Vous ne les connaissez que trop bien. Certains d’entre vous en ont même assez de les revoir chaque année, pratiquement inchangés, différents de quelques dorures marketing. Cette année, c’est PES 2019 qui a donné le coup d’envoi de cette rivalité vieille de quelques décennies. Sorti en aout 2019, l’avant dernier né des studios Konami s’etait arrêté l’année dernière en très bon chemin. Malheureusement, FIFA est venu dérobé entre temps la seule licence conséquente que PES avait pu garder : la Ligue des Champions. Pour autant, le match n’est pas tout à fait plié. A travers quelques points clés, nous allons nous adonner à une comparaison brut entre les deux (seuls) jeux de foot présents sur le marché. Que le meilleur (ne) gagne (pas).
Graphismes : Avantage PES
Graphiquement, les deux jeux se valent tout à fait, bien que FIFA accuse de sérieux retard dans la modélisation des joueurs. Côté PES, les quelques critiques qu’on peut faire seraient de l’ordre du tatillonage, à la limite de la mauvaise foi. Comme à leur habitude, les équipes de Konami ont abbatu un travail de malades pour modéliser des joueurs à la perfection. Ainsi, l’équipe de Liverpool dispose par exemple d’une batterie de joueurs plus vrais que nature. Vous n’aurez aucun mal à les reconnaitre. C’est tout aussi vrai pour les clubs qui ne sont pas soumis à la licence PES. Ainsi, les joueurs de renommée internationale tels que Neymar, CR7, Messi mais aussi les moins populaires comme Kimpembe, Kehler ou Naby Keita. D’un point de vue graphique plus global, Konami a opéré pas mal de modifications : beaucoup plus d’animations, des dribbles plus poussés, une vitesse de jeu qui favorise la construction. Bref, l’impression qu’on assiste à un match de foot est omniprésente, autant dans les graphismes que dans le gameplay d’ailleurs.
Pour FIFA, on retrouve malheureusement les mêmes défauts que dans les précédentes éditions. Les joueurs les plus connus sont tous très bien modélisés, mais c’est une toute autre histoire quand on joue avec des équipes un peu moins connues. Attention, on ne parle pas de la troisème division néerlandaise. Des équipes comme Monaco, disposent d’une moins bonne modélisation de ses joueurs. Mais le problème le plus troublant de FIFA, et un problème que toute la presse pointe du doigt depuis 5 ans maintenant, est l’inexpressivité des visages. L’effet poupée de cire est toujours bien présent, pour la cinquième année consécutive. Pénible.
Gameplay : Avantage PES
C’est dans le gameplay que les deux licences présentent des disparités de philosophie accablantes : d’un côté, PES qui se base sur la construction du jeu, les redoublements de passes, la patience, les combinaisons. De l’autre, FIFA prône un jeu sous stéroïdes caféinés dopés à la coke en speed. Des accélérations tranchantes, coupantes, poignardantes, un jeu rapide, sans concession et une défense tactique qui ne pardonne aucune erreur. Très clairement, il est ici affaire de préférence et il serait idiot dans un article de d’afficher un penchant pour l’une ou l’autre de ces philosophies.
En revanche, objectivement, il est difficile de trouver quoi que ce soit de mal dans la physique de balle et dans le réalisme de ce PES 2019, comparé à FIFA. Malgré les nombreuses touches d’amélioration marketing apportées par EA Sports, force est de constater que PES dispose toujours du jeu à la physique de balle la plus proche et la moins enflée. Très clairement, le soft de Konami atteint aujourd’hui les cîmes du gameplay qu’il avait atteintes à la grande époque de PES 6. L’inertie des joueurs a été très clairement améliorée, et l’ajout de nouvelles animations ne fait qu’améliorer un gameplay déjà gonflé à bloc. Si en plus, le gameplay se fend d’une nouveauté très appréciable en l’ajout d’un système de fatigue palpable, alors ce PES a tout d’un champion. Petit bémol pourtant : on note toujours autant de facilité à marquer en passant par les flancs et faisant un centre au cordeau ensuite.
Pour FIFA, c’est un peu toujours la même chanson. Très peu d’inertie sur les joueurs et une physique de balle toujours pas à la hauteur de la concurrence. Dans les faits, les passes en profondeur sont meurtrières, et il vous faudra énormément d’abnégation et de courage pour ne pas les utiliser à outrance, tant elles peuvent débloquer des situations. Quand en plus, elles sont couplées à des joueurs qui atteignent leur pointe de vitesse en quatre milliseconde (comme Bale, Mané, ou Salah par exemple), le choix est vite fait. La conséquence est que vous vous retrouverez malheureusement à vivre très souvent le même match. Pourtant, FIFA a implanté de nouveaux aspects à son jeu: un nouveau système de contact, plaisant et plutôt bien agencé et le très attendu timed finishing, qui fonctionne exactement comme le système de rechargement dans Gears of War. On appuie une fois sur la touche tir, puis une deuxième fois, et selon le timing, le tir aura plus de chance de finir dans les filets. Dans l’idée, pourquoi pas. Dans la pratique, on ne s’en sert absolument jamais car ce système de tir ne remplace en aucun cas l’ancien, c’est juste une addition qu’il vous reviendra d’utiliser ou non. Autant vous dire que vu la valeur ajoutée, vous l’utiliserez une à deux fois maximum, avant de revenir à vos bonnes vieilles habitudes.
Contenu : Avantage FIFA
Avec l’addition de la ligue Europa et de la Champion’s League, il aurait été très compliqué pour FIFA de ne pas s’imposer comme le vainqueur sur ce front. Mais le dernier soft d’EA Sports ne se contente pas de ce succès : FIFA 19 est, en terme de contenu et de modes de jeu, le jeu de foot le plus complet jamais vu sur consoles et PC. Rien que ça. Pour sa troisème année consécutive, le mode l’Aventure revient, avec pas moins de 3 personnages jouables (Alex Hunter, Kim Hunter et Danny Williams). Même si la scénarisation est toujours aussi molle, on se contente très largement de ce dernier volet qui a le mérite d’exister et de faire varier les plaisirs. Le mode carrière est lui toujours bien présent, avec absolument AUCUNE modification par rapport à FIFA 18. En revanche, le mode coup d’envoi a reçu une refonte totale et accueille l’addition de nouveaux modes de jeu : mode sans règle (pas de hors jeu, pas de faute… on se demande alors pourquoi l’arbitre est toujours sur le terrain), mode reprise de volée, mode battle royale, match classique etc. Bref, impossible de vous ennuyer, ce FIFA 19 vous reserve de très longues sessions de un contre un ou de matchs par équipe.
Du côté de PES, c’est beaucoup moins rejouissant et beaucoup plus classique. Un mode carrière, un mode « My Club », des matchs en ligne et des matchs classiques… C’est à peu près tout. Ajoutez à cela des menus dégueulasses, ternes, et qui mériteraient un bon coup de Karsher, et vous avez bien compris que vous n’y resterez pas une plombe. C’est bien dommage.
Audio : Egalité
Fidèle à leur réputation, les commentaires de Daren Dulett oscillent entre le parfaitement mauvais et le risible total. Pour la première fois en revanche, il est difficile de les départager avec les commentaires de Pierre Ménès et Hervé Mathoux. De bonnes factures dans les précédents FIFA, ceux-ci souffrent dans ce FIFA 19 de bugs audios terriblement agaçants : entre les mauvaises lignes qui se déclenchent au mauvais moment, les incohérences temporelles, les lignes réchauffées datant de FIFA 17 et les gros problèmes de mixage, force est de constater que les commentaires de ce FIFA 19 sont minables. Malheureusement, ceux de PES 2019 ne sont pas tellement mieux. Si le jeu d’acteur de Ménès et Mathoux n’est pas à blâmer, celui de Tulett et Margotton est tout bonnement inexistant. Ainsi, on préfère largement se délecter des ambiances survoltées d’Anfield ou du Camp Nou que de se soumettre à l’écoute dévastatrice des commentaires français.
Pour conclure, ce PES 2019 s’affiche cette année comme la simulation de football par excellence. Doté d’une physique de balle et de graphismes au-dessus du lot, le nouveau né de Konami frappe très fort cette année et mérite donc le titre de champion. Pour autant, le jeu n’est pas exempt de défauts : commentaires risibles et interface tristounette seront autant d’embûches à résoudre pour l’année prochaine. Pour cette année, cependant, le fun et le réalisme sont bel et bien là. Il semblerait alors que l’âge d’or de la série Pro Evolution Soccer soit revenu de plus belle.
Verdict : 15 / 20