Sauf si vous êtes en stase depuis des semaines, vous n’aurez certainement pas manqué l’énorme échec de Concord, dernier jeu service de PlayStation. Sorti le 23 août 2024 et fermé le 6 septembre de la même année, soit 14 jours plus tard, Concord doit servir de leçon à une industrie des jeux vidéo qui fantasme beaucoup trop sur les jeux services. Voici ce qu’on peut tirer comme constat.
Un marché sursaturé de jeux service et de FPS
- Les magasins en ligne consoles et PC débordent littéralement de jeux service de tous les genres
- Les joueurs n’ont pas assez de temps pour jouer à plus de 2 ou 3 jeux service à la fois. Entre Fortnite, Call of Duty, Apex Legends, Overwatch et Valorant, il reste finalement peu de place pour des concurrents…
- La lassitude s’installe tout doucement envers les jeux service, et les nouvelles annonces ont donc du mal à percer et à faire le buzz durablement
- Voici la liste des GAAS les plus joués sur Steam au moment où nous écrivons cet article : Counter-Strike 2, PUBG, DOTA 2, Naraka: Bladepoint, Apex Legends, GTA V Online, Once Human, War Thunder et Rust. N’oublions pas Fortnite sur l’EGS, et Call of Duty et Overwatch 2 sur le store d’Activision. Comme vous pouvez le constater, seul Once Human semble se faire une bonne place en tant que nouveau venu
- D’une manière globale, un ou deux jeux par an réussi à percer. Parfois sur une durée assez courte
- Ce constat est finalement assez logique, puisque les joueurs restent longtemps attachés à un jeu service. Pour les attirer sur un autre, et les faire rester dessus, il faut donc tout une ribambelle d’arguments pas toujours faciles à mettre en place ingame…
Une plastique peu attirante, voire repoussante
- L’ultra réussite de Fortnite et Overwatch a donné de mauvaises idées à beaucoup de studios voulant imiter cette touche artistique. En résulte des jeux « moches », peu attirants, mais surtout peu inspirés. On a littéralement l’impression de voir des clones sortir à la pelle. Valable pour Concord comme pour Dustborn mais également le peu connu Bleeding Edge pour ne citer qu’eux
- Dans le cas de Concord, absolument rien ne se démarque visuellement des ténors du genre
- D’une manière générale, les jeux service n’arrivent pas à plonger les joueurs et les joueuses dans un univers charismatique. Le genre multijoueur ne peut en effet pas impliquer les joueurs comme un jeu solo et il est donc compliqué de s’identifier ou d’avoir de la sympathie et de l’empathie envers un personnage qu’on ne voit même pas en jouant dans un FPS
Des dizaines de prétendants, très peu d’élus
- Après la vague de Battle Royale, les éditeurs fantasment à présent sur un succès en FPS
- Toute l’année, nous recevons des tonnes de communiqués de presse annonçant de nouveau jeux service. Le constat ? Ils sortent quasi tous dans l’indifférence la plus totale et leurs serveurs ferment quelques mois plus tard
- Le dernier en date qui avait du potentiel est Xdefiant de Ubisoft. Très proche du feeling Call of Duty, il peine lui aussi à conserver ses joueurs
Echec de Concord | Mon avis personnel
Je ne suis pas devin, mais via les différents réseaux sociaux que j’utilise pour Playerone.tv, je peux tout de suite voir si le grand public répondra présent ou non à un jeu vidéo. Dans le cas de Concord, le jeu n’a absolument jamais ne serait-ce qu’attiré la curiosité des abonnés. A peine digne d’un petit jeu indépendant, la popularité de Concord n’a jamais existé.
De la bêta à la sortie du jeu, c’est comme si les gens ignoraient totalement le jeu de Firewalk Studios. J’explique cela en premier lieu par la direction artistique totalement ratée du titre. Même si un jeu possède des qualités exceptionnelles, le premier contact est toujours visuel. Or, si un jeu n’est pas un minimum attirant, les joueurs et joueuses n’ont même pas envie de s’y intéresser.
L’autre énorme problème de Concord aura été de le vendre. Là où tous ses concurrents, bien meilleurs que lui, sont accessibles gratuitement en modèle Free-to-Play. Une erreur qui aura été fatale ? Pour être tout à fait honnête avec vous, je suis persuadé que le jeu n’aurait pas mieux marché en étant accessible gratuitement.
L’échec de Concord, c’est un peu le cocktail de ce qui peut arriver à n’importe quel jeu vidéo, film, série ou tout autre production artistique : rien n’est mauvais en soi, il y a même quelques belles qualités, mais ça ne fonctionne pas. Aucune synergie ne se dégage de Concord, et ça, les joueurs l’ont bien vu de sa présentation initiale à sa commercialisation.
Quel avenir pour les jeux service ?
Des échecs commerciaux, il y en a tous les ans. Dans tous les genres de jeu. Mais les jeux service sont beaucoup plus touchés par cela. Et si les joueurs en avaient ras le bol de ce genre de jeux ? Je suis intimement persuadé que les éditeurs et développeurs doivent prendre beaucoup de recul sur ce type de jeux vidéo.
En pensant se faire de l’argent facilement, ils sont finalement bien plus exposés à de lourdes pertes qu’à devenir la nouvelle poules aux œufs d’or capable de détrôner les cadors du genre. Quand un jeu est bon, il peut déjà se vautrer. Alors quand il est moyen, voire médiocre, ses chances sont quasi nulles…