Comme le beaujolais nouveau pointe le bout de son nez chaque année en automne, revoilà FIFA et PES pour un ultime tour d’honneur sur PS4, PC et Xbox One. Même si rien n’a été confirmé encore, il y a fort à parier que les opus 2020 des deux franchises de football marquent la fin de l’ère FIFA et PES sur les consoles que l’on connait. Le début de cette ère a éte largement dominée par un FIFA plus incisif et qui a mieux assuré le tournant fatidique de la next-gen en 2014.
Fort heureusement pour PES, la dynamique commence sérieusement à s’inverser, tout autant que FIFA commence sérieusement à agacer. Quel jeu de football faut-il choisir en 2019 entre FIFA 20 et eFootball PES 2020 ? Verdict dans notre face-à-face réalisé sur PS4 Pro, via deux jeux offerts par clé par EA Sports et Konami.
Graphismes : Avantage PES
Graphiquement, les deux jeux se valent tout à fait, bien que FIFA accuse de sérieux retards dans la modélisation des joueurs. Côté PES, les quelques critiques qu’on peut faire seraient de l’ordre du tatillonage, à la limite de la mauvaise foi. Comme à leur habitude, les équipes de Konami ont abatu un travail de malades pour modéliser des joueurs à la perfection. Ainsi, l’équipe de Liverpool dispose par exemple d’une batterie de joueurs plus vrais que nature. Vous n’aurez aucun mal à les reconnaitre. C’est tout aussi vrai pour les clubs qui ne sont pas soumis à la licence PES.
Ainsi, les joueurs de renommée internationale tels que Neymar, CR7, Messi mais aussi les moins populaires comme Kimpembe, Kehler ou Naby Keita. D’un point de vue graphique plus global, Konami a opéré pas mal de modifications : beaucoup plus d’animations, des dribbles plus poussés, une vitesse de jeu qui favorise la construction. Bref, l’impression qu’on assiste à un match de foot est omniprésente, autant dans les graphismes que dans le gameplay d’ailleurs.
Pour FIFA, on retrouve malheureusement les mêmes défauts que dans les précédentes éditions. Les joueurs les plus connus sont tous très bien modélisés, mais c’est une toute autre histoire quand on joue avec des équipes un peu moins connues. Attention, on ne parle pas de la troisème division néerlandaise. Des équipes comme Monaco, disposent d’une moins bonne modélisation de ses joueurs. Mais le problème le plus troublant de FIFA, et un problème que toute la presse pointe du doigt depuis 5 ans maintenant, est l’inexpressivité des visages. L’effet poupée de cire est toujours bien présent, pour la cinquième année consécutive. Pénible.
Gameplay : Avantage PES
Dans le gameplay, il n’y a pour ainsi dire presqu’aucune nouveauté à signaler du côté du titre d’EA Sports. Le rythme de jeu reste le même: extêmement rapide. Il laissera en effet la part belle aux attaques rapides et les joueurs comme Mané, Salah, Cristiano Ronaldo ou encore Kylian Mbappé se raviront de cet immobilisme. Le 1 contre 1 a été, selon les dires marketing d’EA Sports, plus travaillé, tout autant que la première touche de balle, ce qui a été l’occasion pour EA de nous assèner un de ses nouveaux termes marketing à la noix: le strafe dribbling.
En gros, cette technique cache un geste plutôt très efficace dans le jeu, surtout quand elle est combinée à une feinte de passe ou de tir. Dans les nouveautés, on peut aussi noter une physique de balle un brin meilleure, une inertie des joueurs beaucoup plus présentes (ce qui rend le jeu plus plaisant par ailleurs) et quelques (très peu) nouvelles animations. L’équipe d’EA a également apporté un soin particulier dans les frappes de balle : celles-ci ne seront plus automatiquement des boulets de canon cadrés, mais dépendront également de plusieurs facteurs (types de passe, position du joueur, qualité de la passe, terrain, etc.) Dans les faits, ces changements sont mineurs et on ne voit franchement pas grande différence.
Dans le jeu, on a eu l’impression que les interceptions étaient beaucoup plus nombreuses, l’IA un peu plus agressive et surtout les gardiens beaucoup plus réactifs et prompts à faire des sauvetages inattendus. Attention cependant, ils ne sont pas exempts de tous reproches, et feront très souvent une bourde, notamment dans les duels aériens.
PES, de son côté, jouit d’un gameplay toujours bien supérieur à celui de son concurrent direct. La physique de balle est tout simplement incroyable, criante de vérité. Chaque détail de l’animation du joueur et de la balle a été pris en compte pour un rendu télévisuel qui est à des millions d’années lumière de ce que FIFA peut proposer. PES s’appuie sur les excellentes bases de son grand frère pour proposer une expérience de jeu plus riche, plus variée et plus efficace. Pourtant, tout n’est pas rose : pire encore, les largesses défensives (notamment sur les ailes) qui avaient été annihilées par PES 2019 refont surface dans ce nouvel opus. C’est une énorme déception de ce côté là, car ces largesses amènent forcément avec elles des actions stéréotypées et répétitives. Il faudra que le joueur fasse preuve d’une honnêteté énorme pour ne pas acculer les défenseurs adverses de passes en profondeur sur les flancs, tant cette formule marche à merveille.
Un autre point qui pourra très fortement vous agacer : l’arbitrage dans PES 2020 est à pleurer de médiocrité. Les contacts (peut-être exagérés) mènent très souvent à un faux avantage, voire à un refus catégorique de l’arbitre de siffler. En revanche, une faute qui semble anodine peut vous couter un avertissement. A n’y rien comprendre.
Contenu : Avantage FIFA
La-dessus, FIFA creuse évidemment l’écart. Le titre d’EA Sports avait réussi à rapatrier les droits de la ligue des champions l’année dernière. Il ajoute alors à son palmarès flamboyant, en plus de toutes les licences possibles et imaginables (moins la Juventus…), un nouveau mode Volta, qui s’apparente à feu FIFA Street. A travers ce mode, FIFA abandonne Alex Hunter et son mode histoire pour succomber donc à une demande que les joueurs de FIFA ne s’attendait plus à avoir. Si Alex Hunter a dit « bye bye », Volta parvient à fusionner le côté histoire et le côté street.
En gros, vous allez incarner un personnage et suivre ce personnage au fur et a mesure des péripéties qui le porteront vers la victoire. Un scénario classique et totalement cousu de fil blanc que n’est ni arrivé à nous passionner, ni arrivé à nous faire rester sur Volta. Pourtant, le gameplay était fun et les environnements assez variés. Il semblerait malheureusement que la scénarisation ait quelque peu gâché le plaisir.
Pour ce qui est de l’autre grosse nouveauté : c’est l’amélioration du mode carrière. A travers plus de personnalisation possible de l’entraineur et surtout des conférences de presse où le joueur aura le choix des mots, FIFA 20 s’érige en exemple du jeu hors ligne. Ainsi, il sera possible d’assister à des conférences de presse et de répondre à trois questions de journalistes. Les réponses que vous donnerez vous influer sur le moral de l’équipe et sur le moral d’un joueur en particulier, selon la question. C’est sympa, rafraichissant, mais on s’en lasse très très vite, surtout qu’on n’a pas tellement vu de différences entre une équipe au moral déprimé versus une équipe au moral en hausse.
Pour PES, il faut déplorer un manque de contenu effarant, comme d’habitude. Rien de nouveau sous le soleil : une ligue des masters en bois, quelques tournois hors-ligne et une interface aussi vive et colorée que la tombe d’un croque-mort. Ce n’est pas tellement une surprise, mais on peut tout de même déplorer ce défaut spécifique, d’autant plus que toute la presse le signale depuis près de 5 ans. Circulez, y’a rien à voir.
Audio : Egalité
Les deux mêmes duos dans FIFA et dans PES : j’ai nommé Hervé Mathoux et Pierre Menes pour l’un et Darren Tulett et Grégoire Margotton pour l’autre. Pour les deux : les commentaires sont incroyablement mauvais. FIFA 20 nous ressort les mêmes commentaires français réchauffés avec à peine deux phrases de plus comparé à la version 2019. Rageant, surtout quand on sait combien les commentaires anglais sont excellents. Nos amis anglais disposent même de deux groupes de commentateurs différents, et des commentaires sur la touche. On ne comprend vraiment pas pourquoi le même soin n’a pas été appliqué unilatéralement.
Pour PES, c’est cohérant dans la médiocrité. Il n’y a pas de pays ou de langue qui dispose d’un traitement de faveur, c’est déjà ça. Entre le mauvais jeu d’acteur de Tulett et les problèmes de synchronisation de Margotton, autant vous dire que vous allez très rapidement baisser le son et jouer dans le silence.
Les ambiances des stades en revanche sont toujours aussi bonnes. Dans FIFA 20, on entend forcément les chants officiels des supporters, bien qu’on puisse déplorer un décalage entre l’action et la réaction du public. Il n’est pas rare ainsi de marquer un but à domicile et de planer dans un long silence de 2 secondes avant que la foule ne parte dans une liesse incontrôlable.
Verdict : FIFA 20 ou PES 2020 ?
PES 2020 finit donc l’année avec les honneurs du déclin qu’il a commencé. Beaucoup moins exigeant que son grand frère mais toujours aussi profond dans son gameplay, le dernier né de Konami ne plaira qu’à ceux qui le connaissent déjà, ou qui sont préparés à quelques heures de tutoriel. Malgré tout cela, PES 2020 pêche encore par son austérité délirante et un manque de contenu accablant. En quelques mots : le fond, sans la forme.
Pour conclure, il est temps pour FIFA de tirer sa révérence. EA Sports arrive très clairement à la limite du modèle qu’il a choisi de vanter. Plus que jamais, ce FIFA 20 est une mise à jour paresseuse et sans idées de son grand frère, malgré quelques idées de gameplay discrètement instillées et de timides bonnes idées de contenu ici ou là. En somme : la forme sans le fond.
Les notes de FIFA 20 et PES 2020
Graphismes : 16 VS 16
Gameplay : 12 VS 16
Bande Son : 12 VS 11
Durée de vie : 18 VS 12
Note Finale : 11 VS 14
Points forts de FIFA 20 et PES 2020
– Volta sympa VS Graphiquement très joli
– Toutes les licences officielles VS La nouvelle caméra
– Contenu et modes de jeux à foison VS La physique de balle toujours au top
– Des efforts sur le mode carrière VS Quelques efforts timides sur la mise en scène du mode carrière
Points faibles de FIFA 20 et PES 2020
– Mode Volta finalement anecdotique VS Contenu famélique
– FIFA 19 avec un 2 et un 0 VS Des errances défensives
– Un gameplay toujours aussi peu équilibré VS Arbitrage catastrophique
– Visages inexpressifs VS Interface austère
– Commentaires et commentateurs français aux fraises pour FIFA 20
– STOP avec les MAJ à payer plein tarif pour FIFA 20 !