayStation VR… Risible.

Cependant, pour un peu gonfler une durée de vie maussade, Farpoint peut se targuer d’ajouter à la campagne principale, un mode "challenge" qui permettra aux joueurs nostalgiques de l’univers de rejouer les missions en mode multiplayer.

Mais ce qui fait le sel de ce jeu VR est son mode coopération, qui, pour le coup marche vraiment bien. Le concept est simple, vous êtes avec vos partenaires, dans des arènes et devez combattre des ennemis en temps réel, côtes à côtes. Vu de l’extérieur, vous aurez plutôt l’air de deux mongols en train de pointer un flingue en plastique à la télévision, mais bien évidemment, l’histoire est tout à fait différente quand le casque est sur la tête. Cependant, il faut bien le dire, ce mode nécessite : un ami, ce que beaucoup d’entre vous ont déjà, mais en plus de cela, un ami avec un PSVR et un VR Aim Controller. L’accumulation ici pourrait bien s’avérer meurtrière pour ce mode de jeu. Dommage, car il vaut vraiment le coup de rétine.

Pour conclure, donc, Farpoint a pour lui un véritable monde de qualités indéniables : l’immersion est absolument incroyable, le monde qui évolue sous nos yeux est véritablement suffoquant de beauté et en deviendrait presque réel. Les phases de tirs, pour peu que vous obteniez le VR Aim Controller, sont d’une précision d’orfèvre et extrêmement nerveuses. Malheureusement derrière ces qualités se cachent aussi de pernicieux défauts. La difficulté en pic, quand elle est alliée à un système de checkpoints mytho et franchement aggravant, découragera certains joueurs.

Pour ceux qui ont déjà acheté le PSVR, nul doute que ce Farpoint saura combler leurs attentes, pour peu qu’ils s’arment de patience. Pour les autres en revanche, pas sûr que le dernier né d’Impulse Gear puisse à lui tout seul, justifier l’achat du casque de Sony. (Far)point final.

Réalisation technique

17 / 20

Direction artistique

14 / 20

Level design

14 / 20

Gameplay

18 / 20

Scénario

16 / 20

Bande sonore

15 / 20

Durée de vie

14 / 20
  • L'immersion poussée à l'extrême
  • Extrêmement précis
  • Beau
  • Difficulté mal gérée
  • Checkpoints mal placés
  • Campagne solo courte

Verdict

14 / 20