Si de plus en plus de studios de développements tendent à proposer des maniabilités adaptées pour que leurs jeux vidéo s’adaptent au mieux à toutes sortes de handicaps, on ne peut pas vraiment dire qu’en 2022, toutes les productions puissent être appréciées de la même manière pour l’intégralité des publics concernés. Dans cet édito, je souhaitais aborder un thème qui n’est pas très populaire, le handicap et le gaming, tout en exposant le cas d’un de mes abonnés les plus anciens, Cédric M, qui a eu la malchance de vivre un drame l’empêchant de profiter des jeux vidéo comme avant.
Handicap et jeux vidéo – Un combo impopulaire
Quand on est une personne « valide », on ne se rend pas compte de ce qu’un joueur ou une joueuse souffrant d’un handicap peut traverser comme difficultés pour prendre du plaisir avec une manette. Vous avez déjà très certainement entendu parler de quelques productions qui font de gros efforts pour fabriquer des maniabilités « adaptées » aux handicaps, mais soyons honnêtes, si nous ne sommes pas concernés, nous n’avons jamais vraiment poussé la réflexion sur ce sujet.
Depuis mes débuts dans le journalisme gaming, en 2009, j’ai tout de même pu voir beaucoup d’améliorations du côté des tentatives d’améliorations de l’accessibilité des jeux vidéo auprès des joueurs et des joueuses souffrant de handicap. J’ai par exemple vu la naissance de CapGame, une association loi 1901 qui se démène vraiment pour apporter les meilleurs solutions aux personnes confrontées à un handicap, et qui milite pour faire connaître un peu plus cette communauté de joueurs et de joueuses qui souhaitent simplement se faire plaisir avec le gaming.
Mais malgré des initiatives de plus en plus nombreuses, même de la part des constructeurs et développeurs (on en reparle dans le paragraphe suivant !), force est de constater que le handicap est toujours un sujet assez tabou dont on ne parle pas assez. Et dont les solutions restent aujourd’hui peu nombreuses et assez impopulaires.
Les tentatives d’adaptabilité des développeurs
Pour être totalement franc et transparent avec vous, je ne me suis jamais intéressé au degré d’accessibilité d’un jeu vidéo avant la sortie de The Last of Us: Part II, ou plus précisément un peu avant sa commercialisation quand j’avais reçu un communiqué de presse de PlayStation qui mettait en avant les nombreuses options pour qu’un maximum de joueurs et de joueuses puissent en profiter.
Avant cela, j’avais aussi eu l’occasion de découvrir l’énorme stick / manette adaptative Xbox, sur le stand Microsoft d’une dernière Paris Games Week. Et c’est à peu près tout.
Cela fait déjà quelques solutions pour que les gamers en situation de handicap puissent s’exprimer virtuellement. On notera aussi le mode « copilote » sur Xbox qui permet à un second joueur de contrôler le personnage pour que l’appréhension se fasse mieux. Mais quoi qu’on dise, quoi que les développeurs fassent, il n’existe pas une solution miracle qui pourra convenir à l’intégralité des handicaps, certains étant moteurs, physiques, neurologiques etc.
Si vous cherchez un listing de jeux vidéo récemment sortis dans le commerce, je vous invite par ailleurs à consulter Game Lover, qui fait des tests d’accessibilité des dernières productions.
Même si toutes les productions ne profitent pas de gameplay accessibles « hors norme », je félicite tout de même les plus gros studios et constructeurs qui commencent à se préoccuper du bien-être des joueurs en situation de handicap. Il n’est pas aisé de formuler des maniabilités avec des gameplay de plus en plus complexes, mais la réattribution des touches est un bon élément primaire auquel pourra venir se visser l’utilisation d’un matériel adapté à la situation de chacun.
Les matériels adaptés (et hors de prix)
Que l’on parle du Xbox Adaptive Controller ou de n’importe quelle autre solution pour avoir une manette ou du matériel adapté à une situation de handicap, force est de constater qu’il faut sortir le chéquier. Pour le cas du pad Xbox, j’ai cru un instant qu’il n’était pas si cher que cela, avant de me rendre compte que Microsoft ne semble vendre que la « base » à 90€, sans les accessoires. Je n’ai d’ailleurs pas pu trouver les boutons et autres mécanismes compatibles sur le site de Microsoft. Curieux.
Du côté de chez PlayStation et Nintendo, c’est simple, aucun des deux constructeurs ne proposent de solution d’accessibilité. Il faudra alors passer par des accessoristes « third party » pour jouer sur PS4, PS5 ou Nintendo Switch (et même Xbox, Microsoft n’ayant pas le monopole du pad adaptatif avec son Xbox Adaptive Controller, heureusement).
Au bas mot, vous devrez dépenser un minimum de 200 / 250€ à mettre dans une manette adaptée. Quand on sait combien une situation de handicap peut générer en précarité, la facture est salée. Une bonne quantité d’accessoristes proposent aujourd’hui une belle brochette de produits à composer soi-même. On peut par exemple reprogrammer les boutons d’une manette, déporter un stick analogique ou les gâchettes pour pouvoir jouer à une seule main, ou d’autres solutions plus complexes comme diriger les sticks avec sa bouche.
Les tarifs élevés de ces manettes adaptatives s’expliquent par deux choses : le coût déjà assez élevé d’une manette « de base », et le temps à passer pour la customiser. Mais là où je ne trouve pas cela « normal » est que les constructeurs ne soient pas beaucoup plus clairs en n’orientant pas du tout les joueurs et les joueuses en situation de handicap à y voir plus clair. Une simple rubrique suffirait à orienter les joueurs et les joueuses vers des accessoristes fiables, par exemple.
Avant la rédaction de cet édito, je me suis vraiment confronté à de nombreuses difficultés avant de commencer à voir des solutions pour trouver une bonne manette à Cédric M. Je remercie d’ailleurs Stéphane B, qui m’a un peu mis sur les rails, mais réussir à avoir de bonnes informations est aussi simple que de trouver son chemin dans une jungle brumeuse.
L’histoire de Cédric et ses difficultés pour jouer
Quand le gaming se transforme en galère
Cela fait des semaines que je réfléchis à aborder l’histoire de Cédric M (qui est bien entendu au courant de la rédaction de cet édito, et des propos relayés ici). Par respect pour lui, le ton de cet édito n’a pas pour vocation à être dramatique ou culpabilisant pour vous, chers lecteurs et chères lectrices, mais humain, afin de faire prendre conscience qu’un handicap peut vraiment transformer la consommation de jeux vidéo en une galère sans nom.
Cédric a été victime d’un accident du travail il y a deux ans, et a perdu son bras gauche. Après des semaines d’hospitalisation et d’opérations diverses et variées, son quotidien n’est toujours pas revenu à la normale, et ne sera plus jamais comme avant. Les jeux vidéo sont un excellent moyen d’évasion et de détente pour la plupart des gens, mais Cédric rencontrent beaucoup de difficultés pour s’amuser, et doit choisir des jeux adaptés à son unique main droite, avec une manette de PS4 non modifiée.
Des mois après ce traumatisme aussi bien physique que psychologique, Cédric a réussi à se remettre aux jeux vidéo avec GTA 5 sur PS4, qui propose beaucoup d’options d’accessibilité. Concernant sa consommation de jeux, Cédric privilégie les expériences plus simple à une main comme les Beat’em All en 2D, Shoot’em Up, Diablo 2 et 3, Hades et les jeux de course comme les Need for Speed et Gran Turismo. Mais pour apprécier un jeu d’action / aventure, le contrôle de la caméra lui pose de gros problèmes, sans parler des jeux de combat qui deviennent vite hors de propos (sauf en mode easy contre l’IA).
Une cagnotte pour une manette adaptée
Il n’est pas financièrement pas au mieux de sa forme, et c’est pour cette raison que j’ai lancé une cagnotte afin que Cédric puisse jouer de manière beaucoup plus accessible dans les mois à venir. Après des heures et des heures de recherche, je suis tombé sur la société Hitclic qui propose de bonnes solutions. La manette qui nous intéresse coûte 249€. J’en prends personnellement 100€ à ma charge et Cédric « mettra au bout » de ce qu’il faudra ajouter.
Avec une vie entière à réadapter, une manette accessible pourra au moins donner des moments d’évasions à Cédric de manière plus confortable. Je lui adresse bien entendu, à nouveau, toute mon amitié et mon courage pour affronter sa « nouvelle » vie, ainsi que mon respect de le voir lutter comme cela depuis son accident. Si vous souhaitez apporter votre aide pour ce projet, nous avons mis en place une adresse PayPal uniquement dédiée à cet effet en cliquant sur le lien ci-dessous. La somme accumulée sera bien entendu partagée en toute transparence dans cet article (ou un nouveau) et sur mes réseaux sociaux, ainsi que pendant mes lives durant tout ce mois de juillet 2022.
Aidez Cédric à avoir une manette adaptée !
Conclusion – Rien n’est simple !
Comme vous avez sans doute pu le constater dans cet édito, le sujet du gaming et du handicap est une véritable jungle où tout est compliqué. Du handicap à gérer personnellement aux accessoires qui correspondent au mieux à la situation de chacun en passant par le prix très élevé des manettes, j’ai découvert une « frange » du gaming qui m’était presque totalement étrangère. Félicitons tous les acteurs qui permettent aux gens souffrant de handicap de mieux accéder aux jeux vidéo années après années, car même si cela reste complexe, les choses bougent pas mal, et les mentalités évoluent !