Test de Agony

Tentez par un voyage au coeur de l’enfer ? Survival-Horror né sur Kickstarter et ayant passé avec brio son objectif financier, Agony a toujours sur parler aux fans du genre en mettant en avant une direction artistique hors norme, avec des séquences de jeu absolument effroyables. Mais parfois, les choses sont bien différentes une fois que l’on cramponne la manette dans nos mains, et malheureusement, Agony nous a plutôt fait l’effet d’un somnifère que d’une course-poursuite en enfer. Pour quelles raisons ? Verdict dans notre test réalisé sur PS4 Pro, via une version Blu-ray offerte par Koch Media.

Agony des yeux

Pour l’anecdote, nous avons commencé à jouer à Agony en live, à 22 heures comme toujours, pour découvrir le début de l’aventure avec vous toutes et tous. Premier indice qui nous a mis dans l’ambiance du titre de MadMind Studios, l’impossibilité de régler le gamma pour y voir quelque chose sans tomber dans des noirs qui virent au gris. Pendant plusieurs minutes, nous avons essayé de bidouiller la jauge de luminosité dans les options du jeu, les réglages de notre carte d’acquisition vidéo, mais rien n’y a fait, et nous nous sommes alors résignés à déambuler dans des décors où nous n’y voyions absolument rien pendant deux heures.

Techniquement, Agony n’est d’ailleurs pas spécialement beau à regarder de très près, mais loin d’être moche non plus. Un gros travail a été fait sur les textures pour reproduire au mieux ce qu’on peut trouver dans les enfers, avec une couleur rouge omniprésente, et des déchets humains entreposés partout dans les décors et sur le sol.

Mais très honnêtement, après quelques heures de jeu, on se dit que, finalement, les développeurs n’avaient pas vraiment d’idées pour construire leur vision des enfers (pourtant inspirée par la Divine Comédie de Dante). On trouvera alors le jeu certes crade (à la limite du malsain et du malaisant pour certains, outrageux pour d’autres), mais diablement générique et répétitif. Un peu comme si les designer s’étaient dit : « allez, on met tout ce qu’on trouve crade et gore et on balance tout ça en vrac, ça va les impressionner ! ». Sans mise en scène particulière, l’univers d’Agony a donc beaucoup de mal à s’exprimer, pour un scénario qui tient sur une serviette hygiénique (usagée, pour faire corps avec les teintes du jeu).

Et que dire de ce tearing (déchirement de l’écran en deux ou trois parties quand la caméra bouge) et des baisses de framerate qui arrivent à tous les moments du jeu ? Vu ce qui est affiché à l’écran, Agony est vraiment sorti beaucoup trop tôt sur PS4 et Xbox One et n’est pas passé par la case optimisation. Y jouer sur PS4 Pro ou Xbox One X ne changera d’ailleurs rien, puisque le titre n’est pas non plus optimisé pour les deux machines les plus puissantes de Sony et Microsoft.

Agony du game design

Si vous avez suivi un tant soit peu le Kickstarter d’Agony, vous vous attendiez alors tous à voir débarquer un véritable Survival-Horror capable de faire peur à la majorité des joueurs. Mais en débutant l’aventure, on découvrira plutôt une sorte de Walking Simulator couplé d’un jeu d’infiltration qui vous obligera à refaire encore et encore les mêmes séquences de jeu. Si le résultat est d’un ennui certain, de bonnes idées existent cependant dans Agony, sans réussir à faire sortir le titre de ses lourdes taches imbuvables. On citera par exemple la possibilité d’incarner différentes âmes sur votre parcours, ou encore de repartir au checkpoint précédent si vous mourrez trois fois.

Mais l’IA des ennemis est tellement risible qu’il faudra recommencer encore et encore pour tomber sur le moment où les démons vous laisseront passer sans attendre des plombes au même endroit pour avoir la voie libre, et les morts à la chaîne frustrent énormément ce système de checkpoints temporels tout en allongeant inutilement la durée de vie.

En poursuivant l’aventure, on se rend finalement vite compte que Agony a été imaginé quasi exclusivement autour de sa direction artistique, et que le gameplay et le level design ont été implantés de manière hâtive. Très simpliste dans son fonctionnement, Agony vous fera enchaîner les mêmes actions en boucle, avec des phases d’infiltration très difficiles, quelques objets à prendre en chemin pour activer des mécanismes, des déambulations dans les couloirs de la mort d’un ennui total, et quelques cinématiques bien crades pour pimenter le tout.

Agony du plaisir

D’autres Survival-Horror et jeux vidéo ont déjà adopté avec brio la formule retenue par Agony, mais force est de constater qu’ici, cela ne fonctionne absolument pas. Outre la difficulté frustrante exposée dans le précédent paragraphe de ce test, une IA bancale qui ne fonctionne pas et un haut degré de « chiantitude » du tout, un grand nombre de bugs s’inviteront tout au long de l’aventure. Cela va de la sauvegarde qui se corrompt au moment d’une mort (sans gravité immédiate, à priori) à des scripts qui ne fonctionnent pas en passant par de grosses incohérences de l’univers.

Par exemple, vers le début du jeu, nous devions apporter une torche à un PNJ pour progresser pour qu’il mette le feu à sa prison pour débloquer la suite du chemin. Ayant ramassé la fameuse torche avant de parler au personnage, celle-ci s’est alors consummée avant que nous ne retournions parler à ce PNJ. Résultat des courses ? Nous avons tourné 20 minutes dans le niveau pour trouver cette fameuse torche, pour finalement recharger la sauvegarde. Il fallait en effet d’abord parler au PNJ, retourner en arrière pour prendre la torche et parler sans trop attendre au personnage pour débloquer la situation. Ceci n’est qu’un des nombreux exemples d’incohérences de game design / level design d’un Agony qui possède un degré de finition vraiment douteux.

Enfin, du côté de la bande son, si les bruitages d’ambiances sont plutôt bons, la spatialisation est complètement à l’ouest. Avec des décors ultra sombres et des phases d’infiltration très hardcores, on aurait aimé pouvoir s’appuyer sur nos oreilles pour repérer les démons de manière précise. C’est malheureusement impossible dans Agony, les sons semblant provenir de partout et nul part à la fois.

Agony tout court

Faire du gore, du malsain et du politiquement incorrect, nous sommes pour. Mais faire du crade pour faire du crade sans rien derrière fait passer un jeu vidéo pour un fourre-tout qui n’a absolument aucune âme. Le concept d’Agony était génial sur le papier et dans les rubriques de Kickstarter, mais force est de constater que MadMind Studios n’a pas su donner vie à son prototype. Sans véritable game design travaillé, ce Survival-Horror maquillé n’est que l’ombre d’un Walking Simulator / Infiltration inintéressant, et qui ne possède que quelques scènes bien hardcores pour se démarquer.

Il y avait pourtant fort à faire avec un univers pareil en l’adoptant à la sauce Survival, mais à aucun moment Agony n’arrive à nous retenir. De notre voyage en enfer, nous ne retiendrons donc que de l’ennui, du crados, des bugs et des séquences de cache-cache ultra chiantes dignes d’une expérience baclée et sans ambition. L’un des plus mauvais Survival-Horror de ces 10 dernières années ? Assurément !

Verdict : 5 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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